t'as perdu ta langue ou quoi ? - KAYA

Je me sentais quand même idiote, c'était clair que j'avais fais preuve de mauvaise fois, mais en même temps j'étais pas sensée qu'elle était muette aussi. Roo non c'était de ma faute, je devais pas être aussi négative à chaque fois des gens se rapprochent un minimum de moi. Je me mordillais la lèvre, lisant tranquillement ce qu'elle me montrait au fur et à mesure de notre discussion. Oh oui, ça allait surement lui changer la vie j'en étais persuadée. Je souriais tranquillement affirmant ses paroles avant de continuer ma lecture. « Oh oui je vois. » Je fixais tranquillement son bloc note. Six ans, wahou ça faisait longtemps, je ne savais pas pour combien de temps j'en avais pour ma part, une, deux années. Je sais que je devais apprécier cette chance mais je restais quelqu'un de têtu incapable d'apprécier le minimum syndicale. « Je te comprends. » Mon accent... Oh oui, mais je crois que ce n'était pas cela qui choquait à première vue les gens en règle générale, pour ne pas dire quotidienne, je plissais légèrement les yeux avant de remettre une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Chez moi ce n'est pas l'accent qui pose le plus de soucis... Mais ouai parfois, comme je me suis toujours demandé, le langage des signes est universels ou il y a des différences entre les différents pays ? » Ma curiosité, toujours ma curiosité... On ne change pas une équipe qui gagne.

« Je rentre cet été et après j’enseignerais à la faculté je pense. » J’avais écris cela comme ça, et je savais que j’aurais pu enseigner avant, mais il était bon d’avoir un doctorat pour avoir tout simplement une meilleure paie. Je l’entendais et je préférais l’écouter attentivement afin de pouvoir lui répondre par la suite par écrit : « Je ne l’avais pas encore entendu celui-là. Il m’a surprise. » Je réfléchissais à sa question, et j’écrivais alors prestement : « Il est universel, et il y a des petites nuances en fonction des pays. Mais on peut réussir à se comprendre sans problèmes. C’est d’ailleurs amusant d’apprendre des nouveaux mots en langages des signes. »  

Je devais avouer quelque chose, j'ai toujours eu une forte admiration pour les gens qui utilisaient ce genre de langage. Certes je ne connais absolument rien là dessus mais je trouvais cela tellement fun de pouvoir exprimer ses paroles, sans ouvrir la bouche. Je ferais désormais attention car même si je n'avais pas apprécié les gestes qu'elle m'avait fais plus tôt, mon tempérament, pour un temps, c'était radoucie et j'étais désormais curieuse de ce qu'elle pouvait avoir, sa réussite aussi. enfin voilà j'avais un coeur malgré tout. « Woooow la classe. » Moi je ne savais pas quoi faire de ma vie j'étais surement naïve de croire que je trouverais ma voie comme cela, mais je me pressais pas vraiment, je n'avais pas le fric pour faire ce que je rêvais le plus au monde, il fallait être patient ou quelque chose du genre. « Oh je veux bien te croire. Je sais juste dire merci un truc comme ça. » Je faisais le signe qui allais de mon menton à elle. Je ne savais pas si c'était merci ou bonjour. « Je bifferais pourvoir parler comme cela. » Discrètement, ce serait juste généralissime. J'imaginais alors, avant de me rendre compte que ce serait idiot, à qui je pouvais parler le langage des signes, toute seule et puis quoi encore ? Je soupirais, alors que je lui adressais un petit sourire. Ajoutant. « Oh j'espère que je te retiens pas trop, tu allais peut-être quelque part. »

« Merci. Toi aussi tu y arriveras. » J’avais écrit cela en souriant, et je tenais à la rassurer, j’écrivais alors toujours sur la suite : « Restes optimiste ! » Je ne savais pas pourquoi j’avais mis un point d’exclamation, sans doute que je voulais aussi qu’elle sache que tout était faisable. Mettant ma main sur son épaule en souriant, je l’amenais à la table pour tester le logiciel, je marquais alors sur ma feuille : « Tu veux essayer avec moi ? » Je regardais alors pour le logiciel, et tout en parlant en signes, la dame parlait alors en notant la phrase en bas. « C’est bonjour, que tu as dis. C’est bien fait. Il y a des cours en ville, si tu veux apprendre. » L’interface parlait, elle avait une voix douce. Par contre il y avait des fautes d’orthographes. Prenant ma feuille, je remplissais la feuille. Le prof d’informatique pas loin, regardait alors tout ce que je faisais. Je réajustais la caméra, et je disais en signe pour que la dame répète ce que je disais en mots : « Je dois essayer ce truc. Et après, j’irais sans doute faire un tour en ville. Je dois aller acheter des calepins, ils sont vite utilisés. » La regardant, je ne voyais pas trop ce qu’elle me dirait mais bon, je testais l’engin, me mettant sur le côté, j’entendais ma dame dire qu’elle ne pouvait lire. Souriant, je notais sur ma feuille que j’avais mise au milieu : Ne peux pas lire si la personne est de côté. A des fautes d’orthographes. Me remettant devant l’écran, je regardais un peu comment fonctionnait le logiciel. Il serait alors plus simple pour moi. Après, il faudrait voir s’il sera gratuit ou pas.    

J'étais admirative, finalement je n'aurai pas pensé à l'être, je veux dire je connais pas du tout cette fille, elle ne me connaissait pas non plus. Mais sa différence ne semblait pas l'atteindre plus que cela, en tout cas devant moi c'est l'image que j'en avais c'était plutôt cool pour ne pas dire très. Je lui souriais, me rendant compte que je finalement je venais de dire bonjour, je tâchais de m'en rappeler histoire de ne pas passer pour une idiote plus tard. « Ce serait vraiment cool, je ne suis pas certaine que sur un CV ça fasse la différence, mais je trouve cela carrément fun. » Avouais-je avec sincérité avant de la suivre et d'aller avec elle essayer cette machine. Ca pouvait changer sa vie, mais je n'étais pas certaine que ce soit aussi facile, après tout c'était un prototype, non ? Je la regardais faire, il y avait des chances d'améliorer son quotidien, c'était une excellente chose pour elle. « Okay. » J'étais pas du genre... à s'imposer dans la vie des gens. « tu n'utilises que les calepins pour parler les gens ? En même temps, je suppose que peu de gens comprenne le langage des signes. » Lui demandais-je alors, grimaçant légèrement avant de proposer. « Si tu veux, j'ai rien à faire je pourrais venir avec toi. » Assez surprise de ma phrase, j'en restais complètement surprise. Venais-je de dire cela ? GOSH.

« Ah, tu sais sur un CV cela indique que tu te soucies des autres. Cela est un plus si un malentendant ou un sourd vient là où tu travailles. » J’avais écrit cela comme ça, et je savais que cela ne suffirait sans doute pas pour la convaincre. Seulement, j’avais essayé. Regardant le petit logiciel, il prenait aussi en compte ce qu’elle m’avait dit et je parlais en signes pour voir si elle allait tout traduire. On pouvait lire par la suite : « Oui, je n’ai pas toujours l’interprète avec moi. Les calepins sont biens pour que je puisse communiquer. J’ai juste une aide en cours et rien d’autres en fait.  » J’essayais d’être rapide, et tout en m’activant, je rendais la feuille, et je disais à mon interlocutrice en écrivant : « Cela ne me dérange pas du tout, je voulais aller à la boutique de la faculté. Il faut que j’en trouve au moins cinq. Il y a des réductions en ce moment. » Me levant, je reprenais mes affaires, et je renotais sur la feuille suivante : « Pas de soucis, tu peux venir avec moi. Cela ne me dérange pas du tout. Un peu de compagnie ne me fera pas de mal. » Je voyais ce que j’avais noté mais bon, à quoi bon rayer de toute façon, elle l’avait sans doute vu, je notais après : « Travailles trop…. »  

« C'est vrai. » Avouais-je même si mentalement je pensais autrement. Dans le sens où je ne pensais pas travailler dans un domaine ou les sourds avaient leur place, je voulais travailler dans un milieu assez musicaux mais bon je ne voulais pas la contre dire, par respect ou faiblesse tout dépend du point de vu en faite. Je la regardais faire, elle semblait savoir où aller c'était plutôt cool je trouvais. « Oui peu de gens savent signer. » C'était la première que je connaissais, dans la ville où je vivais les mal entendant et sourds suivaient des cours dans un établissement particulier. C'était plus simple pour eux, mais dans un sens ça marquait un peu plus leur différence et je trouvais cela injuste. Je lisais ce qu'elle me disait. De toute manière je ne pouvais plus faire machine arrière. « Cool alors, j'achèterai deux trois trucs. » Après tout ça ne coutait rien, je me demandais encore pourquoi je faisais cela, l'impulsion du moment je pense. Je devenais sociable, oh mon dieu ça ne va pluuuus. MDR. « une fois j'ai joué les cobayes et... j'ai eu des boutons affreux, c'est quand même moins dangereux ce que tu fais. » Lui avouais-je alors que je me demandais encore pourquoi j'avais dis cela. IDIOTE IDIOTE !

Souriant tout en entendant ce qu’elle me disait, je lui répondais en écrivant : « Ah ah, oui, ce n’est pas drôle d’avoir un visage en tableau de bord d’avion…Ce n’est pas de chance…Je ne fais pas ce genre de tests. Je n’aime pas trop. » Finissant ce que je faisais, je rangeais le tout et gardant mon calepin dans ma main avec mon crayon, je donnais la feuille au prof. Lui disant merci en signes, je me tournais vers ma nouvelle amie, et je lui répondais à l’écrit : « J’ai tout fini, on peut y aller. La boutique est dans le plus vieux bâtiment. » Je me rappelais aussi de ne pas oublier d’acheter des stylos, je sortais de ma poche ma liste des courses, et je savais que mon interlocutrice allait sans doute bien comprendre le truc. Ecris en Navajo, je savais que cela était bien aussi pour moi de la pratiquer, je prenais mon calepin, et j’écrivais dessus : « Ma langue natale, j’écris toujours mes courses comme ça. Je ne tiens pas à perdre ma langue natale. » Tout en marchant à ses côtés, je me demandais bien si elle allait me répondre ou pas. 

Je ne pouvais que confirmer ces propos. « N'essaye vraiment pas, cela peut être réellement dangereux. » J'avais vraiment eu de la chance de ne rien avoir de dangereux, j'aurai pu mourir. Je ne fais pas dans le mélo mais quand j'y repense je me dis combien j'ai été plus que conne d'essayer ce genre de chose, avec du recul, il faut que je réfléchisse plus parfois, c'est beaucoup mieux pour moi. « Je te suis de toute manière. » Je la suivais, je n'avais pas forcément l'habitude d'aller dans cet endroit, mais pourquoi pas. Je saluais d'un mouvement de la tête le professeur alors que nous nous éloignons de l'endroit je préférais quand même être polie, à défaut de l'avoir été plus tôt avec Kaya. Après tout, je ne savais pas qu'elle était muette. Je ne pouvais faire autrement que de regarder sa fameuse liste de course et je ne comprenais absolument rien, elle m'éclaira sur le sujet, merci beaucoup d'ailleurs. « Oh d'accord, c'est cool de toujours la pratiquer. C'est une belle manière d'honorer tes origines. » Elle ne pouvait faire autrement puisqu'elle ne pouvait absolument pas parler, c'était courageux, finalement je l'admirais pas mal cette jeune fille, mais en nous emportons pas, je suis pas du genre... A m'emporter, enfin parfois si, mais chut.

« Non, je ne le ferais pas, je trouve que tu as bien raison de le dire aux gens. Tu n’as pas trop souffert au moins ? » Je lui avais dis cela tout en écrivant sur mon calepin, et il fallait que je prenne cette foutue application pour parler sur le téléphone, mais bon, je n’aimais pas me balader avec ça dans la ville. Il n’était pas question qu’on me vole mes affaires. L’entendant me dire qu’elle me suivait, je lui montrais par où est-ce qu’il fallait aller. Je me disais que pour l’instant, il était bien aussi que je sache comment continuer notre conversation, je montrais toujours du doigt le chemin, et je lui écrivais : « C’est par là, il faut juste aller dans le plus vieux bâtiment. » Je continuais d’écrire, et je lui montrais : « Oui, j’aime bien écrire en navajo, c’est bien pour moi essayer de parler. Puis, cela aide pour mes cours. »