t'as perdu ta langue ou quoi ? - KAYA

Moral dans les chaussettes, outre le fait que Jackie me harcelait presque pour que je vienne avec elle assister à ce Spring Break, je comptais donner de mes nouvelles à ma famille en Angleterre. Je n'aimais pas cela, mais pas le choix, il fallait bien garder le contact avec le monde extérieur, sinon j'allais complètement péter un câble. Ma vie aux STATES était agréable, pas vraiment à se taper le cul par terre mais assez en tous les cas, pour être vivable sauf que... J'étais pas douée, enfin bref, je ne vais pas me faire une auto analyse j'en aurais pour des heures dans le cas contraire. Je me dirigeais donc en salle informatique, un peu, beaucoup, dans la lune quand sans faire exprès ou pas, en ouvrant la porte, je bousculais une jeune femme.  « P*tain de m*rde. » Marmmonais-je me rendant compte de ma vulgarité, je me reprenais. « Désolée... De t'avoir bousculé. ça va ? tu n'as rien ? » Demandais-je tout de même pas certaine d'avoir été douce et délicate dans ce cas. Je ne l'étais que rarement d'ailleurs, mais là encore ce n'était pas la question. « ohé ça va ? » insistais-je tout de même un peu plus.

Je me dirigeais vers la salle informatique pour avoir un logiciel pour que je puisse donc mieux communiquer. Bousculée alors que j’étais derrière la porte, je regardais patiemment la personne et je ne pouvais guère parler. Je disais en langage des signes : « Je vais bien merci. Et non, ça va, rien de casser. » Normalement, il était possible pour moi d’avoir une petite chose à faire en plus mais bon, je tentais alors de lui dire toujours en langage des signes : « Je vais bien, merci, je viens de répondre.  » J’avais la flemme de prendre mon carnet pour écrire et donc, je préférais aussi attendre qu’elle prenne un peu plus le temps de voir ce que je faisais.

Je n'avais jamais rencontré cette jeune fille, en même temps je n'étais pas sensée connaitre tout le monde. Mais sa tête ne me disait absolument rien et plus je cherchais dans ma mémoire et plus j'étais de plus en plus perdue. Elle semblait ne pas m'entendre, ne pas me comprendre. J'en sais rien, mais normalement un merci, la politesse est de mise dans ce genre de situation. Normalement ? Je la regardais avec de grands yeux, cherchant à comprendre si elle se foutait de ma gueule. « Ce n'est pas drôle. » Je ne trouvais pas cela drôle, puis soudainement elle fit des signes avec ses mains. WHATS THE FUCK ? Je ne comprenais vraiment pas ce qu'elle faisait et plus encore j'essayais d'analyser la chose, mais c'était sans compter mon manque cruel de patience lorsqu'il s'agissait de ce genre de choses. Je ne suis pas patiente, avec personne. « JE demandais juste un pardon, pas besoin de faire des signes comme cela. » Avouais-je tout en faisant moi même des signes qui n'avaient en rien aucun sens, uniquement de brasser du vent.

Je regardais alors le professeur qui se trouvait là, et il disait alors doucement à l’élève en face de moi : « Elle est muette. Je vais faire la traduction. Bouge pas. » Regardant le professeur, je lui disais en signes : « Dites-lui que je vais bien, et que je n’ai rien de cassé. » Il lui disait alors patiemment ce que je disais et je lui souriais pour lui dire merci. Puis lui retenant le bras, je lui demandais : « Dites-lui aussi que si elle continue à m’insulter comme ça en faisant n’importe quoi avec ses mains, il serait fort possible que je la gifle. » Le professeur me regardait attentivement, et il me disait : «  Alors…Je ne dis pas ça. » Furieuse, je répétais mes gestes plus fortement : « Dites-lui ! » Il soupirait et il lui disait gentiment, que je ne simulais pas et qu’effectivement, il ne fallait pas prendre ça pour un jeu. Sortant mon carnet, je prenais mon stylo, et je montrais à la jeune femme en face de moi : « Je suis muette, alors ne parle pas trop vite. Sinon, je ne peux pas lire sur tes lèvres, et j’entends, alors ce n’est pas la peine de me crier dessus.... Je vais écrire ici, et voilà. » Je pouvais écrire sur mon calepin, et lui montrant, je me demandais bien ce qu’elle pourrait me dire par la suite. Le professeur me disait après m’avoir tapoté sur l’épaule : « J’ai fais le programme pour que tu puisses parler en regardant tes mains. »

Un prof arrivait dans la discussion, enfin je supposais que c'était le cas et à la manière dont y parlait je ne pouvais pas me sentir autrement que comme cela. Mal, vraiment mal. Voilà que j'étais tombée sur la muette de l'université, super. Je ne pouvais pas me sentir plus mal qu'en cet instant. POURQUOI ? Franchement. Je la regardais et je sentais sa colère monté, je pouvais pas savoir en même temps. De mauvaise fois, je mordais violemment l'intérieur de ma joue pour ne pas dire des choses devant ce professeur, je ne devais pas m'énerver je n'étais pas sensée savoir qu'elle ne parlait pas. Je gardais mon calme, avant de dire en marmonnant presque, ce n'était pas contre elle, mais contre moi et ma stupidité innée. « Je suis désolée. » Loin de moi l'idée de me moquer d'elle, je n'étais pas comme cela, et je ne serais jamais ce genre de personne, cependant je ne comprenais pas certaine chose, avais-je dis quelque chose de mal avec mes gestes, je ne connaissais rien au langage des signes hormis merci. Le professeur semblait s'éloigner. « Je suis désolée, j'ai tellement l'habitude qu'on se foute de ma gueule, j'ai cru que tu faisais partie de ces gens là. Si je t'ai offensé ce n'était pas volontaire. » Je tentais un sourire, tout petit, pas trop gros non plus faut pas exagérer. « Moi c'est Cerceï et toi ? »

Tout en écoutant mon interlocutrice en face de moi, je me disais qu’il faudrait bien que je lui réponde. Je sortais alors mon calepin de mon sac avec mon stylo. Je notais alors sur ma petite feuille : « Pas de soucis. » Me calmant un petit peu, je me disais qu’il serait bien que je continue de marquer. Je notais en dessous : « En général, on me dit souvent aussi la même chose…Kaya, enchantée de faire ta connaissance. » Je n’écrivais rien de plus, et je me demandais bien ce que je pouvais dire par la suite. Je prenais aussi le temps de réfléchir, et je me disais qu’il serait bien aussi que j’essaye de voir comment arranger un peu le truc. J’écrivais alors : «Tu viens pour faire quoi ici ? »

L'impression d'être ridicule ? La pire des imbéciles, pire que cela ? J'en avais l'impression, le côté relation humaine avec les gens je ne savais pas trop le faire, alors quand je me retrouvais devant une muette, je me sentais encore plus pitoyable. J'aurai aimé me cacher dans un trou de souris, mais ce n'était pas possible, il ne me restait plus qu'à avaler ma fierté et faire des efforts, elle s'était adoucie, enfin je pense mais plus encore... Elle essayait de parler avec moi, finalement j'avais fais un mauvais jugement. Avec moi rien était impossible. « Salut Kaya. » Venais-je de lui dire un peu plus fort, j'avais zappé qu'elle ne semblait pas sourde, juste muette ce qui était déjà pas mal, mon cerveau venait de se faire fouetter avec violence alors que je tâchais de rester calme et ne pas me montrer agressive ou méchante. Je pouvais être les deux, une catastrophe au final je pense. Je lisais ce qu'elle était en train d'écrire. Oh très bonne question... « Oh... Je suis anglaise, ma famille est là bas et je dois leur donner des nouvelles si je ne veux pas avoir le FBI et la police d'état à mes trousses. » Lui avouais-je avant de répliquer à mon tour, assez naturellement. « Et toi ? que fais-tu ici ? » Ma question était légitime je suppose en tous les cas, elle méritait d'être posée, sachant que je voulais pour une fois me montrer polie avec elle. c'était la moindre des choses.

Je l’écoutais un peu plus, et je lui écrivais sur ma feuille : « Je suis venue pour un tout nouveau logiciel. Il prend les gestes de la main et il écrit sur un écran. C’est avec des trucs qui capte les mains…..C’est le prof qui l’a créé et je sers de cobaye. Si cela fonctionne bien, il sera commercialisé. » J’avais écrit ça comme ça, et je lui montrais pour qu’elle puisse savoir ce que je faisais là. Puis me disant que j’avais oublié un truc, je rajoutais à la suite de ma précédente phrase : « La mienne est à la réserve indienne. On se voit sur skype souvent, je comprends lorsque tu dis que tu ne veux pas la police aux fesses…. » Essayant de rire, j’avais le son classique des muets qui sortais de ma bouche, je souriais et je savais que pour l’instant, elle paraissais gentille. Je m’arrêtais, et je voulais savoir alors ce qu’elle me dirai par la suite.

Alors que cette jeune fille, Kaya apparemment, m'expliquait les raisons de sa présence ici, je fus genre. Surprise. Dans le bon sens du terme, c'était cool si ça pouvait fonctionner pour elle et tous les autres personnes dans son cas. Je me rendais compte que finalement la différence pouvait se surmonter, enfin ça dépendait de qui. J'acquiesçais d'un mouvement de la tête, très professionnel comme si je comprenais tout du premier coup, ce qui n'était pas forcément le cas. « Wooow classe, j'espère que ça fonctionnera. » Sincère de mes paroles je l'écoutais ensuite enfin je lisais ce qu'elle avait à écrire en faite, bizarre dis donc. Je... Oh je n'avais pas fais de rapport avec ses origines, je n'étais pas encore habituée à ma vie ici, les seuls indiens que j'avais vu c'était ceux du docteur Quinn dans cette série qui passait parfois à la télévision. J'allais éviter de dire ce genre de choses pour ne pas passer pour une folle. Ce que ma fois, je suis assez souvent. Son rire ? Son bruit bizarre me surprit, je n'avais pas l'habitude de cela. Je me sentais sur la défensive ? Non, juste sur la réserve de peur de mal agir surement. Je rajoutais. « Oh je vois, nous sommes donc parfois des fugitives. » Je riais à ma blague absolument pas drôle avant de continuer dans ma lancée. « ça fait longtemps que tu es séparées de ta famille ? » J'entamais les questions plus indiscrètes mais après tout... C'est comme cela qu'on fait normalement. Non ?

Tout en voyant mon interlocutrice, je répondais à sa question en écrivant sur mon petit calepin : « J’espère aussi, parce que cela me faciliterai bien la tâche. » Je ne voyais pas trop quoi écrire en plus, mais bon, je préférais aussi essayer de lui répondre, elle n’avait pas l’air méchante, et donc, je continuais : « Ah, pour ma part, je ne le suis pas vraiment, vu que j’ai reçu une bourse pour être ici. Mais dans le fait de ne pas donner de nouvelles nous rends fugitive est exact dans ta phrase. » Je préférais aussi, essayer de voir Circé comme une bonne personne. Je continuais d’écrire sur mon calepin : « Six ans et toi ? Mais j’y retourne pendant toutes les vacances d’été. Je profite de ce moment, pour me balader dans ma région, et faire un retour aux sources » Je me demandais bien ce qu’elle me dirait par la suite, mais bon, je lui demandais toujours par écrit : « Tu as un drôle d’accent, cela ne te gêne pas ? J’ai remarqué que les gens avaient du mal avec les accents. »