(+ Anna FLASHFORWARD) Quand le volcan explose

« Elle est douée avec la gente masculine ? Merde alors ! Bouge pas je vais aller lui filer mon numéro ! » m’exclamais-je faussement intéressé avant de secouer la tête de droite à gauche. Si elle pouvait savoir le nombre de femmes dans le genre de cette infirmière que j’avais croisé dans ma vie, mise dans mon lit pour oublier même leur prénom au bout de cinq minutes de conversation. Je me fichais bien qu’elle soit bien gaulée, qu’elle fasse des fellations du feu de dieu. Je m’en fichais totalement. « Anna… petit cœur… Je me fiche de cette bonne femme ou que tu ais des kilos en trop. Bon sang, t’es enceinte de mes enfants et à mes yeux, tu es la plus sexy de toutes les femmes même enceinte. Tu ne peux pas savoir au contraire l’effet que me fait ton corps qui s’arrondit pour que les deux petites vies qu’il porte en lui s’épanouissent. Cette nana peut écarter les jambes où, quand et avec qui elle le souhaite. Je m’en tape comme de ma première chaussette ! C’est ça que tu ne veux pas comprendre, c’est que j’ai beau parler, rigoler ou même sourire à d’autres femmes au final, elles ne sont rien dans ma vie si ce n’est que quelques minutes à patienter avant que la femme de ma vie me revienne. A mes yeux, tu es la plus canon »

Autant dire qu’Anna manqua la syncope et frappa l’épaule de Samuel non sans une légère violence pour lui faire comprendre à quel point elle ne goûtait pas du tout l’humour, même si elle avait compris qu’il en s’agissait effectivement. « T’es qu’un mufle, O’Donoghue » nota-t-elle en râlant à moitié bien que cette fois, elle ne l’ait pas vraiment pris mal. Disons qu’elle essayait de rester calme et de ne pas repasser en mode furie. « Autant tu me dis souvent que je suis la femme de ta vie, autant tu me dis rarement que je suis sexy ! Tu ne pouvais pas commencer par ça non ! Il faudrait savoir prioriser les choses, Monsieur l’archéologue ! D’ailleurs c’est très inconfortable la grossesse parfois j’ai l’impression d’avoir le corps en feu et lorsque je suis en train d’opérer… c’est très pénible. Tu ne connais pas ta chance de rester svelte quoi qu’il advienne, j’en serais presque admirative ! »

« Quoi ? Je suis pas un mufle, tu me sors des arguments débiles, c’est tout » me défendis-je non sans déposer un baiser sur ses lèvres pour l’apaiser. Je voulais tant qu’elle comprenne et qu’elle retienne le fait qu’une nana même de playboy pouvait bien se trimballer à poil devant moi et me faire du rentre-dedans méchamment, rien ne changerait au fait que je resterais fidèle à une seule femme : Elle. « Mais tu es sexy !! » m’écriais-je. Je n’avais pas pour habitude de faire des compliments à tour de bras mais je voulais bien apprendre si cela pouvait m’éviter des crises de jalousie car autant je trouvais cela mignon les premières minutes, cela avait le don de m’agacer prodigieusement les autres minutes. J’avais l’impression dans ces cas-là de parler à un mur et c’était très inconfortable surtout pour un homme aussi peu assuré que moi car oui, question manque de confiance, Anna n’avait pas le monopole. J’avais tout simplement d’autres façons de l’exprimer. « Je te signale que je fais du sport pour rester aussi svelte. Pas envie que tu te tires avec le premier chirurgien que tu croiseras » lui souriais-je avant de pencher la tête sur le côté, amusé. « Le corps en feu ? Comment ça ? Genre tu as envie de faire follement l’amour pendant que tu opères ? » la taquinais-je. « J’espère que tu penses à moi pendant ces moments-là ! »

« C’est faux et pure calomnie ! » lui opposa-t-elle aussitôt en grognant bien qu’elle n’en pense pas moins. Anna s’était considérablement détendue en l’espace de quelques minutes à peine et ce n’était pas peu dire… rien que d’entendre de la bouche de Samuel en personne qu’elle était sexy, cela valait tous les massages thaïlandais du monde par exemple en la matière. « Mais tu as une plastique parfaite chéri… et je n’ai pas l’intention de me « barrer avec un chirurgien » comme tu dis si bien, on se tirerait bien trop dans les pattes… détends-toi, je n’ai d’yeux que pour toi, je n’aurais pas accepté ta demande en mariage ou de porter tes enfants dans le cas contraire, tu ne crois pas ? » fit-elle en arquant un sourcil presque défiant pour mieux reprendre, l’air extraordinairement sérieux : « Eh bien… c’est effectivement ce genre d’envie que j’ai et qui me vaut une douche tiède juste après à défaut de pouvoir la faire froide. Et je ne sais plus exactement à qui je pense… possible que ce soit toi, qui sait ? »

« Je sais, on m’appelle dieu dans l’intimité » répondis-je non sans afficher une parfaite tête à connerie avant de prendre un air partiellement sérieux « Tu es au courant que techniquement parlant, tu n’étais même pas consciente de porter mes enfants ? Je dis ça, je dis rien, tu as pas totalement accepté, ça t’est tombé sur le coin de ton magnifique visage du jour au lendemain » la charriais-je avec tendresse avant de rigoler à sa propre taquinerie. « Madame ne sait même plus à qui elle pense quand elle a envie de faire l’amour ? Je pourrais me vexer… Tu as combien d’amants imaginaires que je puisse savoir contre qui je dois me battre pour te garder ? » lui demandais-je non sans l’embrasser avec passion comme pour lui ôter toute envie d’aller s’imaginer dans d’autres bras que les miens. « C’est dommage que je ne puisse pas venir te soulager mais en même temps… Pas sûr que ce soit moi dont tu ais envie sur le moment. Peut-être de Paul, Pierre ou Jacques ? » ajoutais-je non sans humour.

« Ah ? Je pensais que l’on t’appelait modeste… » ironisa-t-elle aussitôt en tentant à son tour de jouer avec les armes du second degré bien que Samuel soit largement plus doué qu’elle ne le serait jamais, il allait sans dire. Non seulement parce qu’il avait plus de pratique mais aussi le tempérament pour, fondamentalement. « Peut-être mais c’est un détail, j’ai quand même dû accepter ta demande, non ? Ceci dit je ne sais pas combien d’amants imaginaires j’ai sous la douche… ils sont tellement nombreux ? Sam, Samuel, mon canard, Monsieur Indiana Jones, Monsieur le prof de Harvard… tu ne sais pas à quel point j’ai beaucoup d’appellation pour toi mon cher une fois que ma froideur habituelle a fondu » précisa-t-elle sans pour autant ne pas lui rendre son baiser avec la même passion dévorante dont il faisait actuellement preuve. « En même temps il ne me faudrait pas grand-chose pour que cela recommence bien que ce ne soit pas franchement l’endroit idéal, mon ange. Je ne suis pas exhibitionniste. »

« Non, ça c’est mon second prénom » lâchais-je du tac au tac face à son ironie, un grand sourire barrant mon visage. Je n’avais pas mon pareil pour me foutre de ma propre tête alors ce n’était pas l’ironie d’Anna qui allait me vexer surtout qu’elle n’avait pas tort mais bon… Il fallait bien se lancer des fleurs de temps en temps, ça faisait du bien au moral et aux chevilles. J’éclatais de rire quand elle dénombra le nombre de ses amants. Bon sang, elle n’avait pas son pareil pour me faire rire que le baiser qui suivit fut d’autant plus passionné. « Ah bon ?! Dommage, on l’avait jamais fait dans ton bureau et puis, tu as de la chance, j’ai prévu bien d’autres choses pour toi ce soir et te faire l’amour n’est pas encore à l’ordre du jour enfin pas maintenant il va s’en dire » rétorquais-je avant de lui demander de patienter quelques instants. Je sortis du bureau pour revenir avec un long paquet sous le bras mais aussi un magnifique bouquet de fleurs que j’avais confié à mon arrivée à cette fameuse marie couche toi-là pour que ma surprise soit complète. « Je t’avais promis une soirée romantique non ? » lui fis-je un petit clin d’œil. « Je te laisse le soin de te préparer petit cœur, je t’attends dehors » murmurais-je en lui volant un baiser pour mieux filer à nouveau du bureau. Pas sûr que je saurais rester sage si je la voyais se déshabiller pour enfiler la magnifique robe que j’avais fait venir d’Italie spécialement pour elle (avec les escarpins qui allaient avec en veillant bien sûr que la hauteur des talons soit respectueuse de sa grossesse).

« Mon bureau est un lieu de travail, pas de débauche ! » répondit-elle à son tour du tac au tac avant que Samuel ne la fasse patienter quelques instants dans son fameux bureau pour mieux revenir avec un bouquet… plutôt impressionnant mais aussi une tenue pour qu’elle puisse se changer. Anna n’eut même pas le temps d’en placer une qu’il disparaissait déjà, manifestement fiérot de sa petite manœuvre. La jolie russe ôta son ensemble bleu de chirurgien ainsi que sa blouse pour mieux enfiler la robe qu’il lui allait à merveille et la rendait même radieuse avec ses rondeurs de grossesse. Autant dire qu’elle risquait d’affoler les foules, y compris à l’intérieur de l’hôpital où elle était plutôt connue pour sa froideur et sa distance. « Suis-je à ton goût pour une soirée romantique ? » demanda-t-elle en sortant de son bureau, après avoir pris le temps de se faire un joli chignon et de se repoudrer le nez. « Je te l’accorde, je n’avais rien vu venir » conclut-elle en déposant un baiser aussi léger qu’une brise contre ses lèvres.

Une fois, Anna m’avait dit qu’elle aimerait plus de romantisme et d’attentions de ma part et ses paroles n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd bien au contraire. J’avais beau faire celui qui s’en foutait 24h24 de l’opinion ou des désirs des autres, il n’en allait pas de même avec ceux de ma fiancée. Aussi, quand Anna se plaignait de quelque chose, j’enregistrai la donnée pour mieux essayer de solutionner le problème bien que là, il n’en s’agisse pas vraiment d’un. Il était normal qu’elle veuille que je me montre plus concerné par notre couple et surtout par elle. Alors, cette soirée était en quelque sorte pour lui prouver qu’elle avait toutes les raisons du monde de m’aimer. « Tu…es magnifique ! » lâchais-je totalement sans voix en la voyant sortir de son bureau vêtu de sa magnifique robe. Je l’aidais à enfiler son manteau histoire qu’elle n’attrape pas froid. « C’est le but de la surprise petit cœur, que tu profites de la soirée sans savoir ce qui t’attend… Prête à me suivre jusqu’au bout du monde ? » plaisantais-je en lui tendant mon bras, ne souriant qu’à elle seule. En fait, je n’avais d’yeux que pour elle.

Autant dire que le compliment de Samuel lui arracha un franc sourire, de ceux qu’elle n’offrait à personne d’autre qu’à lui. Même Thaïs n’avait pas droit à une marque aussi prononcé de joie, bien que la jolie russe soit relativement ouverte en sa présence. C’était bien là la preuve ultime qu’Anna portait en haute estime ce que le professeur d’archéologie pouvait bien penser d’elle… « Je ne suis pas habituée à ce que l’on me fasse des surprises mais ça ne veut pas dire que je n’aime pas, bien au contraire j’en suis comblée par avance et par principe. Mais au bout du compte, carrément ? Hum… rien qu’avec le bouquet de fleurs tu as mérité que je dise oui ! » reprit-elle d’un ton taquin avant de s’emparer aussitôt de son bras, plus rayonnante qu’elle ne l’était lors de l’arrivée de Samuel à l’hôpital : c’est fou l’effet mélioratif qu’il pouvait bien avoir sur elle…