(+ Anna FLASHFORWARD) Quand le volcan explose

« Justement, autant te laisser porter et vivre intensément les choses. Fais-moi confiance, je te promets que je n’en ai pas trop fait… Enfin j’ai essayé » lâchais-je sur un ton énigmatique tandis que je la conduisais rapidement vers le parking sous-terrain de l’hôpital où j’avais garé ma Porsche flambant neuf. Un petit cadeau d’anniversaire personnel car on est jamais mieux servi que par soi-même. Enfin, je n’avais jamais été attiré par la mécanique mais j’aimais le tape à l’œil et quoi de mieux qu’une Porsche pour se la péter ?! Je déclenchais l’ouverture à distance avant d’ouvrir la porte côté passager pour aider Anna à s’installer convenablement tel un gentleman que j’étais en temps normal avant de contourner la voiture pour mieux démarrer. « Au départ, je voulais t’amener au cinéma car je crois bien que c’est en te faisant l’amour dans cette salle obscure que je suis tombé amoureux de toi mais ce n’était pas assez romantique alors je me suis creusé la tête, tout seul comme un grand. Je voulais t’offrir quelque chose qui vienne réellement de moi sans demander à Thais ou je ne sais qui. Si tu t’inquiètes pour Moïra, je l’ai confié à son parrain pour la soirée » l’informais-je avant de conserver le silence jusqu’à la destination voulue. Le trafic fluide nous permis de rejoindre l’espace des sciences de Cambridge où je trouvais tout aussi rapidement une place de parking.

« Pas trop fait… » reprit Anna qui manqua d’éclater de rire en voyant sa Porsche flambant neuve au loin. Oh cela ne la choquait pas en soit, contrairement à lui Thaïs avait su lui faire aimer les belles mécaniques du genre mais elle ne s’était pas attendue à ce qu’il s’achète ce genre de bijou. Quelque chose lui disait que la moindre éraflure allait le faire bondir de colère… « Tu t’es offert un joli petit cadeau dis-moi » s’amusa-t-elle non sans monter à bord après qu’il lui ait ouvert la porte tel le gentleman qu’il avait décidé d’être ce soir. Elle le remercia d’un joli sourire avant de boire littéralement ses paroles suivantes, cherchant par la même occasion à glaner éventuellement de petites informations çà et là dans la conversation. « Dois-je comprendre que tu noies le poisson pour ne surtout pas me dire où tu m’emmènes ? C’est très bas de votre part Monsieur O’Donoghue… même si j’avoue ne pas avoir envie de retenter l’expérience cinéma, j’ai envie qu’elle reste unique » fit-elle non sans caresser légèrement sa main tenant le levier de vitesse.

« Disons que j’ai essayé de viser le juste milieu » rigolais-je à mon tour avant de la conduire à cette fameuse voiture. Oui, un petit cadeau pour mes presque quarante ans histoire de marquer le coup et puis, c’était ça ou un yacht… Au moins la voiture me servirait un peu plus souvent. « J’ai toutes les options possibles et inimaginables ! D’ailleurs, ça te dérangerait d’enregistrer ta voix ? Non parce que j’ai possibilité de faire que mon GPS prenne la voix d’une personne, il suffit que j’envoie une piste audio et après, leur technicien bidouille tout ça. Ne m’en demande pas plus, je n’y ai rien compris mais je me dis que rien que t’entendre me dire : faites demi-tour dès que possible… Je sens que je vais adorer mes aller-retour entre Cambridge et New York pour aller voir Nico » plaisantais-je bien que cela faisait longtemps que je n’avais plus besoin de GPS pour me rendre chez mon meilleur ami. En tous les cas, je noyais considérablement le poisson pour ne surtout pas qu’elle apprenne notre destination. « Il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas refaire, tu as raison ! » lui souriais-je avant de me garer sur l’immense parking désert puisque le centre était fermé depuis pas moins de deux heures. Je sortis de la voiture et fit le tour pour lui ouvrir la porte. « Allez, ta surprise t’attend » murmurais-je avant de prendre sa main pour la conduire vers un bâtiment bien précis qui n’était autre qu’une sorte de planétarium amélioré dont les murs étaient recouverts d’écran du sol au plafond. « Tiens mets ça petit cœur » lui demandais-je en lui tendant un bandeau noir.

« Tu plaisantes ? » ironisa Anna à la limite de l’hilarité car le pire, c’est qu’elle imaginait totalement Samuel capable de la pousser à enregistrer sa voix pour l’avoir toujours avec lui, même en branchant simplement son GPS. Bien sûr, le fait qu’il ait envie de faire des allers et retours chez Nicolaï sans lui proposer de l’accompagner lui plaisait moins mais elle n’en fit pas mention, se concentrant uniquement sur sa question. « Et bien je ne sais pas… tout dépend de la soirée que je vais passer et… de la façon dont tu me feras l’amour après » lança-t-elle, annonçant clairement la couleur même si, lorsqu’il lui présenta le bandeau noir qui allait lui servir à camoufler sa vue, elle tiqua légèrement en fronçant les sourcils. « Je suppose que c’est nécessaire ? Je te conseille de me guider parce que je tombe facilement en avant à cause de mon ventre proéminent » fit-elle en se pliant néanmoins à sa volonté, bandant aussitôt ses yeux sans tricher. « Et maintenant ? »

« Quoi, ça pourrait être une très bonne idée, tu m’accompagnerais partout. Je mettrai même le GPS pour aller à la poste ou à la boulangerie pour entendre ta voix » lâchais-je le plus sérieusement possible bien qu’un sourire débile rendait la chose bien moins crédible. Il est vrai que par la suite, je n’incluais pas Anna dans mes allers retours à NY mais ce n’était pas que je n’avais pas envie qu’elle vienne mais juste une bonne vieille habitude de célibataire. J’avais toujours passé mes week-ends avec mon russe seul à seul alors c’était spontanément que j’avais dit la chose sans réellement y prêter attention. « Quand tu me dis ce genre de choses… T’es consciente que j’ai du mal à me concentrer ? » rigolais-je tandis que je la conduisais vers la fameuse salle avant de lui tendre le bandeau noir. « Je vais te tenir, tu peux en être certaine et maintenant… Laisse toi simplement guider » murmurais-je à son oreille avant de glisser un bras autour de sa taille et de la tenir également par le poignet pour être certain de ne pas la perdre en route. L’ambiance sonore était une musique italienne, on pouvait entendre le bruit de l’eau très légèrement tandis que je la conduisais pour mieux la soulever quelques instants plus tard pour la faire asseoir sur… une gondole. J’enlevais son bandeau pour la laisser voir l’ensemble. Tout autour de nous, sur les écrans à 360° se jouait un décor de Venise et au sol, les écrans reproduisaient l’un des canaux. L’ensemble faisait que l’on avait l’impression d’y être et le gondolier ajoutait au charme. « Surprise ! » lâchais-je un peu nerveusement ayant peur qu’elle n’apprécie pas la chose.

« Tu irais même à la boulangerie en voiture alors que tu pourrais utiliser tes petons ? Je ne sais pas si le fait d’enregistrer ma voix est une si bonne idée, du moins pour la planète… » ironisa-t-elle mais d’un ton nettement plus sérieux que Samuel n’en n’était capable : il faut dire que lorsqu’elle s’y mettait, Anna était LE contrôle incarné. « Il va pourtant falloir que tu me montres ta capacité à me résister amour, sans quoi je ne verrais rien de ta surprise » poursuivit-elle sur la même lancée avant de se prêter au jeu, se laissant guider sans restriction, en toute confiance par les bons soins de son futur mari. Le fond de musique italienne la mit premièrement sur la piste mais la jolie russe n’aurait pas imaginé une seconde que Samuel ait pu voir autant les choses en grand. Ce fut donc bouche bée qu’elle découvrit sa surprise, se trouvant presque à Venise d’une certaine façon, ce qui lui arracha un sourire à la fois charmé et ému. « Que disais-tu tout à l’heure… ah oui, tu as tenté de ne pas trop exagérer ! Tu es complètement fou Samuel et je crois que c’est ce que je préfère chez toi » fit-elle en l’embrassant passionnément la seconde qui suivit, pour mieux lui tendre gracieusement sa main. « Tu m’aides à monter sur la gondole ? »

« Si l’écologie te préoccupe, j’irais à pieds avec le GPS… Faut pas croire, on sait jamais, je peux me paumer en allant te cherchant des croissants » plaisantais-je avec un sourire taquin signe que je prenais un grand plaisir à cette conversation. J’aimais beaucoup trop l’emmerder et faire preuve de folie. Anna n’était pas en reste surtout que madame était bien déterminée à mettre ma patience à mal. « Ah non, tu saloperas pas ma soirée romantique en faisant ta perverse… Ce soir, je prends soin de toi et si et seulement si tu es sage, je verrais si je te fais l’amour ou pas » rigolais-je avec l’intention pour une fois, de me montrer le plus raisonnable des deux. Je voulais lui offrir une soirée merveilleuse en tout point même si, comme à mon habitude, je n’avais pas pu faire dans la simplicité comme elle le constata très rapidement. « Oui, je suis fou de toi et rien n’est assez beau pour la future Mme O’Donoghue ! Je t’avais promis de t’amener à Venise mais comme tu ne voulais pas que je transforme notre jardin ou même le salon de notre maison… J’ai dû improviser » lui souriais-je fier de moi-même si je trouvais la chose bien trop simpliste. J’aurais dû et j’aurais pu faire mieux mais bon, la soirée ne faisait que commencer après tout. « Avec plaisir très chère » murmurais-je en l’aidant à grimper sur la gondole. A peine étions-nous dedans que des musiciens entraient dans cette imposante pièce pour chanter des chansons d’amour italienne.

« Je crois plutôt que tu dis surtout cela parce que tu vas faire constamment joujou avec le GPS si tu y enregistres ma voix ! Je ne sais pas si je vais me prêter à ce petit jeu tout compte fait, sinon je risque de devoir te l’arracher des mains pour quémander un peu d’attention… quant à faire ma « perverse », amour, voyons ! Tu es mille fois plus pervers que je ne le serai jamais » murmura-t-elle d’un ton follement amusé bien qu’Anna doive admettre être particulièrement réceptive à ses avances en ce moment. Trois fois plus de sang dans le corps, voilà qui s’avérait mortel en la matière. « Tu me prouves que tu es le roi de l’improvisation » fit-elle non sans déposer un chaste baiser sur ses lèvres, tandis qu’elle serrait la main de Samuel dans la sienne afin de monter sur la gondole. L’équilibre d’Anna n’était vraiment pas au top et elle manqua de tomber à deux reprises avant de se stabiliser réellement. « Tu as prévu des musiciens ? » fit-elle, les yeux humides d’émotion. Anna était à deux doigts de fondre en larmes tellement cela l’émouvait. « Foutues hormones… »

"Moi pervers?! Je ne vois pas de quoi tu veux parler voyons ! Je suis un enfant de chœur" protestais-je en faisant mine d'être outré avant de sourire "Et puis, tu ne vas pas me reprocher de vouloir entendre ta voix partout où mes pas me mènent petit cœur?! Je suis trop accro à toi pour me passer même d'une seconde de ta présence fusse-t-elle reproduite par une machine"[/color][/b] lâchais-je d'un ton énamouré avant de sourire comme un crétin non sans l'embrasser au passage et la mener à sa surprise : Venise à Cambridge. "Je suis le Roi du monde ma Reine" soufflais-je en me détendant progressivement car je sentais que ma surprise lui plaisait et cela ravissait mon cœur. Je n'avais pas pour habitude de faire autant d'effort pour une femme mais Anna n'était pas n'importe laquelle. "J'ai prévu bien des choses petit cœur dont tu n'as pas encore idée" soufflais-je avec tendresse en lui caressant la joue du revers de la main "Si tu pleures, ils vont croire qu'ils jouent mal" la taquinais-je avec amour avant de l'embrasser "Cocktail sans alcool pour trinquer?" lui proposais-je prêt à faire entrer le maître d'hôtel dont j'avais loué les services.

« Un enfant de cœur, hum ? Je vais faire semblant de te croire parce que tu as mis en place une parfaite soirée et si tu négocies bien, alors peut-être consentirais-je à enregistrer ma voix rien que pour tes beaux yeux » reprit-elle d’un air taquin non sans lui faire un clin d’œil, Anna ne semblant manifestement pas au bout de ses peines au niveau des surprises préparées par Samuel. L’émotion qu’elle ressentait ne pouvait être décrite mais elle tenta de se dominer pour éviter de ne passer sa soirée à pleurer dans les chaumières. « Ce n’est rien, juste une poussière dans l’œil ! » expliqua-t-elle alors qu’il ne s’agissait pas de cela mais bien d’une émotion véritable et inaltérable. « Tu me rends curieuse des surprises que tu as préparées justement ! Je ne suis pas contre un petit cocktail, tu sais que j’adore trinquer avec toi… et puis trinquer à notre guérison à tous les quatre, ça me paraît une excellente idée ! » murmura-t-elle non sans lui offrir un baiser des plus passionnés en guise de premier remerciement.