« Tu ne me l’as pas trop fait payer, je le méritais tu sais. J’ai fuis la seule personne au monde en qui je vouais une confiance aveugle et pourquoi ? Par honte. Je ne voulais pas que tu me regardes autrement. » Thaïs estimait d’ailleurs qu’elle n’avait pas assez payé pour cet affreux gâchis mais ça, c’était une question de point de vue. « Le reste de ma vie à t’aimer ? Je ne demande pas mieux si tu me laisses cette chance… »
« J’aurais aimé oui que tu me fasses suffisamment confiance pour t’accompagner dans les épreuves que tu as traversé mais je ne suis pas exempte de tout reproche non plus. Lorsque j’ai fait ma rechute, je te l’ai caché et pire, j’ai failli tuer nos bébés en te rudoyant » lâchais-je avec tristesse. Je crois que je n’oublierai jamais cette histoire malgré que Thais m’avait pardonné. L’un comme l’autre, nous avions nos casseroles à porter. « Je ne te laisse pas cette chance mieux, je te l’ordonne ! Aime moi jusqu’à ce que la mort nous sépare »
« Mais tu t’es soigné Caleb… ne te blâme plus pour ça, regarde, les jumeaux vont bien, moi aussi, ce n’est pas la peine de revenir dessus à part pour te faire du mal. » Thaïs esquissa un sourire amusé face aux paroles de son mari et ne manqua pas de le serrer tendrement entre ses bras. « Je te le promets sur ma vie et si tu veux, pour sceller cette promesse, à la prochaine date de notre premier baiser on retournera au refuge en Allemagne pour l’inscrire dans un arbre… »
« Je ne serais jamais soigné Thaïs. J’ai toujours cette tentation, c’est un combat de tous les instants et les deux tarées n’ont rien arrangé avec leurs drogues »soupirais-je. J’avais toujours ce besoin viscéral de planer, de m’envoyer en extase –une des raisons que j’adorais faire aussi souvent l’amour, c’était un très bon dérivatif. « C’est de pis en pis »avouais-je soudainement cette impuissance qui me rongeait. Je tenais bon mais pour combien de temps ?! Telle était la question. Je serrais Thais contre moi, puisant dans sa chaleur, cette force qu’il me manquait parfois. « On amènera nos enfants alors »
L’expression de Thaïs changea radicalement en l’espace de quelques secondes face à l’aveu de Caleb. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? » lui demanda-t-elle sans trace de reproche dans le ton de sa voix. La jeune blonde était simplement inquiète, inquiète qu’il replonge sans qu’elle n’ait rien pu faire au préalable pour l’aider. « Ne me tiens pas à l’écart je t’en prie… déjà que j’ai l’impression d’être totalement impuissante et inutile c’est encore pire en sachant ça ! Tu heu… il n’y a aucun palliatif sur lequel tu peux t’appuyer ? »
« Parce que j’avais honte et que je crois que j’aimais l’idée que tu t’imagines que j’étais un rock inébranlable et non un ex-junkie qui peine à rester clean » lui dis-je en avouant mon excès d’orgueil. C’était très con mais l’idée qu’elle puisse me croire soigné m’aidait à tenir. Je ne voulais pas la tenir à l’écart enfin si, d’une certaine façon mais c’était avant tout parce que je ne voulais pas baisser dans son estime. Je voulais rester ce preux chevalier dans son armure blanche pour elle, voir son regard continuer de pétiller lorsqu’il se posait sur moi, en toute confiance. « Le sexe… C’est un très bon dérivatif.. Tu vois, t’es pas inutile amour de ma vie »rigolais-je en l’embrassant tendrement. « Je tiens le bon bout chaton… Et puis, ils m’aident aussi beaucoup »lui dis-je en posant ma main sur son ventre.
« Mais tu es mon roc quoi que tu fasses Caleb… ce n’est pas parce que tu as tes faiblesses que tu n’es pas mon roc » lui assura-t-elle, comprenant son petit accès d’orgueil bien que Thaïs veuille être le sien, de roc. Caleb ne la laisserait bien sûr jamais faire mais cela ne l’empêchait pas de le vouloir. « C’est vrai, cela t’aide ? Tu ne dis pas ça juste pour me rassurer ? » demanda-t-elle avant de lier leurs mains contre son ventre gigoteur. « Je crois qu’ils veulent te dire qu’ils t’aideront quoi qu’il advienne ! »
« Je n’ai juste pas envie que tu crois que je ne m’en sors pas mais autant être honnête, je crois que je ne cesserai jamais de me combattre au sujet de ces addictions »soupirais-je et si je lui en parlais justement ce soir, c’était parce que j’avais besoin à la fois de son soutien et de me dire que quoiqu’il arrive, elle resterait mon garde-fou. « Je suis sincère chaton… merci mes petits loups… Papa tiendra bon et puis maman veille sur moi alors no stress ! J’ai une wonder woman comme épouse ! »
« Mais je ne croirais jamais que tu ne t’en sors pas mon ange. Seulement tu n’es pas dieu, tu as tes faiblesses et tu te bats contre de sérieux démons… tu as toute mon admiration pour ça » fit-elle en prenant son visage en coupe pour l’embrasser avec une tendresse infinie. « Wonderwoman, carrément ? Je veux bien être ton garde-fou dès que tu en auras besoin et te donner tous les palliatifs du monde tu sais ! Il n’en demeure pas moins que tu restes mon Zorro à moi personnel… »
« Tu sais que ça me touche que tu me dises de pareilles choses ? » lui demandais-je en effleurant ses lèvres des miennes après qu’elle m’eut embrassé. « Thaïs Weyss, tu es le trésor de ma vie et je compte sur toi pour les palliatifs parce que je sens que je vais adorer simuler les crises de manque si je peux te faire l’amour toute la sainte journée de demain » rigolais-je avant de reprendre ses lèvres avec un plaisir non dissimulé.
