Sio & Mallory - On fait ses gammes ?

« Normalement tu as le cours dans ton cursus, non ? » Je lui disais cela patiemment, et je rajoutais : « Je peux t’aider pour ça en plus si tu veux. Après, on peut en faire plus pour les rencontres ? Il suffit juste que j’adapte mon emploi du temps. » Je lui répondais : « 24 ans, oui, c’est un peu jeune. Oui, je suis à la Lowell House, pourquoi ? » Je continuais donc de me poser des questions. J’aurais bien mes réponses. Je ne voyais pas vraiment quoi dire, mais bon, je demandais : « Et toi ? »  

« Solfège ? Non pas spécialement… il faut dire que ma décision de prendre l’option chant est très, très récente donc ça vient peut-être après ? » Mallory ne s’était pas forcément renseignée sur tout de A à Z par manque de temps, et pour cause, elle venait tout juste de terminer ses partiels pour ses études majeures la veille au midi. « Si tu veux que l’on se voie plus souvent il n’y a pas de problèmes, l’idéal serait peut-être d’échanger nos numéros pour nous mettre d’accord ? Et sinon, pour ta maison, c’était pure curiosité. J’aime bien connaître un peu mieux les personnes avec lesquelles je bosse histoire que tu ne sois pas uniquement dans la case « inconnues » de mon cerveau. Je suis à la Eliot House pour ma part et j’ai vingt-trois ans. »

« D’accord, alors cela change tout…. » Me levant doucement, je prenais alors mon carnet, et je disais : « Bon, on va faire comme ça. J’ai un autre de mes filleuls. Il a aussi besoin de solfège. Comme ça à trois cela sera plus drôle. » Je souriais doucement, et je disais alors patiemment : « Bon, on va faire comme ça. Je te file mon numéro. » Prenant alors mon numéro sur une petite carte que je faisais pour mes filleuls, je lui donnais : « Tiens. » Restant à ma place, je lui disais : « Oh la Eliot House, j’aurais pu y aller…Mais les revenus de mon père n’étaient pas assez imposants…Enfin, tu as bien raison de vouloir en apprendre plus. »  

« On peut tout à fait organiser une rencontre en trio, ça ne me dérange pas… je peux avoir au moins son nom ? Histoire de ne pas l’assaillir de questions aussi élémentaire en le rencontrant le pauvre ! » Mallory restait pragmatique quoi qu’il en soit mais cela ne l’empêchait pas d’être enthousiaste vis-à-vis de ce programme, sans quoi elle aurait fait sentir le contraire illico presto, Siobban pouvait en être assurée. « Je te note aussi mon numéro de téléphone et mon courriel, au cas où tu en aies besoin pour m’envoyer des docs, ce serait sûrement plus simple pour toi ! Et… dois-je comprendre que tu as choisis la Lowell par dépit parce que l’Eliot t’a fermé ses portes ? Disons que je préfère savoir qui j’ai en face de moi, très vieille habitude. »

Riant un peu plus, je donnais le nom : « Et bien, il s’appelle David et il est en mathématique. Il est en sixième année. Et te dire sa maison, il n’en a pas, il vit chez ses parents. » Je l’écoutais encore et je me demandais donc pour une fois j’allais avoir une nouvelle idée. « Et bien, oui, on pourra faire tes exercices par e-mail et se voir souvent avec David. J’ai choisi la Lowell du coup parce que les bénéfices de mon père sont arrivés après. Mais, cela ne me gêne pas d’y être, j’ai bien aimé quand même être accepté. C’est une bonne confrérie. »  

« David, en maths… je crois que l’on va s’en tenir en solfège lui et moi ! Quand tu dis qu’il n’a pas de maison, tu veux dire qu’il est anti confréries ? » demanda-t-elle, non sans ponctuer ses paroles d’un petit sourire amusé. Mallory avait toujours eut une sainte horreur des mathématiques, et sans être une littéraire absolument convaincue puisqu’elle restait tout de même en droit, elle ne comprenait pas comment les gens pouvaient s’user les neurones sur des montagnes de chiffres sans queue ni tête… « Entendu, je te laisse gérer avec ce fameux David puisque tu le connais mieux que moi… mais tu n’as absolument pas tenté d’entrer à la Eliot ? Ce n’est pas qu’une question de gros sous… il y a également la position sociale et surtout tes résultats scolaires à toi. »

« Oh, il n’en veut pas. Ses parents sont trop riches pour que leur petit bout de chou soit alors bousculé dans tous les sens…..Donc il vit chez Papa et Maman…» Je l’entendais me parler et je ne comprenais pas vraiment pourquoi est-ce que je n’avais pas tenté. Mais bon, je répondais : « J’ai l’habitude de vivre avec mes moyens…Alors allez dans un monde pareil ne me plait pas trop….Donc, pour ma part la Lowell House me convient bien. Je peux danser et faire de la musique comme je l’entends. » Je continuais donc mes mots : « Oui, il suffira juste que l’on se voit tous les trois. Les résultats scolaires… ? Deux concerts par an et une tournée étant ado, cela compte ça dedans ? »  

« Oh mon dieu que je ne vois pas le rapport ! Mes parents sont riches et alors, ça ne m’empêche pas de me mêler à la plèbe… » ricana-t-elle non sans large moquerie pour ce pauvre petit bichon qui serait sans doute bizuté comme tous les autres étudiants si jamais il osait mettre un pied dans une confrérie… et alors, cela forgeait le caractère ! Si Mallory ne s’en plaignait pas, le matheux ne devrait pas non plus… « Si la Lowell te convient alors c’est le principal, je voulais avant tout savoir si cette maison n’était pas juste un choix de seconde zone, ce qui aurait été dommage, je n’ai rien contre les Lowells du tout. La plupart sont artistes donc ça te corresponds à priori… sinon si tu es populaire et que tu gardes ta vie avec ladite popularité que tu évoques oui, ça peut pencher dans la balance. C’est ce que je te disais : les parents, c’est une chose. Mais ce qui compte double, c’est surtout toi et ce que tu sais faire de tes dix doigts. »

« Bah, je ne veux pas changer….Je veux garder les pieds sur terre… » Je me demandais bien ce que je pourrais donc dire par la suite. Alors que je ne tenais pas non plus à ne rien dire, je disais : « Oui artiste jusqu’au bout des ongles. Oui, déjà là, je suis sur un petit nuage, et donc, je ne compte pas non plus commencer à partir dans tous les sens. Mes parents n’ont pas toujours eu de l’argent et donc, j’essaye de ne pas perdre pied. » J’avais dis cela tout simplement, et donc, je ne tenais pas non plus à paniquer. Mais bon, je préférais aussi essayer de comprendre le truc du comment. En tous les cas, j’espérais bien pour le moment que mon interlocutrice me réponde.   

« Justement, être ou non dans une confrérie n’influera pas forcément sur tes choix futurs » fit-elle remarquer à toute fin utile. Mallory ne laisserait personne la changer non plus, c’était une affaire entendue. Elle écoutait de temps à autre les conseils des autres mais suivait tout de même son petit bonhomme de chemin quoi qu’il advienne… c’était bien l’important, n’est-ce pas ? « Petit nuage à cause de ta réussite ? Mais je crois que le fait que tu ne veuilles pas perdre pied est ce qui va t’aider à garder la tête froide. Tu as quelqu’un de confiance dans le coin pour t’aider et te conseiller ? Un manager peut-être… rien de tel que de ne surtout pas être seule face à ça, paraît-il. »