(mallandy) I missed you soooo much

C'est vrai c'est vrai, c'tait moi qui avait dmandé les détails mais j'm'attendais pas à CE GENRE de détails. J'voulais pas l'imaginer à walpé sous la douche, s'pencher pour ramasser la savonnette avec Declan derrière en mode gros pervers quoi. Oui c'était très particulier comme vision, et croyez-le, j'aurais tout donné pour me l'enlever de la tête. Arrête, j'ai jamais testé mais j'suis certain qu'ça doit être super dur d'avancer avec des échasses, rétorquai-je en riant mais je fus bien vite ramené à la réalité par ce pincement au coeur. Rien d'grave, ça m'arrivait quelque fois depuis l'opération, les médecins m'avaient dit de faire gaffe à n'pas faire trop d'efforts, à me méfier du soleil et des émotions trop fortes. J'avais pas vraiment ménagé mon cœur dernièrement et il me le rappelait. Mais non, mais si, j'te prends pour un jambon, c'tellement plus facile que d'avouer que ça n'va pas du tout. Je pinçai les lèvres. Peut-être, répondis-je en cessant de marcher pour fixer la jeune femme qui n'avait visiblement pas l'air contente de réaliser que j'lui faisais des secrets.

« Tu crois que je suis du genre à tenter de marcher avec des échasses ? Pas envie de me casser quelque chose ! » énonça-t-elle d’un ton presque mortellement sérieux car Mallory tenait trop à son petit jogging matinal pour risquer de se casser le moindre petit os. Hors de question que d’être grabataire des semaines durant avec Declan sur le poil qui paniquerait dès qu’elle aurait le malheur de bouger le petit doigt… au secours ! « Nom d’un chien tu as exactement cinq secondes avant que je t’assaille de questions pour parler par toi-même ! » s’exclama-t-elle, bras croisés contre sa taille élancée, sourcils froncés en prime. La blondinette ne se mettait pas facilement en rogne mais il ne fallait pas la chatouiller de trop près dans ces moments là. « Alors ? »

Mallory, c'est l'genre de fille... Quand elle s'met en colère, mais genre vraiiiiimeeeeeent en colère, en mode furie prête à t'arracher les yeux, elle ressemblait vraiment à une harpie prête à te transformer en chaire à pâté et ça avait son petit côté flippant. J'savais pertinemment qu'elle ne me lâcherait pas, qu'elle avait compris que ma santé n'était pas à son top niveau et qu'j'étais pas totalement honnête. J'aurais pu continuer à mentir, à m'voiler la face, mais au final... ça n'aurait mené à rien, si ce n'est l'énerver encore plus en étant plus têtu qu'une mule. Bah, il se pourraiiiiiiiit que j'sois né avec une malformation cardiaque, que j'me sois fait opérer en février et que j'sois cardiaque, voilà, balançai-je de but en blanc sans prendre de pincettes, parce que j'voyais pas comment annoncer ça gentiment et en arrondissant les bords sans tourner autour du pot pendant trois ans. Puis j'voulais pas qu'elle m'voie comme si j'étais en sucre, aussi. Maiiis j'vais bien, j'suis juste un peu fatigué mais ça va.

Pour sûr Mallory n’était pas prête à le lâcher, pas même contre un gros chèque. Tant qu’Andy ne lui aurait pas dit ce qui se passait clairement, elle allait tempêter façon tornade et hurler en espérant que cela le fasse évidemment plier. Par chance, nul besoin d’aller jusque là même si elle entrouvrit la bouche sans savoir comment réagir. « Je dois hurler parce que tu ne m’en as pas parlé avant ou j’attends un peu ? » lui demanda-t-elle, histoire d’être sport. Autant ne pas le secouer comme un palmier car malheureusement, il n’en tomberait pas des bananes ni des noix de coco. « Putain Andy, tu t’entends ? Juste fatigué, je t’en foutrais ! On va rentrer, t’es vraiment malade des boyaux de la tête ma parole !! Franchement t’aurais dû me le dire. Je sais pas ce qui me vexe le plus, que je l’apprenne par hasard ou que tu sembles t’en foutre. »

Sa question m'laissa perplexe. Je sais pas, c'est quoi l'plus avantageux pour moi ? Genre y a moyen que si elle attende, sa colère passe et qu'elle finisse par ne pas hurler, ou si j'attendais, ça allait empirer et elle allait hurler encore plus fort ? Je me grattai la tête, mal à l'aise à sa réaction. C'était légitime, mais au lieu de m'faire regretter de pas le lui avoir dit plus tard, j'me disais finalement qu'mon cœur aurait du m'laisser tranquille plutôt que de me griller comme il l'avait fait. Je m'en fous pas Mallo... dis-je en soupirant, fourrant les mains dans les poches de mon short. J'essaie surtout de l'prendre à la légère. J'suis encore là et j'ai pas envie d'parler d'mes problèmes de santé comme si j'allais crever ce soir ou demain. De toute manière on meurt tous de quelques chose, une personne en parfaite santé peut s'faire écraser par un bus demain et elle mourra avant moi, j'ai pas envie qu'on m'traite comme si j'étais en sucre et qu'on passe son temps à s'inquiéter sur ma santé.

« Avantageux ? Que je ne gueule pas tout de suite. J’vais être très bonne et t’accorder un sursis ! » Mallory était plus inquiète qu’en colère à vrai dire, car après tout il s’agissait de sa vie et Andy n’avait pas de comptes à lui rendre. S’il ne voulait pas la mettre au parfum de ses problèmes de santé, elle n’avait aucun droit de tempêter jusqu’à obtenir une grève pure et simple des tympans du damoiseau. « T’es pas en sucre… t’es un homme, un vrai, un tatoué ! Ceux qui ne l’ont pas compris ont pas la lumière à toutes les pièces… mais t’as juste pas intérêt à crever, c’est moi qui te le dis. Sinon je vais tellement t’emmerder en enfer que tu vas prier pour ne jamais y avoir mis les petons ! J’ai pas envie de jouer les fliquettes avec toi mais j’ai pas envie de perdre à nouveau quelqu’un de proche… tu comprends ? »

C'est trop gentil, j'oublierai pas cette faveur, dis-je en me mordillant les lèvres avant d'me remettre à sourire. C'était mignon sa réaction, je l'observai donc un moment puis finis par m'approcher d'elle pour la serrer fort dans mes bras. T'es trop mignonne, mais t'inquiète pas, j'ai bien l'intention de t'emmerder encore longtemps, tu te débarrasseras pas d'moi si facilement ! Puis tu sais bien, les plus casse-couilles sont toujours les plus coriaces et j'bats des records en la matière, j'suis sûr que j'vais vivre super vieux et qu'tous les problèmes de santé du monde arriveront pas à avoir ma peau. Bah quoi. La nature avait essayé d'me tuer plein d'fois déjà, j'avais djà frôlé la mort à plusieurs reprises mais jusqu'à preuve du contraire, j'étais toujours là. Ça, j'appelle ça avoir la pure classe. Je me reculai un peu mais gardai un bras autour de ses épaules, penchant la tête. Tu veux quand même rentrer ?

« J’espère bien attends, ça aurait été quelqu’un d’autre, je lui aurait botté le séant ! » poursuivit-elle avant de rendre son câlin à Andy, Mallory se détendant peu à peu au fur et à mesure qu’il s’exprimait et cela lui faisait un bien fou. Perdre son meilleur ami… ce serait l’apocalypse pour elle ! Avec qui la blondinette aurait-elle des délires de la taille du Mississipi s’il venait à disparaître ?? « La vacherie ça conserve, j’oubliais ! Plus sérieusement t’as vraiment pas intérêt à me laisser tomber hein, parce que sinon je me vengerai… et tu sais que je tiens parole dans le genre ! Même si tu restes le plus fort mon Andouille ! » le charria-t-elle avant de se faire pardonner d’un bisou sur la joue. « Je veux bien rentrer ouais. Ce serait pécher que de laisser nos motos quand même ! »

Je m'en doutais bien, si j'crevais, elle ferait du vaudou, me ramènerait à la vie pour me buter elle-même. Ça, c'était une certitude et j'trouvais ça mignon qu'elle aille jusqu'à me le dire. Je souris quand elle m'embrassa la joue, relevant les yeux vers elle pour la regarder. Mais oui j'suis l'plus fort. Et j'tiens à c'que les choses restent claires, tu continues à m'traiter normalement : j'entends par là qu'à nos prochaines courses t'as pas intérêt à m'laisser gagner si c'est toi qui assure, ajoutai-je en fronçant le nez, reprenant la marche en direction de nos motos qu'on avait abandonnées non loin de la route. C'est parti alors, on rentre, elles me font de la peine, rien qu'à les imaginer toute seule, grondant en espérant qu'on revienne les chercher... dis-je avec un léger rire.

Mallory esquissa un petit sourire amusé tandis qu’ils s’avançaient désormais bras dessus bras dessous vers leurs motos chéries qui n’attendaient que leur présence pour vrombir à nouveau. « Hey tu m’as prise pour qui ? T’es pas encore mort, hors de question que je te traite comme un pauvre petit bichon fragile… tu vas cravacher comme le champion que t’es parce qu’après tout, on a un standing à respecter ! » Dit avec humour certes, mais il n’empêche qu’elle lui faisait comprendre qu’il pouvait compter sur elle pour que tout reste absolument normal. Hors de question de lui donner le biberon et de lui changer sa couche… « Tu les entends pleurer de solitude hein ? C’est déchirant je te jure, j’en pleurerais presque ! Puis c’est trop silencieux ici, faut mettre du vroum vroum !! »