t'as perdu ta langue ou quoi ? - KAYA

Près de Kaya je me disais que la vie n'était pas équitable pour tous. ça me faisait penser à Thaïs qui ne voyait pas ou Kaya qui ne pouvait parler. Je me disais également que je n'avais pas le droit de dire quoique ce soit, finalement ma vie n'était pas semée d'embuche, pourtant c'est l'inverse que je ressentais ce qui pouvait s'avérer super... frustrant. « Sans passion on ne vit pas de toute manière. » Lui avouais-je très légèrement avant de la regarder et d'écouter son application bien pratique pour échanger quelques mots. Même si la voix était peu agréable cela lui permettait de parler quand même. Pas trop mal, non ? « J'ai lu quelque part que dans chaque histoire, c'est toujours l'histoire d'amour le plus important. Alors bon j'aime cette idée. » Même si je ne suis pas certaine d'être la mieux placée pour parler de ça, un jour j'écrirais mes propres nouvelles, je peux toujours espérer. Je soupirais fortement en parlant du bal, je n'aimais en rien cet exercice. « je ne suis pas fan de ce genre de choses, récompenser les plus beaux, les plus populaires, faire croire que la vie c'est ça, venir en couple et tout le blabla. Mais je suis invité et je dois jouer le jeu en plus de ça ! » Je lui souriais alors, rajoutant. « Une cérémonie indienne ? quoi comme cérémonie, si je suis pas trop indiscrète ? » bien sur que je l'étais mais chut.

« C’est vrai, on a tous envie d’avoir un amour. » La voix métallique parlait à ma place, et je me disais si j’allais ou pas réussir ma conversation. Je rajoutais : « Tu finiras par trouver chaussure à ton pied. Il faut rester optimiste. Rien n’est impossible. » J’avais tapé cela avec douceur mais détermination. Je tenais vraiment à ce que tout se passe bien. J’appréciais alors mon amie, et je tenais vraiment à ce qu’elle reste de bonne humeur. Je lui répondais par l’intermédiaire de mon téléphone : « Pour ma part, je n’irai pas au bal, j’ai des projets à terminer et si je ne le fais pas avant une certaine date, je risque d’avoir des ennuis. Et je dois aussi préparer mon retour chez moi. Je ne reste pas ici pour l’été. Ma famille me manque, je rentre chez moi. Et toi tu as prévu quoi pour cet été ? » Je pouvais essayer de faire de mon mieux, et je retapais : «Veux-tu un coup de main pour ta robe ? »    

L'histoire d'amour c'est pour les livres dans la vie de tous les jours, je ne suis pas certaine que ce soit obligatoire, je veux dire par là, je ne pense pas être faite pour cela, mais je gardais mes pensées pour moi, qui peut avoir envie d'entendre cela finalement. J'affirmais d'un mouvement de la tête. « Seul l'avenir peut le savoir. » Avouais-je délicatement alors que je l'écoutais, oh elle rentrait chez elle. Moi je ne pouvais pas faire cela, je n'en avais pas le droit alors je devrais me trouver une occupation, apparemment il y avait quelque chose de prévu. « Je reste ici, je vais bien trouver quelque chose à faire, je m'essaye à toutes les coutumes américaines. » Avouais-je peu certaine en tous les cas de croire en mes paroles. Penchant la tête sur le côté je l'écoutais attentivement. « Si tu aimes perdre du temps pourquoi pas, j'aurai bien besoin d'un peu d'aide pour savoir quoi mettre.. » Cette fois-ci je lui fis un sourire sincère qui en disait long sur mon réel envie de l'avoir près de moi pour choisir cette robe, après tout il n'y avait qu'un bal par an, ça se fêtait.

« Tu trouveras bien quelque chose à faire. De toute façon, il y a tout un programme de prévu. » La voix métallique parlait à ma place, et je ne voyais pas trop quoi lui dire, je constatais tout simplement que je devais plus connaître Cerceï si je tenais aussi à vouloir lui parler d’avantage. Je tenais à essayer d’en apprendre plus, je lui demandais : « Tu aimes quelles couleurs ? La robe tu l’as voudrais comment ? » J’essayais de savoir ce qu’elle voulait tout simplement. Je tenais quand même à voir ce que je pourrais lui dire. Me souvenant de ses rondeurs, je ne savais pas si elle voulait les montrer ou pas, en tous les cas, je tenais à essayer de comprendre. Je ne savais pas trop comment aborder ce sujet de conversation, et tout en tenant mes affaires comme il le fallait, je préférais attendre qu’elle me réponde de son plein grès.    

Je n'étais toujours pas persuadée qu'aller au bal était une bonne chose, les gens auront tous des occupations qui leurs seront propres et moi au milieu de tout ça, je tiendrais surement la chandelle. C'est souvent comme cela que ça se passe dans les endroits où je vais. J'écoutais la voix métallique qu'utilisait Kaya, me demandant pourquoi ils utilisaient une voix aussi désagréable, mais il devait bien y avoir une raison je suppose. Je lui souriais, elle avait réellement l'air gentille. Je n'avais pas vraiment de préférence pour ce que j'allais porter. « Tant qu'elle n'est pas trop chère et surtout à ma taille, je serais heureuse. » Avouais-je n'étant en rien une fanatique amoureuse des activités comme le shopping. C'était toujours une source grandissante de déception. Quelle horreur. « Le bleu semble être une couleur qui me correspond bien ou le parme. » Mais ce n'était pas gagné du tout, je crois bien. Je grimaçais largement. « Tu sais c'est toujours une mission pour moi d'acheter des fringues qui ne fassent pas... Sac à patate. » C'était le soucis je la voyais lutter. « attend je vais porter ça, ce sera plus simple pour toi. »

« On va trouver ne t’inquiètes pas. » La voix du téléphone parlait à ma place lorsque je tapais sur les touches. Cette drôle de femme me donnait l’impression que je pouvais aussi avoir la mienne de voix…Je répondais à mon interlocutrice : « On trouvera bien une couleur qui te plaise. Je connais un petit magasin à petit prix. » Un magasin tenu par une amérindienne assez ronde qui faisait les grandes tailles pour un prix abordable. Je sortais l’adresse sur mon téléphone, et je lui montrais l’endroit avec le doigt, puis je tapais : « On va aller là. » La voyant prendre l’un des sacs, je lui disais merci en langage des signes avant de lui dire : « Merci. » 

Qui aime faire du shopping ? Les filles super bien foutus qui quoiqu'elle puissent mettre les mettent en valeur. J'ai horreur de cela, je suis jalouse de ses filles là. Mon dieu je suis donc comme ça, je secoue violemment la tête avant de reprendre mes esprits j'arriverai à faire quelque chose. « Merci c'est super gentil en tous les cas. » Avouais-je un léger mais réel sourire sur les lèvres. Gentil de sa part c'est certain car Jackie pouvait témoigner, j'étais une plaie pour ce qui est de faire du shopping même une horreur franchement. Je lui souris en coin avant de rajouter. « De rien, je voyais que tu galères. Et je crois que j'arrive à assimiler quelques gestes depuis qu'on se parler. » Je pouvais être fière de moi, je l'étais pour changer un peu des habitudes. Je rigoles légèrement avant de demander un air sérieux. « Depuis ta naissance tu n'as plus de voix ? »On ne sait jamais après tout la nature est bizarre. J'emboitais le pas vers le lieu où nous devions aller, pas certaine de trouver mon bonheur dans cette boutique.

Je tapais alors patiemment sur le clavier et je demandais : « De rien, tu voudrais acheter une fleur aussi avec ? » Je me disais que je pouvais aussi essayer de faire tout comme il le fallait. Je lui répondais : « Ah c’est gentil, merci pour ton aide, je donne des cours pour ça. » C’est vrai qu’en tapant sur le clavier cela pouvait aussi me permettre de communiquer mais sans doute avec un peu de difficultés. On abordait alors un sujet assez délicat pour moi, et je répondais : « Oui depuis que j’ai cinq ans, j’ai fait un rêve, et le choc m’a littéralement rendue muette. » Je n’allais pas de suite aborder les trucs chamaniques et je patienterais pour voir si Circei était ouverte ou pas à ce genre de trucs.  

Je la regardais, plissant légèrement les yeux. « Une fleur ? Pourquoi faire ? » Je ne comprenais pas tous les rituels que nous imposaient les américains. J'étais même parfois submergée par tout cela et sur le coup je ne savais pas du tout de quoi pouvait bien me parler Kaya. « Je finirais par apprendre le langage si je veux être ton amis. » Puis ce serait tellement plus simple pour elle et pour moi qu'on puisse se comprendre mutuellement. C'est la moindre des choses en tous les cas. Puis je l'écoutais parler, elle n'a pas toujours été comme cela, le rêve devait vraiment lui choquer. Je n'avais jamais entendu cela qu'on pouvait perdre la parole de cette manière. Je la regardais avec des grands yeux. « ce n'est pas médical alors... Enfin je veux dire scientifique mais plus psychique. » C'était étrange quand même et je ne comprenais pas toutes ses choses, n'étant pas, à vrai dire passionnée par tout cela en même temps. « tu espères retrouver la parole où tu t'es faite à cette idée ? » Je me faisais curieuse je l'admet mais en même temps j'étais curieuse de nature.

« Tu sais la fleur qui se trouve sur le poignet. » J’avais tapé cela sur mon téléphone et j’espérais bien qu’elle puisse comprendre le truc. J’attendais sa réponse et je lui disais : « Tu sais tu es déjà mon amie, et si tu l’apprends alors tu seras encore plus mon amie. Mais par contre j’aimerais que tu m’apprennes des choses aussi. Comme des textes anglais que je ne connais pas par exemple ou alors des petites choses que tu aimes faire. » Taper en plusieurs fois sur le clavier tactile me donnait à la longue des entorses de pouces. Mais bon, je continuais de lui répondre : « Bah, je ne sais pas, je sais juste que….Je suis muette, et même si je veux parler, je….Je n’aurais plus mon don….Alors, je préfère rester muette et vivre tout en sachant que je peux continuer de voir les gens. Puis ma famille m’a toujours dit qu’il fallait se contenter de ce qu’on avait. » C’est vrai que parler serait bien pour moi et même si j’avais des sons qui sortaient rien ne venait sous la forme de mots. Je lui demandais : « Et toi tu ferais quoi ? Tu accepterais de parler même si cela te change ? »