SEPTIAN ∂ wait for the night that comes to hide

Ca devait faire plusieurs heures deja que Julian etait sorti de cette salle d'operation et il ne s'etait toujours pas reveillé. Les medecins disaient que c'etait normal, que son corps devait d'abord s'habituer a nouveau coeur, mais a chaque fois que tu sentas quelque chose bouger, tu esperais qu'il ouvre ses yeux. Seulement, ce n'etait pas le cas. Tu avais peur qu'il ne les ouvre jamais, ou qu'il n'accepte pas la greffe. Tu tenais sa main, pendant que tu le regardais dormir. Il semblait si paisible, un peu comme un enfant. Parfois tu revoyais encore les scenes de son arret cardiaque, pendant le Spring Break. Tu t'en voulais qu'il se retrouve dans cet etat, mais tu lui en voulais aussi de ne t'avoir rien dis sur son vrai etat. Meme maintenant, tu ne comprenais pas ses raisons et peut-etre que tu ne pourrais pas comprendre. Tu continuais de le regarder, priant qu'il ouvre les yeux bientot. Tu posais ta tete sur le lit, fermant les yeux et tu crois que le sommeil avait finir par s'emparer de toi parce que tu te souviens pas vraiment de grand chose.

Bip. Bip. Bip. Bip. Encore ce bip incessant qui perturbe mon sommeil. J'ai mal à la poitrine. Qu'est ce qui se passe. Où j'suis encore ? J'ouvre les yeux et vois Septembre, la tête posé dans ses bras, sur un lit d'hôpital. Flash par flash, je me retape les scènes qui m'ont conduites ici. Ma précédentes hospitalisation, écourtées par des envies de fuir la réalité. Le Spring Break. Septembre. Nos baisers. Nos étreintes. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que mes yeux sont encore clos. Et puis il y a tout le reste. L'arrêt. Ce coeur qui me lâche, à nouveau. La réanimation. Les remontrances. Les larmes. Les décisions. La décision. J'ai accepté. Parce qu'au fond, je le savais, j'étais condamné sans ce nouveau coeur. Ma main est entremêlées avec celle de Septembre. J'ignore depuis combien de temps j'suis là. J'ignore depuis combien de temps, elle est là, à m'attendre. Je lâche doucement ses doigts et faiblement, je passe ma main dans ses cheveux, comme pour lui signaler que oui, je suis en vie.

Tu t'etais endormie. Il fallait dire que depuis qu'il etait entré dans le bloc, jusqu'a maintenant tu n'avais pas fermé un oeil. Tu avais ete la, assise dans la salle d'attente avec une bonne vingtaine de tasse de café pour te tenir compagnie en esperant qu'on vienne te donner des nouvelles rapidement. T'avais eu le temps de reflechir pendant tout ce temps, reflechir a tout ce qu'il s'etait passé depuis Janvier et depuis le Spring Break, surtout au dernier. Tu n'avais jamais cru qu'un jour, tu retomberai dans les bras de quelqu'un mais oui, Julian avait reussi a te donner cette confiance perdue en l'homme et il y avait tellement de choses qui s'etaient passé, de bonnes choses, puis l'arret, son corps inanimé dans la chambre d'hotel, tes cris. Tu avais eu tellement peur ce jour-la et depuis tu ne quittais que rarement son cote, trop inquiete de le perdre sans lui avoir pu dire au revoir. Tu sentais soudain quelque chose bouger autour de toi, une main qui quitte la tienne. Tu ouvres tes yeux, doucement, encore endormie a moitie. Tu leves le regard et tu vois Julian eveillé. Le sourire qui se dessina par la suite sur ton visage, personne n'avait du le voir depuis des lustres. "T'es reveillé…" chuchotais-tu alors, bien trop heureuse pour en dire plus.

Son sourire était merveilleux, et j'crois qu'à cet instant, j'ai oublié toute la douleur que j'pouvais éprouver. Il n'y avait que ce sourire qui comptait. Il n'y avait qu'elle. Il n'y avait que nous. Le reste ne comptait plus. "T'es reveillé…" Son murmure laissait apparaitre un sourire sur mes lèvres, et à mon tour, j'essayais de parler. Seuls des sons faibles sortirent de ma bouche. J'étais encore assez fatigué par toute cette opération. C'était d'ailleurs étonnant que les infirmières laissent Septembre avec moi. "J'pense ouais ... À part si j'suis au Paradis ... T'es un ange, c'est ça ... ? J'ai toujours su que t'étais bien trop belle pour être réelle ..." Mais même avec la cervelle en vrac, j'avais le don de pouvoir dire de la merde en toute circonstance.

Tu te relevais et rapprochais ta chaise du lit de Julian pour etre plus a l'aise. Faut dire que tu avais ete tellement fatiguée que tu n'avais pas fait attention comment tu avais sombré dans les bras de Morphée. Maintenant, tu oubliais ta fatigue et tes cernes qui devaient former un magnifique maquillage naturelle sur ton visage. Julian peinait a parler mais a vrai dire, tu t'en fichais, il s'etait reveillé, il etait en vie et c'etait le plus important. Tu n'aurais pas survecu de le perdre, pas lui, pas apres tout ce qu'il etait passé, pas apres qu'il y avait un vous a present. Tu ris legerement a ce qu'il venait de dire. "Non malheureusement tu n'es pas au paradis et tu vas devoir me supporter encore longtemps." Tu lui attrapais alors a nouveau sa main, reprenant un peu de serieux. "Comment tu te sens?" Il avait tout de meme eu une lourde operation derriere lui et les medecins avaient dit que le bon deroulement de son reveil pourrait determiner la suite de son etat, ou un truc dans le genre.

Dans la liste des choses que Septembre faisait rarement, il y avait aussi rire. Pourtant, c'était pas faute d'essayer, mais le plus souvent, elle n'était pas sensible à cet humour qui me caractérisait tant. Peu être que j'étais pas si drôle au fond, et que c'était Blake qui était bon public. "Non malheureusement tu n'es pas au paradis et tu vas devoir me supporter encore longtemps." Je ris à mon tour. Parce que la supporter, c'était pas franchement déplaisant; c'était même un truc dont j'avais rêvé tous les soirs depuis des mois. Façon de parler. "C'est plutôt à toi de ... supporter tout ça ..." Ma voix ressemblait à celle d'un Dark Vador des temps modernes. Toutes ces heures d'intubation avait eu raison d'elle probablement. "J'me sens ... Fatigué ... Mais bien ... T'es là depuis combien de temps ?"

Depuis que tu etais sortie de psychiatrie, tu arrivais quelque peu a vivre a nouveau et a t'ouvrir et les moments passés avec Julian au Spring Break y etaient aussi pour quelque chose. Tu souriais d'avantages et riais parfois, pas souvent, mais c'etait un événement rare. Julian continuait a faire des blagues et il arrivait meme dans son etat a faire le pitre. "T'en fais pas pour moi…" Puis tu avais deja vecu bien pire avec Drake et son coma l'année passé apres la bombe, mais tu ne voulais plus y penser parce que les souvenirs de sa mort revenaient ensuite. Tu continuais de tenir sa main, ne voulant pas la lacher. "Officiellement depuis que tu es sorti….officieusement depuis que tu es entré dans le bloc…" Et tu n'avais pas dormi jusqu'a maintenant. Tu n'avais pas reussi a fermer un oeil alors que tu n'etais pas certaine qu'il aille bien.

Supporter tout ça. Supporter mon état quand j'serai en train de péter un cable à force de devoir rester allongé. Supporter la rééducation. Supporter mon caractère de "je vais bien" alors qu'au fond, j'essaierai de guérir bien trop vite. C'était ça, supporter. Sa main contre la mienne semblait ne plus vouloir me laisser partir. J'essayais de chasser cette envie de me lever, de marcher, de faire comme si de rien n'était. Parce que j'avais pas l'droit de le faire. Je devais rester allongé les six prochains jours. La torture. "Tu devrais aller dormir, Sept, tu dois être crevée." Ses cernes en était bien la preuve.

Tu savais que cela allait durer longtemps avant que vous puissiez faire quelque chose ensemble. Julian allait devoir faire doucement pendant longtemps mais tu etais prete a endurer cela. Tu avais reussi a trouver en lui une epaule sur laquelle tu pouvais te reposer sans crainte qu'il ne te juge pour tes defauts. Il t'avait appris a aimer a nouvea, a ressentir autre chose que du vide. Alors, tu serais a ses cotes pendant tout ce temps. Tu secouais la tete alors qu'il te dit que tu devrais aller dormir. Tu savais que tu devais mais tu n'en avais pas envie. "Non t'en fais pas. J'irais dormir quand tu dormiras." Faux, tu resterais surement a son chevet encore et toujours. Dormir n'etait pas un probleme pour toi, avec tes insomnies tu etais habituée a ne dormir qu'une ou deux heures par jour.

Je savais que Septembre ne partirait pas aussi facilement. Elle m'avait accompagné partout ces derniers temps. Peu être par peur de plus jamais me revoir. Mais il fallait qu'elle me fasse confiance. J'pouvais pas partir si facilement. Pas maintenant que je me battais pour profiter un peu plus du temps que j'pourrai passer avec elle. Elle était ma force et un puissant moyen de combattre ma maladie. Je m'écartais un peu sur le coté, faisant une place sur le lit pour la jeune femme. "Vient t'allonger avec moi alors."