(+ Bambi) Sous le soleil, y a des nanas darlidadada

« Euh pourquoi tu me parles de l’isolation de la chambre ? Je ne comprends pas le rapport avec… Oh… En fait, tu as rien compris de ce que je te racontais » soupirais-je hésitant entre me jeter sous les roues du buggy et celle de pleurer. A la place, je plaquais ma main sur mon front. Décidément, Bambi était vraiment aveugle, sourde à mes sentiments. « B. Je parlais du fait que je suis amoureuse de toi ! Pour le reste, je ne compte pas ramener d’amant ou de maitresse sous les yeux de mon fils. Hors de question qu’il conserve l’image d’une trainée pour sa mère » lui expliquais-je en levant les yeux au ciel. Par moment, j’étais exaspérée mais j’hésitais entre me dire que B. était vraiment innocente ou simplement le fait qu’elle niait mes sentiments. Dans les deux cas, je n’avais aucun espoir. Aussi goûtais-je presque distraitement à sa plaisanterie, sortant du buggy pour aller rejoindre les autres participants. « Je crois que ça doit être par là, tout le monde y va »

« Aaaah tu parlais de çaaaa bordel que je suis conne ! » Vis-à-vis de se foutre sous les roues du buggy, Bambi devait s’admettre tentée elle aussi. Elle venait de mettre les deux pieds dans le plat et d’y sauter à pied joins comme s’il n’y avait que ça pour la sauver de la misère… dans le genre pathétique, on ne peut pas faire pire. « Je ne te traitais pas de traînée ! C’est pas ce que j’ai dis… tu sais très bien que je suis pas une pro ès sentiment, c’est pas pour te blesser que je disais ça mais pour te donner du confort, c’est tout » se défendit-elle non sans tordre sa bouche dans tous les sens sous l’effet du stress et de son malaise. [b]« Ouais j’pense aussi… tu voulais commencer par les épices je suppose ? Vu que tu en as parlé tout à l’heure, à moins qu’on finisse par ça pour ne pas se charger et mieux profiter de la visite ! »/b]

« Oui de ça. » marmonnais-je car résumer mes sentiments à ce petit mot « ça » me paraissait assez humiliant. Pour une fois que je tombais éperdument amoureuse, voilà que le tout se résumait à un « ça ». Remarquez, je devrais peut-être commencer à me faire une raison. Dans le genre karma pourri, je me plaçais en championne alors une cata de plus ou de moins. « Je sais bien que tu me traites pas de trainée mais même vis-à-vis de toi, je n’ai pas envie de transformer notre futur appartement en lupanar… Si je dois soulager mes hum tensions sexuelles, je m’arrangerai pour le faire ailleurs » ajoutais-je au comble de la gêne. Oh qu’il aurait été agréable de pouvoir prétendre que je ne coucherai plus jamais avec quelqu’un parce que j’éprouvais des sentiments pour elle. Malheureusement, la réalité était que je ne pouvais pas m’en passer sous peine de finir totalement dingue et de perdre tout contrôle. « B. C’est bon… Je veux dire, tu n’as pas à stresser. Je devrais peut-être arrêter de toujours remettre mes sentiments sur le tapis… Oublions tout ça et profitons de cette merveilleuse journée entre amies ! »lui souriais-je avant de prendre sa main et de la conduire dans une petite épicerie où apparemment, nous allions pouvoir prendre quelques rafraichissements ou le fameux café. « Tu veux tester le café alors ? »

Ce n’était pas une insulte de la part de Bambi mais elle ne savait juste pas comment en parler autrement. Si Mina avait voulu une romantique capable de lui susurrer des mots doux à l’oreille à longueur de journée, elle avait hélas frappé à la mauvaise porte. Fut un temps où elle en était capable, mais cela remontait à un moment maintenant, soit depuis le décès de Daniel. C’est comme si son cœur s’était fermé cette journée là. « Je n’ai pas envie de te blesser Mina c’est juste que je sais pas parler de tout ça. Je suis pas aussi douée que toi, aussi à l’aise. Moi je merde pour ça et tu me connais suffisamment pour le savoir. » Mais elle hocha tout de même la tête en souriant à sa proposition de passer une bonne journée entre meilleures amies. Voilà qui la tentait affreusement plus ! [b]« Pourquoi pas le café je meurs déjà de soif c’est ouf ! »/b]

« Je sais bien » murmurais-je avec un sourire légèrement teinté de tristesse. Je n’ignorais rien de son passé ni même du fait que peut-être sa capacité à aimer autrui était morte en même temps que Daniel. J’aurais aimé pouvoir être capable de réanimer son cœur mais en fait, j’en étais tout simplement pas capable. Bambi croyait que tout était facile pour moi mais ce n’était pas le cas. J’étais peut-être plus ouverte à ce sujet qu’elle mais c’était la peur qui me poussait à l’être. Je craignais tellement de perdre à nouveau mes souvenirs, qu’il se passe quelque chose. Aujourd’hui, j’avais peut être résolu un des grands mystères de ma vie à savoir l’identité du père de Jack mais il existait tellement de zone d’ombre en moi. Avais-je déjà aimé ? Et est-ce que quelque part, quelqu’un m’attendait ? C’était idiot mais des fois, j’aimais me dire que je n’étais pas seule, vierge de mots d’amour. La solitude me pesait énormément mais je n’avais pas à forcer Bambi. Ce n’était pas digne d’une amie alors je me promis de rester cette amie quoiqu’il advienne. « En même temps, il fait une chaleur étouffante ! » rétorquais-je avec un léger sourire, commandant les deux fameux cafés. « Ouaw ils ont pas blagué, il est délicieux ! Qu’est-ce que tu en penses ? Oh, j’ai promis à ma tante de lui envoyer des photos pour qu’elle puisse les montrer à Jack, tu veux bien me prendre en photo avec mon téléphone stp ? »

Bambi n’était pas aveugle, elle se rendait bien compte de la tristesse de Mina mais c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas s’empêcher de se barricader dans une forteresse jusqu’à ce qu’elle soit définitivement sûre d’elle-même. Cela pouvait prendre du temps, même si en l’occurrence, elle soit tentée de commencer à se rattraper en embrassant délicatement la joue de sa meilleure amie. Ce n’était pas grand-chose, mais pour quelqu’un comme la jeune blonde, c’était déjà quelque chose. « Chaleur étouffante, le mot est faible ! J’ai plus l’habitude j’avoue, je crois que je pourrais définitivement plus vivre au Monténégro, où il fait également suuuuper chaud ! » s’exclama-t-elle une fois à la terrasse, hochant vivement la tête pour acquiescer le commentaire de sa brunette préférée au sujet du café. [b]« Bien sûr ! Fais-moi ton plus beau sourire et dis « ouistitiiiiiiiii » ! »/b]

Mon sourire perdit un peu de sa tristesse lorsque ma jolie blonde déposa un baiser sur ma joue. Je savais bien que je ne devais pas m’attendre à des miracles mais en amour, je n’étais pas très patiente. En fait, je ne l’étais pas du tout car comme tout ce qui était nouveau pour moi, je n’avais qu’une envie : m’engouffrer dedans. « Ah bon ?! ça ne te manque pas de pas y retourner ? Pour ma part, je ne sais pas pourquoi, j’ai envie d’aller en Italie la majeure partie du temps » plaisantais-je tandis que je lui tendais mon téléphone portable pour qu’elle me prenne en photo puisqu’elle avait gentiment accepté. Pour la peine, je m’amusais à prendre des pauses comiques et à faire des grimaces. « Ouistitiiiiiiiiiiiiiiii »m’exclamais-je avant de rigoler. « Ma tante va hurler, elle a horreur que je fasse l’andouille sur les photos mais être sérieuse pendant les vacances, c’est juste criminel ! Dis, je gouterai bien ce fruit… On se le partage ? »

Bambi esquissa une petite moue, signe qu’elle réfléchissait à propos de son pays natal avant de déclarer, d’un ton aussi neutre que possible : « Le dernier souvenir que j’en ai c’est la mort de ma mère, alors ça me vend pas du rêve » avoua-t-elle de façon presque détachée, alors que cela la touchait bien évidemment. Mais une fois encore, rester une pierre était nettement plus confortable et facile pour elle. « Yeaaaah elle est trop belle, faudra que tu me l’envoies ! Mais attend prend une pause ultra sérieuse genre je viens de tuer le buggy des sables et j’vais me faire détruire la tête par le loueur » plaisanta-t-elle non sans éclater de rire au passage pour mieux se concentrer sur le fruit que lui proposait Mina. Bambi s’en lécha les babines par avance avant de le couper en deux, lui offrant la moitié pour mieux lever un pouce aussitôt. [b]« Bordel en fait je m’installerais bien ici, z’ont des trucs de folie ! »/b]

Sans un mot, je vins la serrer dans mes bras, entourant sa nuque des miens avant de déposer un baiser sur sa joue. Je savais que cet événement la marquait bien plus qu’elle ne voulait le laisser croire et cette étreinte était là pour justement lui rappeler qu’elle pourrait à jamais compter sur moi. Aussi, ce fut presque un devoir que je me fis de faire la conne pour lui arracher un rire, prenant une expérience à la fois triste et boudeuse genre gamine prise en faute. « C’est bon comme ça ?! Ma pauvre tante, elle est très pieuse, un jour, elle est tombée sur mes photos de charmes… Elle m’a envoyé me confesser dans la foulée sauf que j’ai terminé par coucher avec le curé du coup, elle a changé d’église et elle ne m’a jamais plus reparler de me confesser » dévoilais-je mes conneries sans honte d’aucune sorte avant de me rendre compte que ce souvenir remontait à bien plus longtemps que mon amnésie. « B. JE ME SUIS SOUVENUE DE CA !! » m’écriais-je oubliant le fruit (délicieux au passage) pour lui sauter dans les bras.

Bambi éclata singulièrement de rire en la voyant passer d’une expression à une autre de façon presque extrême, sans compter que le fait d’être sérieuse ne lui allait pas au teint, la jeune blonde préférait Mina pimpante et souriante, comme elle l’était au naturel. Cela lui allait tellement mieux ! Et ça la rendait même bien plus sexy. « Bordel tu t’es envoyé un curé ? Franchement j’ai presque envie de dire que tu t’es gavée, t’es vraiment trop forte, un modèle ! Bien fait pour ta tante tiens… quelle idée de t’envoyer à confesse aussi, sans déconner ! » soupira-t-elle de façon amusée avant de voir ses tympans menacer d’éclater face au cri de sa brunette préférée, qui lui sauta dans les bras. « Sérieux ça vient de te revenir ?! BORDEL CA SE FÊTE ! » s’exclama-t-elle en sautillant limite sur sa chaise comme une gamine… ça c’était la nouvelle du siècle !