Sio&Thaïs + réminiscences du bon vieux temps... rebelle

« Bah elle a mauvais goût parce qu’elle est juste conne comme ses pieds… ça t’étonne toi ? » Thaïs éclata singulièrement de rire non sans s’étonner au passage qu’elle avait hâte de voir Sio passer à l’action. Oh elle se planquerait pour éviter de subir le retour de flamme mais quand même ! « Franchement, quand tu vas commencer à te venger, faudra que tu me décrives tout ça parce que j’ai vraiment, vraiment hâte de constater combien tu es aussi violente que je peux l’être des fois… » Thaïs finit son échauffement et commença à esquisser quelques mouvements simples histoire de commencer en douceur non sans renchérir aussitôt : « Pourquoi tu changes pas de taff ? Y’a plein de profs ici qui ont besoin d’assistantes en danse ! Et dieu sait combien t’es douée ma biche… »

« Pour son casier, j’avais pris une bombe de laque. Ayant pris mes petites affaires avant, j’avais aspergé toutes ses affaires avec ce truc. Trouvant son rouge à lèvres, j’avais écrit un petit mot sur la porte de son casier pour que tout le monde puisse voir le truc. Oui, elle ferait mieux de se trouver un homme à sa hauteur. T’inquiètes je te dirais ce que je lui ferais pour que tu ne manques d’aucunes news à te mettre sous la dent. Il n’est pas question que tu ne sois pas au courant…» Souriant doucement, je savais que mon amie voudrait tout savoir. Donc, j’allais lui donner tout cela pour qu’elle puisse aussi savoir ce que je faisais si on me tapait trop sur le système. Je prenais en compte ce qu’elle me disait et je lui répondais : « Moi en assistante du prof…. ? Hum, bonne idée…. » Continuant mon movement, je ne voyais pas trop quoi dire par la suite. Je fermais les yeux pour me laisser un peu plus aller…

« Bah ouais attends ! Moi je suis fan des potins, d’une, et puis sait-on jamais : si elle vient me cacater, j’ai envie de pouvoir rétorquer des trucs pour l’arrêter direct en chemin… » poursuivit Thaïs, imperturbable, se moquant bien que cette crétine soit le souffre douleur de Sio : après tout, elle l’avait mille fois mérité et ce n’était que justice ! « Bah ouais ! Déjà tu aurais moins tes horaires à la con, j’ai entendu dire que la paye est pas mal, tu auras les vacances scolaires… tu veux que j’en parle à ma prof principale ? » Thaïs se mit à augmenter la cadence au rythme de la musique, allant kicks de jive et mouvements de tango pour le plaisir. « Et sinon, aucun gars à l’horizon ?? »

«  Tu nous l’as joue à la Rambo ou quoi ? » Riant un peu plus, je me demandais bien si mon amie allait continuer comme ça me faire rire. Puis, tout en imaginant la scène, je souriais un peu plus sachant que ma Thaïs serait donc une vraie teigne si on nous cassait trop les pieds….Ah il y a du bon d’avoir une amie comme elle. Je ne risque pas de m’ennuyer et surtout, je vais pouvoir continuer de lui parler encore et encore. Nos souvenirs qu’on a en commun me rendent un peu plus calme en sa présence. Sauf la danse me rendait sereine, je pouvais tout faire aussi calmement que possible. «  Bah quoi ? Ils ont quoi mes horaires ? Bon d’accord, ils sont un peu chiants, j’en conviens. Voire carrément casses pieds. Mais en attendant, qui ramène du Coca à la maison ? » Souriant doucement, je l’observais tendrement. Je me doutais qu’elle ne pouvait pas me voir et j’avoue j’en profitais bien…Je lui répondais alors prestement : « Si tu peux oui, mais après, il faut voir si cela fonctionne ou pas. » La voyant se mouvoir rapidement, elle me fit sourire une seconde fois, et je lui disais : « Non et toi ? »

« Ouais, parfaitement !! Rambo girl c’est moi, tu savais pas ? » ironisa Thaïs non sans éclater de rire au passage, poursuivant sa danse comme si elle n’avait plus eu l’opportunité de danser depuis un lustre et demi. Mais en attendant, si Sio avait l’air nettement plus calme qu’en rentrant de son boulot, se défouler en dansant rendait également la seconde irlandaise plus zen. Comme quoi, il n’y avait rien de mieux… « Okay, je t’accorde le coca et le whisky irlandais aussi, que tu as zappé dans l’équation là tout d’suite ! Mais bon après tes cours tu vas te casser le cul là bas en rentrant à des points d’heure… franchement rien que niveau santé tu y trouverais ton compte j’suis sûre. Demain je te présente à ma prof et au pire des cas ça marche pas mais on aura essayé ! » proposa Thaïs, s’inquiétant sincèrement pour son amie d’enfance. « Bah moi… peut-être qu’il se passe quelque chose avec mon partenaire de danse » dévoila-t-elle doucement.

« Oh, tu as fais ton service militaire ?! » Riant un peu plus, je me demandais si je devais suivre ou pas le truc. Surprise de l’entendre me dire que j’avais oublié le whisky et tout le reste, je m’arrêtais de bouger. « D’accord, t’as gagné….» Faisant ma plus belle moue, je savais qu’elle ne pouvait pas la voir. Sauf qu’elle sentait bien les sentiments des gens. Je savais qu’en la laissant faire que je pourrais la faire sourire aussi. Je reprenais la danse et m’arrêtant alors qu’elle me disait que son partenaire de danse lui avait tapé dans l’œil. Je ne savais pas quoi dire. Les bras ballants, les yeux surpris, je ne bougeais plus comme si j’avais été paralysée de l’intérieur. Je lui demandais tout en m’approchant d’elle doucement : « Ah oui ? C’est qui….»

« Ouais enfin… non mais tu sais que je n’ai pas besoin de ça pour être hargneuse ! » s’amusa-t-elle à répondre avant de ne purement et simplement stopper sa danse en entendant Sio accepter sa proposition. Voilà qui la rassurait car il ne fallait pas croire, Thaïs s’inquiétait énormément pour sa santé et son bien être, même depuis qu’elle avait perdu la vue. « Hey, personne n’est mort et c’est pas une cata il va pas me voler à toi ! Il s’appelle Caleb, il est allemand. J’pense que tu l’aimeras bien… tu sais bien à quel point je n’ai pas fait de l’amour une priorité ces quelques dernières années et là ça me fait du bien, franchement. Pourquoi, tu es choquée ou tu as simplement peur que je morfle ? »

« Ah ? J’aime bien te taquiner. C’est tout. » Il ne fallait pas être idiote pour comprendre que parfois il fallait juste accepter que l’on soit aidé. Soulagée qu’elle me dise qu’elle ne comptait convoler en noces d’amour, je lui répondais amusée : « Tant mieux, mais je ne fais pas la chandelle, je te préviens. » Je notais aussi dans un coin de ma tête d’aller voir qui il était et ce que les gens pensaient de lui. Je reprenais mes mouvements et tout en fermant à nouveau les yeux, je ne savais pas trop quoi lui répondre. Il y avait cette protection que j’avais pour elle, et je ne voulais pas qu’elle morfle c’est tout…Mais comment répondre à une personne que tu connais depuis ta tendre enfance ? Et bien c’est le bazar ! Je tentais donc de lui dire : « Bah…C’est juste que…Qu’il ne faudrait pas que tu sois déçue c’est tout… »

« Je sais, et tu sais aussi que j’adore quand tu me taquines ! » répondit-elle de bon cœur, du tac au tac. Thaïs ne perdit pas pour autant son sourire face à la suite des paroles de Sio, car elle ne connaissait que trop bien son irlandaise préférée et sa façon de voir les choses. « Je ne t’ai pas demandé de tenir la chandelle, si tu ne veux pas le rencontrer tu sais très bien que je ne vais pas te faire la gueule pour si peu ! » rétorqua-t-elle aussitôt avant de cesser de danser pour mieux lui lancer un regard tendre. Elle se rapprocha d’ailleurs, jusqu’à pouvoir prendre sa main dans la sienne histoire qu’elle sente la sincérité de ses paroles. « Si je suis déçue je m’en relèverai, tu me connais. Mais j’en ai marre d’être seule… tu es là et t’es la plus fabuleuse mais amoureusement parlant, c’est juste le désert ! »

« Mais si je veux voir la tête qu’il a ! Eh ! Veux voir….» Faisant une autre moue, je savais que mes mots trahissaient un peu mon appréhension. Il ne m’en fallait pas beaucoup pour que je me fasse du souci pour elle. Sentant sa main et la voir comme ça qui me cherchait du regard sans me voir me rappelait qu’elle avait toujours été comme ça. Je lui répondais en souriant : « Bon, je vais aller le voir ton Coco. Et j’espère que c’est le bon. Sinon, j’irai lui tirer les oreilles. Un point c’est tout ! » La tirant un peu plus pour lui donner un petit bisou sur la joue, je lui disais dans le coin de l’oreille : « J’ai ton cadeau à la maison pour Noël…»