You, me and New York ( Luke )

Luke et moi ça faisait un bout de temps qu'on ne s'étaient pas revus depuis le fameux jour où j'avais décidé de le traîner de force faire du shopping avec moi. Pour avouer ça c'était plutôt bien passé, pendant un instant c'était même devenu torride entre nous jusqu'à ce que l'on soit dérangés par la vendeuse. Cette simple pensée me faisait sourire bêtement alors que j'avais la tête posée contre le hublot de l'avion qui volait en direction de New York. J'allais revoir celui qui depuis quelques temps maintenant faisait battre mon coeur, et aussi celui qui était le papa du mini nous dans mon ventre. Le vol prenait bientôt fin, et le capitaine de l'avion annonçait la descente ainsi que la température qu'il faisait dans la métropole. J'avais pris avec moi seulement un bagage à mains mais il y avait suffisamment de place dedans pour que tout rentre sans aucun problème.

L'avion posé à terre, je me dirigeais donc vers le hall d'arrivée et c'est seulement après quelques minutes que je vis une pancarte avec mon nom écrit dessus. Certainement un chauffeur embauché par Luke. Je souriais et me dirigeais vers celui-ci qui me fit comprendre qu'il fallait que je le suive dans la voiture et qu'il me conduirait jusqu'à chez Luke.

Le voyage ne dura pas bien longtemps et au bout d'une heure j'étais en bas de chez Luke, le coeur battant assez rapidement. Je sonnais à la porte, me recoiffant ne voulant pas avoir une tête d'épouvantail.

Je voyais pas nécessairement les points négatifs dans le fait d'être infiniment riche. J'avais passé vingt deux ans de ma vie à galèrer pour pouvoir manger à la fin du mois, et là, j'avais tout simplement tous ce dont on peut rêver. J'avais tout d'abord commencé à m'acheter une voiture, une audio R8, que j'avais, par miracle, pas encore envoyé dans le décors. J'offrais pas mal de cadeaux à mes amis, en particulier à ma petite amie Ambre, avec qui j'étais au petit soins. Ambre et moi, nous ne nous étions pas vu depuis cinq ou six jours. J'avais été amené à partir sur New-York un peu plus tôt pour finaliser l'achat de mon loft à Brooklyn. Je lui avais fait parvenir un billet pour venir me rejoindre et lui avait envoyé un chauffeur pour venir la chercher à l'aéroport.

Même dans mes rêves les plus fous, j'avais jamais imaginé pouvoir me payer un truc pareil. Ce loft était spacieux, lumineux, y'avait une vie imprenable sur la baie de New-York, et il était rempli de guitares plus chères les unes que les autres. J'avais même acheté le même piano que la chambre d'hôtel où j'avais emmené Ambre il y a deux semaines. L'argent ne fait pas le bonheur, mais on peut dire qu'il y contribue grandement. Il contribue aussi à me faire replonger. Mes vieux démons. L'héro. On a toujours des mauvaises fréquentations quand on vient de mon monde. Et il ne m'a fallu que deux semaines pour retoucher aux seringues. J'avais été faible, mais tant pis. Je suis ce que je suis.

Ce matin, après une soirée plutôt mouvement avec mon amie H., j'avais vite enfilé un jean quand j'avais entendu sonner à la porte. J'm'étais réveillé en mode gros déchet sur ce canapé qui allait probablement être mon nouvel endroit pour me défoncer. Et au fond, j'adorais ça. Mon bras encore rouge au niveau des veines me faisait un peu souffrir, mais j'avais prit l'habitude de cette douleur avec le temps. J'ouvrais la porte et souris à ma petite amie, la laissant entrer.

"Bienvenue chez toi."

"Bienvenue chez toi" trois mots qui me firent sourire lorsque j'me retrouvais enfin en face de Luke. Il semblait pourtant épuisé, peut-être à cause du déménagement et de sa nouvelle vie à New York ou alors peut-être parce qu'il n'avait pas assez dormi. Je ne faisais aucune remarque et m'agrippais à son cou, me collant contre lui pour aller lui prendre ses lèvres et l'embrasser tendrement. "Tu m'as manqué." Pour ça oui il m'avait manqué, sa présence m'avait manqué, lui tout entier m'avait manqué. J'avais déjà plus envie de le lâcher et je m'éloignais tout de même un peu de lui pour le laisser respirer.

J'devais probablement l'air de pas avoir dormi depuis des mois, j'avais même pas prit le temps de remettre mes cheveux en ordre avant d'ouvrir la porte, et le soleil me fit immédiatement plisser les yeux. Je répondais à son baiser tendrement avant d'entrer et de refermer la porte derrière nous. "Tu aussi tu m'as manqué." Je me mis au milieux du salon, écartant les bras en tournant légèrement, fier de montrer ce que j'avais pu acquérir. Tout ces biens matériels bien trop cher pour la plupart des mortels. "J'ai l'impression d'être le roi du monde."

De ce que je pouvais voir le loft enfin le salon du loft était juste magnifique. C'était la première fois que je mettais les pieds ici et j'me sentais déjà chez moi, ça sentait le neuf et la peinture fraîche, Luke avait bien choisi l'endroit, sur ça, y'avait pas de doute. Luke était torse nu, les cheveux en bataille, à croire qu'il avait fait la fête la veille, mais y'avait pas une trace de bouteilles donc ce n'était probablement pas ça qui l'avait rendu fatigué "T'es au courant que tu as des cernes en dessous des yeux Luke ? Tu vas bien ?" fis-je un peu inquiète de le voir dans cet état...en général quand il était comme ça, c'était soit il avait trop bu soit la deuxième option, c'est à dire la drogue...

Ambre n'allait pas être dupe bien longtemps. Elle me connaissait bien, avec le temps, et avait apprit à vivre elle aussi, avec les démons qui m'entouraient. Elle me fit remarqué mon air de mec complètement déchiré, enfin, bien plus qu'à la normal en tout cas. Je baissais les bras et m'assis sur le fauteuil du piano qui était juste derrière moi. "Ouais, j'suis juste crevé ... Les travaux, ça m'a rendu dingue ... Bon ok. J'ai juste eu à porter mes valises, mais quand même." J'essayais de dévier la conversation, j'voulais pas qu'elle sache que j'avais replonger, j'avais peur de la perdre à cause de ça. La C. ça allait, mais les injections, c'était bien plus grave.

Il déviait la conversation et je savais parfaitement que quand il déviait la conversation, quelque chose n'allait pas. Qu'il avait fait une connerie. Et j'n'aimais pas quand il me mentait et j'n'aimais pas quand il me cachait des choses. Mon coeur rata un battement j'avais vu des marques au niveau du creux de son bras, au niveau des veines. Il avait recommencé. J'voulais pas y croire, j'voulais faire abstraction sur ce que j'avais vu, j'voulais me dire que c'était mon imagination qui me jouait des tours, que ça ne pouvait pas être possible. Quand on m'avait annoncé la mort de Léo, on m'avait annoncé qu'il se piquait et que c'était pour cette raison qu'il avait eu son accident de moto. Rien que d'y repenser, je sentais que je partais en quart de tour, et que ça allait péter . "Menteur...menteur, idiot, crétin ! T'aurais pu au moins mettre un tee shirt, j'm'en serais peut-être rendue compte plus tard ! Mais non, fallait que tu gâches notre week end alors que je viens juste d'arriver ! Depuis quand ? Hein, depuis quand tu as repris la piquouse ? Tu comptais me le cacher encore longtemps ? Tu...tu me déçois. J'n'ai même plus envie de rester..." fis-je en colère, des larmes coulant le long de mes joues. Je ne sentais plus mes jambes, j'avais l'impression de tomber dans un ravin sans fin. J'avais l'impression que mon monde s'écroulait et j'étais prête à faire demi tour et de rentrer à Cambridge...

Les larmes d'Ambre ne mirent pas longtemps à couler le long de ses joues. Je soufflais, nerveusement, attrapant un sweat qui trainait dans le coin. Le truc que j'aurai du faire avant d'ouvrir la porte. Au moins là, elle arrêtera de lorgner sur mon bras. "Tu sais qui j'suis putain, Ambre ... Est ce que ça te surprend encore." Je me levais, avançant vers elle pour la prendre contre moi. J'voulais pas qu'elle se mette dans ces états. Elle m'avait déjà vu de nombreuses fois sous l'effet de l'hero, l'an dernier, quand j'carburais pas mal au niveau des injections.

Bien sur que j'l'avais déjà vu dans cet état...Bien sur que j'le connaissais, bien sur que je savais déjà tout ça. J'pensais juste pas qu'il reprendrait. Il avait remis un sweat, j'n'avais pas envie qu'il se fasse du mal comme ça. Je ne l'avais même pas vu s'approcher de moi et je sursautais presque, j'hésitais entre le repousser ou rester dans ses bras. Mais j'n'avais pas la force de me disputer avec lui. J'voulais pas me disputer avec lui. Mes larmes coulaient toujours, et j'restais dans ses bras, là, silencieuse. Quand il s'infligeait ça, j'avais l'impression que c'était plus moi qui en souffrais. Mais pourtant je l'aimais, plus que tout. Je ne le lui avais encore jamais vraiment dit. J'm'en rendais compte maintenant. "Je sais que j'devrais y être habituée. Mais j'y arrive pas. J'suis désolée. Tu t'rends pas compte à quel point je t'aime. Je t'aime depuis ce jour où on s'est retrouvés. J'ai besoin de toi dans ma vie, avec ou sans tes défauts."

Malgré le côté dramatico-romantique de la situation, un sourire se dressait sur mes lèvres lorsqu'elle me révéla être amoureuse de moi, et ce, depuis nos retrouvailles. Je lui relevais le menton pour la regarder dans les yeux, et sécher ses larmes du dos de ma main. "Bébé, je te promets qu'il m'arrivera rien, d'accord ?" Je lui embrassais tendrement le front avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, puis me dégager d'elle pour l'abandonner un instant, rejoignant la salle de bain, et m'enfermant à l'intérieur. J'ouvris tous les tiroirs, paniqué, puis récupéré la poudre blanche qui y était caché. Un nouveau rail, et ça repart. Je ressorti et prit la main de la jeune femme. "Faut que j'te montre la vue de dingue que j'ai."