oh ! surprise. ∞ june.

Alors comme ça, June était mariée ? Instinctivement, j'écarquille les yeux, ne dissimulant pas ma surprise. Ses raisons étaient totalement valables mais j'avais l'impression que toutes les personnes autour de moi étaient mariées. Entre Iris qui avait du épouser le gars qui l'a fait sortir de prison et June qui n'avait pas d'autre choix où elle se ferait renvoyer.. ça faisait beaucoup. Moi qui avait une dent contre le mariage, j'étais mal barré avec ses deux filles engagées autour de moi ! « C'est un bon compromis. » C'est tout ce que je pouvais lui dire, je ne pouvais pas la féliciter non plus.. Pour moi, les mariages arrangés sentent mauvais. Point. Quand nous nous mettons à parler cette fois-ci de mon mariage, je n'étais pas très à l'aise. C'était presque devenu un tabou pour moi, je n'en parlais à personne appart à Declan et Iris. « Au début, je la connaissais à peine, mais au fil des mois on était bien obligé de se supporter.. Elle ne méritait pas ça. » dis-je en haussant les épaules, sortant mon paquet de clopes de ma poche. Elle remit le sujet de la valise sur le tapis et je l'écoute attentivement. Au fond de moi, je savais que la jeune femme n'était pas du genre voleuse.. mais j'étais devenu un peu parano avec le temps. « Je sais June, j'ai mal réagi j'suis désolé. Mais il m'arrive tellement de merdes que je balise à chaque fois que quelque chose se produit. » dis-je, lèvres pincées. La malchance m'a assez suivi comme ça, peut-être que la roue tournera un jour. Ses dernières paroles me réchauffent le coeur, mais je ne sais pas pourquoi elle me dit ça. Je tente de lui demander. « Encore moins moi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai de particulier ? » En vérité, j'aimerais énormément l'aider à s'en sortir - comme lui prêter de l'argent, mais je doute qu'elle accepte.

Il fit une grimace étrange quand je lui appris que j’étais marié mais malheureusement c’était la vérité, même à moi cela me faisait bizarre parfois c’est vrai que sur les papiers j’étais mariée mais mon cœur était si vide. Mattia était un ami, un simple ami. Je n’avais pas imaginé le mariage comme ça lorsque j’étais enfin, je le dis d’ailleurs à Nathaniel : « Tu sais j’aurais préféré me marier avec quelqu’un qui m’aime vraiment mais à présent je suis persuadée que cela est impossible…je me demande même si cela a déjà existé. Alors peut être que ce mariage sans sentiment ne va pas être plus raté qu’un autre ! ». Je ne suis pas convaincue mais tant pis, avec Mattia il n’y aura jamais l’étincelle comme avec…Nathaniel par exemple. Mattia était pourtant pas mal. « Je suis tellement désolée pour toi, si je peux faire quelque chose, n’hésites pas ! ». J’avais une sorte de sourire compatissant, j’aimerais tellement pouvoir l’aider sincèrement mais je doute que ce soit possible. Il m’expliquait être devenu un peu suspicieux par rapport à son emprisonnement, je pouvais comprendre mais avec moi, y avait vraiment pas de risque. J’aurais tellement voulu qu’il me voit comme une fille bien plutôt que comme une voleuse mais fallait pas rêver. Je baissais la tête quand il me demandait ce qu’il avait de particulier, j’aurais préféré qu’il zappe cette partie je crois, je me sentais tellement bête, je devais être aussi rouge qu’une pivoine : « Et bien je t’apprécie Nate. » Pas la peine d’ajouter qu’il était charmant et qu’il me plaisait en plus du reste.

Quand elle me dit que le grand amour n'existe surement pas, je ne sais pas vraiment quoi répondre. En vérité, je n'ai pas eu beaucoup de choix au niveau de mes relations amoureuses depuis vingt-six ans.. et je n'ai jamais eu l'occasion de tomber amoureux. J'essaie de trouver les mots pour la rassurer, c'est si triste de ne plus croire en l'amour à vingt-six ans. « Pourquoi tu dis ça ? Si tu veux on se marie, ça sera un mariage d'amour et tu pourras même rester sur le territoire américain. » dis-je en plaisantant, moi qui rigolait rarement des histoires de mariage. Après tout, il ne fallait pas que je prenne uniquement mon mariage tombé à l'eau comme exemple. June avait surement raison, son union était certes organisée mais elle se passerait mieux que la mienne je n'en doute pas. Quand elle s'excuse et me réconforte en quelque sorte, je grimace. Je n'ai pas envie qu'elle ait pitié de moi, cette histoire est terminée et je ne veux pas qu'on en parle davantage.« T'excuse pas, c'est pas de ta faute. Et t'inquiète pas, je gère. » lui dis-je en lui faisant un petit clin d'oeil, tandis que je me prépare à sortir dehors. Une p'tite cigarette me ferait certainement du bien. Je l'invite à sortir en ma compagnie et elle m'avoue qu'elle m'apprécie. M'apprécier comment ? Amicalement, amoureusement ? Oh putain, je me rend compte de la question que j'ai posé à présent, je ne voulais pas la mettre aussi mal à l'aise. Ses petites joues rosissent, c'est trop mignon. J'allume ma cigarette et répond. « Ah oui ? Ça me fait plaisir. » J'aurai du dire moi aussi, mais ça ne sort pas. J'ai trop de femmes dans ma vie en ce moment, et ça m'en donne le tournis. Pourquoi faut-il qu'il y en ait trois et pas une seule ?

Je me mets à rire quand Nate me répond qu’on pourrait peut être se marier, comme ça nous serions unis par les liens du mariage mais également par l’amour. C’est vrai qu’un mariage avec Nate aurait pu être différent que celui que j’avais effectué avec Mattia, je lui répondis avec le même humour : « Oh, quelle bonne idée tu as, heureusement que le divorce se répand de plus en plus et devient de moins en moins cher.» Je n’ai pas pitié de Nate mais je veux juste l’aider, c’est mon tempérament d’aider les gens et même si il dit que tout va bien je m’imagine que quelques démons doivent bien le tourmenter. Mais Nate est un homme et un homme joue toujours au dur. Je me sens par la suite ridicule de lui avoir dit que je l’aimais bien, enfin ce n’était pas ridicule de lui avoir dit seulement j’avais tendance à m’extérioriser un peu trop rapidement. Je savais que ce genre de chose faisait fuir les gens comme Aidan qui avait fuit parce que j’étais ‘trop’ amoureuse de lui ce qui était logique pour moi car nous étions en couple. Bref, j’ai l’impression d’avoir pris le vent de ma vie quand il me dit que ça lui fait plaisir. Je trouve sa réponse étrange, que voulait-il dire au juste ? Je ne comprenais pas. Mais bon pour l’instant j’avais juste compris que ce n’était pas réciproque, je baissais les yeux, j’avais l’impression d’être une enfant. « C’est sincère, ça n’a pas a te faire plaisir ! ». C’est la seule chose que je trouve à dire. « Tu veux qu'on fasse quelque chose d'autre ? ».

Elle n'a pas tort sur le divorce, car à ma connaissance, il doit y avoir au moins un mariage sur deux qui finit par une séparation. Je ne suis pas réellement sérieux sur mes propos bien évidemment, mais June se prend au jeu et ça m'amuse malgré tout. « Bon bah on a qu'à aller à la mairie maintenant. » dis-je en rigolant, sortant pour fumer une cigarette. Elle en vient à me dire qu'elle m'apprécie, et je perd mes moyens face à cela. En fait, je ne sais pas quoi répondre à ça car moi-même, je ne sais pas si je l'apprécie autrement qu'en amitié. Je vois que la réponse que je lui donne ne lui fait pas énormément plaisir, ce que je peux comprendre, mais je n'en rajoute pas. Nous aurons surement l'occasion d'en reparler une prochaine fois, quand je serai réellement au courant de ce que je pense d'elle - car avoir l'esprit entre trois filles différentes, ce n'est pas toujours simple. Je hausse les épaules à sa question, n'ayant pas la moindre idée de ce que nous pourrions faire. « Comme tu veux, t'as carte blanche. » Honneur aux femmes n'est-ce pas ?

Je me mis à rire quand il me répondit qu’il fallait qu’on aille à la mairie. Je n’avais pas eu besoin de ça pour mon mariage avec Mattia, mais il était faux de A à Z, je n’avais pas voulu faire comme un vrai mariage, je n’avais même pas acheté une robe blanche. « Je n’ai pas eu besoin de mairie tu sais ! A Las Vegas en cinq minutes c’est réglé… ». Il ne m’avait rien répondu et je crois qu’il n’avait rien à répondre. J’avais du juste imaginé notre complicité, je n’étais pas très chanceuse avec les garçons et ça n’allait pas commencer maintenant. Tant pis pour moi, je finissais par me dire que je finirais ma vie seule avec mes chats comme me l’avait dit Jackie. D’ailleurs en y repensant c’était un peu abusé de dire cela sachant la nature de ses liens avec Aidan mon ex petit ami. « Tu aimerais faire un tour en moto ? ». Actuellement c’était le seul truc que je pouvais lui faire découvrir et qui me ressemblait vraiment, rare était les filles avec des motos mais c’était mon cas.

C'est vrai que j'avais complètement oublié l'idée d'un mariage à Las Vegas. En Angleterre, nous n'avons pas l'occasion de bâcler un mariage dans une ville de jeu et de fête, il faut obligatoirement passer par la mairie. Surtout dans le milieu où je vis bien évidemment. « J'avoue c'est intéressant ce concept ! » dis-je, pensif, me demandant s'il y a quand même des mariages d'amour à Vegas. Si je devais épouser la femme dont je suis amoureux, je n'irai certainement pas là-bas. Alors que je fume tranquillement dehors, rependant à ce que June venait de me dire, celle-ci me propose d'aller faire un tour en moto. Il se trouve que j'adore ça, j'en faisais pas mal avant la prison mais depuis que je suis à Harvard je n'ai pas eu beaucoup de temps pour cela. Rattraper deux ans, c'est toujours difficile, surtout dans une université comme celle-ci. Je lui adresse donc un grand sourire, plutôt surpris qu'elle fasse de la moto. « J'en fais aussi, du moins j'en faisais. Ça doit faire un an ou plus que j'y ai pas retouché. » dis-je en jetant mon mégot dans le cendrier situé devant le pub. Je me tourne à nouveau vers la jeune femme pour ajouter. « Normalement, c'est l'homme qui propose ce genre de choses à une femme ! » m'exclamais-je en ricanant. C'est vrai que je me voyais mal derrière elle sur la moto, mais après tout, pourquoi pas.

Je me mets à rire quand il me répond que ce concept est intéressant, franchement j’aurais voulu connaitre une autre sorte de mariage. J’avais moi aussi rêvé d’un beau mariage en blanc avec l’homme de ma vie mais…cela n’était pas prêt d’arriver. Non, franchement, c’est aussi pour cette raison que j’avais décidé de me marier : je ne croyais plus au prince charmant sur son cheval blanc depuis longtemps. Je souris quand il me dit qu’il faisait de la moto, voilà une passion que nous avions en commun. Je me disais que ça pouvait être sympa de faire des petites virées tous les deux, je grimaçais quand il me dit que ça faisait un moment qu’il ne l’avait pas prise : « Tu sais ici, je me déplace la plupart du temps en moto, on évite les embouteillages… ». Je réfléchis quand il me répondit que c’était plutôt une activité masculine, c’est vrai mais j’avais un côté garçon manqué, fallait qu’il fasse avec : « Bon et bien c’est oui ou non ? ». De la à dire qu’il pourrait conduire ma moto ce n’était pas encore à l’ordre du jour mais monter dessus c’était déjà une bonne idée.

Ah la moto, c'est vrai que c'est tellement pratique. J'ai toujours adoré en faire, depuis mes.. dix-neuf ans dirais-je ? Je me souviens que mes parents avaient mis du temps à accepter que je passe le permis moto, et j'avais du les tanner pendant des mois. Depuis ma sortie de prison, je n'avais même pas pris la peine d'emmener ma moto aux Etats-Unis, elle était restée chez moi, à Londres. Il fallait que je pense à en racheter une, ou de récupérer la mienne - elle me tenait à coeur. « Oui c'est super intéressant pour ça ! » Maintenant, je conduisais uniquement en voiture. En même temps, je n'avais pas ma Corvette depuis très longtemps et j'aimais en profiter - même quand je faisais à peine deux kilomètres. June me proposa donc de monter sur la moto avec elle, et même si j'aurais préféré être le conducteur, j'accepte. Il faut que je retrouve ces sensations dont je me souviens à peine.. « Allez c'est parti ! » m'exclamais-je alors en arquant un sourcil enjôleur. Finalement, j'étais plutôt pressé de faire un petit tour, ça ne pourrait qu'être gratifiant.

J’avais proposé à Nate de faire un tour de moto avec moi en ignorant complètement que c’était l’une de ses passions, j’avais proposé ça parce que j’aimais beaucoup ce moyen de transport et j’étais contente d’avoir un point commun supplémentaire avec lui. Je lui répondis alors en souriant : « Tu sais à chaque fois que je conduis j’ai cette impression de liberté, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire…. ». Je devais avoir un grand sourire rien que d’en parler, cela me faisait un bien fou. Je lui tends alors le casque que je plaçais habituellement sous le siège, c’était le casque des invités, il était un peu moins solide mais garantissait tout de même un minimum de liberté. Je mets le mien avant de lui crier, n’entendant presque rien vu l’épaisseur du métal : « Accroches-toi bien ! ». Je ne plaisantais pas du tout, lorsque je conduisais j’étais très rapide et vive, j’avais une vraie conduite de course, bon sauf que ma vitesse restait tout de même raisonnable. J’allais l’emmener dans mon endroit préféré de Boston mais pour l’instant je nous passions par des petites ruelles désertes et inconnues.