We need to talk ( Luke )

Là, ma main avait atterri sur sa joue, il l’avait cherché. J’savais parfaitement qu’il avait envie d’me rendre la pareille, mais il se retenait. Toute la fratrie Tessier Conwell l’avait finalement frappé. J’m’en voulais, je n’étais pas comme mon frère et pas comme ma sœur. Mais là il avait été blessant. Il m’insultait, j’le voyais qui serrais les poings. J’avais peur de lui. J’avais encore plus peur quand il se redressa et lorsqu’il m’attrapa par les poignets. Il me faisait mal. J’avais mal au cœur, mais je soutenais son regard, prête à le mordre « Ou sinon quoi ? Tu vas me frapper ? Lâche moi tu me fais mal. » C’était tout ce que je trouvais à lui répondre, mais je soutenais toujours son regard, moi le mien était devenu sombre et rougis par les larmes qui ne coulaient plus. On pouvait lire de la peur sur mon visage et je tremblais. Ça faisait une semaine que je ne prenais plus mes médicaments.
« Lâche moi… » que j’lui disais une dernière fois .

Je lachais soudainement les mains d'Ambre en voyant la peur se lire sur son visage. Encore une fois, j'avais été trop loin. J'avais agit par pulsion. Par ces putains de pulsions qui ressemblaient bien à ma maladie. Je me rassis, lui tournant le dos. Les larmes montaient à mes yeux. J'étais clairement en train de péter un câble. Je savais que c'était la période où j'allais pas bien, où j'faisais encore plus de la merde qu'habituellement. Je tapais violemment sur mon bureau avant de prendre ma tête dans mes bras et de laisser couler toutes les larmes de mon corps.

"Sort."

Mes poignets furent libérés. Mes bras retombaient mollement le long de mon corps. La plus grande engueulade qu’il pouvait arriver. Je tremblais. J’avais du mal à respirer. J’le regardais cogner sur son bureau, j’avais l’impression de vivre un cauchemar. Il pleurait. C’était l’une des rares fois que je le voyais comme ça. Je m’en voulais. J’voulais le prendre dans mes bras, l’embrasser comme tout à l’heure. Mais j’avais peur. Peur de l’homme que j’aime. Le « nous » était en train de redevenir « je » et j’voulais pas de ça. J’pleurais en silence, il me demandait de sortir de sa chambre. Mon cœur se serrait, j’avais pas envie qu’il me déteste. J’avais pas envie de le perdre.
« Parfait. T’étonnes pas de plus entendre parler de moi dans ces cas-là… » la gorge serrée, je lui tournais le dos et ouvrais la porte de sa chambre , la main tremblante. Je claquais la porte derrière moi, et me laissais glisser le long du mur du couloir, pleurant aussi à mon tour.

J'entendais Ambre partir, ouvrant la porte. Je soupirais essuyant mes larmes et relevant la tête vers elle alors qu'elle me signifiait ne plus vouloir me voir.

"Tu comprends vraiment rien, hein ?"

Je me levais à nouveau et fermais la porte pour ne pas qu'elle sorte tout de suite. J'voulais pas la maintenir prisonnière, mais j'pense qu'il était vraiment temps de poser les choses à plat et d'expliquer clairement la situation. J'en avais quasiment jamais parlé, de cette situation. De cette maladie qui me rongeait depuis mon adolescence. Lassa était un des seuls au courant.

"Tu vois pas que j'suis juste un putain de malade ? Tu l'cernes pas ?"

Je n’avais même pas eu vraiment le temps de sortir, Luke m’en empêchait, mais j’comprenais plus rien ou alors moi aussi j’étais vraiment la dernière des connes. J’étais là en face de lui, lui me disant que je ne comprenais rien, non effectivement. Ce genre de comportement, j’avais déjà vu ça, j’y avais déjà eu affaire avec mon jumeau. Je ne pouvais pas le croire ou alors je ne voulais pas le croire. Pourtant Luke ne faisait que confirmer mes craintes. Mon cœur ratait encore un battement, décidemment c’était mauvais pour ma santé.
« Pourquoi… pourquoi tu ne m’en as jamais parlé avant ? Tu ne me faisais pas suffisamment confiance pour me dire que tu étais malade ? Tu avais peur de quoi ? Que je me mette à te fuir comme la peste ? »
Je le fixais, droit dans les yeux et sans vraiment réfléchir je me rapprochais de lui, un seul geste pourrait peut-être arranger les choses. J’le prenais dans mes bras, tout simplement.
« Quoi qu’il arrive, quoi que tu décides, je serais toujours là. Même si tu ne veux plus de moi…mais je t’aime même si t’es un crétin. »

Ambre avait comprit de quoi il s'agissait. Je soupirais bruyamment alors que des larmes s'échappèrent à nouveau de mes yeux. À bout de souffle je marmonnais.

"Parce que je déteste qui j'suis. Parce que j'aimerai pas être ce gars malade. Parce que j'fais tout pour vivre normalement. J'ai pas encore envie que tu m'prennes pour un cinglé. T'as déjà assez d'aprioris sur moi."

Ambre décida alors que la guerre nécessité un moment de répit, puisque quelques instants plus tard, je me retrouvais dans ses bras. J'avais jamais aimé parlé de ma maladie. Elle m'avait bien trop usé au fur et à mesure des années, me poussant vers les abus, me poussant vers la mort. Je passais mes mains autour de son cou, calant ma tête contre son épaule.

"Et tu vas faire quoi ? Continuer de me supporter ? D'avoir peur qu'un jour j'm'en prenne à toi. C'est stupide Ambre, j'ai pas envie que tu finisses en déchet toi aussi."

J’l’avais pris dans mes bras, pour le réconforter, pour espérer qu’il y ait tout de même un moment de répit dans notre dispute. Je ne voulais pas le lâcher. Pas maintenant. Nous étions tous les deux vulnérables, fatigués, et blessés. J’avais besoin de le sentir dans mes bras, de me dire que tout ça c’était bien réel, de me rassurer et de le rassurer. Ses mains dans mon cou me firent me rendre compte qu’après tout ce qu’on venait de se cracher à la gueule n’était rien par rapport aux sentiments que j’éprouvais toujours pour lui. J’écoutais sa tirade, je n’avais pas non plus envie de le contredire ou de l’empêcher de dire quoi que ce soit. Je soupirais à mon tour, caressant ses cheveux de façon maternelle « Je n’ai pas peur qu’un jour tu t’en prennes à moi. Je sais parfaitement ce que c’est et ce que ça fait d’avoir cette maladie. Je ne t’en avais jamais parlé mais mon jumeau a la même chose que toi. Je peux vivre avec ça, et avec toi. Et regarde-moi, franchement, un déchet c’est ce que je suis en ce moment. Tu crois vraiment que j’ai réfléchi en faisant cette couleur dans mes cheveux ? Je suis folle amoureuse de toi et je n’ai pas envie que notre histoire prenne fin de cette façon. J’ai besoin de toi dans ma vie que ça te plaise ou non. »

Je restais là, la tête calée dans son épaule alors que la jeune femme me caressait les cheveux de façon rassurante. Elle ma calmait, m'apaisait, rien qu'avec sa présence, et ses mots. Ma respiration se ralentissait, et mon coeur avec.

"Moi j't'aime bien, avec tes cheveux de barbie."

Je ne trouvais rien d'autre à répondre. La maladie bi polaire était bien plus compliquée que ça. Peu être que son frère en était atteint aussi, mais c'était tellement différent selon les personnes. Je sais que j'étais d'une nature violente. Là, j'avais failli m'en prendre à elle. Peu être qu'une fois, les actions dépasseront les paroles. Je me détachais d'elle et parti m'allonger sur mon lit, pour me rouler à nouveau un joint, qui finirait de calmer ces excès de colère.

La référence à Barbie me fit sourire une fois de plus. Je restais là, à lui caresser les cheveux puis finalement il décida de s’éloigner de moi pour retourner rouler un autre joint sur son lit et je l’observais s’allonger dessus. Je ne savais pas si je pouvais le rejoindre. Je restais sur place, réfléchissant à ce qu’il venait de me dire quelques minutes plus tôt, je n’allais en aucun cas l’abandonner, même si je ne savais pas à quel stade était sa maladie. Enfin je veux dire je ne savais pas s’il était comme mon frère ou non. Quoi qu’il en soit, je me décidais finalement à le rejoindre sur le lit, un sourire aux lèvres, passant au-dessus de lui pour finalement m’asseoir à côté de lui. J’penchais mon visage vers le sien et déposais un baiser sur son front, et mes lèvres glissèrent le long de son visage pour trouver les siennes au final. J’pouvais pas me passer de l’embrasser « J’peux pas me passer de toi, j’veux qu’il y ait un « nous » à nouveau, comme avant. Repartir de zéro et oublier le passé…. »

Ambre vint me rejoindre peu de temps après sur mon lit, passant par dessus moi pour se poser à mes cotés. Je senti ses lèvres se poser sur mon front, puis descendre sur les miennes. Je lui rendais chastement son baiser alors qu'elle me signifier vouloir tout recommencer. Je ne quitter pas mon joint presque fini de rouler pour lui répondre.

"Et tu f'ras quoi ? Quand j'vais péter des câbles comme tout à l'heure ?"

Je portais le pétard à ma bouche avant de l'allumer et tirant longuement dessus, fixant le plafond, comme pour y trouver moi même la réponse. Bien sur que j'étais amoureux d'Ambre et que je ne voulais pas la perdre. Mais le simple fait d'avoir failli lui lever la main dessus me faisait flipper. Au fond, peu être que j'en étais capable. J'étais peu être capable de lui rendre des coups.