Aidan&Thaïs + for sure you are the man of this situation !

« Hey je connais peut-être pas trop la psychologie masculine mais la féminine, c’est plutôt mon dada ! » continua-t-elle non sans conserver un petit sourire empli de malice contre ses lèvres. Au moins, l’énorme avantage avec Thaïs, c’est qu’elle n’engendrait jamais la morosité, à moins qu’une terrible nouvelle ne lui soit tombée sur le coin du nez, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui et heureusement. « C’est sûr que même si tu l’appelles à deux plombes du mat parce que tu as un souci, il ne mettra pas dix minutes à rappliquer… mais c’est normal, pour lui ses amis sont un peu son cocon de famille, il veille sur eux et dès qu’il n’y arrive pas, ça se transforme tout de suite en insupportable sentiment d’échec. Pareil, je ne peux pas lui jeter la pierre, je suis exactement pareille. J’ai perdu mon ami d’enfance il y a neuf ans, parce qu’on faisait une course de moto en pleine cambrousse et qu’on s’est retrouvés face à un camion qui a perdu le contrôle. Moi j’ai juste eu un bras cassé mais lui ne s’en n’est pas sorti… là je peux te dire que le sentiment d’échec, tu le sens bien passer. Forcément, les amis qui te restent, bah tu les bichonnes. Mais tu devrais passer à l’appart de temps en temps, tu ne déranges pas du tout !! Au contraire ça lui fera plaisir, à moi aussi d’ailleurs et si vous voulez rester entre homme je peux très bien m’éclipser dans mon ancienne chambre de Cabot… » Même si elle doutait très fortement que Caleb la laisse dormir autre part en étant enceinte alors qu’elle était insomniaque de nature et qu’il ne pourrait de fait pas surveiller qu’elle dorme comme il faut… mais la proposition restait sincère quoi qu’il en soit ! « Ne déconne pas, ce paysage que tu décris, on y a justement dansé une valse… sans musique, mais quand même ! C’est pour ça qu’il l’a pris en photo et je trouve que c’est l’idée du siècle niveau du décor !! »

« Beuh pourquoi ? Je ne parlerai qu’en présence de ma vodka, tu peux compter sur moi ! Ne va pas t’imaginer des trucs je ne bois pas en ce moment, hein… si jamais je te mets des idées pareilles dans la tête et que ça vient aux oreilles de Caleb, je peux dire adieu à mes précieux tympans ! » Le pire ? C’est qu’elle était morte de rire. Thaïs n’était pas capable d’être sérieuse plus de cinq minutes à moins que la conversation ne s’y prête et en l’occurrence, elle n’avait aucune envie qu’Aidan la voit sous un jour si sérieux. Même la confession qu’elle lui offrit finit par lui arracher un sourire au final, non pas moqueur cette fois-ci mais attendri, surtout lorsqu’elle serra la main du Lowell dans la sienne. En l’espace de deux secondes, il avait compris que pour elle les contacts avaient tellement plus de poids que les mots… « Tu n’as pas besoin de te perdre dans un discours dithyrambique tu sais, ce que tu viens de dire est très bien, d’autant que cela commence à faire quelques années, je ne peux plus exactement dire que c’est neuf. Par contre je voulais te parler de quelque chose d’important… je sais bien qu’en théorie ce n’est pas à toi que je devrais en parler mais tu connais très bien Caleb et je sais que je peux te faire confiance : il se trouve qu’il existe une opération que je pourrais faire afin de retrouver la vue, mais le pourcentage de chance que je m’en sorte est assez faible… quarante pour cent. J’en ai parlé à Caleb et il a les jetons que je le fasse. Qu’est-ce que tu ferais à ma place ? Tu te ferais opérer en sachant que ça peut te rendre ta vie, te permettre de voir la personne que tu aimes et ton bébé au jour le jour ou tu resterais comme ça en sachant qu’au moins tu restes en vie ? » Thaïs avait cette fois-ci un visage des plus sérieux, preuve qu’un avis supplémentaire ne serait pas de refus, bien au contraire… « C’est marrant je suis sûre que Caleb serait aussi contre que je dorme dehors ! Rien à foutre, on reste une bonne équipe quand même ! »

« Ah, toi aussi tu tiens à tes précieux tympans ? Je crois que Caleb serait capable de nous les briser pour les trois siècles à venir juste pour le trip ! » s’amusa-t-elle à imaginer son cher et tendre dans cette situation, qu’elle trouvait amusante justement parce qu’elle ne risquait pas de la vivre. Thaïs n’avait plus bu une goutte d’alcool depuis qu’elle se savait enceinte, pas même une flûte de champagne alors que c’était le Lowell lui-même qui la lui avait proposée. Comme quoi… « Je me doute que ce n’est pas évident mais même si tu n’es pas à ma place, j’ai besoin de savoir ce que tu en penserais » commença-t-elle avant de boire littéralement ses paroles. Thaïs manquait cruellement d’avis et Caleb avait tellement la trouille de la perdre que c’est à peine s’il voulait évoquer le sujet… il fuyait la conversation et ce n’était pas pour l’aider à vrai dire. « Justement c’est aussi au bébé que je pense : Caleb ne sera pas toujours derrière moi à pouvoir veiller sur nous, surtout pas alors que son père le pousse à tenter de reprendre sa suite en tant qu’ambassadeur. Du coup… c’est d’autant plus pertinent que je sois autonome. Mais je pense qu’à vrai dire, il vaut mieux que je prenne rendez-vous avec un neurochirurgien, j’obtiendrais plus de renseignements susceptibles de m’être utile. » L’avis d’Aidan venait de la conforter dans l’idée de se renseigner, ce qui n’était pas peu dire ! « En fait je l’ai perdue petit à petit. J’avais deux glaucomes depuis très, très longtemps d’après le doc que j’ai vu, mais je me suis rendue compte de leur existence quand j’ai vraiment eu une perte sensible de ma vue. Il y aurait pu y avoir une opération à cette époque là, mais mes parents ont préféré privilégier ma sœur, ils m’ont toujours détestée. Du coup, bah… que mes yeux pour pleurer, sans mauvais jeu de mot ! » ironisa-t-elle d’un ton légèrement plus amer.

« Ça c’est la certitude la plus certaine de la création ! » Thaïs était une femme jalouse, personne n’irait contredire la chose mais Caleb la surpassait de très loin. Parfois, cela devenait un jeu entre eux et souvent, cela les portait à la limite de la dispute. Une chance que l’un comme l’autre sache lâcher du lest à temps sans quoi ils reviendraient machinalement à leurs débuts, quand ils passaient le plus clair de leur temps à s’opposer pour obtenir désespérément le dernier mot. Une chance qu’ils n’en soient plus à ce stade là… « A vrai dire oui, la compagne de mon oncle est neurochirurgien, et je la connais depuis des années. C’est même elle qui m’a susurré qu’une opération pouvait être possible avant de me faire passer quelques examens pour s’en assurer. Elle est jeune mais c’est une pointure, tous les magazines médicaux en parlent et elle a déjà gagné énormément de prix en plus d’être ultra bien classée, je me suis renseignée tu penses ! Je pense que si je veux avoir plus de chances de survivre à l’opération ce sera avec elle. Mais je sais aussi que rien que d’évoquer la chose avec Caleb le fait baliser alors ça risque d’être un peu compliqué ne serait-ce que d’avoir son véritable avis sur la question… » Thaïs pourrait passer par Eventine mais d’un autre côté elle aurait bien voulu juste en parler de façon simple sans qu’il n’aille déjà l’imaginer morte et enterrée. « Tu es adorable… je ne vais pas commenter mon avis sur ma sœur, je risque d’être bêtement méchante et puis je ne serais évidemment pas objective, tu t’en doutes. Je n’ai plus parlé à un seul membre de ma famille depuis ce jour là. Ce n’est pas vraiment de la rancune mais… j’y arrive pas, c’est tout. »

« Exactement ! Je crois que je n’aurais définitivement pas confiance en quelqu’un d’autre pour me charcuter le cerveau… » avoua-t-elle, car si d’aventure Thaïs tentait l’opération, celle-ci ne risquait ni d’être courte, ni anodine. Caleb allait ronger son frein des heures durant et rien que de lui imposer cela la tuait littéralement sur place. « Je sais, crois-moi j’en ai plus conscience que n’importe qui mais le problème c’est qu’au lieu de me dire ce qu’il en pense quitte à me hurler les trucs à la gueule, limite je m’en fous je voudrais juste qu’il s’exprime, il se renferme dans son coin ou change illico presto de sujet. Crois-moi, je ne lui impose pas ça par gaité de cœur, je suis la première à vouloir qu’on soit… un couple normal. Mais pour arriver à ce stade et bien l’opération est une étape. » Le bel allemand ne l’empêcherait sûrement jamais de faire cette maudite opération et peut-être fallait-il juste que Thaïs prenne son mal en patience pour le voir revenir et en parler mais le temps finissait par jouer contre elle. Tels étaient les mots d’Anna : à trop attendre, l’opération n’en devient que plus risquée. « Si tu savais comme je t’envie… pour le coup j’adorerais pouvoir dire que l’espère de folle qui s’appelle Minnie O’Neall n’a aucune parenté avec moi !! Bon ceci dit on se ressemble pas des masses : elle est aussi brune que je suis blonde, elle a les yeux marrons cacas et moi je les ai bleus… »