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Vidée. J'avais été littéralement dépossédée de la moindre once d'énergie et même mes poumons semblaient avoir décidé de prendre des vacances tant j'avais du mal à retrouver un semblant de respiration stable. Mais j'étais bien ; j'étais à ma place, avec la personne la plus importante de ma vie. La paume de Julian était encore posée contre mon cœur qui continuait de battre la chamade et mon regard dévia jusqu'à celle-ci. J'observai sa main et un fin sourire apparut sur mon visage tandis que mon cœur accélérait un peu plus la cadence durant quelques secondes. Je glissai mes doigts entre les siens et les montai jusqu'à ma bouche, puis j'embrassai délicatement ses jointures. Tandis que j'éloignai nos mains jointes de mon visage, je remarquai un peu de sang sur les doigts de mon meilleur ami. Ce fut uniquement à ce moment précis que je me rappelai m'être mordu la lèvre jusqu'au sang en atteignant mon paroxysme. Je passai mon index sur celle-ci et sentis une coupure un peu plus large que ma dent ; je râlai une seconde puis me penchai pour attraper un mouchoir sur la table de nuit, que je roulai et pressai contre ma lèvre pour stopper le petit afflux de sang.
Le souffle de Julian caressa mon oreille tandis qu'il me murmurait trois petits mots simples, mais ayant un impact important sur les battements de mon cœur. Je crois que je comprenais désormais pourquoi il m'avait regardée de cette façon un peu plus tôt. Ça venait peut-être du fait d'avoir perdu l'habitude d'entendre ces mots, ou peut-être d'autre chose ; de quelque chose de bien plus important mais que nous refusions de voir tant l'un que l'autre .. Je jetai le mouchoir sur le sol et roulai entre ses bras pour venir m'allonger sur son corps, mon visage à quelques millimètres du sien. Mes cheveux retombaient sur son torse et son cou et je fis des aller-retour sur son bras avec le bout de mon index. J'eus un sourire charmeur, puis je me penchai pour embrasser ses lèvres tendrement. Ma main gauche glissa le long de ses côtes et j'eus plaisir à sentir sa peau humide contre la mienne. Je me baissai ensuite un peu et collai mon oreille au niveau de son cœur, m'offrant un moment calme pendant lequel je n'entendis que les battements entraînants. « Je t'aime aussi .. » murmurai-je en regardant mon index tracer des cercles réguliers sur son torse à hauteur de mes yeux. Il y eut alors un léger grattement à la porte et mon corps fut secoué d'un petit rire en me rendant compte que Junkee réclamait le droit d'entrer. J'embrassai rapidement le cou de Julian et me levai péniblement pour aller ouvrir la porte. « Allez viens mon bébé. » L'énorme boule de poils blanche aboya joyeusement et me bouscula un peu tandis qu'il passait et filait jusqu'au lit où il sauta comme la brute qu'il était. Il se coucha à la droite de mon meilleur ami et je vins me recoucher à la gauche du brun, posant ma tête sur son épaule et passant mon bras droit par-dessus lui pour caresser la tête de mon chien tendrement.
Dans la chambre de l'Eliot, seuls les battements du cœur de Julian sous mon oreille venaient perturber le silence presque religieux qui s'était installé depuis que Junkee s'était un peu calmé. J'étais couchée contre mon meilleur ami, ma joue à nouveau sur son torse et mes jambes emmêlées aux siennes. Je glissai ma main jusqu'à son cou et me redressai légèrement pour poser mes lèvres sur les siennes. C'était une sensation qui faisait battre mon cœur plus rapidement et cette familiarité me faisait me sentir chez moi. Julian et Junkee étaient ma famille depuis plusieurs années et je devais avouer que ça me faisait le plus grand bien que de retrouver ce confort que nous avions établi à NYC. Nos lèvres toujours unies, je me penchai en arrière pour finalement me coucher sur le dos, attirant Julian à moi de mes mains sur sa nuque. J'entrouvris un peu plus mes lèvres et le laissai s'inviter tandis que je m'amusais à faire monter quelques frissons en lui en grattant le bout de mes ongles contre son dos. Je me détachai de sa bouche et le regardai en souriant, le regard comploteur. Je jetai un rapide coup d’œil vers mon épaule, pour lui indiquer de regarder la morsure qu'il m'avait faite quelques minutes plus tôt, laissant une marque rouge vif derrière son passage. « J'ai le droit de me venger pour ça ? » C'est vrai, je ressortais de là avec une lèvre coupée et une morsure à l'épaule alors que le jeune brun était parfaitement intact. Je n'attendis pas sa réponse et me penchai doucement vers le haut de son cou, y faisant traîner mes dents longuement mais me décalant à la dernière seconde sur la liaison entre son épaule et son cou. C'était une vengeance, je ne cherchais pas à ce que tout le monde soit au courant des ébats de mon meilleur ami. C'est pourquoi je ne voulais pas qu'il soit obligé de porter une écharpe ou des cols roulés alors que le printemps faisait son grand retour ces derniers temps. J'embrassai son cou puis descendit vers son épaule et le mordillai longuement visant à apaiser le pincement avec ma langue de temps en temps. Je me reculai, satisfaite et laissai une petite marque rouge qui deviendrait violette sous peu. « Vengée. » fis-je en remontant jusqu'à ses lèvres que j'embrassai avant qu'une masse blanche ne me saute dessus, me faisant étouffer un juron contre la bouche de Julian. Je poussai mon chien d'un geste joueur et il roula théâtralement sur le lit. « T'es jaloux, vieux dindon ? » Junkee sauta du lit et alla gratter à la porte. Je reconnaissais parfaitement ce signe. Je me tournai vers Julian et fixai mon regard dans le sien en souriant. « Ton chien a envie d'aller arroser les plantes je crois. »
J'observai, fière de moi, la marque rouge sur son épaule et relevai un regard joueur dans sa direction. Il m'avait étonnée à ne pas se défendre ou à ne pas tenter de me repousser une seule seconde. La dernière fois que l'un de nous deux avait essayé de faire un suçon à l'autre, ça s'était assez .. mal terminé. Toujours dans la rigolade, bien entendu, mais mal quand même. Il se plaignit - comme toujours -, et je levai mes yeux au ciel en soupirant théâtralement. « C'est parce que moi, j'ai essayé de faire ça de façon romantique ! Regarde un peu la marque que tu m'as faite, on voit la trace nette de chacune de tes dents. Je voulais pas te laisser des cratères comme une certaine personne ici présente ! » terminai-je en me mordant la lèvre, retenant un petit rire avant que Junkee ne nous fasse son petit manège. Je grognai quand mon meilleur ami me passa l'un de ses pulls et me levai pour l'enfiler. « Je suis venue en short et en savates alors il va falloir qu'on fasse un détour par ma chambre parce que s'il fait bon la journée, c'est loin d'être le cas la nuit. » expliquai-je en arrangeant mes cheveux ébouriffés. Tandis que le brun finissait de s'habiller, j'attrapai la laisse du berger suisse sur la commode et l'accrochai autour de son cou ; j'allais le lâcher une fois dehors mais pour traverser la maison, je préférais le tenir, histoire de prouver que nous ne laissions pas notre chien faire n'importe quoi. Nous sortîmes et nous dirigeâmes vers ma chambre, croisant à nouveau le même groupe d'étudiants. Je jetai un regard à Julian, un petit sourire en coin scotché sur le visage. Nos aller-retour en plein milieu de la nuit devaient vraiment être louches et bizarres à force. Je m'arrêtai vers ma porte, glissai la laisse de Junkee dans la main du brun et ouvris ma porte, fonçant directement sur ma penderie pour m'habiller rapidement d'un jogging et de mes Converse. Je fus de retour près d'eux dans la minute qui suivit et je verrouillai ma porte avant de déclarer que j'étais prête à y aller. Alors que nous nous mettions en route, je remontai un peu les manches du pull que Julian m'avait prêté sur mes coudes. Ça avait toujours été mon préféré, mais il était trop grand. Sortis de la résidence, je jetai un œil derrière nous et me tournai à nouveau, satisfaite. Je glissai mes doigts dans la main libre de Julian et appuyai ma tête contre son épaule en marchant en direction du parc. « Ça m'avait manqué ce genre de chose. Sortir Junkee au milieu de la nuit parce que notre chien est un taré, enfiler un de tes pulls, ton sourire .. » Je relevai mon regard vers lui et lui offris un petit sourire timide. « Toi. »
Junkee gambadait joyeusement à quelques mètres de nous quand Julian se tourna vers moi, la mine tendre. Je jetai un coup d’œil rapide vers mon chien et le soupçonnai d'avoir repéré un écureuil qu'il rêvait de mâchouiller mais que jamais il n'atteindrait. C'était son passe-temps favori à New York: courir après les écureuils de Central Park. On aurait pu penser qu'en quatre ans, il aurait fini par comprendre que ces petites bêtes étaient plus rapides et agiles que lui, mais non ; il s'entêtait. Je ris doucement et tournai mon visage vers mon meilleur ami, tout en posant l'une de mes mains à plat contre son torse. Sous mes doigts, je sentis les pulsations de son cœur accélérer ; il me souffla des mots qui me mirent du baume au cœur. Je le connaissais bien, et j'étais persuadée qu'il était en train de rougir. Alors innocemment, je passai ma main dans son cou puis la glissai dans sa tignasse, effleurant son oreille brûlante au passage. Je souris intérieurement. Pas de moquerie, j'avais toujours aimé quand il rougissait ; ce qui n'arrivait pas souvent, mais quand c'était le cas ça avait toujours une signification particulière. Le son de sa voix s'éteignit pour laisser place au silence entre nous et j'avais l'impression de me balancer sur un fil. Je n'avais qu'une envie: me hisser sur mes doigts de pieds et l'embrasser, mais je n'estimais pas en avoir le droit. C'était ce que faisaient .. les couples, non ? Sortis de la chambre, nous redevenions Billie et Julian .. Simplement meilleurs amis. Nous avions toujours cette même relation fusionnelle et cette complicité, mais sans les désirs charnels. Du moins, c'est ce que nous nous évertuions à faire croire à tous ceux qui croisaient notre route. Je me mis sur la pointe des pieds, mais au lieu de poser mes lèvres sur les siennes, je glissai mes bras autour de son cou et posai mon menton sur son épaule pour le serrer contre moi. « Merci d'être venu, 'Lian .. » soufflai-je contre son oreille. Je me détachai de lui, plongeant mon regard dans le sien et me penchai finalement pour l'embrasser sur la joue, tout près de ses lèvres. Puis je me reculai et nouai une nouvelle fois ma main à la sienne, le tirant avec moi pour recommencer à marcher le long de l'allée. L'atmosphère était chargée, je sentais mon cœur battre dans ma gorge. Je me tournai un peu vers lui, le souffle court et tentai de me détendre un peu. « Et si on déposait le fauve à l'appart, et qu'on allait hors du campus manger des churros ? J'ai vu une mini fête foraine qui est ouvert jusqu'à trois heures du matin à même pas dix minutes en voiture. »
Nous marchions côte à côte, et je sentis ma gorge se serrer un peu lorsqu'il évoqua la dernière fois que nous nous étions retrouvés ensemble dans ce parc. Ça n'avait été que cris, peine et larmes. Notre ultime véritable dispute ; celle qui avait réussi à me faire croire que notre amitié était définitivement morte et enterrée. Et pourtant, nous nous trouvions là aujourd'hui, main dans la main et promenant avec gaieté notre chien. Je n'y aurais pas cru, quelques semaines plus tôt. Je secouai la tête pour lui dire qu'il était inutile de remettre ça sur le tapis. « On a gueulé ; on avait besoin de mettre les choses à plat. On l'a fait et on a pu repartir sur une base saine. » Je me tournai vers lui, arrêtant de marcher momentanément. « Maintenant on peut continuer de gueuler comme on veut, sans pour autant se blesser comme on l'a fait par le passé, » dis-je avec un petit sourire.
J'eus alors la folle idée d'aller à la fête foraine .. à minuit passé, oui oui. Julian accepta, un grand sourire idiot placardé sur le visage. Je me stoppai face à son excitation et le fixai, incrédule. Puis je hochai la tête en riant avant de rejoindre le perron en sa compagnie. Je me mis accroupie et embrassai Junkee sur le crâne en le grattant derrière les oreilles. Puis je me penchai et murmurai d'une voix tout de même assez forte pour que mon meilleur ami entende. « Si tu fais pipi sur le lit de papa, maman ira t'acheter un jouet demain matin. » Je me relevai, un sourire innocent barrant mon visage et me dépêchai d'entrer dans la maison pour rejoindre ma chambre. Je me débarrassai du pull de Julian et le roulai en boule avant de le mettre à côté de mon oreiller. Je n'avais nullement l'intention de le lui rendre. J'allais attraper un tee-shirt et mon pull en cachemire et enfilai le tout avant de troquer mon bas de jogging avec un slim. J'enfilai ensuite une paire de bottines, attrapai mes papiers que je fourrai dans mon portefeuille puis revins dans le couloir au même moment que Julian. J'agitai les clés de ma voiture sous son nez avec un petit sourire malin. « Et je conduis, bien sûr ! »