(+ Konrad) Oh malheur !

« Il ne faut pas croire mais je suis une grande joueuse devant l’éternel » plaisantais-je car comme beaucoup de personne, Konrad devait surement me voir comme un petit ange, une jolie bouille mais mes amis les plus proches savaient que derrière cet air angélique se cachait un petit démon –certes maladroit, mais un démon quand même. J’aimais rire, taquiner, partir dans des délires même à en rougir s’il le fallait mais tant que c’était vivant et plaisant, je ne voyais pas pourquoi je m’en priverai. Oui j’étais innocente bibliquement mais ma curiosité m’ôtait un peu de ma naïveté. « J’achète alors ! Je n’ai jamais fait de nus masculins alors ça sera une grande première. Si tu veux, je te donne mon numéro de téléphone pour qu’on se trouve un créneau… Je pense qu’il me faudra environ une bonne heure et demi pour te croquer »

« Alors si tu es comme Saint Thomas, tu risques d’avoir besoin de me côtoyer longuement si tu veux connaitre toutes les couleurs de ma personnalités » m’exclamais-je avec une petite moue mutine signe que la dérision n’était jamais loin de mes paroles. Je me sentais bien en sa présence et plus la discussion avançait et plus je me sentais à l’aise, ce qui faisait que je me montrais d’autant plus taquine. J’attrapais donc une serviette en papier et y griffonnais mon numéro de téléphone. « Tiens et je compte bien que tu me prennes aux mots, j’ai vraiment envie que tu poses pour moi ! Tu es une de mes muses alors je ne bouderai pas mon plaisir » rigolais-je bien que je n’avais pas conscience qu’une fois qu’il serait nu devant moi, je risquais de bloquer quelques secondes avant que la dessinatrice en moi, ne prenne le relai pour voir les choses sous un angle plus artistique qu’humain. Konrad décida par la suite de trinquer à notre collaboration et je levais mon verre de concert avec lui. « Je suis pour ! A notre partenariat ! »

Konrad était vraiment marrant et je passais du bon temps en sa compagnie et pour le voir, il suffisait de voir mon visage souriant et mon rire facile à entendre. Je penchais la tête sur le côté, le regard rieur et me surpris de l’audace dont j’arrivais à faire preuve à son égard. « Oh mais tu sais, au pire, un coup de crayon et je gomme les petites imperfections » le taquinais-je de bon cœur. Nos boissons arrivèrent et nous passâmes rapidement par l’étape trinquons en chœur avant qu’il ne remette mes dessins sur le tapis. « Oui au départ, je t’ai croisé une fois ou deux et je n’avais pas conscience que j’avais imprimé ton visage dans ma tête, je dessinais toujours le même homme sans vraiment faire attention mais quand une amie l’a remarqué, j’ai eu envie de te retrouver mais j’étais trop timide pour venir te parler alors j’ai commencé à te dessiner de loin dans diverses expressions, poses etc mais je n’ai jamais été très satisfaite de mes dessins car il manquait quelque chose : ta personnalité. »

« Nul n’est parfait ! » chantonnais-je pour le plaisir de continuer à le taquiner. Konrad semblait avoir le sens de la dérision et surtout de l’autodérision donc autant s’en amuser. « Enfin, il va de soi, que moi je le suis » rigolais-je en prenant de plus en plus d’aisance dans cette conversation. « Je ne te connais pas encore très bien mais tu me sembles être quelqu’un d’assez ouvert. Je t’ai toujours dessiné de manière mystérieuse car je n’avais jamais le temps de plonger dans ton regard pour y saisir la vie qui anime tes yeux. D’ordinaire, j’essaie le plus possible de donner une vie à mes œuvres mais mes croquis de toi restaient ternes non pas parce que tu es un mauvais modèle mais parce que je ne te connaissais pas, te dessinant toujours de loin. « En tous les cas, tu me donnes l’impression d’être une personne qui n’aime pas se prendre la tête, je me trompe ? »

Konrad semblait être le genre d’homme à avoir les chevilles qui enflent mais je ne pouvais pas lui jeter la pierre étant la première à qualifier mes créations de géniales tout simplement parce que je savais ce que je valais du moins en ce qui concerne mes talents de cuisinière et de designeuse. Pour le reste, vous repasserez en seconde mi-temps, merci bien. « Il faut bien que je le fasse car je doute que quelqu’un d’autre le fasse à ma place. On est jamais mieux servi que par soi-même » rétorquais-je avec une petite moue mutine avant d’essayer de mettre des mots sur les sensations que j’avais à son égard. Ma muse m’accorda un peu de crédit, ce qui fit pétiller mes yeux. « Est-ce que j’ai le droit de te demander de me parler de toi ? Ou va falloir que je devine tout ? »