SEPTIAN ∂ wait for the night that comes to hide

Depuis l'accident au Spring break, depuis qu'il avait un arret cardiaque apres que vous ayez couché ensemble, tu restais au pres de lui. Tu ne le quittais que pour manger, aller en cours et ces derniers jours avant son operation, tu vivais presque a l'hopital avec lui. Heureusement qu'il y avait Blake pour te tenir compagnie parfois, comme hier pendant son operation et tu n'etais pas si seule. Tu avais juste vraiment peur pour ton petit-ami. C'etait encore une notion un peu bizarre de te dire cela, que vous etiez ensemble. Enfin cela ne te deplaisait point. Julian se bougeait un peu sur le cote, te faisant de la place. Tu retirais tes bottes pour venir le rejoindre, quand meme pas sure si tu devais. Les medecins allaient surement venir voir si cela allait mais tu leur avais deja clairement explique que tu ne quitteras pas son chevet, meme si tu n'etais pas sa famille. "Tu sais…j'avais peur que tu te reveilles pas…" Lui avoutais-tu alors en venant te loger dans ses bras.

Septembre vint de caler entre mes bras, que je refermais sur son corps. Ce contact me procurait bien plus de bien que tous les médicaments du monde. J'inspirais profondément cette odeur qui m'avait manqué, et qui me rassurait, calant ma tête dans le creux de son cou. Si les médecins arrivaient ? J'm'en fichais bien. On était dans le service de mon meilleur ami, alors j'avais mes petits privilèges. "J't'ai promis de pas mourir. Tu t'en rappelles ?" La première fois où Septembre m'avait vu en tant que patient à l'hôpital, elle m'avait fait promettre de ne pas la laisser. J'essayais toujours de tenir mes engagements.

Te retrouver dans les brad de Julian te donnait un sentiment de surete, mais aussi que c'etait bien la realite et non un reve. Julian etait reveillé et il avait survecu a son operation, ce n'etait pas un reve. Tu restais dans ses bras, reprenant une main dans les tiennes. Ca te faisait du bien ce contact, cela te rendait vivante a nouveau et pas cet etat de somnambule que tu avais. Bon faut dire qu'avec le nombre de café que tu avais bu, ton corps avait du saturer et voir que l'homme a qui tu avais ouvert ta confiance allait bien, te rendait peut-etre un peu folle et dans tous tes etats. A sa question tu te souvenais de ce jour-la, ou tu l'avais vu a l'hopital et que tu avais eu peur de le perdre a jamais. "Ouais et tu m'as dis a Punta Cana que tu etais en voix de guerison…" Ce n'est pas que tu ne lui faisais pas confiance, c'est juste que tu voulais que maintenant il te dise la verite quand ca n'allait pas.

Je soupirais. J'avais pas l'habitude de mentir. Quand je le faisais, c'est qu'il y avait une bonne raison. J'avais voulu la protéger, de tout ça, de cette maladie que j'aurai voulu oublier. On choisit pas d'être malade. On ne choisit pas sa vie. On choisit de faire ce qu'elle est. J'voulais pas d'une vie à me lamenter sur mon sort, à provoquer la pitié des autres. J'voulais qu'on agisse avec moi comme on agirait avec tous les autres. "J'suis désolé Sept ..." Lui soufflais je, la tête toujours posée dans le creux de son cou. Je fermais les yeux, profitant simplement de l'instant. Il faut savoir profiter des choses simples. Surtout quand on est mort. Qu'on a cru qu'on se relèverait jamais de cette faille qui nous a traversé. Qu'on a pensé plus jamais pouvoir croiser son regard, voir son sourire, l'entendre parler, rire, la voir jouer avec ses cheveux. Gouter son corps, se délecter des ses baiser. "Mais là, tout va aller mieux maintenant ..."

Au cours de ta vie, tu avais eu beaucoup de hauts et beaucoup de bas, surtout des bas. Tu avais souffert la plus part de ta vie, tu avais été deçu par un tas de personnes et en laissant Julian entrer dans la tienne de manière intime, tu t'es jurée de ne plus vouloir souffrir. Puis il y avait eu son arrêt et tu avais eu l'impression que ton monde s'écroulait a nouveau, que tout le progrès fait en psychiatrie s'envolait en l'espace de quelques secondes alors que tu le voyais se faire embarquer par l'ambulance pour le réanimer. Ca irait mieux maintenant, cela ne pouvait qu'aller mieux, tu refusais de sombrer, pas alors que tu étais si bien dans ses bras. Tu regardais vos mains entrelacées, pensive. "Tu ne feras plus d'arrêt maintenant…?" Lui demandais-tu. La question était peut-être débile mais tu avais besoin de cette certitude pour te rassurer que le sol sous tes pieds n'allaient pas tomber en morceaux le moment ou tu quitterais cette chambre.

Lors d'une greffe, il arrive parfois que le greffé ne supporte pas le greffon, c'est une des bases de cette spécialité de médecine. La greffe cardiaque est quelque chose de très lourd à supporter pour tout humain. Lourd, et incertain. On n'sait de quoi demain sera fait. On sait juste que là, tout de suite, on est en vie. J'me sens bien. J'me sens bien parce que je ne doute plus du lendemain. Cette semaine a été éprouvante. J'ai du faire des choix. J'ai du revenir sur mes engagements. Pour ne plus être ce condamné à mort. J'faisais réellement parti des vivants là. Et putain, c'était bon. "J'peux pas te l'assurer Sept ... J'ai pas envie de te mentir à nouveau ... J'te promets juste de faire attention." Je tournais un peu son visage vers moi pour que nos regards se croisent et posais mon front contre le sien avant de descendre mes lèvres sur celles de la jeune femmes.

Tu aurais tellement pas du lui poser la question. Tu sentais que c'etait pas un bon signe, surtout que tu ne connaissais rien en medecine. La science, c'etait pas ton truc. Tu adorais l'art, la photographie, ca s'etait ton element, et pas quand on te parlais d'os, de muscle, de maladie ou de maths. C'est pour cela que tu etais inquiete, parce que tu ne savais pas ce que cela voulait dire avoir une greffe et tout ce que cela pouvait apporter. Tu avais toujours ete relativement saine, du moins niveau maladie si on enlevait ta stérilité donc tu ne savais pas tout les risques qu'il y avait. Tu baissais le regard alors qu'il te dit qu'il ne pouvait rien t'assurer. Cela voulait donc dire que ce n'etait pas sure, qu'il pourrait etre malade a nouveau. Tu essayais de ne pas montrer que cela t'affectait. Julian tournait alors ton visage vers toi, tu feintais un petit sourire avant que ses levres n'entrent en contact avec les tiennes. Ses levres, ce baiser, t'avais l'impression que cela faisait une eternité que tu n'y avais plus gouté et ca te donnait un sentiment de rayonnement. "J'veux juste pas souffrir a nouveau." Dis-tu alors que tu mis fin a l'entreinte.

"Sept, s'il te plait ..." Alors la seule chose que je réussissais réellement à lui apporter c'était la peur ? La souffrance ? Les larmes quand j'tombe. Et quand j'tomberai. Parce que j'tomberai à nouveau. "J'veux pas que tu souffres ..." Je baissais les yeux. Parce qu'au fond j'avais mal. Mal de tout ça. "Si tu souffres ... J'veux que tu partes ..." J'avais été dur dans mes mots. J'avais pas l'habitude d'être comme ça avec Septembre, ni même avec les gens. J'étais pas ce gars qui était poignant dans ses mots. J'étais le mec qui faisait toujours rire. Sourire. J'voulais pas être celui qui la collerait au sol à causes de mes failles, de mes faiblesses. Elle méritait d'être heureuse, Septembre. J'avais essayé. J'étais trop peu sur de ce qui allait arriver pour pouvoir assurer son sourire chaque jour. Des larmes perlaient dans mes yeux. J'étais juste ... Fatigué.

Des que tu avais prononcé ses mots, tu te sentais mal. La reaction de Julian n'etait pas a quoi tu t'attendais, mais peut-etre que c'etait cela, tu ne le connaissais pas tant que cela. Tu baissais le regard, honteuse et tu te sentais plus a ta place. Tu n'etais pas entrain de souffrir, au contraire meme. Pour la premiere fois depuis longtemps tu te sentais bien, en securite, malgre le stress des dernieres semaines. Tu etais avec Julian dans ses bras, il avait survecu a la greffe, il allait survivre mais si il partait pour toujours, si il finissait par succomber a sa maladie, c'est la ou toi aussi tu sombrerais, tombant a jamais dans ce précipice que tu avais refermé depuis maintenant un mois. Apres quelques temps de silence, tu finis par le regarder a nouveau et tu voyais que ses yeux se remplissaient de larmes. Tu refusais, secouant la tete. "Pleure pas…c'est pas ce que je voulais dire…j'veux pas te perdre Julian…mais j'avais tellement peur…et maintenant t'es la en vie…j'ai pas envie qu'on m'arrache a nouveau ce morceau de bonheur que j'ai la…" Dis-tu avec une voix cassée, toi aussi aux bords des larmes. Argh stupides médicaments qui te rendaient bien trop sentimentales.

Il me semble bien que c'est la première fois que j'pleurs devant quelqu'un, hormis quand j'étais gosse, bien entendu. J'suis plutôt du genre à avoir toujours le sourire, parce que j'ai pas peur de la vie, parce que j'l'aime, la vie. Elle est peu être dur, parfois, mais c'est ça qui rend les bons moments bons, justement. "J'pleurs pas ... J'ai une poussière dans l'oeil." Un sourire se dressait sur mes lèvres. J'avais pas envie d'un moment dramatique à la noix. Merde. On devait être heureux là. On avait l'droit. Je relevais la tête vers la jeune femme pour me mettre au niveau de son visage. "J'veux que t'ailles te reposer, Septembre, s'il te plait."