Aidan&Thaïs + for sure you are the man of this situation !

Thaïs était presque stressée à l’idée de frapper à cette fameuse chambre, en pleine Lowell House, après s’être moult renseignée sur le numéro qu’il lui fallait savoir. Aidan… le meilleur pote de Caleb, celui avec lequel il lui rebattait les oreilles et dont elle avait croisé quelques fois la route mais cette fois, la jolie irlandaise n’avait pas juste envie de le croiser en coup de vent, elle voulait passer un moment avec lui, le connaître, et lui demander un service. Certes, c’était peut-être un brin présomptueux de sa part mais au moins, en entendant la porte de la chambre s’ouvrir, elle fut certaine d’une chose : elle ne s’était pas trompée, puisqu’elle aurait aisément pu reconnaître la voix du Lowell entre mille. « Bonjour Aidan… je ne sais pas trop si tu te souviens de moi, je suis Thaïs, la copine de Caleb » se présenta-t-elle aussi comme si elle avait peur qu’il ne l’éjecte en lui montrant soigneusement la sortie. « Tu es peut-être occupé, je tombe mal ? » poursuivit-elle, sans perdre un millimètre de son sourire tendre et sincère ni de son expression douce, celle qui avait justement fait craquer le bel allemand et qui faisait en général en sorte que peu de monde la déteste. « A vrai dire j’avais une question à te poser… Caleb m’a beaucoup vanté tes talents de peintre et je voulais savoir si tu accepterais de faire un tableau pour moi. J’ai envie de… lui faire une surprise. »

Pour un peu, Thaïs fut tentée de pousser un « ouf » de soulagement car elle avait tellement peur de déranger que cette crainte en devenait presque maladive. Mais à la place, son sourire s’agrandit aussitôt. « Merci beaucoup ! » lança-t-elle d’un ton plus enjoué encore tandis qu’elle rentrait, un peu perdue sur le moment vu qu’elle n’était jamais venue en ces lieux et que sans repère, elle risquait de rester droite comme un i jusqu’à ce qu’elle ne se sente plus à l’aise… et dieu sait à quel point cela pouvait prendre du temps. Elle fut cependant surprise qu’Aidan ne lui prenne son bras, l’amenant ainsi jusqu’à un fauteuil où elle prit docilement place en repliant soigneusement sa canne, dont elle n’avait plus l’utilité pour l’heure. « Heum… si tu as un café, alors bien volontiers ! » Thaïs était réveillée depuis des lustres, en tant que bonne insomniaque qui se respecte mais même si elle n’en n’avait pas ‘besoin’ en soit, elle ne crachait jamais sur un peu de caféine. Cela l’aidait à tenir l’intégralité de ses journées sans avoir l’irrépressible envie de s’écrouler dans des lieux disons tous plus étranges les uns que les autres. « Merci pour ton accueil, en tout cas. Ça me fait un peu bizarre, vu que je ne t’ai jamais vu à part lorsque Caleb venait te voir mais… justement c’est sympa ! Sinon… je crois que je ne connais pas vraiment ses goûts aussi bien que toi, je ne me voile pas la face. Je veux dire, c’est un passion de danse, de guitare, de chant et de moto mais je ne sais pas si cela te seras d’une grande d’aide… j’aimerais quelque chose qui soit parlant, qui lui évoque quelque chose de sentimental dès qu’il le voit, tu comprends ? On peut aussi essayer de taper dans son pays natal mais vu qu’il l’a quitté à quatorze ans, je ne sais pas si c’est l’idée du siècle… »

« Je veux bien du sucre merci ! » lança-t-elle de son sempiternel ton enjoué avant de ne commencer à siroter la tasse juste offerte par les bons soins d’Aidan. Ceci étant, elle manqua de s’étrangler avec une gorgée car l’une de ses répliques la fit mourir de rire. « Déconne pas je serais tout à fait capable, faut pas me dire chiche à moi ! Ceci dit, mon cher Aidan, j’ai bien peur que Caleb ne veuille te crever les yeux juste pour le principe et rétablir un certain équilibre des choses si jamais on prend ce risque » déclara-t-elle, encore hilare, n’hésitant pas à renchérir sur la plaisanterie de son interlocuteur juste pour lui prouver qu’il ne fallait surtout pas hésiter à être naturel : Thaïs n’était pas facilement choquée par ce genre de chose, bien au contraire. Elle aimait dire de la merde, ne pas avoir un vocabulaire soutenu et c’est ce même tempérament qui l’avait mis si mal à l’aise pendant sa présentation aux beaux-parents… elle avait eu tellement peur de faire une bourde, faut dire ! « Tu penses qu’un portrait de moi lui ferait plaisir ? J’y ai pensé, mais sur le coup ça m’a parut un peu… présomptueux. Mais s’il est fait par toi ce serait sûrement plus efficace, tout de suite ! A vrai dire ce qui suscitera sûrement de l’émotion c’est notre duo de danse, mais il faudrait que tu le peignes lui aussi sur le tableau dans ce cas là, mais sinon ça sera très certainement notre escapade de Noël en Allemagne. D’une parce qu’il m’a présentée à sa famille, m’a montré où il vivait et… il a appris qu’il allait être papa puisque c’était mon cadeau de Noël » lui apprit-elle, tout d’un coup nettement plus sérieuse qu’elle ne l’avait été jusqu’à lors bien que son sourire ne tarda pas à refaire son apparition. « Qu’est-ce qui serait le plus pertinent à ton avis ? »

« J’avoue que là-dessus je te laisse seul juge mais bon… ce serait quand même moche ne serait-ce qu’il te court après dans toute la fac en te beuglant après… quoi que ce serait fun pour les spectateurs mais je m’en voudrais qu’il en arrive là ! » poursuivit-elle, fière qu’Aidan soit tel qu’elle l’avait imaginé : déconneur, à mettre immédiatement quelqu’un à l’aise sans chercher à péter plus haut que son séant. Ce n’était plus si étonnant pour elle qu’il soit le meilleur ami de Caleb, l’allemand devait réellement se sentir en confiance en sa présence, bien que la jolie irlandaise n’ait aucune envie de voir jusqu’où ses deux loustics pouvaient bien aller une fois un peu éméchés en soirée ! « Je croyais savoir qu’il n’avait pas eu le temps de te le dire parce que j’avais interrompu votre dernière entrevue… désolée d’ailleurs, si ça se trouve il va m’en vouloir mais au pire tu n’auras qu’à dire que je t’ai flanqué le couteau sous la gorge pour que tu me supplies de te le dire et voilà ! Je te remercie de ton soutien en tout cas… d’autres n’auraient pas eu la même délicatesse mais ça ne m’étonne pas une seconde, tu es un gars en or. » Thaïs était toujours d’une franchise à couper le souffle, cela plaisait ou pas, mais en l’occurrence elle pensait chaque mot énoncé. Ce qui ne l’empêcha pas de faire claquer ses deux mains l’une contre l’autre en sautillant légèrement sur son siège comme une gamine… voilà pourquoi Caleb la trouvait tellement rafraîchissante, car dans le genre enthousiaste, elle se posait là. « J’adore le concept ! Tu veux que je cherche des photos d’Allemagne ou tu as peut-être ça en magasin ? »

Dieu sait combien Thaïs avait eu du mal avec la froideur de Caleb au départ, mais cette passade lui semblait révolue désormais. Sûrement était-ce dû au fait que tous deux avaient fait des efforts à leur façon pour se donner une chance d’avancer et de regarder dans la même direction… « Au pire des cas, s’il y a une nénette qui te plaît, tu peux te la jouer warrior qui a combattu un ours ! Ça fait bien dans le tableau tout de suite » poursuivit la jolie irlandaise en se mordillant la lèvre inférieure pour ne pas s’esclaffer trop fort : il ne s’agissait pas d’effrayer Aidan, n’est-ce pas ? Surtout pas alors qu’il lui avait ouvert sa porte sans condition, porté par l’amitié qu’il vouait à Caleb bien qu’il ne connaisse pas encore forcément beaucoup la tempétueuse blonde. « Disons qu’il a des principes… mais je ne peux pas lui retirer ça, moi-même je ne serais jamais du genre à annoncer ce genre de choses par téléphone ou pire, par sms. Je préfère avoir les gens en face, c’est beaucoup mieux de constater leur réaction en direct live. Mais je sais que tu m’as tiré la langue vilain, j’t’ai entendu !! Tu sais, si tu veux venir voir Caleb il n’y a aucun souci, je ne suis pas du genre à l’enfermer dans une prison. Il est au courant mais bon je ne vais pas me plaindre non plus qu’il veille au grain avec moi… le bébé est prévu pour début septembre 2014 ! Tu vois ce n’est pas pour tout de suite ! » Mais Thaïs et Caleb semblaient avoir autant hâte l’un que l’autre de voir ce petit bout pointer son nez, sincèrement. « Je comprends pourquoi vous vous entendez si bien, vous êtes… pareils ! Deux papas poules ! Ça va, une tasse de café ne va pas me tuer et puis si tu cherches à me la piquer fais gaffe je mords ! Bon tu le diras pas à Caleb, hein, ce sera notre pitit secret !! Sinon j’vais me faire appeler Arthurette moi… » Ceci étant dit, Thaïs farfouilla dans son sac pour sortir toutes les photos de paysages prises par Caleb lors de leur voyage en Allemagne. S’il s’était arrêté pour les prendre, c’est bien que les paysages lui plaisaient n’est-ce pas ? « J’espère qu’il y en a au moins une qui pourra te servir… »