« Alleeeeez s’il te plaîîîîît !! » Thaïs suppliait Caleb depuis cinq bonnes minutes de lui accorder ne serait-ce qu’une petite danse, même si en théorie elle n’avait pas le droit, qu’elle était fatiguée et qu’il valait mieux qu’elle reste assise. « Vais pas avoir l’air d’une princesse si mon prince m’autorise pas une valse ! En plus la valse, c’est notre danse ! Je t’offre ce que tu veux en échange, pitiééééé !! »
Comment vouliez-vous que je puisse refuser quoique ce soit à ma femme alors que cela faisait cinq minutes qu’elle me suppliait de lui accorder une danse. Je lui lançais un regard las. Décidément, quand elle avait quelque chose en tête, elle ne l’avait pas ailleurs. « Tu sais que c’est dangereux de m’offrir tout ce que je veux en échange ? »lui dis-je avec un petit sourire taquin tandis que je l’observais d’un air faussement sévère. Je savais que tôt ou tard j’allais céder mais plus j’arriverai à négocier et moins elle se fatiguerait à danser.
Que ce soit dangereux ou pas, Thaïs s’en moquait bien. Elle avait envie de profiter de cette soirée et non d’être considérée comme grabataire à rester assise sous le fallacieux prétexte que l’on pouvait hypothétiquement la bousculer. « Peut-être mais je suis sincère ! Allez, ça nous rappellera notre rencontre… demande-moi et comme ça on danseuuuuuuh !! » le supplia-t-elle à nouveau en joignant ses deux mains pour ponctuer ses paroles. S’il ne cédait pas elle serait sûrement très déçue.
Si je privais Thaïs de danser, elle allait m’en vouloir pour des années et je n’étais pas homme à priver ma femme de son bal de fin d’années. Au pire, je pourrais toujours la surveiller et au premier signe de fatigue, la ramener derechef à notre table. « D’accord… Une seule danse Mme Weyss et concernant mon prix, je saurais te le réclamer en temps utile » lui dis-je avec un petit clin d’œil complice avant de me relever et de lui tendre une main. « M’accorderiez-vous cette danse madame Weyss ? » lui demandais-je sur un ton cérémonieux non sans lui accorder un sourire des plus amoureux.
Thaïs se mit à sautiller comme une gamine lorsqu’il accepta avant de se calmer illico presto pour ne pas le faire s’inquiéter plus encore. « Une danse… mais tu m’offres une belle danse hein ! Et tu me rends curieuse vis-à-vis de ton prix, je n’ai même pas droit à un indice ? » demanda-t-elle avant de lui offrir sa main et un sourire des plus éclatants au passage. « Mais bien sûr Monsieur Weyss, vous savez que je vous suivrai au bout du monde… »
Prenant sa main dans la mienne, je la conduisis au milieu de la piste de danse, prenant de suite une posture de valseur. On était danseur professionnel ou on ne l’était pas. « Un indice ? Je te dirais simplement une chose : amphithéâtre » murmurais-je à son oreille pour n’être entendu que d’elle avant de m’accorder à la musique et de commencer à la faire danser avec élégance et grâce. Nous n’étions pourtant pas en concours mais je ne pouvais pas danser à moitié. C’était plus fort que moi.
« J’espère que je ne vais pas avoir trop perdu niveau valse, surtout que je suis proéminente » avoua-t-elle en soupirant même si elle prit aussitôt une posture de danseuse professionnelle également, refusant de ne danser qu’à moitié ou de ne pas mettre toute la grâce dont elle était dotée de son côté. Ceci dit, Caleb ne manqua pas de la perturber avec son aveu, la faisant rougir au passage et pendant qu’ils dansaient, elle murmura à son tour : « comment tu sais qu’il s’agit de l’un de mes fantasmes ?! »
« La valse, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas » plaisantais-je surtout que Thaïs n’avait en rien oublié ses réflexes de danseuse bien au contraire. Elle était toujours magnifique lorsqu’elle dansait. Je me demandais toujours comment j’avais fait pour ne pas voir combien Jen’ et elles étaient semblables dans leur façon d’évoluer sur une piste de danse. « Oh c’est un de tes fantasmes ? Je dois avoir un sixième sens ou je suis un très bon détective » lui souriais-je avec effronterie.
« Ou dis plutôt que j’ai un excellent professeur qui lui est meilleur de jour en jour » le complimenta-t-elle car à la décharge de Thaïs, Caleb avait un peu plus de possibilités pour faire un peu d’entraînement qu’elle. Si l’irlandaise faisait mine de faire le moindre effort en la matière… il la petit suiciderait direct ! « Ou alors tu t’es renseigné en demandant à Mallory ou à Mina ! Petit filou va… »
« Tu as toujours été une élève des plus douées Thaïs que ce soit lors de notre toute première danse que lorsque tu étais Jen’… Tu es faite pour la danse » la complimentais-je et pourtant dieu seul savait combien j’étais aussi intransigeant que ma mère. « Humm disons que mes oreilles ont peut-être un peu trop trainées mais le plus important n’est-il pas que je comble tes attentes ? A moins que tu ne préfères que cela reste un fantasme »
