(+) A côté de nous, Roméo & Juliette passe pour une comédie. w/ Elisandra

« Je te proposais cela pour te soulager d’un quotidien oppressant mais si cela te rajoute du stress, je crois que c’est inutile » lâchais-je alors que j’étais prêt à tout pour la faire revenir dans ma vie quitte à louer un immense manoir pour être certain qu’elle aurait toute la place qu’elle voulait. « J’ai commencé à préparer Archi… Je lui ai dit que sa maman en avait marre de jouer les belles au bois dormant mais qu’il fallait qu’elle retrouve des forces avant de pouvoir le retrouver. Il a commencé à dire à tous ses petits camarades ainsi qu’à son institutrice que sa maman allait bientôt revenir. J’ai toujours fait en sorte de t’inclure dans sa vie d’une manière ou d’une autre »

« Je dis pas que ça me rajoute du stress, enfin c’est… compliqué. Je sais pas si toi tu pourrais gérer ce que je suis au quotidien ni même si j’ai envie que tu me voies comme ça » mit-elle carte sur table car après tout, Elisandra n’avait aucune espèce de raison de lui mentir, bien au contraire. « Il était content quand tu lui as dit que sa maman était réveillée ? » Ses mains tremblèrent de plus belle mais cette fois-ci d’émotion. « J’ai l’impression d’avoir tout loupé… ou du moins le plus important. »

« J’ai vu bien pire dans la vie et puis, je veux pouvoir t’être utile. Je sais que je ne suis pas des plus abordables ni même facile à vivre au quotidien et que notre relation est pour le moins compliquée mais si je peux te soulager d’une façon ou d’une autre, je tiens à le faire » lui répondis-je avant d’hocher la tête, un léger sourire aux lèvres. « Ne pense pas ainsi, tu as encore toute la vie devant toi pour vous faire de nouveaux souvenirs et puis notre fils a besoin de toi » lui assurais-je en reprenant ses mains dans les miennes. Je ne voulais pas qu’elle songe à ce passé, il y avait encore tant à faire. « Nous pourrions peut-être essayer de passer un week-end tous les trois ensemble et si cela se passe bien alors nous parlerons tous les deux à Archi »

« C’est pas parce que tu as vu pire que j’ai envie d’être un boulet pour autant ! Je suis pour l’idée du weekend… tu me feras signe quand tu voudras que je vienne, d’accord ? Tu devrais essayer d’aller dormir, tu as l’air exténué » murmura-t-elle avant de caresser sa joue et d’y déposer délicatement ses lèvres avant de s’éclipser. Sûrement valait-il mieux ne pas trop brûler les étapes, même si Elisandra ne pensait pas une seule seconde qu’il la convoquerait avant qu’elle ne se rende à un rendez-vous avec un client lui ayant fait livrer une robe… légèrement décolleté et un peu transparente. Rien d’outrageux, mais quand même. « Mona m’a dit que tu voulais me voir ? »

Je l'avais laissé partir ce soir-là car je ne savais pas trop ce que je devais faire. J'étais toujours aussi paumé et Elisandra ne me donnait guère de piste pour m’aider à y voir plus clair. Elle se contentait d’être là sans être là et mes efforts n’étaient pour le moins pas récompensés –à moins que je sois devenu effectivement sourd et aveugle. Aveugle, certainement pas car ma mâchoire ne s’en remettait pas de l’avoir aperçu dans une robe des plus suggestive si bien que n’écoutant que ma jalousie, je la fis convoquer par Mona. « Oui ! Qu’est-ce que c’est que cette robe ?! » lui demandais-je sur un ton des plus froids. « Je peux savoir pourquoi tu es affublée d’une pareille chose ? »

Et c’était reparti. Hyppolite lui envoyait à nouveau son ton glacial dans la poire et Elisandra n’avait qu’une envie : prendre la poudre d’escampette. Elle referma pourtant la porte du bureau, remerciant le fait que les stores soient tirés pour que personne n’assiste au carnage. « Le client que je vois ce soir souhaitait que je la porte » répondit-elle simplement, innocemment. Le client est roi après tout, non ? Hyppo lui-même ne cessait de le répéter ! « Tu préférais quoi, que je refuse et qu’il annule ? Dis-moi où j’ai encore merdé puisque apparemment je ne fais que ça ! »

« Qui est ton client ?! Cette robe est tout à fait indécente et il est hors de question qu’un autre homme puisse te voir ainsi ! »m’emportais-je avec jalousie car c’était bien là le problème : j’étais jaloux comme un poux qu’elle puisse se pavaner au bras d’un autre homme que moi. Cette idée de l’engager avait été une terrible erreur. Je n’y arrivais pas. « Tu dîneras en ma compagnie ce soir… Je t’engage pour la soirée ! Je vais demander à Mona qu’elle décommande ton client ou qu’elle place un autre ange sur ce contrat »décidais-je en appelant cette dernière mais pour l’heure, le téléphone sonnait dans le vide, ce qui avait le don de m’agacer sérieusement.

« Richard Dawson… qu’un autre homme puisse me voir ainsi ? Vraiment ? J’te signale qu’on voit rien du tout et que tu m’as connue bien plus bibliquement que ça » soupira-t-elle en levant les yeux au ciel, ne comprenant pas sa jalousie ou à tout le moins pourquoi il faisait un caca nerveux d’un petit grain de riz. « Curieuse façon de m’inviter à dîner mais… pourquoi pas. Je suppose que je dois aller me changer parce que tu considères que je suis l’indécence incarnée ? Tu devrais te calmer Hyppo, tu vas nous faire un malaise un jour ! »

« Même si c’est le cas, je n’ai pas furieusement envie que les autres hommes puissent se repaitre de ta beauté ! » lui dis-je avant d’aboyer sur Mona qu’elle annule Richard Dawson tout en le faisant blacklisté. Cela lui apprendra à offrir ce genre de robe à la femme que j’aimais. Je lui en collerai bien une pour avoir osé ne serait-ce que pu lui parler au téléphone. « Non. Nous dinerons ici, j’ai un appartement au dernier étage de la tour…Comment veux-tu que je me calme ?! C’était de l’hérésie pure et simple si tu as cru un seul instant que je serais capable de te vendre à d’autres hommes » soupirais-je avant de balancer mon portable sur le bureau pour ne pas être dérangé. « Suis-moi ! » lui demandais-je avant de me diriger vers l’ascenseur privé menant au dernier étage.

« De ma beauté ? Oh je suis flattée » répondit-elle avec un brin d’ironie, comme si elle voulait lui faire comprendre que ce n’était pas nécessairement utile de se mettre dans un état pareil. « Tu l’as fait blacklisté, tu es sérieux ?? Tu sais que j’ai besoin de cet argent et que tu ne me sauveras pas toujours du grand méchant loup, Hyppo… » fit-elle remarquer avant de le suivre quasi docilement, Elisandra n’ayant aucune envie qu’il s’énerve plus encore contre elle. « Tu as combien d’appart ?! Ceci dit tu ne m’as pas « vendue », ça va j’allais juste dîner, pas de quoi sauter au plafond non plus. Ca risque de pas être gai ce dîner si tu te calmes pas… »