J’étais à Hawaï lorsque j’avais reçu un appel de Caleb pour me signaler que Thaïs avait été victime d’une tentative d’empoisonnement. Il ne me fallut pas longtemps pour qu’il m’explique toute l’histoire et pour le coup, je restais con avant que la colère ne me gagne et que je demande à Mallory si cela ne la dérangeait pas d’écourter nos vacances sous le soleil. Après les récents évènements dans la jungle, celle-ci accepta et quarante-huit heures plus tard, j’arrivais au chevet de ma cousine préférée. « Hey beauté, on confond la mort au rat et le sucre ? C’est malin ça » murmurais-je avant de déposer un baiser sur son front. « Comment tu te sens ? Tu m’excuses mais j’ai viré ton mari… Il commençait à chlinguer sévère » plaisantais-je en caressant sa longue chevelure. Cela me tuait de la voir dans ce lit d’hôpital. Putain mais c’était un ange cette femme, comment pouvait-on lui faire ça ? Qui plus est, s’attaquer à une femme enceinte ?! Cela me foutait en rogne mais quelque chose de sérieux. « Caleb m’a tout expliqué concernant ce mec et le harcèlement qui lui fait subir. Tu as épousé un mec réglo, il aurait pu me balancer depuis belle lurette mais il ne l’a pas fait… Alors si je peux faire quoique ce soit, dis-moi »
Thaïs esquissa un faible mais non moins présent sourire alors que Declan venait de débarquer dans sa chambre d’hôpital et cherchait déjà à dédramatiser la situation. Du grand irlandais dans le texte. « Tu sais bien que je suis qu’une aveugle » ironisa-t-elle, légèrement amère. « J’ai l’impression qu’on m’est passé dessus avec un rouleau compresseur… mais je suis contente que tu sois là mon chou. Comment va toi ? Et Mallory ? » ne put-elle s’empêcher de lui demander en prenant doucement sa main dans la sienne. « Je sais combien Caleb est un homme formidable et on en a longuement discuté… il n’a pas seulement essayé de me tuer, il voulait atteindre mes enfants aussi. Je sais que je m’apprête à t’en demander trop comme d’habitude mais je veux que tu l’empêches de nous nuire… »
« Et alors ?! Ça te défrise d’être aveugle maintenant ?! T’es la plus voyante des aveugles, tu le sais très bien » fronçais-je les sourcils en posant une main sur son front, contrastant avec la rudesse de mes mots. C’est simplement que je n’aimais pas quand elle se mésestimait de la sorte. « Je vais bien, elle aussi… On a eu des petits soucis avec des russes mais rien de bien méchant » plaisantais-je doucement même si mon regard restait mortellement sérieux. Cela me foutait en rogne qu’on puisse s’attaquer à une femme enceinte surtout à ma cousine. Elle ne méritait vraiment pas d’être attaquée de la sorte, elle qui n’avait jamais fait de mal à une mouche. « Tu sais très bien que tu ne m’en demanderas jamais assez… Tu veux que je l’empêche de vous nuire temporairement ou définitivement ? » Lui demandais-je de préciser car je pouvais tout aussi bien le calmer gentiment que plus méchamment. « Si tu veux que je lui fasse regretter sa naissance ou d’avoir joué avec le feu, je peux te le torturer en prime » haussais-je les épaules, indifférent.
« La plus voyante des aveugles ? C’est concept dans le genre ! » s’exclama-t-elle car Thaïs se mettait à avoir une mauvaise opinion d’elle-même dans des situations extrêmes comme celles-ci. Elle se rendait coupable sans même en connaître la raison première. « Qu’est-ce qu’il s’est passé avec vos russes ? » s’inquiéta-t-elle aussitôt, comme si sa propre condition n’avait plus aucune importance dès lors que Declan était dans la merde. « Je ne veux pas vivre dans la peur avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête… fais en sorte que ce soit rapide, comme s’il n’avait jamais existé. Je ne pourrais plus me reconnaître si je te demandais de le torturer… et Caleb me détesterait. »
Je lui souriais, conscient qu’elle devait s’auto-flageller toute seule dans sa tête mais je ne voulais pas qu’elle se fasse des films catastrophes. Ce n’était pas parce qu’elle était ma cousine que je la voyais ainsi mais bel et bien parce qu’elle était une belle personne. Je n’avais jamais vu une femme aussi généreuse, adorable, aimante que Thaïs. « Oh on se baladait, on est tombé sur des trafiquants de drogue qui se sont amusés à nous traquer comme des bêtes… Bah la routine ! » Plaisantais-je pour dédramatiser surtout qu’il n’y avait pas mort d’hommes… du moins de notre côté. « Dis-toi que tu n’as plus rien à craindre de cet homme… pour le reste… je verrais si je ne fais pas un extra, ça sera mon cadeau de naissance pour les jumeaux ! » répondis-je avant de prendre sa main dans la mienne et de déposer un baiser dessus. « Thaïs, dès fois, il serait bon que tu arrêtes d’être aussi gentille… mais pas grave, on va dire que je compense »
« La routine pour toi ! Mallory n’a pas trop eu peur ? » demanda-t-elle aussitôt car après tout, Declan était le tueur du duo romantique, pas la jeune Eliot. Il était donc normal aux yeux de Thaïs du moins, de s’en inquiéter. « Tu sais que si tu n’existais pas, je ne sais pas s’il faudrait t’inventer pour que tu donnes un cadeau pareil aux jumeaux ? » ironisa-t-elle doucement, se détendant progressivement au fil des mots du discours de son cousin. Discours qui lui faisait du bien, du reste, inutile de le nier. « Je sais, Caleb me l’a déjà dit mais je n’y arrive pas… c’est un crime tu crois ? »
« Eh bien elle a eu peur oui mais elle a bien géré… Elle a vraiment bien géré la situation » lâchais-je d’un ton mortellement sérieux évitant simplement de dire qu’elle avait dû se salir les mains pour me protéger. Il y avait des choses qui devaient rester entre nous. « Un crime d’être gentil ? Non. Disons que c’est plutôt rare désormais dans la société dans laquelle on vit mais ce n’est pas une mauvaise chose non plus »répondis-je tandis que je gardais sa main dans la mienne. « Je t’interdis de changer ok ? Tu es une bouffée d’oxygène pour moi alors hors de question que tu deviennes une bitch sans cœur. Tu sais à quel point je n’aime pas ce genre de choses… Et puis je vais avoir besoin de toi à ta sortie de l’hôpital… J’aimerai que tu m’apprennes à danser pour le bal de fin d’années »
« Tu dois être fier d’elle » ajouta-t-elle avec malice sans chercher à obtenir davantage de détails car après tout, Thaïs ne voulait surtout pas se mêler de la vie privée de son cousin à moins qu’il ne l’invite à le faire. C’était l’évidence même en la matière. « Je crois que même avec la meilleure volonté du monde, impensable que je devienne une bitch sans cœur alors je te promets de rester telle que je suis si tu restes tel que tu es. C’est un bon deal non ? On forme une bonne équipe je trouve, frérot » murmura-t-elle avant d’embrasser tendrement sa main. L’irlandaise avait toujours considéré Declan comme le frère aîné qu’elle n’avait jamais eu, et cela ne risquait pas de changer. « Tu veux que je t’apprenne à danser parce que… tu comptes inviter Mallo ? C’est super ! J’accepte à une condition… j’veux un câlin. »
« T’imagine même pas combien ! » m’exclamais-je. Oui j’étais fier de Mallory car elle m’avait montré que je pouvais réellement lui faire confiance mais au-delà de ça, qu’elle pourrait quoiqu’il arrive se défendre. Je crois que le plus soulagé des deux, c’était moi pour le coup. « Je resterai toujours le même malgré que je prenne des cours pour bien me tenir dans la haute société. Je ne me fais pas trop d’illusion, qu’elle le veuille ou non, Mallory restera toujours un pied dans ce monde alors je ne veux pas faire tâche… tu comprends ? »me confiais-je de manière décontractée avec ma cousine ou plutôt ma petite sœur. « Qu’est-ce que vous avez toutes avec vos câlins ? » râlais-je avant de tout de même lui en faire un. « Ouais… je compte l’inviter… donc t’accepte de m’apprendre à danser ? »
« Minute… tu prends des cours pour bien te conduire ? » s’étonna Thaïs sans trace de moquerie dans la voix. Il s’agissait bel et bien d’une large surprise car Declan ne s’était jamais montré aussi désireux d’être à la hauteur de son couple ou même de quelqu’un… cela prouvait combien il aimait Mallory. « Tu sais que tu as des allures de prince charmant comme ça ? Je suis sûre qu’elle va fondre littéralement face à tous les efforts que tu fais pour elle ! Et pour ta gouverne, les câlins, c’est le bien ! » lança-t-elle en lui pinçant très légèrement la joue pour mieux le serrer également contre elle en un long câlin. « Bien sûr que j’accepte, plutôt deux fois qu’une même ! Dès que je sors de cet asile de fous je te donne tous les cours que tu veux… »