(mallandy) I missed you soooo much

Moi, j'suis un cas pour la science ? Je pris un air offusqué en l'entendant me dire une chose pareille, avant de me remettre à rire. Bon, peut-être bien que je suis allumé du bocal. Promets-moi que ça restera entre nous. D'un côté, tant mieux qu'elle ne soit pas d'humeur à dépecer sauvagement mon téléphone. Pas que j'n'avais pas l'argent pour m'en racheter un, mais ça m'aurait probablement blasé d'avoir à transférer tous mes fichiers sur un nouveau téléphone. C'est bien alors, ça veut dire que j'me connais bien, c'est une bonne chose je suppose. Ptêtre que j'pourrais rectifier l'tir de ma folie comme ça, ou tu penses que je suis un cas désespéré ? On dériva sur sa vie amoureuse et automatiquement, j'eus un sourire aux lèvres. Un Winthrop, j'les aimais bien. Pas tous forcément mais ça va, pour avoir été Winthrop l'histoire de quelques semaines, j'savais un peu à quoi ressemblait cette maison de l'intérieur. Non ça n'me dit rien, répondis-je sur un ton pensif avant de reprendre : C'est con pour toi, du coup tu vas être obligé d'répondre à mon interrogatoire : il vient d'où, il a quel âge, il fait quoi dans la vie, tu l'as rencontré comment, tu t'protèges hein ? J'dois ressembler à ta mère avec toutes ces questions, fis-je remarquer en éclatant de rire. Mais c'est pour la bonne cause, j'veux m'assurer qu'ce gars-là te mérite tu vois, t'es un peu comme la huitième merveille du monde, il t'faut forcément un mec bien !

Mallory éclata de rire dans la seconde qui suivit la réplique d’Andy. De toute façon, dans la famille « je suis bon pour l’asile », la blonde n’était pas mal classée dans la chaîne alimentaire non plus ! « Hey, je te signale que je suis sûrement encore plus siphonnée du bocal que toi alors promis, juré… bon je vais pas cracher parce que j’ai quand même un standing mais le cœur y est, en bref, ça restera entre toi et moi chou ! » s’exclama-t-elle en dessinant même une croix fictive contre son cœur pour être sûre qu’il la croit. « Et bien… heu… j’ai le droit d’appeler un ami avant de répondre ? » pouffa-t-elle en faisant référence à cette émission française que la demoiselle regardait quelques fois, histoire de tester sa culture générale. L’avantage de parler couramment la langue de Molière, à défaut d’être douée pour les relations amoureuses ! C’est qu’elle était novice, la petite dame… « Haaaaan huitième merveille du monde carrément ? Avoue que t’as sorti ça pour que je réponde à ton interrogatoire, vilain flatteuuuuur ! Bon alors il est irlandais, il a vingt-cinq ans depuis peu, il est en études d’archéologie – t’as vu, c’est sexy Indiana Jones yeaaah bref je digresse ! – je crois qu’il vaut mieux que tu ne connaisses pas notre contexte de rencontre et oui, je me protège tu n’as pas de soucis à te faire ! Autre chose Sherlock ? »

C'est vrai que Mallory n'était pas forcément la mieux placée sur terre pour me dire que j'étais barge. Le point positif au fait que ce soit elle, c'était que... j'me sentais pas dans un grand moment de solitude. C'pas le genre qui dit "non mais toi, t'es vraiment barge" parce que tu t'payes un fou rire en solitaire et que personne d'autre ne comprend. Là, elle faisait juste que constater... qu'on était dans l'même bateau, elle et moi. Mince, j'étais curieux de savoir si tu savais cracher comme un homme, moi. J'éclatai de rire quand elle fit allusion à une émission française, très connue et surtout très parodiée partout sur internet. Es-tu sûre de vouloir utiliser ton dernier joker ? répondis-je le plus sérieusement du monde, prêt à l'entendre dire "c'est mon dernier mot Jean-Pierre". J'avais l'âme d'un Lowell, ça faisait des rimes. Je me mis à rire de nouveau en entendant la jeune femme m'accuser de la prendre par les sentiments pour qu'elle réponde à mon interrogatoire. Hey, la fin justifie les moyens, non ? Irlandais ? Il a l'accent quand il parle ? Ça doit faire bizarree, j'arrive tellement pas à m'y faire à cet accent-là, dixit le mec British avec l'accent british. J'étais néanmoins perplexe sur le contexte de leur rencontre. Pourquoi il vaut mieux que je ne sache pas ?

Mallory prit aussitôt un faux air horrifié avant de s’écrier, de façon prête trop aigue pour être honnête : « même pas en rêve on fait un remake de l’entraînement de cracha à la Titanic ! » s’exclama-t-elle avant de pouffer littéralement, prouvant une fois de plus à quel point ils étaient dans le même bateau façon RMS folie furieuse. De quoi leur faire une réputation fameuse pour les trois cent douze prochaines années au bas mot ! « Bah en même temps… c’est mon dernier mot Jean-Pierre ! Ah mais non toi c’est Andy, merde alors… » soupira-t-elle d’un air purement théâtral, celui dont elle avait le secret et qu’elle traînait depuis un moment au sein même de leur amitié. « Il a un léger accent mais ça ne s’entend pas énormément vu qu’il est de Dublin et il est aux USA depuis pas mal d’années. Toi tu jugeras toujours qu’avec l’accent british, pas vrai ? Tu ne veux pas savoir ce qui s’est passé pour notre rencontre dans une douche, j’te fais un dessin ? »

Un remake du Titanic ? Nooon j'aurais pas osé, puis franchement quand on connait le dénouement du film, ça m'enchantait pas vraiment de tenir le rôle de Jack. J'veux pas crever si jeune moi, j'suis pas pressé ! Je hochai la tête, fourrant les mains dans les poches. C'est ptêtre Jean-Pierre mon deuxième prénom, qu'est-ce que t'en sais ? Heureusement, non. C'est pas que j'aimais pas ce prénom mais... Si en fait, Jean-Pierre, c'était pas l'meilleur prénom sur terre. Puis déjà qu'les gens me gonflaient à me chanter les Rita Mitsouko pour Andy, si en plus de ça j'm'appelais aussi Jean-Pierre... faudrait que j'remette en question l'amour que mes parents avaient pour moi, pour s'acharner sur moi à ce point. Ça va alors, puis c'est pas que je jure que par l'accent british, c'est juste que... Que les Irlandais je les comprends pas toujours quand ils parlent avec un accent super fort, c'est quand même vraiment particulier comme accent tu trouves pas ? Je grimaçai. Oh directement dans une douche... Non j'avoue, finalement ça m'enchanterait pas d'avoir les détails. Mais j'suis content pour toi.

Mallory tortilla légèrement sa bouche, faisant mine de réfléchir mûrement à quoi répondre mais au bout de quelques secondes, n’y tenant plus, elle reprit la parole : « tu es au courant que si ton deuxième prénom c’est Jean-Pierre, je vais te plaindre ? » Après tout, il y a mieux comme deuxième prénom même si personne n’est censé le savoir. Ce n’est pas comme si on demande ses papiers à quelqu’un dès le premier regard… à moins de vouloir se prendre un gigantesque vent dans la tronche et d’être masochiste sur les bords, œuf corse ! « Effectivement ils ont un accent spécial mais figure-toi qu’avant de me rencontrer, Declan détestait les anglais… c’est fou ce qu’on a comme poncifs entre nous »er sans méchanceté, toujours d’un ton aussi amusé et jovial que d’ordinaire. Pour qu’elle se mette à tirer une tronche de trois pieds de long, en même temps, encore fallait-il se lever tôt ! [color=palevioletred][b]« Si t’es content pourquoi tu grimaces ? Tu as peur que je sois tombée sur le grand méchant loup ?? »

Tu m'étonnes qu'elle me plaindrait si mon deuxième prénom était Jean-Pierre. De toute manière, si Jean-Pierre était vraiment mon deuxième prénom, je ne l'avouerais pas. Alors tu ne sauras jamais, je vais laisser le mystère planer et j'emporterai mon secret avec moi dans la tombe. Je grimaçai en entendant la jeune femme me dit que son fameux Declan détestait les anglais. Et pourquoi ? C'est lui qu'est pas normal, lui qu'a un accent qui doit laisser à désirer... c'est lui l'Irlandais quoi, j'avais plus de raison que lui d'pas aimer les Irlandais. C'est classe, d'être Anglais. Mouais, y a ptêtre une raison à tous ces préjugés tu sais, répondis-je en plissant les yeux. C't'un peu comme la gueguerre mather-eliot m'voyez, parfois y a des exceptions, mais dans l'fond, on n'est pas faits pour s'entendre et ces deux maisons n'seraient jamais amies quoi. Non, non j'grimace simplement parce que j'ai pas forcément envie d't'imaginer ramasser la savonnette, répondis-je avant d'éclater d'rire. INCEEEEESTE no way.

Mallory esquissa un petit sourire narquois, même si ce dernier n’avait pas lieu d’être. Bah quoi ? Qui a dit que l’on devait forcément ne pas se foutre de la gueule du monde ? « En même temps, si jamais je devais t’attaquer, je ne prendrais pas ton deuxième prénom pour le faire… trop classique, pas assez classe, tu vois ? » renchérit-elle en haussant les épaules d’une manière de ne pas y toucher pour mieux papillonner habilement des cils. Un grand classique de la blondinette, certifié pur jus pur fruit. « Alors s’il y a une raison à tous ces préjugés, par pitié Majesté Andy, éclairez-moi de votre lanterne ! Moi vouloir boire paroles à toi… ça t’évitera d’imaginer des trucs pas net avec la savonnette, PETIT CANAILLOU ! »

Je levai les yeux au ciel. Pas assez classe, fuh ! Tu parles ! C'est sûr que c'est petit mais bizarrement j'doutais pas qu'elle saurait le faire, ne serait-ce que pour me taquiner et que la classe, ça lui passerait à des mètres au-dessus de la caboche. J'imagine pas justement, je veux PAS ! Aie pitié d'mon âme aussi, c'est toi qui m'a parlé de douche j'te signale, dis-je en riant, puis j'accélérai le pas en grimpant la colline qui se présentait devant nous. Tu te poses trop de questions, allez, magne-toi ! Mais avant que j'puisse continuer et me remettre à rire, je ressentis un pincement au cœur et me stoppai net, me sentant soudainement nauséeux et fatigué. Mmh. Merde. Mais au moins la douleur était pas continue, à tous les coups, ça allait passer. Ah, je crois que j'ai fait un faux mouvement, m'empressai-je de dire pour essayer de sauver les apparences, mais bon. C'tait bidon et vraiment même au ras-des-pâquerettes comme mensonge, qui goberait un faux mouvement quand c'est au cœur qu'on a eu mal hein ? Mais dans la panique de trouver une excuse, j'avais pas trouvé mieux.

« J’te signale que c’est toi qui a demandé des détails ! » se défendit-elle aussitôt en feignant d’être vexée, chose qu’elle n’était pas bien évidemment car avant de vexer Mallory, autant dire qu’il fallait se lever tôt. « Mais je me magne c’est toi qui est branché en mode Speedy Gonzales avec tes jambes en mode échasses ! » grogna-t-elle pour mieux perdre à son tour tout sourire, fronçant vivement les sourcils face au malaise manifeste d’Andy. On ne la lui faisait pas, un faux mouvement alors que la douleur semblait venir d’ailleurs… « Toi, t’es en train de me prendre pour un jambon ! » s’exclama-t-elle en se rapprochant, inquisitrice, le visage mortellement sérieux. Aouch. Pas bon. « Il y a quelque chose que tu ne me dis pas Andy McDougall ?! »