(+Anna) D.e.C.o. ou l'Art de se trouver des meubles

« Tu sais ce qu’on dit, il n’y a jamais de meilleures occasions de remonter le moral d’une personne qu’en lui faisant l’amour dès que l’on se trouve à proximité d’elle… Bon ok c’est inventé de toute pièce mais je présume qu’il nous faut nous montrer raisonnable ?! Diable que je déteste ce mot ! Raisonnable, comme si je l’étais dans ma vie de tous les jours » grommelais-je dans ma barbe inexistante non sans sourire car j’aimais aussi ces moments à taquiner Anna sans pour autant penser au sexe. Disons que j’étais le parfait exemple du : c’est ceux qui en parlent le plus qui en fond le moins –bien que dans l’intimité, j’étais un véritable gourmand. « Je te signale que ta fille m’adore mais peut-être devrais-je commencer à dire notre fille non ? » demandais-je presque timidement pour le coup. En tout cas, Anna avait le don de m’émoustiller en un rien de temps et de passer du coq à l’âne. « Attends, tu m’en as trop dit ou pas assez ! Je veux tout savoir ! »

« Pour sûr tu n’es pas l’inventeur de ce mot chéri mais c’est pas grave je t’aime quand même hein ! Ceci dit je ne vois même pas où nous pourrions batifoler ici il n’y a aucun coin caché alors oublie cette idée pour le moment, il sera toujours temps que tu t’en souviennes une fois de retour à la maison ! » précisa-t-elle car il ne fallait pas croire qu’Anna ne désirait pas Sam, bien au contraire. Mais ses désirs étaient légèrement plus secrets et enfouis que ne l’étaient ceux de l’archéologue, de toute évidence. « Puisque tu vas l’adopter officiellement c’est quand même aussi un peu beaucoup ta fille, il faudra que tu t’y fasses… d’ailleurs tu ne l’as pas entendue l’autre jour, tu venais de quitter le salon mais elle a dit « papa » à ton attention ! Quant aux nus artistiques… tout dépend. Déjà ce que tu as à offrir en échange, et puis il faudrait que tu vois, je ne vois pas ce que je peux t’expliquer à vrai dire ! »

« Je note qu’une fois de retour à la maison, tu te proposes pour me remonter le moral et t’assurer que je me sente bien mieux. » m’amusais-je à lui répondre en ronronnant presque. En tout cas le sourire débile que j’affichais n’était pas prêt de s’en aller de mon visage car non seulement la perspective de passer du bon moment avec Anna m’enchantait mais en prime, j’appris que Moïra m’avait appelé papa et qu’Anna avait posé pour des nues artistiques. « Je veux les voir ! Demande moi ce que tu veux femme, j’obéirais dans les limites du possible hein ! Bon tu as quand même une sacrée dose de manœuvre je pense » plaisantais-je avant de glisser un bras autour de sa taille et de marcher vers les salons et autres salles à manger. « Elle a dit papa, c’est vrai ? » demandais-je soudainement avec un je ne sais quoi de fragilisé au fond de ma voix. Peut-être est-ce que l’homme qui se désespérait d’être père se sentait revivre.

« Je ne voudrais surtout pas que tu puisses dire que tu es à l’article de la mort donc oui, que ne ferais-je pas pour que tu te sentes bien ! » ironisa-t-elle non sans lancer un regard faussement désespéré à cet air quasi débile qu’il affichait. De toute manière, Anna y était habituée depuis le temps et ne s’en formalisait plus le moins du monde. Au contraire, au bout du compte cela l’amusait même. « Si tu es sage, je te les montrerais… et c’est dur de te demander quelque chose, comment je sais si tu es partant ou pas ? Il vaut mieux que tu me proposes ce que tu es disposé à faire, ce sera plus pratique pour moi ! Parce que y’en a pas qu’un des nus » précisa-t-elle non sans entourer à son tour son bras autour de sa taille, reposant un instant sa joue contre son épaule avant d’esquisser un petit sourire tendre. « Pourquoi, cela te gêne qu’elle t’ait appelé papa ? »

« Euh y en a combien des nus ? Tu faisais carrière ou quoi ? » rigolais-je pas le moins choqué par son passé sulfureux. Il faut dire que je n’étais pas du genre à prendre ombrage facilement ou à être jaloux. Du moins, c’était avant de tomber amoureux de cette femme mais heureusement pour moi, ma jalousie était contrôlée et ce genre de révélation m’intriguait et m’amusait plus qu’autre chose. « Qu’est-ce que je serais prêt à faire ? Un petit dej’ au lit pendant trois semaines ? Un dîner au restaurant ? Un bon pour une soirée romantique ? Venir te faire l’amour pendant une de tes gardes ? Les possibilités sont nombreuses » lui souriais-je en déposant un baiser sur le sommet de son crâne. « Non au contraire, j’aime cette idée. J’ai envie d’être père depuis que Thaïs est née…Je suis bêtement heureux, c’est tout » lui expliquais-je maladroitement en ayant l’impression d’être un peu idiot de lui avouer mon penchant de père frustré.

« Disons que j’ai six albums plein… bon je n’ai pas compté le nombre de pages, par contre. J’étais le cobaye d’un photographe pendant ma fac de médecine » précisa-t-elle d’un ton extraordinairement sérieux car elle prenait ce travail comme un vrai travail d’artiste, voilà pourquoi elle gardait précieusement ses clichés extrêmement flatteurs dans un coin qu’elle était la seule à connaître, il allait sans dire. « Alors dans ce que tu proposes, je veux bien que tu me fasses l’amour pendant une de mes gardes, le bon pour une soirée romantique et j’irai même plus loin : le fait que tu me surprennes. A ta convenance des moyens, tu as beaucoup d’imagination après tout, et je le sais d’autant plus que j’ai lu et relu ton bouquin » reprit-elle non sans mordiller légèrement son oreille subrepticement, le plus discrètement possible, preuve qu’elle était une habituée de la discrétion. « Thaïs ça viendra… mais pour Moira, t’es limite son héros déjà, c’est l’évidence même ! »

Six albums ?! Je voulais bien la demander en mariage pour avoir le droit de voir ces photographies. « Ainsi donc mon petit cœur a été mannequin dans sa jeunesse ?! Je suis bien content que tu ne vois jamais l’unique photo de moi épinglé dans un des bars de Cambridge. Je ne suis pas certain que tu me vois pas d’une autre façon après » grimaçais-je car si elle voyait cette fameuse photographie de Nicolaï et de moi pendant nos études… sûr qu’elle piquerait certainement une crise. Il faut dire que c’était durant un concours de T-Shirt mouillé et que j’étais entouré d’une paire de jumelles pour le moins débraillée. Moi-même, je portais une perruque brune ainsi qu’une robe. Pour ma défense, c’était durant Halloween et que j’étais déguisé en miss America. « Tes conditions me semblent honnêtes… en parlant de livre, j’ai bientôt bouclé la première partie de mon second roman » lui annonçais-je avec fierté mais être le héros de Moïra était foutrement plus important néanmoins. [b] « C’est mon petit cœur junior ! Tiens, tu en penses quoi de ce salon madame je vous allume discrétement ? »

« Mannequin, je n’irais pas jusque là ! Disons que j’aidais un photographe émérite, gigantesque nuance… ceci dit je pense que tu restes pire que moi bien que l’habit ne fasse bien évidemment pas le moine, il va sans dire. » Anna avait été une étudiante disons très, très fêtarde, aussi fêtarde qu’elle était sérieuse aujourd’hui mais à sa décharge, désormais elle avait un enfant et il n’était pas question que de remettre en lumière ses anciens travers, bien qu’être en présence de Thaïs ne manque jamais de la tenter d’une certaine façon. « J’espère bien qu’elles te semblent honnêtes ! Sachant que je ne dévoilerai lesdites photos au fur et à mesure une fois les conditions remplies, que veux-tu, je suis extrêmement dure en affaires… et je ne t’allume pas, je crains ne pas en avoir besoin, tu marches aux piles Duracell, tu ne t’éteins jamais ! Ceci dit pour te répondre ce salon me paraît parfait… j’aime énormément les couleurs et surtout le canapé, pour m’écrouler avec trois gardes, ce sera l’idéal ! »

« Je suis victime de ma réputation, je suis bien plus sage qu’il n’y parait. Pour preuve, la dernière fois que j’ai fait la bringue remonte à des mois et des mois. A non, c’était il y a trois jours » rétorquais-je avec un sourire goguenard car il était inutile de lui dire que j’avais passé la soirée au burlesque avec deux autres professeurs. Je tenais à ma vie mais aussi à mon service trois pièces. En tous les cas, j’avais été très sage ce soir-là aussi bien côté fille que côté alcool. C’est que je ne voulais vraiment pas gâcher mon histoire d’amour avec Anna. Par ailleurs, j’avais pris conscience que je pouvais me retrouver dans la même pièce qu’une jolie jeune femme sans éprouver le besoin de coucher avec et pour un séducteur aussi infidèle que moi c’était un grand pas. « Je vois ça mais tu sais que je vais toutes les voir tes photos ? Je suis têtu ! Par contre c’est quoi cette histoire de pile duracel ? Tu trouves qu’on fait trop souvent l’amour ? » m’inquiétais-je aussitôt.

« Victime de ta réputation… il vaut mieux que j’entende ça plutôt que de finir sourde ! Et ta dernière escapade à faire la bringue sous entendait d’autres damoiselles ou était simplement composée de testostérone ? » Anna savait par avance que s’il s’était rendu dans un bar de striptease, il ne s’en vanterait sûrement pas, de peur du retour de bâtons, et m’est avis qu’il avait bien raison de craindre le pire car la jolie russe lui en voudrait potentiellement jusqu’à la trinité. A la place, elle haussa les épaules, preuve qu’elle ne chercherait sûrement pas plus loin par principe bien qu’elle ait l’impression qu’il ne lui ait jamais proposé de sortir, juste pour le fun. « Tu sais, un de ces soirs, tu peux me proposer aussi d’aller boire un verre » mit-elle en avant sans ton de reproche qui tienne, juste pour lui dire qu’elle n’était pas réfractaire à l’idée. « Toutes les photos ? Rien n’est moins sûr et pourquoi diable t’es-tu mis dans la tête une idée pareille ? Je n’ai rien dit de tel ! »