(+ Bambi) Stop running away from me

J’en avais marre et il n’y avait pas malabar pour me sortir de cette histoire qui sentait aussi bon que mes chiottes avant un coup de canard WC. Voilà que même en pensée, je perdais pied et me mettait à raconter que des conneries. C’est juste que j’étais fatiguée qu’une certaine blonde me fuit comme la peste depuis notre retour au Spring Break si bien que je n’avais eu de cesse de repousser mon emménagement. Après tout, Bambi ne semblait plus vouloir de moi, de notre relation déjà si fragilisée à peine commencée. Malheureusement pour elle, j’étais têtue comme une moule accrochée à son rocher et je comptais bien préserver notre amitié à défaut de notre couple si je ne pouvais avoir les deux. Aussi, j’appris rapidement que ma blondinette préférée se trouvait à la bibliothèque alors, ni une ni deux, je m’habillais le plus sexy possible à savoir un chemisier pas mal décolleté donnant une vie plongeante mais agréable sur la naissance de ma poitrine, une jupe à peine plus haute que mi-cuisse et des escarpins à me faire des jambes digne d’une mannequin. Bref, j’étais prête à mener une guerre des nerfs et cela commença par mon entrée remarquée à la bibliothèque où je marchais jusqu’à la table de ma petite-amie, d’une démarche chaloupée qui ne laissa guère insensible la gente masculine présente. « Bonjour sweet heart, bonne journée ? »

Bambi fuyait. Elle n’en n’avait même pas vraiment honte d’ailleurs, mais disons qu’elle n’assumait pas d’avoir de relation si fusionnelle avec sa meilleure amie. Le fait qu’elle soit une femme n’était pas le fond du problème d’ailleurs, elle avait purement et simplement du mal avec un M majuscule. Il ne fallait pas s’attendre à ce que Bambi cesse d’être la demoiselle sauvage qu’elle était du jour au lendemain, même si au Spring Break, elle avait fait un effort… ceci dit, en voyant débarquer Mina en pleine bibliothèque avec une tenue… provocante, la jolie blonde dû admettre qu’elle déglutissait avec difficulté. « Je peux savoir pourquoi il y a autant de monde au balcon ? » lança-t-elle en haussant un sourcil de surprise. « Bonne journée n’est pas le terme. »

Je savais que je la provoquerai mais ce genre de comportement avait toujours été ma marque de fabrique, amnésique ou pas. J’avais besoin qu’elle me parle, d’être rassurée mais avant toute chose, je voulais savoir ce qui se passait sous sa crinière blonde. Certes, nous ne vivions pas une relation évidente car passer de meilleures amies à petites-amies étaient un pas difficile et même moi, je me savais incapable pour l’heure d’affronter publiquement mon homosexualité. Pourtant, B. me manquait. « Oh tu trouves ? Ils ont peut-être envie de prendre l’air plutôt que la poussière » haussais-je les épaules en m’asseyant devant elle, les jambes croisées l’une sur l’autre. « Ah bon ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Hélas, prendre Bambi à rebrousse poil n’était pas la meilleure façon de l’aborder à moins de ne vouloir déclencher l’une de ses fameuses colères. « Serait-ce un reproche parce que tu es frustrée ? » lui lança-t-elle, légèrement plus acerbe car elle n’aimait pas du tout ce genre d’humour. En même temps, personne n’aimerait se prendre ce genre de remarque dans la tronche. « Beaucoup de choses à gérer en ce moment, du boulot par-dessus la tête et si tu es là pour me faire une scène, dois-je préciser que c’est le pire moment ? »

« Je suis toujours frustrée »répondis-je laconiquement en posant mon livre de cours devant moi, m’accrochant à lui pour ne pas craquer. Je me fichais bien de ses colères, je voulais qu’elle me dise ce qu’il se passait, pourquoi elle me fuyait car elle pouvait se cacher derrière le boulot, je savais que ce n’était pas la raison première. « Je ne viens pas te faire une scène, je viens juste te parler parce que j’en ai marre que tu prennes les premiers prétextes qui te passent sous la main pour m’éviter » répondis-je avec mon éternelle franchise. « Qu’est-ce que j’ai fait de mal B. ? »

« Mais le reproche m’était manifestement destiné à moi » reprit-elle sans plus de chaleur et sans la lâcher du regard. Pour le coup, elle avait toute son attention et Bambi n’étant pas idiote, elle savait éperdument pourquoi Mina était venue la trouver ici, en tenue aussi affriolante. « Et je peux savoir pourquoi tu t’es habillée ainsi ? » lui demanda-t-elle premièrement, sans répondre immédiatement à sa question. « Tu sais que je ne suis pas une sentimentale, et tu sais que je ne gère pas mes émotions. En ce moment, je suis deux fois plus en colère alors je t’évite pour ne pas péter un boulon. J’arrive pas à tout gérer pour l’instant, mais ça va finir par passer. »

« Ce n’est pas un reproche ! Je sais très bien que tu ne pourras pas combler toutes mes attentes car c’est impossible » soupirais-je. Après tout, j’avais constamment envie de lui faire l’amour et ça empirait avec le temps mais j’essayais vraiment de me contrôler pour que notre histoire ne soit pas basée que sur le sexe. « J’avais envie d’attirer ton attention, c’est tout… Ecoute B. Pourquoi ne pas m’en parler ? Pourquoi me tenir à l’écart ? Qu’est-ce que je dois faire ? M’effacer et attendre que tu reviennes vers moi ? » lui demandais-je, le cœur au bord des lèvres.

« D’accord » reprit-elle dans un soupir car si Mina n’était pas dans sa tête, Bambi n’était pas plus dans la sienne. Sûrement avaient-elles un large problème de communication mais ce problème était inhérent à tous les couples et elles sauraient bien passer outre à un moment donné. « Je n’ai pas l’habitude de pouvoir compter sur quelqu’un, c’est tout. D’ordinaire, c’est démerde-toi ! Je ne dis pas qu’il faut que tu attendes à l’écart, justement, attire mon attention. Ça finira par atteindre mon cerveau. »

« Faut que ma jupe soit encore plus courte pour attirer ton attention ? Non parce que je peux faire le coup du : oups mon livre est tombé » plaisantais-je mollement car je n’aimais pas les conversations aussi lourdes. J’aimais quand elle rigolait et non quand je lui prenais la tête. « Je crois qu’il vaut peut-être mieux que l’on remette à plus tard mon emménagement, tu as besoin de garder ton indépendance et je ne veux pas m’imposer. On peut y aller étape par étape hein » lui proposais-je même si c’était à contrecœur.

« Tu fais ça et j’arrache un rideau de la bibliothèque pour te couvrir » lança-t-elle non sans lever les yeux au ciel car Bambi savait pertinemment que tous les puceaux aux hormones perturbées allaient siffler d’un coup d’un seul si Mina se risquait à une pareille chose. « Justement. Plus tu vas me laisser seule, plus je vais me renfermer. Tu ne me connais pas encore au jour le jour mais moi, si. »