(+ Konrad) Oh malheur !

Konrad m’intriguait, il semblait se jouer de mon ignorance mais pas méchamment comme si la blague m’échappait mais lorsqu’il m’annonça que je pouvais continuer à dessiner –ou plutôt me l’ordonna, j’affichais un air de gamine devant un cadeau de Noël. J’étais tellement contente que je lui sautais au cou pour déposer un baiser sur sa joue. « Merci !! Cela m’aurait embêté de ne plus pouvoir te dessiner ! » lui avouais-je avant de me détacher de lui en rougissant faiblement. Le pauvre, je ne venais ni plus ni moins que de l’agresser mais ce n’était presque pas ma faute, j’étais très tactile comme personne surtout lorsque j’étais contente et puis, il y avait pire comme agression non ?! Je le suivais donc docilement vers le Hobo, bar qui me rappelait des souvenirs avec un autre Mather, à croire que je ne fréquentais que les personnes de cette confrérie ces derniers temps. « Oui, enfin pas officiellement, je suis encore bizut pour le moment… Comment as-tu deviné ? » lui demandais-je avec curiosité tandis que je marchais à ses côtés.

Je ne connaissais pas la réputation de cet homme avec qui je marchais en direction du bar Hobo mais sûrement aurais-je pris mes jambes à mon coup dans le cas contraire. Je n’étais pas friande de coureur de jupons car c’est fou comme j’avais tendance à rendre inoffensif le moindre de ces spécimens songeais-je non sans une certaine dose de fatalité. Mes amies se faisaient toujours prendre à leur piège mais il semblerait que les oies blanches ne faisaient pas recettes. D’une part, cela ne me gênait pas car je n’étais pas du genre à me jeter dans les bras d’un homme mais de l’autre, c’était assez frustrant. Y avait-il un problème chez moi ?! Etais-je repoussante ?! « Eh bien tu devrais jouer au loto, tu aurais peut-être tes chances » déclarais-je non sans amusement tandis que je ne pouvais pas m’empêcher de le regarder. « Tu es beau… Je veux dire, artistiquement… Tu es un très beau modèle » bafouillais-je en rougissant avant de remettre une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Tu crois que cela te dérangerait de poser réellement pour moi ? Je veux dire, je t’ai toujours dessiné plus ou moins de mémoire »

Je n’avais jamais été très expansive comme jeune femme. Il est vrai que j’étais très tactile avec mes proches ou avec les personnes avec qui je me sentais en confiance mais de là à complimenter un parfait inconnu, il y avait de la marge alors oui, je rougissais, bafouillais légèrement mais c’était parce que je ne me sentais pas à l’aise. Je n’avais rien contre lui mais durant plus d’une année, je l’avais pris comme modèle, faisant de lui ma muse mais également le visage de mon mannequin virtuel car j’essayais pour le moment vainement de dessiner des créations masculines. Je m’étais contentée de faire à présent de la mode exclusivement féminine pour mieux me diversifier avec Torrey en mode enfant alors pourquoi diable n’arrivais-je pas à trouver l’inspiration pour les hommes. Peut-être parce que dans le fond, je ne les connaissais pas vraiment. « Ce que tu y gagnes… euh ma gratitude éternelle ? Je ne sais pas… Qu’est-ce que tu voudrais en échange ? » lui demandais-je, l’air sincèrement intéressée. Depuis le temps que je voulais qu’il pose pour moi, je voulais bien connaitre son prix.

Je ne sais pas ce que je pouvais bien lui offrir, je n’avais pas vraiment de fortune personnelle, mes poches étaient largement trouées. Après, je pouvais toujours lui cuisiner un repas mais je doutais qu’un homme comme lui se satisfasse de ce genre de choses. Je soupirais, me mordillant la lèvre tout en réfléchissant à une idée. « Il faut que tu m’aides un peu, je ne connais même pas tes goûts ni même ton prix. Je ne suis pas certaine que tu apprécierais que je te sois redevable avec une bonne tarte aux pommes ou une mousse au chocolat » plaisantais-je  tandis que j’entrais dans le bar. Nous nous installions à une table avant de commander. Comme à mon habitude, j’optais pour un Monaco. « Alors, qu’est-ce qu’un homme comme toi pourrait bien vouloir réclamer pour accepter de poser pour moi ?! » lui demandais-je avec un petit air malicieux, curieuse de connaitre son prix.

Je le regardais avec des yeux ronds quand il me signifia que je pouvais toujours lui acheter une voiture de course. « Deux solutions s’offrent à moi » rigolais-je doucement avant de reprendre »Première solution qui s’offre à moi, je braque une banque ou… je t’achète une voiture de sport modèle réduit pour que tu fasses vroum vroum tout seul comme un grand ». Mon regard pétillait de malice tandis que je lui livrais ma petite bêtise sur un plateau d’argent. Konrad termina tout de même pas m’avouer qu’il n’attendait pas vraiment de prix et j’eu tôt fait de lui sourire en penchant la tête sur le côté. « Bien, tu ne verras pas à d’inconvénient à poser nu pour moi alors » m’exclamais-je en buvant une gorgée de mon Monaco « Je te taquine aussi ! »