(+ Konrad) Oh malheur !

Il aurait été tellement aisé que Konrad se dévoile à moi et non que je ne doive le deviner. J’avais beau jouer les fières à bras, il n’empêche que je n’étais pas très douée pour dévoiler mes compatriotes surtout en ce qui concernait les hommes. « Tu aimes séduire ton monde non ? » tentais-je le coup en penchant la tête sur le côté, mordillant ma lèvre inférieure, signe d’intense réflexion. « Tu n’aimes pas qu’on te tienne tête du moins si ce n’est pas un jeu… un peu comme dans la séduction ? » ajoutais-je en fronçant les sourcils. Il valait mieux que je me taise peut-être avant de dire des bêtises plus grosses que moi.

Deviner Konrad était aussi amusant que déstabilisant mais je me pris au jeu, essayant réellement de le sonder même s’il n’était pas aisé de bien cerner le personnage. Il y avait quelque chose de mystérieux, d’insaisissable en lui qui m’intriguait autant qu’il m’attirait. Oui, la frontière entre la muse et son dessinateur était mince. Je fus contente qu’il me dise que j’étais sur la bonne voie avant de rougir simplement à ses mots. Je n’avais pas pour habitude qu’un homme me parle ainsi mais je ne trouvais pas cela désagréable. « Arrête… c’est gênant » lui souriais-je tandis qu’à nouveau, je me mordillais la lèvre en plissant mes yeux rieurs. « Pourquoi j’ai autant envie de te connaitre, tu es si… déstabilisant. Je suis certaine que tu dois faire un sacré effet à beaucoup de filles n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu étais étonné que je ne te connaisse pas tout à l’heure »

« Tu ne fais rien de mal ! » m’exclamais-je en secouant la tête de droite à gauche avec un sourire malicieux. « Et oui, je te trouve déstabilisant mais dans le bon sens. J’ai envie d’apprendre à te connaitre mais il y a comme une aura de danger autour de toi. Pas dans le sens où tu es un psychopathe mais plutôt dans celui qu’encoure une femme à trop s’approcher d’un séducteur » murmurais-je en me penchant vers lui comme si je voulais être entendu que de lui seul. Je bus quelques gorgées de ma boisson, me passant le bout de la langue sur mes lèvres tout en conservant mon regard dans le siens. L’innocence contre la perversion, le calme et la tempête, nous étions deux opposés réunis à la même table.

« Moi ? Du danger ? » murmurais-je sur un ton incrédule tandis que je sentais la distance entre nous se réduire comme peau de chagrin. C’est fou comme la situation semblait déraper. Je savais que je me brûlerai les ailes à le côtoyer mais nous ne faisions rien de mal, nous discutions, nous apprenions à nous connaître. Pour la première fois, je me sentais d’humeur joueuse, je désirais me laisser aller quitte à faire une bêtise plus grosse que moi, même si je savais que ce flirt n’irait pas plus loin ou du moins pas suffisamment loin. « Je te fais peur alors ? » lui demandais-je avec une petite moue mutine.

Un adage dit que les opposés s’attiraient, je crois que nous étions le plus bel exemple : l’ange et le démon, la belle et la bête (enfin plutôt le séducteur), je crois que les qualificatifs ne manquaient pas pour nous définir mais cette conversation commençaient à être un brin plus taquine, plus profonde qu’un simple échange banal. Je me noyais littéralement dans son regard, attirée comme un aimant, comme un papillon par une lumière vive. « Un peu oui… J’ai envie de t’embrasser… Ce n’est pas bien mais j’en ai envie » osais-je lui dire non sans rougir légèrement. Oui, juste un baiser pour voir ce que cela faisait de l’embrasser, un baiser ça n’engageait absolument à rien et puis ses lèvres étaient si proches.