(+Anna) D.e.C.o. ou l'Art de se trouver des meubles

Quelques jours après avoir proposé à Anna d’emménager avec moi dans ma nouvelle maison, nous avions convenu de nous retrouver dans une grande enseigne de magasins de meubles pour justement choisir la nouvelle décoration. Je n’avais jamais été très doué pour la décoration alors un point de vue féminin ne serait pas de trop. La seule chose qui risquait de poser problème, c’est que je refusais qu’elle dépense un cents. J’avais les moyens de payer tous les meubles alors autant en profiter surtout que prochainement, si dieu le veut, mon second livre serait publié et récolterait le même accueil que le premier. « Je sais, je suis en retard comme d’habitude mon petit cœur » m’exclamais-je tandis que j’entourais sa taille de mes bras pour l’embrasser tendrement histoire de me faire pardonner de mes quinze minutes de retard. « Une étudiante qui voulait échanger sur la civilisation aztèque. Tu vas bien ? »

« Tu es au courant que je pourrais te priver de bisous pendant au moins quinze heures pour compenser tes quinze minutes de retard ? » lâcha-t-elle d’un ton extrêmement sérieux mais si Sam savait lire entre les lignes, il verrait très certainement qu’il s’agissait là d’une bête plaisanterie pince sans rire. « Je t’en foutrais de la vieille civilisation ! J’étais prête à commencer sans toi et m’endormir sur les lits en tête de gondole… » poursuivit-elle du même ton avant de n’entrer purement et simplement dans l’enseigne de meuble dont le magasin était gigantesque et lui donnait par avance le tournis. « Compte sur moi pour trouver une punition à la hauteur, mais avant, tu veux que l’on commence par quoi ? Cuisine ? Chambre ? Salle de bain ? » Anna n’avait pris ni plan, ni liste et comptait bien faire ça au feeling. Après tout, elle ne roulait pas sur l’or.

« Tu as toujours été disproportionnée dans tes punitions. Franchement, les médecins, vous n’avez aucune notion de souplesse » la taquinais-je suite à sa plaisanterie. Quinze heures pour quinze minutes, je ne voulais pas connaitre le tarif pour oublier un anniversaire important. Note à moi-même, faire des mémos sur mon agenda. « Regardez-là la mère fouettarde ! Tu as raté ta vocation, tu aurais dû être avocate ou juge tiens ! Mais je serais d’avis de commencer par la cuisine, c’est plus ton truc et c’est la pièce que je déteste » marmonnais-je en sachant pertinemment que je gardais le meilleur (la chambre) pour la fin. « D’ailleurs en parlant de chambre, tu souhaites qu’on refasse une chambre toute neuve pour Moïra ? » lui demandais-je sachant que j’étais prêt à faire toutes les peintures et autres menus travaux de bricolage car j’adorais les travaux manuels, c’était mon petit dada.

« Mère fouettarde, parfaitement ! Tu as intérêt à filer droit si tu veux que je te donne ton cadeau de Noël et pas une fessée à la place ! » Ceci étant, Anna n’avait pas raté sa vocation : elle était très douce avec ses patients, notamment avec les enfants, et une femme à poigne face à ceux récalcitrants. En somme, savoir s’adapter à chaque situation avait diablement du bon. « Va pour la cuisine mais tu sais chou, je ne désespère pas de te faire un jour adopter le tablier pendant que JE checkerai le journal les pieds dans le fauteuil… ceci dit je suis pour une chambre pour Moira mais ça va dépendre parce que je n’ai pas encore fini de rembourser mes deux prêts et je risque d’être vite étranglée. » Anna ou comment ne pas avoir l’habitude de partager les frais. Il ne fallait pas lui en vouloir, ses deux jobs bien payés étaient tout récents.

«Je suis toujours sage et si tu gardes ton cadeau de Noël, je garde le miens en otage et toc ! Mais je veux bien la fessée maitresse Anna » rétorquais-je en jouant la carte de la connerie comme mon habitude car effectivement, je n’allais pas prendre ombrage de ses plaisanteries surtout qu’elle était déjà en soi, un cadeau de Noël. « Euh là tu prends quand même tes rêves pour des réalités. Moi vivant, je n’irais dans une cuisine que pour aller me chercher une bière mais je veux la meilleure des cuisines pour toi histoire que tu te sentes bien quand tu me feras de bons petits plats » rétorquais-je avant de glisser ma main dans la sienne. « Je ne veux pas que tu débourses un cents… Écoute-moi, tu as des prêts à rembourser et j’ai une aisance financière qui me permet de subvenir à nos besoins. Oublions cette histoire d’argent et amuse-toi ! Vois cela comme le cadeau d’un père pour son deuxième bébé »

« Tu n’as pas le droit c’est affreusement bas de garder mon cadeau en otage ! Si tu fais ça… je fais grève de câlin crapuleux ! » La menace ultime. L’arme suprême. Anna ne l’avait encore jamais utilisée sur Sam mais quelque chose lui disait qu’elle pourrait tout à fait avoir un effet bœuf, avec un peu de chance. « Tu es chié quand même… toujours moi qui doit faire la popote, pourquoi tu ne t’y mettrais pas espèce de macho ? Ah je ne peux même pas te menacer de ne plus rien faire tu es capable de commander chez un traiteur rien que pour m’emmerder… » soupira-t-elle sans pour autant s’empêcher de serrer fièrement la main de l’irlandais dans la sienne, le gratifiant même d’un sourire avant qu’il ne lâche une bombe à laquelle elle ne s’attendait pas. « Ton deuxième bébé ? Finalement tu acceptes vraiment d’être le papa de Moira ? »

« AH NON ! » m’écriais-je d’un coup d’un seul faisant retourner un certain nombre de têtes sur notre couple. « Ce serait totalement criminel, c’est interdit dans toutes les conventions, dans les droits de l’homme et même dans le code des Jedi : Ton homme, tu ne priveras pas de câlins crapuleux ! On ne prend pas les câlins en otage » boudais-je avant de me montrer clairement macho, chose que j’étais sans me cacher. En fait, ce n’était pas tant que je pensais que la place de la femme était dans une cuisine mais clairement que la mienne, n’y était pas. Je n’aimais pas faire la cuisine mais j’étais un grand gourmand, un estomac sur pattes. « Pour sûr, j’adore t’emmerder tout comme oui, j’accepte d’être le papa de Moïra car j’adore ta fille tout comme je t’adore toi. Alors tu acceptes de jouer au shopping avec moi sans te prendre la tête avec la notion d’argent ? Imagine que tu viens de gagner au loto et que je suis ton gros lot »

Anna cacha légèrement sa haute hilarité sans forcément éclater de rire, étant persuadée que sa petite menace aurait l’effet escompté : diable que c’était jouissif de le provoquer de cette manière. Il réagissait vraiment au quart de tour… « C’est peut-être interdit mais si tu me cours trop sur le haricot, ce sera ta punition suprême alors fais gaffe ! » Même si elle devait admettre que leur vie sexuelle la comblait tout autant et qu’elle peinerait grandement si elle ne pouvait pas relâcher toute la pression sur ses épaules de cette délicieuse manière. « Mon gros lot ? J’ai le droit de faire un mauvais jeu de mots et te demander si tu fais ding ding quand je te secoue ? Plus sérieusement, oui j’accepte, bien sûr. Et de mon côté j’ai une question à te poser, ça fait un petit temps que j’y pense… est-ce que tu accepterais d’adopter Moira ? Officiellement je veux dire ? »

« T’es pas la mère fouettarde, t’es le diable en string ! » protestais-je en boudant quelque peu, prêt à mettre une stratégie en place quitte à venir me trimballer avec une clochette accroché au sexe jusqu’à son hôpital pour la tenter s’il le fallait. Je n’avais pas peur du ridicule alors je serais tout à fait capable de lui faire un coup pareil. A la place je lui tirais la langue tout en glissant mon bras autour de ses épaules pour la faire avancer vers le rayon cuisine quand elle lâcha brutalement sa question qui me fit me cogner à un meuble imposant. « Putain me sors pas des trucs pareils comme ça !! Tu veux que je te claque entre les doigts ? » râlais-je en retrouvant mon Anna qui pouvait sortir tout et n’importe quoi qu’importe le moment. « Bien sûr que j’accepte.. Mais ça ne va pas poser problème vis-à-vis de son père ? Je n’ai pas envie qu’il te fasse chier mais en tout cas, je serais ravi ! »

Anna lui tira à son tour la langue, peu décidée à ne pas avoir le dernier mots lorsque Sam manqua de se viander en se prenant un meuble. « Mais qu’est-ce que j’ai dis ?! » s’arrêta-t-elle brusquement en levant les mains en signe de défense, prête à faire éventuellement une prise de kung-fu pour ne pas subir le moindre dommage collatéral. A ses yeux, que ce soit ici ou ailleurs le lieu importait peu, seule sa réponse importait. « Mais c’était pas une question méchante, c’est pas comme si je t’avais engueulé réellement ! » protesta-t-elle en croisant les bras contre son corps élancé et fin, sourcils froncés, lèvres pincées. Décidément, Anna ne comprendrait jamais le commun des mortels, c’était définitif. « Tu sais bien que j’aime vivre dangereusement… son père n’a rien à dire, la garde lui a été retirée techniquement parlant il n’est plus rien pour elle et c’est parfait comme ça ! »