Sio&Thaïs + réminiscences du bon vieux temps... rebelle

« Ne dépense pas non plus une fortune pour juste un canapé, pas alors qu’on peut piquer deux ou trois chaises confortables par-ci par là… au pire on peut faire avec les moyens du bord, tu sais, et garder l’idée du canapé si jamais il faut meubler un appartement ! Mais comment ça ne pas danser pendant trois mois ? » Thaïs la regardait, sans sourire cette fois-ci, légèrement incrédule. Elle-même ne se voyait pas arrêter de danser pendant même une journée alors trois mois… autant lui demander tout de suite de se tirer une balle dans le pied, ce serait plus efficace et radical ! « Franchement je suis tellement habituée à ce qu’on soit nous contre le reste du monde que je n’ai pas mais alors pas envie du tout que quelqu’un d’autre squatte… pas toi ? Puis on mettra une photo de Fred à l’intérieur ! Pour lui rendre hommage… »

« Non, ne t’inquiètes pas, cela va aller, et puis, c’est Noël, on peut bien faire un petit extra. Puis, comme ça tu pourras aller faire une sieste si tu veux. » je voulais qu’elle puisse avoir un lieu aussi pour elle. Et puis, ce canapé se démontait, donc, on pouvait toujours monter en plusieurs fois. En tous les cas, j’essayerais de faire de mon mieux pour qu’elle puisse s’y sentir bien. Je répondais quand même à mon amie : «  Oui…Une autre personne….Boff, cela ne me plait pas trop du tout… » Je voulais donc continuer la conversation, et tout en entendant la question sur la photo de Fred, je réalisais qu’on l’avait un peu oublié ces derniers temps. Je lui disais : « Oui on peut, c’est une bonne idée. Comme ça au moins, on pensera à lui. Il n’est pas question qu’on le zappe…Tu penses qu’il aurait aimé l’idée ? »

« Tu es sûre ? Non parce que pour le coup tu m’inquiètes, s’il t’es arrivé quelque chose tu me le dirais, hein ? Ceci dit ouais un canap pour piquer un somme… c’est pas con ! » s’exclama-t-elle non sans boire une nouvelle gorgée de coca, ne sachant que trop bien à quel point Fred aurait aimé être à Harvard avec elle, leur coller aux miches pour être sûr qu’elles ne feraient pas des conneries plus grosses qu’elles… vraiment, il lui manquait. « La seule chose pour laquelle je regrette l’Irlande c’est parce que je ne peux pas aller sur sa tombe. Il me manque ce couillon… mais ouais, il aurait carrément aimé attends : une serre avec des plantes, ses deux potes pour lui chanter la sérénade, il aurait signé direct ! »

« Bah oui, je te le dirais. Il est normal que je te le dise. » Je savais qu’il ne fallait pas que j’inquiète mon amie. Il fallait juste que je lui explique le truc. Tout allait bien, je revenais de mon travail, et pour le moment, cela peut aller. Je reprenais un peu, et je pourrais donc rentrer chez moi demain matin. Je lui demandais : « Je sais que je ne peux pas venir squatter, mais à l’heure qu’on va finir, j’appellerais bien une navette pour me ramener à la confrérie, je pourrais l’appeler de la tienne histoire que je n’attende pas dehors. » Je l’entendais me dire qu’elle ne pouvait pas y aller, je lui disais : « On pourra toujours y aller sans le dire aux parents. Puis, on est majeur, on a le droit d’aller où on veut, non ? C’est vrai que cet idiot me manque aussi…C’est certain qu’il serait là et qu’il aimerait bien qu’on vienne papoter ici tout le temps. »  

« Ah ouf tu m’as fait peur ! » s’exclama-t-elle en plaquant pour la beauté de la chose sa main contre son cœur. « On est pas loin de nos confréries si tu veux on se raccompagne… moi ça ne me dérange pas je me dirige plutôt pas mal maintenant, j’ai des repères assez précis. Puis au pire, ma coloc n’est pas là, si tu veux dormir dans son lit cette nuit ça ne gênera personne tu sais… si ça peut te rassurer, et comme ça on a tout le temps qu’on veut devant nous ! » Thaïs haussa les épaules, particulièrement happy à l’idée de faire une soirée pyjama en bonne et due forme en compagnie de Sio, comme au bon vieux temps. « Tu voudrais carrément qu’on se fasse un voyage en Irlande ? Ma foi, c’est bientôt les vacances… et puis… c’est bientôt l’anniv de sa mort, aussi. »

« De toute façon, je ne vais pas te laisser tomber. » Je l’entendais me dire qu’elle voulait m’accompagner, mais je ne désirais pas qu’il lui arrive quelque chose, donc, je lui répondais : « Je serais rassurée sit u restes dans ta confrérie comme ça, je saurais que tu es déjà dans ton lit. Puis, les navettes sont biens maintenant. Il y a des gens charmants qui nous aident pour rentrer. » Je l’écoutais me dire qu’elle parlait du voyage en Irlande, je lui répondais : « Ce n’est pas une obligation, on peut toujours le remettre à plus tard si tu veux. » Je savais qu’elle aurait sans doute son avis sur la question. Je comprenais ce qu’elle voulait, et je trouvais qu’on pouvait bien faire un geste pour Fred. Donc, tout en ayant une idée en tête, j’espérais bien avoir une réponse à notre question : est-ce qu’on y allait ou pas ?

« Je me doute ! De toute façon tu as pas intérêt tu sais que c’est pas joli joli quand j’me fâche ! » s’amusa-t-elle non sans tirer la langue et accompagner le tout d’un petit clin d’œil. De toute façon, le jour où Thaïs aurait une réflexion désobligeante envers Sio, elle n’aurait plus qu’à se pendre direct tellement ce ne serait pas naturel. « Ouais et puis moi je serai aussi rassurée que tu sois avec moi… tu sais que j’aime pas dormir seule et puisque Caleb passe la soirée avec son meilleur pote, j’ai doublement pas de scrupule à te proposer une vraie soirée pyjama ! Quant à l’Irlande… on part quand ? »

« Ah oui….? Est-ce qu’il y aurait un volcan derrière tout ça….Je n’aime pas lorsque tu es en colère….Cela te donne des rides. » Je riais un peu plus sachant qu’elle rirait aussi. Il en fallait peu pour que je trouve de quoi la taquiner. Je pouvais entendre qu’elle désirait que je vienne dans sa confrérie pour ne pas qu’elle soit seule. Je lui souriais et en mettant sa main sur son épaule, je lui disais : « D’accord tu as gagné, je reste. Comme ça tu ne seras pas seule. Bah, on peut y aller quand tu veux, de toute façon, les billets sont toute l’année au même prix. » Enfin, je savais que mes parents ne diraient rien s’ils nous voyaient, ils pourraient même nous planqués à la maison. Je demandais : « Il faudra acheter sa bière préférée alors. Qu’on puisse boire avec lui sur sa tombe. Et un bouquet de fleurs pour son côté féminin, il aimait bien s’habiller comme ça. » Une petite pointe de tristesse dans ma voix, et je trouvais que la suite serait moins drôle là-bas…

« Ouais, les rides avant l’âge ça craint, hein ? » poursuivit Thaïs sur le même ton, à moitié hilare qu’elle était en vérité. « Oh je sais pour les billets… je pense que j’ai surtout toujours remis à plus tard parce que t’était pas avec moi pour me motiver, là forcément c’est différent. » La jolie irlandaise haussa légèrement les épaules, non sans perdre son sourire pour autant, ravie qu’elle était dans le fond de pouvoir reprendre la route de l’Irlande afin de rendre un nouvel hommage à leur Fred unique et préféré, qui était parti hélas trop tôt. « Tu parles, avec son catogan et tout, combien de fois y’a des gens dans la rue qui l’ont pris pour une fille ! Mais on était les trois blonds terribles… bières et fleurs, moi ça me va ! Tu veux qu’on aille jusqu’à mon dortoir pour discuter des détails ? On regardera le prix des billets comme ça ! »

« Oui, il va falloir que tu fasses un effort. Je ne voudrais pas que tu ressembles à une vieille mamie avant l’heure. » Riant, je me demandais bien ce que j’avais fais pour la voir comme ça si contente d’y aller. L’entendre me dire que j’avais été ma motivation, je souriais, et je lui répondais : « Oui, d’accord, et bien, on va faire cela comme ça. » Je souriais et je lui disais : «  Il faudra chanter aussi ! Pas question qu’il n’est pas son chant… » Un enthousiasme qui allait un peu réchauffer nos cœurs. Alors l’écouter me dire que tout lui convenait, je savais qu’il faudrait que je lui laisse choisir les fleurs et les bières. Se partager les choses à faire était une bonne chose pour moi. Comme ça je n’imposais rien du tout. Vu qu’elle voulait venir, je préférais la voir comme ça. Tout en l’aidant à se lever, je lui disait : « Oui allons-y. Comme ça cela sera plus pratique pour nous. » Ramassant le reste des affaires, je remettais mes chaussures et je patientais le temps qu’elle ait fini de son côté.