(+ Anna FLASHFORWARD) Quand le volcan explose

« Je prends bien note ! Moi devenir mâle dominant dans couple alors ! » plaisantais-je comme à mon habitude mais Anna devait me connaitre pour savoir que j’avais bien saisi le message et qu’à l’avenir, j’exprimerai davantage ma nature protectrice à son égard. J’avais toujours besoin de l’exprimer pour me sentir bien, il suffisait de voir combien je couvais ma fille pour comprendre que c’était presque maladif chez moi –bien que je le montrais différemment, par des petits attentions. « Tu sais très bien que j’ai une imagination débordante dans ce domaine et puis… j’ai deux trois idées très intéressantes si tu vois ce que je veux dire » glissais-je un lourd sous-entendu accompagné d’un clin d’œil qui ne laissait franchement pas de place au doute concernant le caractère sexuel desdites activités. Toutefois, c’est avec une moue attendrie que je l’écoutais et l’observais fouiner dans les modèles de vêtements pour bébé. Elle semblait si heureuse, tellement dans son élément que je ne pus résister à la tentation de la prendre en photographie, moi l’anti-photo par excellence. Il faut croire qu’elle commençait à me donner son virus vu le nombre de photos qui commençaient à grossir ma galerie sur mon smartphone. « C’est un choix parfait mais pitié pas trop de rose. Qu’est-ce que tu penses de ce body ? Il est génial ! » lui montrais-je. Il était simple, tout blanc mais le texte était plus qu’explicite : I love my daddy.

« Voilà… moi Jane, toi Tarzan ! » plaisanta-t-elle de bon cœur car après tout, l’organisation de Samuel n’engendrait pas la morosité, bien au contraire. Surtout pas alors qu’il sous-entendait des activités disons plus… sensuelles et nettement moins habillées que celle à laquelle ils allaient s’adonner pour habiller leurs jumeaux. « Je crains qu’il ne faille que tu m’éclaire après notre shopping mon cœur, car vois-tu, j’ai décidé de ne pas réfléchir et de ne pas deviner quoi que ce soit durant notre séjour ici ! Toi mener barque ! » Ceci dit, Anna dévoilait un pan de sa personnalité ici que Samuel n’avait que peu ou pas du tout entrevu jusqu’à lors : non seulement elle pouvait avoir de grands élans romantiques quand elle s’y mettait, mais elle pouvait également se comporter comme une grande gamine rêveuse pour peu qu’on lui en laisse l’occasion. « Ton tien est parfait ! Que penses-tu de ce body également ? My mommy is the best… c’est profondément révélateur je trouve et au moins, il est rouge est blanc, plus classique ce n’est pas possible ! Tu vois que je t’écoute, pas trop de rose… »

« Et c’est qui, qui fera le rôle Chita ? » demandais-je avant de rire de notre connerie mutuelle. Ce soir, j’avais l’impression de retrouver mon Anna du Connecticut quand tout était simple, quand nous passions notre temps à délirer tous les deux sans se prendre la tête, juste profitant de l’instant présent en compagnie de l’autre. « Ah oui ? Madame se laisse porter par les événements hein… Alors imagine toi, moi, dans l’imposante baignoire de notre suite, nous ferions tendrement l’amour, bercés par l’eau chaude et mousseuse puis, je te soulèverai dans mes bras pour t’amener dans le lit où à nouveau, je te ferais tendrement l’amour… Est-ce que ces deux activités te plaisent ? » lui avais-je murmurais-je avant de déposer un baiser juste derrière son oreille non sans lui sourire, de celui que j’aimais offrir aux femmes que je désirais séduire. « J’en pense que c’est un super body… Oh regarde les petits chaussons : 50% maman, 50% papa ! » m’exclamais-je par la suite en agitant devant ses yeux, les fameux chaussons avec les inscriptions sur chacun des petons. «Tu sais que tu as le droit à du rose, c’est juste que je ne veux pas tomber dans la facilité du bleu pour le gars et le rose pour la fille… D’ailleurs, on n’a pas discuté de la marraine et du parrain. Des idées ? »

Anna ne répondit pas à sa première phrase, se contentant d’esquisser une petite moue humoristique comme souvent, avant qu’il ne lui arrache davantage un sourire à la fois provocateur et satisfait à ses différentes propositions. « Je ne sais pas si tu as bien fait de dévoiler tout de suite tes cartes car il se peut que je sois curieuse de voir comment tu te débrouilles… ceci dit ne pose pas cette question voyons, tu connais déjà ma réponse ! » reprit-elle non sans lui mordiller discrètement l’oreille, histoire qu’elle ne soit pas la seule à attendre ce fameux moment avec impatience. Mais il ne fallait tout de même rien précipiter, pas alors qu’ils se trouvaient en plein choix draconien de tenues pour leurs jumeaux à naître. « Oh j’adore les chaussons ! Ils sont tout doux en plus ! » s’exclama-t-elle en plaçant un chausson sur deux doigts pour mieux faire semblant de marcher dans l’atmosphère, complètement gaga de ces deux petites choses. « J’aime bien le rose, j’avoue… j’en mettrai un tout petit peu aussi dans la chambre, tu n’y couperas pas ! Je dois avouer que je n’ai aucune idée de parrain et de marraine… tu y as réfléchi ? Avec la peste et tout ça… j’ai surtout pensé à notre survie à tous les quatre et pas au reste. »

« Crois-moi, je ne dévoile jamais entièrement mon jeu alors tu peux être certaine mon amour que tu n’es pas au bout de tes surprises durant ce week-end, j’ai deux trois idées en réserve et je peux t’assurer qu’elles n’ont rien de chastes » répondis-je d’une voix rauque tandis qu’elle me mordillait l’oreille. Bon sang, j’allais lui faire l’amour-là maintenant si je ne calmais pas le jeu. Or, j’avais bien envie de terminer cette partie de shopping pour être tranquille par la suite. « Je n’ai pas réfléchi à la question mais j’aimerai bien que Nicolaï soit l’un des parrains et Thaïs, l’une des marraines si tu n’y vois pas d’objection » répondis-je par la suite quand j’abordais ce fameux thème qu’était le choix du parrain et de la marraine. L’inconvénient ou l’avantage –au choix ; d’avoir des jumeaux, c’est qu’il fallait deux parrains et deux marraines. « En parlant de chambre, regarde sur mon portable, j’ai pris quelques photos de ton autre surprise » lui dis-je en lui tendant mon smartphone pour qu’elle puisse voir la chambre que j’avais créé de mes propres mains.

« Il faut que tu arrêtes de m’asticoter comme ça sinon je risque d’écourter moi-même la séance de shopping tant je suis curieuse ! » fit-elle en étant diablement sérieuse car Anna, bien que toujours toute en retenue, adorait les étreintes vécues en compagnie de Samuel. Cela lui permettait de prouver plus aisément ses sentiments même si elle ne se lançait que rarement dans de grandes envolées lyriques d’un point de vue verbal. Là-dessus, il la battrait toujours, c’était l’évidence même. « Pourquoi y verrais-je une objection ? Le premier est russe et je connais la deuxième depuis des années, sans compter qu’elle a toute ma confiance ! Je proposerais bien à ma sœur d’être l’une des marraines et à Caleb l’un des parrains, ce serait logique selon moi… » Dernièrement, elle avait fait bien plus connaissance avec l’allemand et devait admettre qu’elle l’appréciait. C’était sa façon de le lui prouver. « Tu as fait tous les meubles toi-même ?! Mais attends chéri c’est absolument fabuleux ! » s’exclama-t-elle après avoir choisis encore quelques bodys et pris le téléphone de Sam entre ses mains. « Je pourrais voir cette merveille de mes propres yeux ou tu la caches jusqu’à l’accouchement ? »

« Non non, on finit la séance ! Je tenais simplement à te dire qu’au poker, je suis imbattable et que je suis bien trop joueur pour me contenter de balancer mes cartes comme ça, comme si de rien n’était. Avec moi, amour de ma vie, tu ne seras jamais à cours de surprise » murmurais-je non sans lui voler un baiser avant que le sujet de nos jumeaux et de leurs parrains respectifs ne viennent sur le tapis. « Bonne idée, je suis certain que cela fera plaisir à Caleb et puis, ça lui changera les idées » hochais-je la tête car j’avais beau toujours emmerder mon gendre préféré, il n’empêchait que je l’adorais réellement et que je n’aurais jamais rêvé mieux pour ma fille. Bon, s’il pouvait arrêter de se droguer ça serait mieux mais qui étais-je pour lui jeter la pierre finalement ?! Nous combattions tous les deux nos propres démons. « Non tu pourras les voir à notre retour. J’ai terminé le dernier meuble durant ta dernière garde. Avec cette connerie de peste, je me choppe des insomnies à répétition… Ma couette me manque » boudais-je ce qui n’était pas sans rappeler une certaine jolie blonde. Telle père telle fille après tout. « D’ailleurs, j’ai un dernier cadeau pour toi ! » lui dis-je avant de lui tendre un paquet cadeau assez imposant contenant un énorme album photo. « Tu m’as confié que c’était important pour toi alors j’ai essayé de regrouper toutes les photos que je pouvais tout en me disant que nous pourrions en faire tous les deux » avouais-je assez gêné de me montrer sous un jour aussi vrai.

« C’est bien ce qui m’inquiète ! Il faudra que Thaïs m’apprenne le poker et surtout à bluffer ! » avoua-t-elle non sans esquisser une petite moue bien qu’il ne faille pas la prendre pour argent comptant : Anna n’était que trop contente d’être comblée de cette façon, car elle sentait les uns après les autres tous les efforts fournis par Samuel… diable que c’était délectable dans le genre. « Je crois aussi que c’est une bonne idée. Disons que de tous les gendres potentiels que tu aurais pu avoir avec ta fille, c’est de loin le mieux. » Anna en connaissait quelques uns, il allait sans dire, mais son premier contact avec Caleb l’avait confortée dans cette idée. Certes, on pouvait le trouver réservé, ours mal léché mais si Samuel avait réussi à faire fondre l’épaisse couche de glace qu’Anna possédait autour d’elle, alors Thaïs serait sûrement capable du même miracle avec son futur mari, si ce n’était pas déjà fait. Mais pour l’heure, Anna se contenta de remercier les vendeuses pour mieux s’asseoir sur l’un des canapés de la suite et recevoir ainsi un paquet cadeau plutôt énorme contenant un… appareil photo. « Toi, le plus réfractaire des réfractaires aux photographies… tu m’offres un tel instrument de torture ? T’ai-je déjà dit combien tu étais parfait chéri ? » fit-elle d’un ton mi amusé mi sérieux avant de s’emparer de son téléphone et de faire l’expression la plus radieuse aux côtés de Samuel afin d’immortaliser ce moment unique. « Souvenir ! »

« Ah non, je refuse catégoriquement que tu apprennes à bluffer… Ce serait pas du jeu du tout et puis après, tu vas me faire tourner en bourrique et des deux, je suis le seul à avoir le droit de te rendre chèvre, c’est mon domaine de prédilection d’emmerder les gens » secouais-je vivement la tête. Non et non. Si Anna se mettait à vouloir bluffer, je risquais de plus m’en sortir ni même arriver à lui résister d’une quelconque façon –déjà que j’avais excessivement du mal. « Faut croire que dans la famille, nous sommes doués pour choisir nos partenaires » lui souriais-je néanmoins quelques secondes plus tard avec fierté. Le défilé se termina peu après et je la regardais s’asseoir sur un des canapés pour mieux ouvrir son paquet cadeau. « Humm tu ne le dis pas suffisamment à mon goût, redis-le que je suis le plus parfait des hommes pour voir ? » la taquinais-je non sans venir m’accroupir en face d’elle, posant mes mains sur ses genoux avant d’être à nouveau immortalisé dans une photographie. Qu’est-ce que je pouvais détester ça mais si ça lui plaisait, je pouvais bien souffrir quelques secondes non ?! « J’ai juste envie de te faire plaisir Anna. Tu es la personne que je désire le plus choyer et je me suis retenu tellement de fois de peur de paraitre ridicule mais quand je vois comment tu es ce soir avec moi, je me traite d’imbécile, tu ne peux pas savoir à quel point » soupirais-je avant de prendre une de ses mains et d’y déposer un baiser.

« Donc, si je traduis bien, tu serais emmerdé que je puisse moi t’emmerder ? » Vrai que le domaine de prédilection de Samuel était d’emmerder les gens mais Anna ne le voyait pas uniquement de cette façon, loin de là. Ceci étant elle éclata bientôt de rire à sa remarque même si elle la partageait : ils étaient fait l’un pour l’autre au même titre que Caleb et Thaïs étaient deux âmes sœurs inséparables. L’allemand pouvait toujours craindre que sa femme ne s’en aille après avoir retrouvé la vue, cette dernière préfèrerait sûrement s’arracher la gorge plutôt que de l’abandonner. « Pour que je redise une telle chose mon ange… va falloir le mériter » fit-elle en esquissant un clin d’œil presque singé, essayant de se lâcher pour que cette soirée n’en soit que plus merveilleuse. « Disons que je redeviens une gamine dès que l’on me fait un cadeau mais chéri, nous avons toute notre vie pour évoluer… je suis la plus heureuse du monde de toutes ces surprises mais je t’aurais attendu. Je t’attendrai toujours Samuel il ne faut pas croire… »