(+ Declan) family bullshit

La journée était libre pour les étudiants d’Harvard venu à Punta Cana. Mallory et Declan avaient donc pris leur petit déjeuner à neuf heures tapantes avant que la jolie Eliot s’octroie un petit massage au spa, promettant à son chéri bibi une journée riche en toutes sortes d’activités plus ou moins avouables dès son retour. Hélas, la porte de leur chambre était ouverte au retour du Winthrop dans cette dernière, et pour cause, son auguste maternelle explorait les lieux, classieusement habillée comme à son habitude, l’air de tout détailler. « Ils ne se sont pas foutus de vous pour la chambre, elle est coquette. Ta copine est jolie » lança-t-elle dans un petit ricanement qui ne laissait rien augurer de bon justement. La tristement célèbre Maureen O’Malley ne s’était certes pas déplacée pour tailler une simple bavette avec son fils mais bien pour… lui donner un petit avertissement. « Assieds-toi fils, je pense qu’il est grand temps que nous ayons une conversation des plus… importantes toi et moi. Explique-moi déjà comment cela se fait que j’apprenne par l’un de mes lieutenants que tu fricotes avec une fille de l’IRA ? Tu aurais dû me faire un rapport dès le départ, toi ! »

Encore une fois Mallory m’avait lâché pour aller se faire masser et n’ayant personne sous la main pour m’entrainer un peu, je m’étais décidé à remonter à notre chambre pour piquer un peu du nez. Du moins l’aurais-je fait si je n’avais pas senti un parfum bien trop familier devant la porte ouverte de notre chambre. « Tu fais des efforts maman, pour une fois, tu n’as pas été à la bourrine moyenne pour entrer » grimaçais-je avant d’aller lui faire la bise bien que je redoutais qu’une seule chose : que Mallory ne remonte bien trop tôt de son SPA. Sur ordre de ma mère, je m’installais sur le lit avant de lever les yeux au ciel. « Rahh je le sais que depuis hier alors commence pas à me les briser maman. Est-ce que le mot : vie privée ; te dit quelque chose ?! Je fais ce que je veux de mon cul et avec qui je veux… Elle n’est pas une menace pour la famille alors détends toi, pars en vacances avec papa tiens ! » rétorquais-je en haussant les épaules. J’étais fatigué de devoir faire ma vie en fonction de la famille. Mallory m’apportait tellement plus sur bien des plans.

« Bourrine moyenne, comment tu parles de ta mère, fils ingrat ! » protesta-t-elle en levant les yeux au ciel comme si Declan venait de sortir l’énormité de la semaine. Mais Maureen s’installa sur un fauteuil en face de son fils, bien décidée à lui faire passer l’interrogatoire en règle qui s’impose lors de ce genre de situation : il était suffisamment aveuglé pour ne pas voir les intérêts du clan mais la matriarche qu’elle était voyait justement les choses d’un autre œil, plus expérimenté. « Pas une menace ? Et il faut qu’elle soit quoi d’autre pour que tes sens soient en alerte bordel de merde Declan O’Malley ! C’est la fille de notre pire ennemi et je suis très bien placée pour savoir que la frontière à franchir avant qu’elle ne soit à éliminer d’urgence est mince. Quand bien même tu ne l’as appris qu’hier ça prouve que tu ne t’es pas renseigné, encore moins pardonnable ! Tu l’aimes ou c’est juste une passade ? »

« Je te parle en bon fils à sa maman justement ! » protestais-je avec une parfaite tête à connerie digne du O’Connor que j’étais à moitié. Néanmoins, je sentais que je n’allais pas faire les fiers très longtemps quand elle s’installa devant moi sur ce fauteuil. D’un côté, je comprenais son inquiétude mais de l’autre, elle ne connaissait pas Mallory comme je la connaissais. « Raah m’man, je ne suis pas un novice non plus. Je fais confiance à mon instinct comme je l’ai toujours fait. Ecoute, je sais qu’on n’a rien à craindre d’elle… Ecoute, tu es en train de la juger sur son nom de famille sans même prendre le temps de lui laisser une chance. Pour une fois dans ma vie, j’ai envie d’être heureux m’man… ça répond à ta question non ? » soupirais-je en me levant, faisant les cent pas dans ma chambre d’hôtel. Je sentais que nous étions à un tournant de notre relation avec Mallory : ça passait ou ça cassait. « Je te demande de me faire confiance à son sujet… »

« Tu n’es pas un novice sur le terrain mais en matière de cœur, pardonne-moi de te dire ça mais elle te l’auras laminé avant même que tu ne puisses faire ouf ! » lâcha-t-elle d’un ton amer, pour lui faire comprendre qu’elle ne faisait aucunement confiance à cette damoiselle, si agréable à regarder soit-elle. Maureen n’était pas du genre à faire confiance à la base, mais lorsque l’on s’approchait de son fils aîné, c’était pire que tout… elle voulait non seulement lui éviter toute désillusion mais aussi protéger son clan, comme elle se l’était promis. Rien ni personne ne se mettrait en travers de son chemin. « Pas uniquement sur un nom de famille. Tu es au courant sans doute que son club est en affaires avec l’IRA ? Il s’agit d’une vente d’armes, mais tout de même, tu ne peux pas être naïf au point de fermer les yeux en attendant que ça se passe… tu l’as questionnée sur la question au moins ? Qui te dis qu’elle ne te rendra pas misérable et malheureux, en prime ! Cette fille est un poison, Declan, ouvre les yeux. »

« Ça suffit maman !! » m’écriais-je. J’en avais marre de l’entendre baver sur le dos de Mallory. Si seulement elle pouvait la voir comme je la voyais. « Elle en a rien à foutre de la famille et encore moins de ton cul. La seule chose qu’elle demande, c’est de pouvoir rester avec moi. Elle n’a absolument rien tenté contre nous ni même fait quelque chose pour me nuire bien au contraire. Bon sang m’man, t’es la meilleure pour donner des leçons mais balaie devant ta porte. Tu t’envoyais en l’air avec papa alors qu’il était toujours au FBI ! Et qu’est-ce que tu as fait ? Tu lui as tiré une balle dans la jambe ouaw, ça c’est de l’exécution dans les règles de l’Art ! Ah oui et je ne parle même pas du fait que c’était un O’Malley. Tu veux que je continue ou pas ?! J’ai ouvert les yeux justement. Je ne suis pas qu’un putain de tueur à gage, qu’un pion que tu peux déplacer à ta guise… Je l’aime que ça te défrise ou pas et je t’interdis de la toucher d’une quelconque façon » ajoutais-je tout en la toisant avec colère.

La gifle était partie toute seule. Maureen s’était levée, avait frappée de toutes ses forces et encore, Declan pouvait s’estimer chanceux. « Ne me donne pas envie de tirer dans ta jambe à toi parce que tu sais que c’est ce que tu mériterais ! Et depuis quand tu m’interdis de faire ou de ne pas faire quelque chose ? J’aimerais bien t’y voir ! Si je veux qu’elle se noie dans son sang, crois-moi fils, ce n’est certainement pas toi qui m’en empêchera, et c’est ce qu’elle risque si j’ai ne serait-ce que l’ombre d’un doute à son sujet » répliqua-t-elle froidement, sans hurler. « Et depuis quand tu sais aimer, toi qui n’a jamais pris les femmes que pour des morceaux de bidoche ! » Aux yeux de Maureen, il n’était pas mieux placé pour donner des leçons de morale. « Chéri suis de retour !! La masseuse que j’ai eue fais des miracles sérieux j’ai appris plein de trucs faudra que je teste sur toi ! » lança la voix mélodieuse et enjouée de Mallory avant qu’elle ne se stoppe d’un coup d’un seul devant Declan et sa mère, qui la tenait désormais en joue. « Dehors, c’est une discussion privée jeune fille. » « Et jusqu’à preuve du contraire, c’est ma chambre et pas la vôtre, sauf votre respect… Madame O’Malley. »

Ma joue allait s’en souvenir tout comme mon cœur. C’était la première fois que ma mère me frappait en dehors d’un entrainement. Je crois même que c’était la première fois que nous nous affrontions aussi violement. « Touche-là, arrache là moi et tu pourras dire adieu à ton fils. Tu m’entends, tu ne me reverras plus, tu ne m’entendras plus, je ne serais tout simplement plus ton fils » murmurais-je d’un ton froid sans la quitter du regard. Ma mère savait que je tiendrais parole. « Elle m’a appris à aimer quand tu n’as fait que m’apprendre à détruire. Il est hors de question que je vive sans elle alors sois tu l’acceptes, soit je me barre » ajoutais-je. La menace était on ne peut plus claire. J’étais prêt à me défendre et l’ambiance dans la chambre était des plus électriques quand Mallory débarqua. Aussitôt ma mère dégaina et je me plaçais entre elle et Mallory. « Range ton arme de suite maman ! » lui demandais-je ou plutôt ordonnais-je tout en veillant bien à dissimuler Mallory.

Maureen n’avait jamais levé la main sur son fils en dehors d’un entraînement car il était son trésor, et fut un temps où il l’humanisait au même titre que son père mais ce temps lui paraissait bien loin désormais… « Tu serais prêt à choisir cette femme plutôt que ton clan ? Je t’ai appris à te défendre Declan et dans notre monde, c’est bien plus primordial ! Mais peut-être aurais-tu préféré que j’élève un sentimental faible qui se serait pris une balle en pleine tête dans les premières années de sa vie ? » Néanmoins l’irlandaise n’était pas stupide au point de ne pas prendre au sérieux les menaces de son fils. Elle sentait la sincérité émaner de tout son être, et c’en était troublant, autant que de le voir protéger Mallory en se mettant devant elle, chose qui poussa Maureen à ranger son arme. « Voilà donc la fausse irlandaise qui cherche à arracher mon fils à sa famille… je suppose que vous êtes fière de vous. » « Je ne cherche rien du tout. Tout ce que je veux, c’est partager tous les moments qu’il voudra bien m’offrir. Ce qui m’importe, c’est ce qu’il pense, pas votre ressenti ! » « Écarte-toi Declan, il semblerait que la petite chrysalide essaye de devenir papillon… je brûle de voir ça. »

« Peut-être que j’aurais préféré vivre avec des parents normaux ! Tu n’as jamais eu envie d’une vie normale avec papa ?! Merde, ce n’est pas une vie ! » lâchais-je avec un certain dépit. Ma mère ne comprendrait jamais que je n’étais pas fait pour reprendre sa voix. Moïra le voulait bien plus pour tout avouer. Pour ma part, je rêvais d’une vie normale, loin de la violence. Je n’en pouvais plus même si je savais que j’avais ça dans le sang. « Et je suis prêt à choisir cette femme parce qu’elle fait de moi un homme et non une arme » terminais-je avant que l’arrivée de Mallory justement, n’entraine une succession d’emmerdes. « Hors de question que je m’écarte et arrête de dire des conneries, comme viens de te le faire justement remarquer Mallory, c’est toi seule qui me force à faire un choix alors que tout pourrait se passer autrement » nuançais-je tandis que j’attrapais la main de Mallory dans la mienne pour être certain qu’elle n’ait pas des envies suicidaires.