(+ Caleb) Everything was so perfect... but it's over now.

« La broche est magnifique mais tu n’aurais pas dû… c’est beaucoup trop Caleb ! C… comment tu as su que j’aimais les geais ? » demanda-t-elle, légèrement curieuse avant de se laisser conduire dans le plus grand silence jusqu’à la demeure de son idole : le meilleur pianiste au monde. Thaïs fut comme une petite fille, le saluant avec le respect le plus évident avant de rougir lorsque son ex-mari l’embrassa sur la joue. Là, elle s’insulta intérieurement car cela ne servait à rien… « Merci encore pour votre temps et cette magnifique partition à quatre mains que nous avons jouée ! » fit-elle dans un magnifique sourire. « Ne lâche pas Thaïs, poursuit tes études de musique et je garde l’idée d’une collaboration » répondit-elle en la serrant contre lui, la rendant à Caleb qui l’attendait comme convenu. « Je crois que je ne pourrais jamais te remercier pour ça. Tu m'attends depuis longtemps ? »

« Rien n’est jamais trop beau pour la femme qu’on aime… Et puis, tu en avais parlé une fois devant Anne et Sam lors d’un repas de famille » lui dis-je sur un ton badin avant de la laisser entre les mains de ce professionnel du piano. Qu’est-ce que je fis pendant deux heures ? Rien mise à part rester assis contre cette porte, les yeux fermés en les écoutant jouer malgré que la musique était étouffée. Je ne voulais pas m’éloigner d’elle, mon cœur ne le supporterait pas. Je me relevais néanmoins avant la fin, faisant mine d’être sorti. « Oh pas grand-chose, j’ai été dans un petit café » haussais-je les épaules. « Tu n’as pas à me remercier, tu mérites tous ces cadeaux. Tu sembles fatiguée, tu veux rentrer à la maison enfin chez Nico ? »

Thaïs hocha la tête lorsque Caleb lui avoua avoir été dans un petit café. Elle n’osa pas lui demander s’il ne s’était pas trop ennuyé, se contentant de marcher à ses côtés. « Je veux bien rentrer me reposer, trop d’émotions me fatigue en ce moment » avoua-t-elle alors qu’ils reprenaient le chemin de la demeure de Nico et qu’elle lui offrit un très maigre sourire avant d’aller se coucher… sans imaginer que très bientôt, elle allait se relever.

« Je comprends, il n’y a aucun souci » lui dis-je aussitôt avant de la raccompagner chez Nicolaï où je la laissais s’éloigner pour se reposer. Ma femme me manquait et je baissais la tête avant qu’une large main ne s’abatte sur mon épaule. « Viens. J’ai envie de compagnie masculine et vu le nombre de faveur que j’ai accepté de rendre par ta faute, je ne te laisse aucun choix. Ne t’inquiète pas, Thais ne sera pas seule, il y a les domestiques… Et puis, j’ai besoin d’un chaperon » lâcha-t-il avant de me pousser à me changer en signifiant bien que je devais m’habiller avec classe. Je grognais mais acceptais. Je lui devais tant. Toutefois vingt minutes plus tard, je manquais de m’étouffer avec mon verre en voyant débarquer Thaïs sur la scène.

Disons que Thaïs avait été prête à s’engouffrer sous les couvertures au moment où elle avait vu Nicolaï ET Caleb partir en voiture. Il ne lui avait pas fallut plus de dix minutes pour se coiffer d’un pull long atrocement sexy, se coiffer légèrement, se maquiller pour mieux soudoyer l’un des domestiques afin d’obtenir l’adresse du club où ils se rendaient en compagnie féminine. Merde, elle n’allait quand même pas laisser faire ça ! En deux coups de cuillère à pot, elle fut engagée comme pianiste et autant dire que la scène fut vivante. « Quelque chose me dis que vous n’êtes pas là pour vous emmerder… ça tombe bien, moi non plus ! Remuez-moi tout ça mesdames, chauffez vos messieurs ! Le bon dieu ne vous a pas donné une paire de nibards si c’est pas pour les secouer, alleeeez ! » s’était-elle exclamée avant de partir en impro totale sur son piano – admirablement suivie par les autres musiciens. Oh elle dansa aussi sur la scène, radieuse, tout en gardant un œil sur le trio qui se trouvait à proximité.

« Eh bien, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle sait mettre l’ambiance à croire qu’elle a fait ça toute sa vie » lâcha ironiquement Nicolaï tandis que je fixais Thais comme si je ne la reconnaissais pas –et c’était le cas, où était passée ma femme timide qui n’osait pas se produire en public ? New York l’avait métamorphosé et je doutais d’avoir le moindre truc à lui apporter. Finalement le divorce l’aura émancipé songeais-je avec amertume. « Caleb ? Nicolaï m’a dit que tu voulais me faire danser ? » demanda Enora, la douce compagne du russe non sans rougir. Je lançais un regard amer à mon ami. Saleté, il se vengeait bassement. « J’ai peut-être mal compris » bafouilla-t-elle aussitôt et je posais une main sur son épaule. « Viens » marmonnais-je avant de la faire danser mais on sentait bien que je ne mettais pas franchement le cœur à l’ouvrage. La danse avait perdu tout intérêt à mes yeux.

Thaïs avait manqué de s’étrangler en avalant sa salive mais le moins que l’on puisse dire c’est que Caleb ne semblait pas détester cette soirée, même si techniquement parlant elle n’en faisait pas partie. Elle fut néanmoins en mesure de se contrôler pour assurer le show jusqu’à ce qu’elle ne prenne une petite pause, ne serait-ce que pour se descendre une bouteille d’eau tant elle avait soif. « Nom d’un chien qu’il fait chaud ici c’est atroce… » murmura-t-elle dans la petite coulisse de la salle, se passant de l’eau dans le cou : les musiciens pouvaient bien assurer sans elle quelques minutes le temps qu’elle reprenne son souffle !

La danse fut un désastre car non seulement Enora vantait les qualités de mon ex-femme mais en prime, elle me massacrait les pieds. Je ne sais pas ce qui était le plus douloureux : prendre conscience que Thaïs avait désormais une vie où je n’aurais très certainement jamais ma place ou avoir l’impression de me battre en partant perdant par avance ?! Je m’excusais auprès d’Enora pour rejoindre ma jolie blonde. « Ce n’est pas ce que tu crois. Nicolaï lui a dit que je voulais la faire danser alors que ce n’était pas le cas mais Enora est sympa, je ne voulais pas la mettre mal à l’aise ni même lui faire subir la vengeance du russe… bref j’ai pris aucun plaisir en dansant. De tout de manière, j’ai décidé d’arrêter la danse et d’ouvrir une agence de détective, ici à New York »

Thaïs tourna rapidement le visage vers Caleb, arquant subitement un sourcil. « Hey… pourquoi tu me sors autant d’explications ? Je ne crois pas avoir fait de scène… » ajouta-t-elle d’une voix douce comme pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas de souci à se faire, contre toute attente elle n’était pas en colère. « Je commence à comprendre le tempérament manipulateur de Nicolaï et ça ne m’étonne pas du tout. Quant à ton agence… je suis sûre que tu t’y épanouiras. J’ai toujours dit que ce métier était pour toi non ? »

Aussi étrange que celui puisse paraitre, je piquais un fard sous la gêne. Merde, j’avais l’impression de marcher sur des œufs et ce n’était pas agréable du tout mais si c’était le prix à payer pour rester près d’elle, je voulais bien me transformer en petit chien à sa mémère. « Je… Enfin…je voulais t’expliquer au cas où cela t’aurait travaillé enfin bref »marmonnais-je. Il fallait que j’accepte que Thais s’en foute totalement de ma personne. Cela faisait mal mais c’était un juste retour des choses. « Je me donne un an pour voir… et puis, au moins, je pourrais rester près de toi et des jumeaux car j’ai fini par comprendre que tu avais trouvé ta voie ici. Tu es formidable sur scène, tu as cela dans la peau »