A&A ♡ Please don't take my sunshine away

Après avoir laissé Elsy sur la piste de danse avec Minnie-Love et Royce, j'avais suivi Apple, autant que je le pouvais tout du moins, pour avoir suivi un peu en retard, je l'avais perdue de vue et n'avait pu qu'essayer de deviner où elle aurait pu trouver refuge. Le bar étant le plus proche, j'y fis un rapide détour mais sans succès. Je continuai par les toilettes, mais là encore, ce fut sans résultat. Je me décidai donc à aller jeter un œil dehors et... c'est là que je la vis, roulée en boule au sol en chien de fusil. Je ressentis immédiatement un pincement au cœur, m'approchant d'elle silencieusement, jusqu'à m'agenouiller à ses côtés en posant une main qui se voulait réconfortante sur son dos. Apple... C'était pas forcément super propre par terre, mais c'était probablement le cadet de ses soucis à l'heure actuelle, ivre et déprimée comme elle l'était. Regarde-moi.

Combien de temps est-ce que j’étais là ? 5, 10 minutes ? 20 ? J’sais pas… J’ai perdu la notion du temps ; j’m’en foutais à vrai dire. J’me suis peut-être endormie... J’étais tellement fatiguée, tellement perdue dans mes pensées que j’ai dû tomber hors fonction pendant quelques temps. Y’a des fois où j’aimerais vraiment juste pouvoir être quelqu’un d’autre, et vivre une autre vie beaucoup mieux que celle-ci. Apple... Cette voix-là, je pouvais la reconnaître parmi des milliers, et des milliers... J’avais l’impression que j’étais en train de me noyer et qu’on essayait de me tirer à la surface. Mais qu’on ne m’aiderait pas à me sortir de l’eau. Regarde-moi. Je tournai la tête vers Andy après hésitation. Est-ce que j’voulais qu’il me voit comme ça ? J’ai fait exprès de l’éviter au bar, plus tôt dans la soirée... pourquoi est-ce qu’il fallait qu’on finisse par se parler ? Il y a deux ans on était entrain de tomber fou amoureux l’un de l’autre à Cancun, l’an dernier on se mariait et maintenant... Et maintenant je retombais folle amoureuse de lui, mais c’était à sens unique puisque le Spring Break avait une toute autre signification pour lui... où je n’étais malheureusement pas incluse. Cette pensée-là était bien plus difficile à supporter que je le croyais, avec l’alcool dans l’sang. J’avais envie de disparaitre. Je levai les yeux pour fixer les siens, en me mordant l’intérieur de la lèvre.

Elle ne bougeait pas au début, c'en était presque inquiétant et l'espace d'un instant, je me demandai si elle ne s'était pas évanouie. Mais elle finit par relever la tête, doucement, comme si elle hésitait... pour me regarder et je me perdis un moment dans ses yeux, sans rien dire. Je savais pas quoi faire, je me retrouvais face au dilemme que je m'étais posé quelques jours auparavant avec Briony. Est-ce que ma présence faisait du bien, ou du mal à Apple ? Est-ce qu'elle voulait de moi pour l'aider... ? Je déglutis péniblement et baissai légèrement les yeux, tâchant de chasser toutes les pensées et toutes les questions que je me posais. Je pensais probablement trop... Tu devrais pas rester par terre... Je m'humidifiai les lèvres, relevant les yeux vers son regard, sans savoir à quoi m'attendre. C'était notre anniversaire de mariage, elle ne voulait peut-être pas me voir. Elle voulait certainement oublier la douleur que je lui avais infligée, et avec l'alcool, qui sait comment elle pourrait réagir... Éclater en sanglots, crier ? Le cœur serré, je retirai une mèche qui barrait son visage avant de reposer ma main sur son dos. Tu veux que j'te ramène à l'hôtel ? J'suppose que notre soirée était à tous les deux terminée, on n'arriverait sans aucun doute pas à retourner à l'intérieur et s'amuser pour oublier.

- Tu devrais pas rester par terre... Et pourtant, moi je trouvais ça bien parterre. J’trouvais même ça assez métaphorique, que j’me retrouve parterre le soir de notre anniversaire de mariage. On devrait être ensemble là, heureux et à célébrer. Mais... non. À chaque fois qu’j’étais heureuse il fallait absolument que la vie se ramène avec un bat. Et que j’me retrouve parterre, saoule et à moitié à poil. Mais Andy était à mes côtés et je comprenais qu’il se sente coupable, et qu’il veuille m’aider... On n’était pas en mauvais terme. Il retira une mèche de cheveux de mon visage. Tu veux que j'te ramène à l'hôtel ? J’avais envie de rien... je voulais juste rester allongée, là où j’étais, et prier pour que ça s’arrête. Mais ça ne fonctionnait pas comme ça... apparemment, il faut se botter le cul et faire un gros fuck à la vie quand elle nous emmerde. Je hochai la tête en regardant Andy et me mordit la lèvre supérieur. Je me sentais tellement... stupide et incapable. Je me redressai, essayant de me lever... Mon cœur s’est retourné, je me pliais en deux en luttant contre mon envie de vomir, et mon envie de pleurer qui me piquait les yeux. J'étais dans un sale état, je n'ai jamais été comme ça avant. Et putain qu'est-ce que ça faisais mal.

Apple ne semblait pas très emballée à l'idée de rentrer à l'hôtel. A vrai dire... elle semblait n'avoir envie de rien, et c'était probablement ce qui me rendait le plus mal, de voir à quel point elle souffrait. Je voulais pas ça pour elle, elle ne méritait pas de souffrir. Même si ça m'ferait bizarre de la voir passer à autre chose, même si ça enterrerait définitivement l'histoire d'Andy et Apple, je préférais encore ça que la voir souffrir, se faire mal et s'auto-détruire comme elle pouvait en être capable. Elle finit par hocher la tête, et j'entrepris alors de l'aider à se redresser, mais elle s'arrêta en milieu de chemin pour se plier en deux. Elle était pâle comme un linge et ne devait probablement pas être bien à cause de l'alcool... Par réflexe, je mis ses cheveux correctement dans son dos, pinçant les lèvres. T'inquiète pas, ça va passer... On prendrait le temps qu'il faudrait pour marcher jusqu'à l'hôtel. Dix minutes ou trente, une heure ou deux, peu importe. Je ne la lâcherais pas... A moins que ce ne soit vraiment ce qu'elle souhaite, alors j'envisagerais de demander de l'aide à quelqu'un d'autre. Mais moi... moi, je n'avais pas envie de la laisser. Je l'aidai à se redresser doucement, passant un bras dans son dos pour la tenir doucement mais fermement contre moi, afin qu'elle ait un appui et puisse marcher sans tomber. T'as envie de vomir ?

Eh bien moi je n’en pouvais plus... J’allais bientôt atteindre le bout du rouleau et je ne sais pas j’aurai la force ensuite pour me relever. J’en avais plus qu’assez de faire semblant que rien ne pouvait m’atteindre, plus qu’assez d’agir comme si j’étais heureuse pour lui alors que... Au fond, j’avais envie d’être égoïste. J’avais envie d’lui dire à quel point il avait ruiné tout c’qu’on avait, et putain, c’qu’on avait Dieu sait à quel point c’était beau. J’pouvais pas... parce que je comprenais. J’me disais qu’j’étais pas la bonne et que même si ça ne me plaisait pas, eh bien c’est ce que c’est et tout c’que j’peux faire c’est l’encourager... Autrement, j’allais le perdre. Et je ne peux pas l’perdre plus que j’l’ai déjà perdu. T'inquiète pas, ça va passer... Quand ? Dans deux minutes, une semaine, trois mois, cinq ans ? Quand... ? J’sais même pas s’il était possible pour moi que « ça passe »... Je ne pourrai plus jamais être heureuse, amoureuse, comblée... c’est fini. J’peux dire adieu au mariage, à la vie en famille, au bonheur. J’peux même plus avoir d’enfants de toute manière, et la seule personne avec qui j’ai envie de passer le restant de mes jours ne ressens plus la même chose pour moi... T'as envie de vomir ? Ouais putain. J’avais la gorge nouée, et les yeux qui brûlent, l’estomac à l’envers. J’arrêtais de marcher et retirai mes chaussures, en hochant la tête pour répondre à sa question. Mais je n’avais pas qu’envie de vomir... j’avais aussi envie de pleurer. Je me suis remise à marcher à ses côtés, en regardant parterre... J’essayais de centrer toutes mes pensées sur ce que je voyais, plutôt que sur Andy.

Apple avait vraiment l'alcool dépressif, pour le coup. J'avais le sentiment qu'elle pouvait se mettre à pleurer d'une seconde à l'autre, qu'elle était à deux doigts de craquer, d'éclater en sanglots, de s'arrêter pour s'asseoir sur le trottoir et déverser sa peine. La gorge nouée, je tentais de l'aider, tant à se relever qu'à marcher, et lui disant que son mal de ventre allait passer. Au pire, elle vomirait. Elle s'arrêta en hochant doucement la tête en guise de réponse positivement, se penchant en avant et l'espace d'un instant, j'ai cru que ça allait être pour vomir tout l'alcool qu'elle avait pu boire. Mais non, elle retirait simplement ses chaussure... Marcher pieds nus n'était pas l'idée du siècle, elle risquait de se planter des bouts de verres si je faisais pas attention. Mais bon, elle marcherait sans doute plus facilement qu'avec ses talons. Je la regardai faire, l'air soucieux. La voir comme ça me retournait vraiment le cœur, mais avoir une discussion avec elle alors qu'elle était ivre morte n'était probablement pas la meilleure des idées. Je me contentai donc de détourner le regard à mon tour, reprenant la marche avec elle en faisant attention où on marchait, jusqu'à enfin regagner l'hôtel. Tu t'sens comment ? demandai-je à la jeune femme en m'approchant de l'ascenseur, tant pour attirer son attention et maintenir le contact, que pour m'assurer qu'elle supportait l'alcool. Il ne manquerait plus qu'elle me fasse une intoxication...

Je sais que marcher nue pied dans la rue... c’n’est pas la meilleure idée qu’on pouvait avoir. Après tout, il pourrait bien avoir des morceaux de verres parterre et les petits cailloux me niquaient les pieds. Mais bon, je n’étais pas très confortable dans mes chaussures, en plus j’avais l’impression que j’pourrais tomber de haut avec. J’ai gardé le silence durant tout le trajet... Mais c’est parce que je ne savais pas quoi dire. Et en plus de ne pas savoir quoi dire... j’avais peur de trop parler. J’n’étais pas prête à laisser tomber ma couverture et lui avouer qu’en fait, j’étais en colère et que j’aurais voulu qu’il me choisisse moi. Je n’avais franchement... franchement pas envie de parler de nous. J’voulais juste aller dormir maintenant, pour oublier et pour passer à demain. Mais en même temps j’avais une envie très contradictoire : Celle de passer un peu de temps avec lui tant que je le pouvais... C’était un peu notre jour, après tout. Tu t'sens comment ? Nous étions arrivés à l’hôtel, j’avais réussi à m’y rendre sans gerber. Je levai les yeux vers Andy. Confuse. Je rebaissais les yeux au sol. C’était le premier mot que je lui avais adressé depuis qu’il s’est joint à moi... Mais j’étais vraiment confuse : Qu’est-ce qu’il faisait là, pourquoi il m’aidait, pourquoi il était au bar, pourquoi il n’était pas avec Briony... Pourquoi elle et pas moi, pourquoi est-ce que j’l’aime encore après ce qu’il m’a fait et pourquoi ses sentiments envers moi sont parti ? Est-ce que ça veut dire qu’il ne m’a jamais aimé... ? C’n’est pas comme si j’avais été horrible, pas comme si j’avais fait quelque chose de mal... Ses sentiments, du jour au lendemain, se sont évaporés. Il n’était plus amoureux, juste comme ça. Alors qu’on était mariés, après la bombe il s’était juré de passer sa vie avec moi et avec notre fille... Il m’a aimé pendant dix ans et là, juste comme ça, tout son cœur est pour Briony. J’comprends pas comment ça a pu arriver... des fois j’me dis que c’est impossible et qu’il doit mentir. Mais même si j’me pose toutes ces questions, même si j’crève d’envie d’le savoir... J’le saurai jamais. Tout simplement parce que j’en ai marre de lui courir après. J'ai envie de dormir mais j'ai envie d'danser aussi, hey tu sais que t’as de belles fesses ? Je riais, en entrant dans l’ascenseur avec lui. Aaaah quel humour, Apple ! Bravo ! Comment dévier le vrai sujet en lui mentant et en couvrant le mensonge avec un compliment.

Confuse... Elle se sentait confuse. Mmh. Tu m'diras, quand on est bourré, c'est normal, on en vient même à ne pas savoir si le plafond n'est pas en vérité le parterre. Mais j'me doutais bien... tout au fond de moi, qu'elle ne parlait pas uniquement de l'alcool en me disant ça. Je l'avais laissée, après qu'on ait eu une fille ensemble, après qu'on se soit mariés, après lui avoir promis qu'entre nous ce serait à la vie à la mort. Est-ce qu'il était, de toute manière, possible de définir vraiment la raison de notre séparation ? Je n'en étais pas si certain. Quand on aime deux personnes, il faut choisir la deuxième, parce que le choix n'aurait pas eu lieu si tout allait bien avec la première. Alors j'avais choisi Briony. Peut-être valait-il mieux en rester à cette explication, aussi incomplète soit-elle. J'appelai l'ascenseur et les portes s'ouvrirent, aidant Apple à entrer à l'intérieur alors que son humeur semblait changer du tout au tout. Je pinçai les lèvres, la tenant fermement pour ne pas qu'elle se casse la gueule et espérant vivement qu'elle n'allait pas vomir dans l'ascenseur. Ouais, ouais il paraît... répondis-je avec un léger sourire, appuyant sur le bouton et laissant les portes se refermer. Tu sais qu'avoir envie de dormir et danser c'est contradictoire ? De toute manière, j'te ramène à ta chambre, tu vas pouvoir t'écraser sur ton lit. C'est ça. Discutons, de tout et de rien, surtout de rien, d'ailleurs. J'pouvais pas aborder n'importe quel sujet, elle était tellement ivre qu'il valait mieux ne pas la contrarier... Et dieu seul savait que nos vies privées avaient de quoi la mettre en colère à l'heure actuelle. Heureusement que je n'avais pas bu énormément moi non plus... Qui aurait pris soin d'elle sinon ? Le mec qui lui apportait encore plus à boire ? Hum... Je quittai l'ascenseur avec la jeune femme, m'arrêtant devant la porte de sa chambre. T'as mis ta clé où ?