(flashback) Calis + this another missed act...

« Est-ce que c’est ton… fantasme ? » demanda-t-elle, une pointe de panique dans le fond de son regard et de sa voix. Merde, Thaïs faisait partie de la maison Cabot certes mais s’il fallait qu’elle jalouse l’intégralité de ses membres, elle n’y arriverait jamais et finirait même épuisée au passage. « Ah non m’appelle pas Georgette c’était une blague ! » fit-elle avant que leur duo ne vive une accalmie sensuelle somme toute relative car même un jive ne parvenait pas à calmer leurs ardeurs. C’était presque pire justement car le rythme ne faisait qu’augmenter les pulsions, du côté de la jolie irlandaise en tout cas. « Je ne sais pas quoi dire ou quoi faire Caleb… » fit-elle en se frottant les deux bras à l’aide de ses mains, évitant de s’allonger à côté de lui de peur que ce ne soit pire. « Est-ce que tu veux que je m’en aille et que je revienne quand… ben… ce sera fini ? »

« Non… Toi, tu es mon fantasme, les autres femmes de ta maison, je m’en tape un peu à quelques exceptions près mais c’est parce que mes meilleures amies en font partie. Le reste, je ne fantasme pas sur un troupeau de femmes même en chaleur » rétorquais-je avec ma douceur légendaire mais en même temps, j’avais beau avoir un passif un peu de séducteur, il n’en restait pas moins, que je ne courrais pas après les femmes. « Tu sais que ça te va bien pourtant ? Y a Lucette aussi… En ce moment, je pourrais facilement sortir : c’est le jeu ma pauvre Lucette »rigolais-je avant que nous passions brièvement par l’étape de la danse qui ne fit que nous allumer bien que nous ayons choisi une danse pour le moins sage. J’en finissais allongé au sol, les mains sur le visage à grogner comme l’homme frustré que j’étais. « Je n’ai pas envie que tu t’éloignes mais… si on ne peut pas conclure… On peut quand même se toucher non ? Et j’ai cruellement besoin de te sentir près de moi » murmurais-je avant de me redresser et de l’attraper par la taille pour venir l’allonger à mon contact. « Tu as tes règles combien de temps généralement ? »

Thaïs avait passé l’intégralité de leur séance d’entraînement allongée sur le parquet froid, entre les bras de Caleb, à parler de tout et de rien pour oublier de lui avoir avoué qu’en général, ses règles duraient quatre jours, et se terminaient donc dans trois. Pendant ce laps de temps là, après qu’ils se soient séparés en multipliant les baisers les plus sulfureux comme s’ils ne voulaient pas s’éloigner l’un de l’autre, la jolie blonde n’eut guère de nouvelle de son bel allemand. Elle en était presque désespérée mais d’un autre côté, elle ne pouvait pas le forcer ou même risquer qu’ils ne s’allument plus encore. Résultat, elle était restée toute aussi silencieuse, n’acceptant l’invitation de son meilleur pote, Tommy pour un gala de charité que parce qu’elle avait l’impression de devenir barjo toute seule. « Rappelle-moi pourquoi je suis venue ici et sans canne en prime ? Faut vraiment que je t’ai à la bonne ! » soupira-t-elle non sans accepter en prime son invitation à danser pour un tango des plus réussis avant qu’il ne la laisse près du bar, lui promettant de devenir d’ici dix petites minutes le temps de saluer un consul quelconque.

J’avais fait des calculs d’apothicaire avant de me résoudre à me rendre à ce gala seul. D’ordinaire, j’y allais toujours seul mais j’avais voulu inviter Thais malheureusement, sa période n’étant pas terminé et comme je refusais de nous astreindre à une nouvelle soirée frustrante, j’avais préféré me taire et venir en solo. Par ailleurs, mes parents étant présents, je me voyais mal leur présenter ma petite-amie lors de ce genre d’événement froid et impersonnel à souhait. Non, je désirais beaucoup mieux pour Thais mais encore une fois, le destin se joua de mes désirs pour me remettre la jeune femme sur ma route. Toutefois contrairement à d’habitude, je n’étais pas très heureux de la voir. La raison ? Je venais d’assister à un tango des plus sulfureux entre elle et ce…connard. Oui, connard car je savais que ce n’était pas un danseur professionnel, j’avais l’œil à ce sujet alors le tango prenait une allure bien plus personnelle. J’étais blessé, en colère également avec la sordide impression d’avoir pris un train non pas en marche mais en pleine poire. « Encore du travail ce soir ou cette fois-ci c’est pour le plaisir ? » demandais-je froidement après m’être approché d’elle. Au ton de ma voix, elle pouvait être certaine que je n’étais pas des plus chaleureux à son égard. « C’est qui ce type ? »

Thaïs poireautait devant le bar sans oser commander quoi que ce soit, ne s’attendant en aucune façon à entendre la voix grave et suave de Caleb. « Heu non je ne travaille pas mais… bonsoir à toi aussi » fit-elle les yeux écarquillés après s’être tournée vers lui, ne comprenant pas cette froideur dont il n’avait plus fait preuve à son égard depuis qu’ils s’étaient expliqué et qu’elle lui avait avoué ses sentiments. « Pourquoi avoir cette voix si froide ? » ne put-elle s’empêcher de demander, sourcils froncés, manifestement blessée de cet élan envers elle surtout que Thaïs n’estimait pas le mérité : elle n’avait trompé personne, juste accepté d’accompagner un ami et de danser une fois avec celui-ci. « Je suis venu avec mon meilleur ami. Mais il semblerait que ce soit un crime vu comment tu me le demandes… on dirait que j’ai commis le crime du siècle et que c’est un interrogatoire que tu m’envoies dans les dents ! Qu’est-ce que j’ai fais de mal, explique-moi ? »

Ainsi donc, elle n’était pas là pour travailler mais pour le plaisir ? C’était du moins la question que je me posais car je n’avais jamais imaginé que Thaïs et moi puissions appartenir au même monde. Il n’y avait rien de péjoratif dans cette réflexion mais il ne me semblait pas l’avoir jamais vu exprimer un quelconque amour des mondanités. « Peut-être parce que je suis contrarié » répondis-je laconiquement tandis que je ne pouvais m’empêcher de vouloir la serrer dans mes bras, d’avoir le besoin de la toucher, de l’embrasser seulement ma colère faisait que je restais assez éloigné, en retrait de sa personne. « T’es sûre que c’est ton meilleur ami ? Non parce que votre tango était chargé en sensualité et vos corps avaient de bien s’entendre pour ainsi dire » rétorquais-je tandis que je faisais ma tête de mule puissance dix mille. « Je ne savais pas que c’était ton dada les soirées mondaines. Je vais finir par croire que je ne sais fatalement rien sur toi » ajoutais-je tandis que je buvais une gorgée de champagne pour me détendre.

« Contrarié ? Mais pourquoi contrarié au juste ?? » s’étonna aussitôt Thaïs sans comprendre. Il ne lui semblait pas avoir fait quoi que ce soit de préjudiciable mais sûrement Caleb voyait-il les choses bien différemment. La jolie irlandaise n’eut une véritable idée de la question qu’une fois qu’il reprit la parole, lui arrachant un violent froncement de sourcils. C’était donc ça… en vérité, seule la jalousie s’exprimait à l’heure actuelle, l’aveuglant joyeusement au point qu’il ne la questionne comme une « criminelle ». « Je vois… » fit-elle non sans se mordre violemment la lèvre inférieure au passage, s’empêchant en fait de hurler. « C’est ça que tu penses de moi ? Que je vais te tromper dès que tu as le dos tourné ? Il s’agit bien de ça pourtant ! Pour info, ce n’est pas parce que j’ai accepté de danser avec quelqu’un qui n’est pas toi qu’il se passe quoi que ce soit entre lui et moi ! Tu es jaloux, c’est tout, mais je ne t’ai pas entendu me proposer de m’accompagner… tu ne m’as pas invitée ni appelée pendant trois jours ! Alors merde Caleb… je n’ai rien fait mais si tu considères que danser avec un pote est un crime alors je te le concède, je suis criminelle ! »

Je ne connaissais pas Thais, je ne pouvais pas anticiper ses réactions ni même savoir si oui non elle pourrait me tromper un jour. J’avais eu une mauvaise expérience et depuis, il est vrai que je me montrais peut-être un peu trop méfiant mais c’était la vie qui voulait ça. On ne se prend pas des baffes dans la gueule pour tendre l’autre joue. « Je ne pense rien du tout, je n’ai pas dit ça ! » grognais-je. « Tu sais très bien pourquoi je ne t’ai pas proposé de venir alors arrête avec ça et oui je suis jaloux. Pourquoi, je n’ai pas le droit de l’être ? Lorsque je vois la femme que j’aime danser un tango qui foutrait même la gaule à un petit vieux, excuse-moi de réagir comme un con ! » grondais-je d’un ton toujours semblable à un murmure car je ne voulais pas du tout qu’on m’entende –surtout pas dans ce genre de soirée où j’étais sensé être le gentil fiston de l’ambassadeur Weyss.

Rien pensé du tout, vraiment ? Thaïs n’en n’était pas si sûre et justement cela lui déplaisait bien au-delà des mots. Mais si Caleb refusait de lui donner ne serait-ce qu’un peu de sa confiance, ils allaient droit dans le mur et la jolie irlandaise ne l’acceptait tout simplement pas. « Non je ne sais pas, justement tu vois ! » s’emporta-t-elle non sans rester aussi discrète que lui, n’ayant pas l’intention de lui porter tort. Thaïs n’avait peut-être pas une habitude fabuleuse de ce genre de soirée, mais elle n’était pas idiote : dans un gala, on ne prononce pas un mot plus haut que l’autre et la réputation compte triple… ainsi que les bévues. « Tu es libre de faire ce que tu veux Caleb, là n’est pas la question… mais bordel bonjour l’image gore ! » s’exclama-t-elle subitement sans aller finalement au bout de sa pensée. « J’ai rendu service à un ami en venant ici, il m’a invitée à danser alors oui j’ai accepté parce qu’au moins, pendant ce laps de temps là, je n’ai pas fait office de potiche ! Maintenant si tu as l’intention de m’envoyer péter toute la soirée dis-le franchement, comme ça je m’en vais et ce sera beaucoup plus simple pour tout le monde ! Ne me dis pas que tu ne danses jamais à ce genre de soirée… je ne te croirais pas. C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité ! »

« Ouais ben gore ou pas, elle a l’intérêt d’expliquer le fond de ma pensée alors merde » murmurais-je vivement car je n’étais pas connu pour mes images poétiques bien au contraire. Le pire dans toute cette histoire, c’est que je m’étais dévoilé à elle et qu’elle n’avait semble-t-il même pas capter la chose, me rendant d’autant plus frustré car je me savais incapable de réitérer la chose avant un moment. « Eh bien pour ton information, sache qu’effectivement, je ne danse pas lors de ces soirées ! Je joue à la potiche comme tu dis si bien » marmonnais-je car il était hors de question que je danse alors que ma mère n’était pas loin. J’avais toujours l’impression avec elle d’être dans un concours de danse, m’ôtant ainsi toute envie de danser rien que pour le plaisir de danser. « Ma mère est juge pour le Blackpool alors hors de question que de danser devant elle ! » lui expliquais-je signalant de ce fait que mes parents n’étaient pas loin pour le coup.