A&A ♡ Please don't take my sunshine away

Qu’attendais-t-il de moi ? J’étais juste là, allongée sur le lit et j’attendais qu’il me dise à quoi il pensait... Je dois avouer que j’avais peur. J’savais pas à quoi m’attendre et ça me faisais bizarre qu’il me parle du soir où on s’est retrouvé chez Anya... Et qu’il profite que je sois complètement bourrée pour me parler. J’croyais qu’il me raccompagnerait chez moi et partirait... visiblement, c’n’est pas le cas. J’avais la tête qui tournait, et encore envie de vomir. J'voudrais qu'tu sois vraiment honnête Apple, que tu m'dises vraiment ce que tu penses sans aller dans mon sens en disant vouloir mon bonheur. Je le sais que tu veux que j'sois heureux... mais moi j'veux savoir ce que tu te dis, au fond de toi. Pitié... non. Tout mais pas ça. Je ne voulais pas qu’il me demande d’être honnête... tout simplement parce que si je lâchais la vérité, je ne pourrai plus faire semblant. Je ne pourrai plus me convaincre moi-même que tout ira bien. Mais... Andy voyait déjà bien clair, il me demandait pas ça juste pour le plaisir... c’est parce qu’il se doutait déjà que je mentais. Je sentais mon cœur s’accélérer et ma respiration aussi. Le pire dans tout ça... c’est que j’ai tellement menti, que je ne suis même plus certaine de reconnaître la vérité moi-même. Je fermais les yeux. Est-ce que j’devais lui dire... est-ce que j’devais me mettre à nue, encore une fois ? Est-ce que ça le ferait fuir... Forcément. Est-ce que ça me ferait du bien ? J’sais pas... Mes mains tremblaient, j’avais encore plus peur maintenant que je connaissais son vœux. Il m’avait coincé au pied du mur : J'vois pas de quoi tu parles. Le nier en bloc n’était peut-être pas une solution envisageable, surtout que j’avais les larmes aux yeux à présent... Je pris une grande inspiration, comme pour me redonner du courage. Je laissais tomber les bras sur le lit, fermant les yeux de nouveau et laissait tomber la tête vers l’arrière. Je pense... J’suis restée bloquée. J’savais pas quoi dire, j’savais pas quel mots employer... J’étais juste... bloquée. J'peux pas dire c'que j'pense vraiment... ça irait totalement au sens inverse d'Andy et je ne voulais pas de ça.

J'n'étais pas un idiot. Apple pouvait mentir autant qu'elle voulait, elle pouvait faire semblant, se mentir à elle-même, aussi... Mais la manière dont elle me regardait, dont elle me parlait, ça ne trompait pas. Et je me rappelais encore le jour de l'an quand elle m'avait embrassé parce qu'on était coincés à cause de la tempête de neige... Ça pouvait paraître pas grand-chose, ce n'était qu'un baiser après tout, et puis on avait même de nouveau couché ensemble. Mais... non. Ce baiser-là avait été le plus sincère de tous, et la dernière fois où elle avait été à cent pour cent honnête avec moi. Je tenais à ce qu'elle le soit... Même si ça n'irait pas dans mon sens. Même si ça impliquait qu'elle se mette en colère, même si ça risquait de me blesser -de toute manière... pouvait-elle me blesser autant que moi, je l'avais fait ? J'en doute. Je me mordis les lèvres, relevant les yeux vers elle alors qu'elle niait en bloc tous les mensonges et faux-semblants qui s'accumulaient depuis. Et quoi... ? Elle se sentait vraiment mieux en intériorisant à ce point, en se bourrant la gueule quand ça n'allait pas et sourire de nouveau le lendemain ? Apple... Je marquai un silence, cherchant mes mots et dieu seul sait comme ce n'était pas facile. On s'était jamais mentis avant... Et quand bien même ce que tu peux penser n'ira pas dans mon sens, tu mérites pas de tout intérioriser comme ça. C'était dingue. Elle se rendait encore plus malade, pour moi, ou du moins, en partie, la deuxième étant probablement parce qu'elle pensait que c'était le mieux pour elle. Pour ne pas me blesser, pour ne pas me faire culpabiliser plus que ce n'était déjà le cas, peut-être par peur de briser la relation qu'il nous restait... Et j'ai besoin qu'tu sois honnête avec moi... J'aimerais... Ark j'avais la gorge sèche, et on va pas se le cacher, la culpabilité était à son summum. J'aimerais qu'tu me fasses encore un peu confiance, même si j'ai conscience de t'en demander encore beaucoup.

- Apple... Non, Andy. Je refuse que tu entres dans ma tête, que tu prennes les informations qu’il te faut et que tu m’abandonnes encore... J’avais la tête qui tournait, et une horrible envie de me frapper jusqu’à ce que j’en perde connaissance. Il savait très bien que je ne pourrais pas lui résister... Surtout s’il venait de me demander la permission et que j’avais acceptée. J’allais devoir tout lui dire maintenant, je n’en avais plus le choix. On s'était jamais menti avant... Et quand bien même ce que tu peux penser n'ira pas dans mon sens, tu mérites pas de tout intérioriser comme ça. J’avais du mal à respirer. Je me suis assise sur le lit, à genoux, mes bras enroulé autour de mon ventre. Et si je lui disais... ? Qu’est-ce qu’il m’arrivera ensuite... Est-ce que ce serait complètement fini entre nous ? Est-ce que je me sentirai bien, ou encore plus mal ? J’étais clairement entrain de devenir chèvre. Et j'ai besoin qu'tu sois honnête avec moi... J'aimerais... Non. Ne dit rien. Je fermais les yeux très forts avant de me frotter les yeux. Il fallait que je respire, et que je me concentre sur autre chose. Il fallait que je me calme... J'aimerais qu'tu me fasses encore un peu confiance, même si j'ai conscience de t'en demander encore beaucoup. Ça y est, est-ce que c’est fini ? La tempête est passée ? J’ouvris les yeux, me mordit la lèvre et constatai qu’Andy était toujours là... Et il me regardait. Son regard était sincère, il semblait... vraiment inquiet. J’arrêtai de respirer, les larmes me montaient aux yeux et me brûlaient. C’était plus fort que moi. J'sais pas... J’sais pas quoi dire... en fait, j’sais pas par où commencer. J’inspirai, tentant encore une fois de ravaler mes larmes. J'suis désolée Andy... Je fermais les yeux et reniflai un coup. J'veux pas te perdre Je sais... je manque l’occasion de dire ce que je pensais, je manque l’occasion de me libérer... Mais j’pouvais pas aller à contre-sens... J’pouvais pas être égoïste. J’avais mal au cœur…. Et le regarder culpabiliser… c’n’était pas mieux. Je sentais de nouveau mes lèvres trembler. ... S'il-te-plait ne me déteste pas Parce que ce que j'ai à dire... c'est horrible.

J'avais l'impression qu'à chaque fois que j'ouvrais la bouche, chaque mot que je prononçais, je la blessais un peu plus. Est-ce que c'était mal, d'insister pour qu'on se dise les choses ? Est-ce que j'avais bien fait, ou est-ce qu'au contraire, j'avais merdé encore une fois avec elle ? Je peinais à avaler ma salive alors que les larmes étaient montées aux yeux de la jeune femme, qui s'était redressée et se tenait le ventre, s'excusant et me disant qu'elle ne voulait pas me perdre. Elle n'en avait pas dit beaucoup, mais en même temps... si. Elle refusait de tout me dire explicitement, mais elle m'avouait qu'au fond d'elle, elle hurlait. Elle m'avouait qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle le laissait croire, elle me disait à demi-mot... qu'elle m'en voulait, au final. Qu'elle m'en voulait de ne pas l'avoir choisie, qu'elle m'en voulait de l'avoir laissée, d'avoir détruit ses rêves, notre mariage, notre famille, l'avenir qu'on se construisait. Elle me disait qu'elle m'aimait toujours et que ça la rendait malade, qu'elle n'était pas prête à tourner la page, qu'elle détestait me voir avec Briony, me savoir avec elle. Voilà. C'était ce que je percevais, quand elle me disait qu'elle ne voulait pas me perdre. Tellement de choses, dans une si petite phrase, prononcée par une femme fragilisée parce que je l'avais brisée. Je secouai doucement la tête et levant une main pour caresser sa joue, je me relevai pour venir m'asseoir à côté d'elle et la serrer doucement dans mes bras. J'pourrais jamais te détester, murmurai-je en fermant les yeux. Jamais. Quoiqu'elle dise, quoiqu'elle pense, quoiqu'elle fasse... je savais que quand bien même je pourrais être blessé, frustré, énervé, je ne la détesterais pas. J'l'avais dit, je serais toujours là pour elle, même si nous n'étions plus mariés. Je me rappelais encore lui avoir dit que je ne pensais pas la mériter, je le pensais toujours... Je l'avais laissée, parce que je ne pensais pas être l'homme de sa vie. Mais je tenais à être là, pour veiller à ce qu'elle trouve le bon, celui qui lui permettrait d'avoir droit à nouveau au bonheur, et pour casser la gueule à tous ceux qui la détruiraient un peu plus.

J’pourrais pas supporter qu’il me déteste... Qu’il me quitte, qu’il me remplace, qu’il tue tout ceux que j’aime ou que j’ai connu ou qu’il fasse ce qu’il veut... Ce serait difficile à supporter mais rien à comparer la douleur et la peine que j’aurais s’il venait à m’en vouloir au point où il me détesterait. J’veux pas vivre jusqu’au jour où ça pourrait arriver... Andy me caressa la joue et je refermais les yeux pour une énième fois, en essayant de me ressaisir. Mais... il me serrait dans ses bras, J'pourrais jamais te détester me dit-il. Ça tombe bien... je ne pourrais jamais le détester non-plus. Peut-importe ce qu’il m’a fait, peut-importe la douleur que je pouvais ressentir de sa faute. Je pris une grande inspiration. J’avais l’impression d’avoir été mise à la porte, un soir durant l’hiver. Il faisait froid et il faisait noir. À l’intérieur, Andy profitait de la chaleur du foyer avec Briony. Il me restait plus qu’à trouver une autre maison maintenant... n’est-ce pas ? Un endroit où je pourrai être accepté, où je pourrai moi aussi apprécier le goût d’un bon chocolat chaud. Et peut-être que je ne serai plus jamais seule et abandonnée. Peut-être que je n’aurai plus à chercher un autre endroit où dormir ?

Pour le moment, je devais lui dire... Je devais être honnête envers lui, mais surtout envers moi-même. J’n’étais pas heureuse. J'te rendais heureux Andy... je le sais... Autant commencer doucement. C'est ce qui rends les choses encore plus difficile à comprendre. Comment est-ce que j'suis censée accepter de léguer l'amour de ma vie à une fille qui en plus d'avoir déjà trahie sa meilleure amie, me trahie moi, son amie... Trahie son ex-petit ami... Et ça ne fait même pas un an que vous avez une histoire tous les deux qu'elle t'a déjà trompée aussi. Comment est-ce que je suis censée pouvoir accepter ça ? J'pense que Briony te mérite pas... J'pense que tu essaies d'te convaincre que tu ne m'aimes plus parce que pendant deux ans tu sais que tu m'as beaucoup changé, et tu sais que j'ai souffert... Tu essaies de te convaincre que la femme de ta vie c'est Briony, parce que c'est c'que tu estimes mériter... J’avalai ma salive, en le gardant près de moi. Je ne voulais pas me défaire de son étreinte... pas tout de suite. Je le sais parce que tu ne voulais pas te marier... tu m'disais que t'avais peur de finir par prendre peur et faire une connerie... Et tu t'es tellement convaincu que c'est ce qui est réellement arrivé lorsque tu m'as demandé la main. Andy... un jour... tu vas te réveiller... Dans les bras de Briony ou de n'importe quelle autre femme... et la vérité c'est que... Je déglutis et me détachai de ses bras, pour le regarder droit dans les yeux. Les larmes avaient envahis mes joues, et j’avais encore la tête qui tournait. Tu vas te sentir vide. Tu vas regarder la fille à tes côtés et tu vas te demander c'que t'as fait... Tu vas réaliser que c'n'est pas la vie que tu aurais dû avoir. Je me pinçais les lèvres, encore tremblante. Tu vas réaliser que tu t'amuses plus, Andy... et tu vas passer des heures à regarder tes albums photos, tu vas te rappeler à quel point j'te faisais rire et à quel point j'étais gentille avec toi. À quel point je t'aimais... à quel point Andy et Apple c'était épique. Parce qu’il n’avait absolument aucune raison de prétendre le contraire... Je n’avais absolument rien à me reprocher... si ? La culpabilité et les regrets vont te dévorer l'âme. Tu vas retourner Thaïlande, Cancun, Hawaii et Londres pour me retrouver mais tu m'trouveras pas... Je penchai la tête sur le côté, pleurant encore, et encore. J’essuyais mes larmes avec les poignets. ailleurs que chez moi, dans mon lit à encore espérer que j'ai tort sur tout ce que je viens d'te dire... Parce que ,que ce soit dans deux minutes, dans 10 mois ou 40 ans... J'vais toujours penser à toi Et ça, j’en étais certaine. Que je finisse par trouver un compagnon de vie ou pas... Je sais qu’Andy ne quittera jamais mon cœur, ni ma tête. Parce que je sais... qu’il est mon âme sœur. C’est un feeling qui n’est pas prêt de disparaitre. Et espérer que celle qui est à tes côtés te rendra heureux, et te fera sourire autant que moi. Espérer qu'elle aura mis au monde le fils que tu rêves presque secrètement d'avoir... Mon cœur allait déchirer si je continuais... J’avalai ma salive. Tu le sais, au fond de toi... que jamais personne ne pourra t'aimer autant que moi... Je marquai une pause, pour reprendre mon souffle. ... et que personne d'autre serait prêt à m'attendre pendant 10 ans, et m'aimer autant que toi... Et maintenant... c’était à mon tour d’attendre pour lui. Ce sera long et difficile, mais j’étais certaine de tout ce que je venais de dire... Aussi frustrant que ça pouvait être pour lui. Et même pour moi.

Une partie de moi se demandait... comment peut-elle seulement croire que je pourrais la détester ? J'n'avais jamais réussi. On se connaissait depuis vingt ans déjà, et j'n'avais jamais pu la détester, peu importe la raison. Être en colère oui. Mais ne plus l'aimer, ne plus l'apprécier... non, jamais. J'aimais Apple, j'aimais la gamine qu'elle était, la jeune femme qu'elle était devenue et j'aimerais aussi certainement la femme qu'elle deviendrait. Je serrais doucement Apple dans mes bras, fermant les yeux en écoutant ce qu'elle me disait, en l'écoutant... être honnête, finalement céder et me dire ce qu'elle avait sur le cœur, ce qu'elle pensait vraiment, son refus de me laisser entre les mains de Briony à cause de ses innombrables bêtises. J'pouvais pas nier que Bri avait chié, souvent, et avec beaucoup d'monde... Elle peinait à tenir ses promesses et s'en mordait les doigts, elle réitérait plusieurs fois les mêmes erreurs et ce serait mentir de dire que l'infidélité n'était pas l'un des plus gros points noirs entre elle et moi. Évidemment, si Briony et moi-même n'étions pas sûrs et certains qu'il n'y aurait aucun dérapage... Apple pouvait difficilement croire que je n'allais pas finir le cœur en miettes. Je rouvris doucement les yeux, fixant la fenêtre pensivement alors qu'Apple me disait, en d'autres termes, que j'avais des pulsions destructrices. Qu'estimant ne pas mériter mon couple avec elle, je me jetais à corps perdu dans un couple sans avenir dont je ne ressortirais pas indemne. Peut-être, peut-être pas... j'essayais d'en voir un, en tout cas, d'oublier cette période de Noël, et les précédentes où je faisais souffrir Apple, où je me disais que je n'étais de toute manière pas fait pour être en couple. Je me redressai quand Apple se détacha de notre étreinte, la regardant dans les yeux alors qu'elle continuait à me dire ce qu'elle pensait. Pour elle, je faisais le mauvais choix, et tôt ou tard, j'finirais par le regretter. Quand elle évoqua le souvenir d'Hawaii, où nous avions émis l'idée d'un deuxième enfant... ou plutôt, où j'avais émis cette idée... je me sentis obligé de baisser les yeux, le cœur lourd alors qu'elle me disait que jamais Briony ou une autre ne m'aimerait autant qu'elle... et inversement, que jamais un autre homme que moi n'aurait attendu si longtemps pour elle. Les larmes ruisselaient sur ses joues, elle avait complètement ouvert le fond de ses pensées, elle s'était mise à nue devant moi, encore une fois. Quant à moi... J'avais le cœur tellement serré que je m'en sentais mal, la tête me tournait, les yeux me brûlaient et ma gorge était terriblement sèche. Me passant une main dans les cheveux, je balayai la pièce du regard avant d'émettre un petit rire nerveux. C'est pas un avenir glorieux c'que tu décris... Putain. J'étais tellement bouleversé par ce qu'elle me disait, que je n'arrivais pas à trouver les mots et que j'en étais réduit à une minable phrase ironique... Je m'humidifiai les lèvres, reportant mon regard sur elle et la fixant longuement dans les yeux. Tu as peut-être raison, ou peut-être pas... J'ose espérer que tu te trompes quand même. que tu trouveras un homme qui te comblera totalement et te fera arrêter de penser à moi, qu'un jour je n'aurai plus de regrets non plus et qu'on arrivera à être pleinement heureux... Ce serait le plus simple, n'est-ce pas... ? Qu'on puisse aller de l'avant tous les deux. Qu'elle ait tort, qu'on y parvienne. En d'autres termes, que j'fasse pas le mauvais choix... Je pris une légère inspiration, manquant d'air. J'avais la sensation d'étouffer, pour le coup. Ouais... j'espérais vraiment qu'Apple était trop bourrée pour se rappeler de cette discussion à son réveil.

Il voulait que je lui dise ce que je pense... et c’est c’que j’avais fait. D’ailleurs, je m’en sentais coupable... parce que plus je parlais, plus je réalisais que ce que je disais devais être pénible à entendre. Il devait s’dire là, que c’est c’que j’souhaiterais... Qu’il le regrette. Le plus dégueulasse... c’est que ouais. Égoïstement, je voulais qu’il finisse par le regretter. Quelle femme n’aimerait pas dire « J’te l’avais dit, j’avais raison » ? Il m’a quitté pour une autre femme et là... et là, ils pouvaient bien tous baisser les bras et faire une croix sur nous ; ce ne sera pas mon cas. Mais je sais... que pour l’instant, tout c’que j’ai à faire, c’est de vivre ma vie et attendre. Peut-être que j’ai tort... peut-être pas. Dans tous les cas, il y a forcément une fin heureuse. Sois on sera « nous » de nouveau, sois on aura trouvé quelqu’un d’autre tous les deux... C'est pas un avenir glorieux c'que tu décris... Il riait nerveusement, en regardant partout sauf moi. Je sais pas comment le prendre... alors je restai silencieuse, en le regardant agir. Puis, son regard se posa de nouveau sur moi. Tu as peut-être raison, ou peut-être pas... J'ose espérer que tu te trompes quand même. que tu trouveras un homme qui te comblera totalement et te fera arrêter de penser à moi, qu'un jour je n'aurai plus de regrets non plus et qu'on arrivera à être pleinement heureux... Je souriais faiblement, en inspirant. Il disait ça comme s’il voulait que ce soit parfaitement terminé entre nous... Comme s’il ne regrettait pas le bon temps qu’on a passé ensemble... Comme si... en fait, il ne m’avait jamais aimé. Mais j’le savais qu’il n’était pas aussi insensible, et je savais que c’qu’il y avait entre nous était vrai. Tu sais aussi bien que moi... Andy... Il sait aussi bien que moi qu’un vrai sentiment, ça ne s’éteint pas. Il peut être faible pendant un temps, mais il ne s’éteindra jamais... Mais il sait aussi bien que moi qu’il n’a pas attendu que je le remarque enfin, que je tombe enfin amoureuse de lui après 10 ans pour... que du jour au lendemain, il ne veuille plus de moi. Notre histoire a une signification bien plus profonde et bien plus complexe que ça. Je me mordis la lèvre inférieure et levai les yeux au ciel. Je ne peux pas avoir d'enfants... Encore une fois, mes yeux se sont remplis de larmes. J’pensais pas lui dire... En fait, j’l’avais encore dit à personne. Mais... mais je croyais au destin. Et là... j’essayais de le convaincre lui aussi... enfin je crois ? ... Mais nous on a eu Coraleen. Je sentais mon cœur se serrer dans ma poitrine et me suis mise à rire nerveusement. Tu voulais pas t'marier... et pourtant je t'ai convaincue... Je baissais les yeux et je souriais.  Ma tête tournait... mais j’voulais pas arrêter... J’avais tellement d’exemples. J'voulais pas t'voir ce soir... J'ai essayé de boire et de danser avec un autre pour t'oublier... et pourtant j'ai été attirée vers toi. Je levai les yeux. ... Et ne me dit pas que tu n'as pas pensé à moi non-plus Andy... T'es avec moi ce soir, à me caresser les cheveux, nettoyer mon vomis alors que j'sais combien ça te dégoûte de simplement faire du ménage... T'es pas avec Briony pour m'oublier ou oublier notre anniversaire... T'es avec moi. Sans parler que plus tôt dans la soirée, j’l’avais également vue assis seul au bar, à boire un verre... Mais bon, il m’a pas vu lui, puisque je l’ai ignorée en fait...

En fait, heureusement qu'Apple était ivre. Heureusement qu'elle avait trop bu... heureusement qu'elle n'était pas attentive à tous les détails et qu'elle ne s'en rappellerait pas la moitié, voire aucun, quand elle se réveillerait après avoir décuvé. Parce que j'étais vraiment très mal à l'aise... vraiment chamboulé par cette conversation. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire... J'avais l'impression de tromper Briony rien qu'en ayant cette conversation, alors que ce n'était pourtant pas le cas. Je baissai les yeux de nouveau quand Apple insista, me disait que "je savais"... Oui. Oui, je savais qu'Apple serait toujours spéciale à mes yeux, au même titre qu'Hendrix le serait toujours pour Briony. Les vrais sentiments sont comme de profondes blessures, ça laisse des traces, des cicatrices, des souvenirs marqués au fer rouge. Ça m'rendait dingue. Je ne répondis rien, incapable de prononcer le moindre mot. Ni pour confirmer, ni pour nier. J'pouvais pas nier dans un moment où j'avais demandé à ce que l'honnêteté soit le maître mot. Mais la soirée prit une autre tournure, quand Apple m'avoua qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfant. Quoi... ? Relevant doucement la tête, je plantai à nouveau mon regard dans le sien pour constater que ses yeux c'était à nouveau embués. J'avais bien entendu. Elle pouvait pas avoir d'enfants. Elle avait pas juste eu une fausse alerte de grossesse, elle était malade, infertile. J'eus un pincement au cœur à cette pensée-là. Elle qui rêvait d'une vie de famille remplie... elle avait du tomber de haut. Je déviai le regard à la suite de ses paroles, juste histoire de ne pas me décomposer littéralement sur ma chaise alors qu'elle me disait que c'était le destin qu'on s'retrouve ensemble. Je savais plus où donner de la tête, elle m'embrouillait, à sembler être aussi sûre d'elle. Tu sais bien que j'suis pas très pote avec le destin... Avec toutes les merdes qui m'sont arrivées, c'est plus facile de se dire qu'on est juste né sous une mauvaise étoile, plutôt que d'se dire que tout était destiné à arriver et qu'j'aurais rien pu y faire. La fatalité... juste... non. J'suis allé seul à la soirée parce que j'voulais pas imposer ma culpabilité à Briony... pas... parce que j'voulais pas être avec. Je déglutis péniblement, reportant mon regard sur Apple, le cœur lourd. J'avais la sensation que j'allais exploser et dans une tentative de couper court, je repris la parole : Tu devrais dormir, t'en as besoin pour décuver... j'bouge pas, je reste là.

- Tu sais bien que j'suis pas très pote avec le destin... C’est tout ce qu’il trouvait à dire après tout... je le regardais, sans décrocher mon regard. J’essuyais encore une fois mes larmes... et appuyait ma main sur mon ventre. Est-ce que je me sentais mieux maintenant que j’avais crachée toute la vérité ? Oui et non... Oui, parce que je n’avais plus de secrets à lui faire... Non... parce que je le voyais bien dans ses yeux que ce que je lui disais ne lui plaisait pas. C’est si... pénible, d’s’imaginer avec moi ? Il ne le veut pas à ce point ? Je détournai mon regard vers le sol. J'suis allé seul à la soirée parce que j'voulais pas imposer ma culpabilité à Briony... pas... parce que j'voulais pas être avec. ... C'est très bien c'que j'dis... Répondis-je aussitôt. Mais je ne voulais plus en parler maintenant... J’aurais dû fermer ma gueule. Tu devrais dormir, t'en as besoin pour décuver... j'bouge pas, je reste là. Pire, maintenant j’le sentais mal à l’aise. J’aurais vraiment dû ne rien dire... Ç’aurais été mieux pour lui. Je me pinçais les lèvres et me retournai pour aller m’allonger sous les draps. Tu... Non, forcément, il ne voudra pas dormir avec moi. Pas la peine de lui demander hein.

J'pouvais pas la laisser me faire douter... j'pouvais pas la laisser s’immiscer dans ma tête et y semer le doute comme elle était en train de le faire, pas alors que j'essayais de me construire avec Briony. J'pouvais pas commencer à douter, pas maintenant, et pas avant qu'on ait vraiment essayé... alors, je préférais couper court. Avec cette conversation, j'allais suffisamment me torturer l'esprit pour ne pas en rajouter une couche, je le savais, et c'était sans compter Anya qui m'avait tenu un discours un peu similaire. Je soutins le regard d'Apple en lui disant qu'elle ferait mieux d'aller dormir et elle commença une phrase qui avorta bien rapidement. Je me mordis la langue en la fixant, avant de me décider à reparler. Juste... merci. C'est pas... facile, comme conversation, mais j'te remercie d'avoir été honnête, dis-je en esquissant un léger sourire puis me relevant pour aller dans la salle de bain, arrêter l'eau qui coulait toujours. Oups. C'est drôle. J'avais le sentiment de revenir deux ans en arrière le soir de la rénovation, quand torturé, je m'étais réfugié dans la salle de bain, un peu de la même manière que je le faisais à l'heure actuelle. Comme quoi... chassez le naturel et il revient au galop. Rejetant la tête en arrière, je soupirai et fermai les yeux, tâchant de me détendre et me vider l'esprit. Il fallait que j'cesse de trop penser, avant que je ne retourne veiller sur elle...