Kitathina • My walking-dead lover

J'ai réussi à retrouver Kit comme j'en ai envie. Un Kit tendre, qui me fait confiance, même s'il a un peu tort vu les mensonges que je lui sers. Je voudrais tellement l'être qu'une victime dans cette histoire, mais je suis le bourreau... Je suis celle qui va faire souffrir les deux êtres qu'elle aime le plus. Et j'y peux rien, j'ai pas le choix. Je ne peux pas imaginer me passer de l'un d'eux. Ce soir, j'agis sans penser aux conséquences, au mal que je vais leur faire, que je me fais... Mais ne m'a t-il pas fait souffrir aussi ? Je lui demande juste de me laisser un temps, de peser le pour et le contre, si tant est que ce soit possible ! Chose dont je doute être capable... Alors que lui, il a disparu, se faisant passer pour mort. Avez-vous seulement idée de ce que signifie faire le deuil de son fiancé ? Eh ben croyez-moi, c'est tout sauf une partie de plaisir. Se réveiller en pleurant, se rendre compte qu'il ne reviendra plus jamais, entendre sa voix, sentir sa présence, puis se rappeler de son absence. Le vide en soi... La tristesse et l'incompréhension compatissante des autres. C'est dur, inhumain. Toute ma vie c'était Kit, et sa "mort" aurait pu sonner la fin de la mienne. Mais même si j'ai pété les plombs, je tiens trop à la vie, j'ai trop de respect pour elle pour attenter à mes jours. Même si mes jours étaient plus nuits qu'autre chose... Là dans les bras de Kit, ses mains sous mon t-shirt, sur ma peau, je me sens vivante et complète comme jamais depuis 3 ans. Je rigole à ce qu'il a dit, une main dans ses cheveux mi-longs. "Oh oui ! Tu l'aimeras ta mémé Athina ? Je t'aimerai toujours Kit. Même quand t'auras la peau toute fripée et que tu seras sourd comme un pot !" Quelles niaiseries... J'aime cette légèreté ! Mais mon coeur se serre : avec tout ce qu'il prend, j'ai peur de ne pas connaitre Kit avec la peau fripée.

J'avais toujours détesté les petites vies parfaites réglées au millimètre près ; manger à midi précises et à dix-huit heures trente, passer l'aspirateur tous les jours, se lever à six heures, plier les fringues en suivant les coutures, aller en boîte le dimanche soir et se payer un ciné le mercredi... Avec Athina, on avait fui tout ça, et c'est aussi beaucoup ce qui faisait la force de notre relation. Les conventions, on s'en foutait, on bouffait le dessert avant le repas, on se levait à quinze heures, on dormait pas, on n'allait pas en cours, on mangeait de la pizza au petit déj, on pouvait laisser la vaisselle croupir dans l'évier et on s'aimait sans dessus dessous, on s'aimait à l'envers. C'était aussi ça qui m'avait plu chez elle... Et qui me plaisait toujours. On faisait encore les choses n'importe comment. Elle avait un copain, et au lieu de ça on étaient couchés l'un sur l'autre sur mon canapé. J'avais l'impression qu'on s'aimait encore comme des fous alors qu'on s'était pas vus depuis trois ans. On se prenait la tête et deux secondes après on s'embrassait. C'était n'importe quoi. C'était trop bien. Alors, on se projetait dans le futur, quand on serait vieux et moches. N'importe quoi, je disais. Ben oui, j't'aimerai encore. J'veux passer toute ma vie avec toi. Sors pas d'ici, sors plus jamais d'ici, on s'en fout des autres. Techniquement, c'était impossible, mais ça n'avait pas d'importance. Techniquement, pour Thina, j'étais mort. Alors, "impossible" ne faisait plus partie de notre vocabulaire. Nous étions impossibles, et c'était bien. Et bordel, j'adorais qu'elle passe sa main dans mes cheveux. J'avais pas ressenti ça depuis longtemps, et même si j'avais pu me taper plein de filles sur ce canapé, y'avait que maintenant que c'était génial. Le reste, ça comptait pas, ça n'avait jamais compté. Y'avait toujours eu qu'Athina dans ma vie, et j'emmerdais le reste, j'pouvais pas vivre autrement. Alors, comme le moment s'y prêtait bien, j'avais longuement hésité, et puis je lui avais enlevé son haut. Ouais, bon, je savais plus trop ce que je faisais, je tournais encore et j'allais mettre du temps avant de redescendre, mais je disais pas non... Au pire, je blâmerai la méth.

Vous voulez connaitre ma théorie sur cette soirée ? Je pense qu'elle est hors di temps et de l'espace. C'est clair, nous sommes dans une faille spatio-temporelle et le matin ne viendra pas. Il faut pas qu'il vienne. La théorie selon laquelle la Terre déforme le plan de l'Univers, je la connais, ben je crois que notre petit monde -à savoir Kit, le canapé et moi- fait un peu la même chose : on est dans une courbure de l'univers et rien ne peut nous en sortir. Parce que c'est pas l'attraction terrestre qui nous retient sur le sol, la pesanteur n'a plus rien à voir là-dedans, c'est en fait l'irrépressible attraction entre nos deux corps, nos deux personnes qui nous fixe sur le canapé. Mais notre esprit... Il est ailleurs, dans un monde où Kit et moi on est vieux, un monde où on s'aime encore, malgré tout le temps, parce que le temps n'a aucune prise sur nous. Je ne réponds pas tout de suite, je le laisse d'abord m'enlever mon haut et je me retrouve en soutien-gorge. Je suis surprise de pas avoir cherché à lui retirer ses vêtements, parce que c'est une des premières choses à laquelle je pense quand je vois Ruben... Mais avec Kit, c'est différent. Je ressens trop de sentiments mélangés pour m'en tenir à la simple attraction physique qui réside entre nous. Pas que je ne sois amoureuse que du corps de Ruben, non loin de là ! Bref. J'embrasse de nouveau Kit, passionnément, passant la main sur son torse, du haut vers le bas de son ventre. "Rassure-toi, j'ai pas l'intention de partir, on est trop bien ici..." Je ne me rappelle plus de rien, si ce n'est Kit. C'est la seule donnée que mon esprit est capable d'enregistrer en ce moment. Car tous mes sens sont envahis par lui et le sang me bat aux tempes, mon coeur s'emballe comme un cheval au galop, un cheval libre comme le vent. Je ne veux plus jamais mais quitter l'espace de ses bras.

(Invité)