Caleb&Thaïs + you didn't ask me to come with you, so don't complain !

Thaïs émit une petite moue. « Ce n’est pas dans ce sens là que je l’entendais » soupira-t-elle légèrement car dans le fond, elle savait très bien que Caleb avait compris. A sa décharge, elle n’était guère experte en relations sociales non plus, n’ayant pas été en couple même une semaine dans sa vie, il y avait donc tout à faire… et cela ne lui faisait que craindre davantage un potentiel abandon. La jolie irlandaise ne se leurrait pas : en sa compagnie, il pariait sûrement sur l’une des meilleures danseuses de Harvard mais guère sur le meilleur cheval en tant que partenaire de vie. Non seulement parce qu’elle possédait un handicap majeur qui jamais ne subirait la plus petite évolution, mais aussi à cause de son caractère presque opposé au sien. Restait à savoir s’ils sauraient devenir complémentaires comme ils savaient si bien le faire en danse… mais Thaïs avait envie de croire que oui. « Tu veux que je devienne ta petite amie de manière officielle ? » tenta-t-elle de lire entre les lignes en rougissant très légèrement au passage, tout en gardant un petit sourire amusé sur les lèvres. Dire qu’elle était émue s’avérait être un euphémisme, elle était plus que touchée, et ce fut d’ailleurs ce qui la poussa à lier à nouveau ses lèvres aux siennes d’une façon extrêmement tendre, contrastant agréablement avec son tempérament flamboyant. « En théorie après un câlin tu peux serrer ta partenaire dans tes bras, à moins que… tu n’aimes pas ça ? » Thaïs se permit de s’asseoir, cherchant le plus petit repère qui puisse lui permettre de ne pas agir de façon ridicule. « Je n’ai aucune expérience de couple alors je te préviens, tu risques de galérer à m’expliquer les choses mais j’apprends vite. Et puis j’ai envie d’apprendre. Dis-toi que la seule fois où j’ai eu l’impression d’avoir été amoureuse, c’était pendant un échange linguistique en Allemagne, j’avais treize ans et c’était avec le fils Weyss si je me souviens bien de son nom de famille. »

« Oui. C’est bien ce que je te propose » lui dis-je en la trouvant adorable tandis que deux petites rougeurs éclairèrent soudainement ses joues. Elle était vraiment belle et il était dommage qu’elle n’ait pas plus confiance en elle à ce sujet. Bien sûr que son handicap jouait dans la balance mais c’était surtout parce qu’il ne lui permettait pas d’interpréter mes regards et ainsi, ne pas prendre pour argent comptant mes paroles parfois un peu trop rêches. « Si tu revenais dans mes bras, je pourrais te le faire ton câlin » plaisantais-je en passant le bout de ma langue sur ma lèvre inférieure comme pour garder avec moi, le gout de ses lèvres. Malheureusement, je m’étouffais presque dans la seconde qui suivit. En même temps, ce n’était pas tous les jours que votre nouvelle petite-amie de quoi, deux minutes, vous annonçait qu’elle avait été amoureuse de votre frère. Comment je le savais ? Stefen m’avait bassiné avec sa blonde durant pas moins d’une année. « Première leçon : annoncer à son petit-ami qu’on a été amoureuse de son frère aîné, ce n’est pas la meilleure des manières de commencer une relation » déclarais-je froidement tandis que je me redressais, assez douché pour l’occasion. « Mon nom complet est Caleb Weyss, je suis le frère cadet de Stefen. Je lui passerai le bonjour de ta part si tu veux » lâchais-je ironiquement, mes vieux complexes envers mon frère ainé remontant à la surface. Il n’y avait pas idée de tomber sur la seule femme ayant été amoureuse de son frère. La loose, quand on l’a, c’est pour la vie. Avec Caleb, je loose en paix, tel pourrait-être mon slogan télévisuel sur l’air de Avec Carrefour, je positive.

« D’accord, d’accord, je reviens alors ! » lança Thaïs d’une petite voix mutine avant d’être douchée à son tour par l’aveu de Caleb. Bordel de putain de merde, mais quand allait-elle un jour apprendre à fermer sa gueule ? Ce qui était un moment agréable devint bientôt un instant hautement gênant, car le jeune homme ne manqua pas de lui répondre avec son habituelle froideur lui donnant ni plus ni moins envie de l’étrangler. Adieu câlin, Thaïs pouvait sûrement s’asseoir dessus car elle avait à peine eut le malheur de lui confier quelque chose que déjà, il le prenait mal. « C’est moi ou j’ai bien précisé que j’avais treize ans à l’époque ?! » lança-t-elle en conservant les yeux écarquillés, s’asseyant sur la banque après s’être redressée à son tour pour mieux secouer négativement la tête de droite à gauche. « Au risque d’enfoncer une porte ouverte Caleb, tu ne m’avais jamais dit ton nom de famille et bien que cela m’arrangerait des fois, je ne suis pas devin ! C’est quoi cette réaction pourrie ? Je te confie quelque chose et ça y est, je suis conduite à la pendaison ? Charmant ! Et puis merde j’avais treize ans, je suis tombée amoureuse comme on aime à treize ans ! On a été proches oui, on s’est écrit pendant longtemps oui, mais je ne l’ai jamais revu et je ne ressentirai que de l’amitié si je le recroisais aujourd’hui ! Merde je vais pas m’excuser pour un truc qui s’est passé il y a mille ans, franchement t’es blessant à la fin, je vais plus oser parler si ça continue… j’t’en foutrais moi des « c’est pas l’idéal pour commencer une relation », comme si t’avais jamais été amoureux de ta vie ! J’y crois pas » s’emporta-t-elle en ramassant sa robe pour la remettre d’un geste rageur, oubliant sa culotte sur le sol de la limousine. Elle était trop en colère pour y penser de toute façon.

« C’est pas contre toi que j’en ai ! C’est juste que Stefen m’a bassiné avec sa jolie blonde pendant plus d’un an alors oui, c’est simplement que j’aurais aimé que pour une fois, je n’ai pas à souffrir d’une simple comparaison. Je sais bien qu’il est bien plus abordable que je ne le suis et puis lui… tu as pu le voir n’est-ce pas ? » murmurais-je sur un ton un peu perdu car je n’étais pas réellement en colère et je ne l’agressais pas du moins pas à mon sens. « On fait tous des complexes pourris et les miens sont envers mon frère » soupirais-je avant de me baisser pour attraper sa petite culotte, venant à ses côtés pour l’attirer dans mes bras. « Dis, tu comptes remettre ta culotte ou je la garde en souvenir de notre soirée ? Je sais, je suis un con, un homme des cavernes et tu as envie de m’étrangler mais imagine, c’est pas toujours l’idéal quand ta petite-amie a flashé il y a des années sur ton frangin » repris-je la parole avant de déposer un baiser sur sa tempe. « Si je te dis qu’une fois de retour à Cambridge, je te propose une réconciliation sur l’oreiller, tu m’envoies péter ou je vais réussir à me faire pardonner ? » demandais-je sur un ton des plus sérieux car mine de rien, la réponse me tenait à cœur surtout qu’il y avait à la clé une nouvelle étreinte où nous pourrions simplement savourer. J’avais adoré lui faire l’amour mais je n’étais pas contre une ambiance réellement intime et surtout du temps devant nous. « Pour information, tu es magnifique dans cette robe »

« Ouais bah encore une fois je ne suis pas devin, je ne pouvais pas savoir qu’il t’avait bassiné avec moi ! » grommela-t-elle en conservant ses bras serré contre son corps fin, sourcils froncés, respiration relativement rapide sous le coup de la colère. « Oui j’ai pu le voir mais j’ai partagé mille fois moins de trucs que je n’en n’ai partagé avec toi, ce n’est pas comparable et puis je ne sais pas pour qui tu me prends mais je ne suis pas du genre à comparer sans arrêt les gens. Ton frère, c’est ton frère, toi tu es toi et c’est toi que je suis réellement tombée amoureuse, pas de Stefen ! » Il y avait dans la fin de son discours la preuve ultime que Thaïs était vraiment en colère : elle se dévoilait sans honte, sans restriction ni condition et surtout, sans même s’en rendre compte. Ce n’était sûrement pas plus mal car au moins, Caleb venait de se voir annoncer clairement la couleur… avant de ne lui arracher un tout petit sourire amusé au sujet de sa petite culotte. « Bah garde-là, si tu veux en faire un trophée » le défia-t-elle avant que son sourire ne s’agrandisse tandis qu’il lui embrassait la tempe et tentait de se faire pardonner son accès de colère précédent. Il avait de la chance qu’elle ne soit pas réellement rancunière envers lui et n’ait donc pas manqué de lui répondre premièrement en déposant un frêle baiser contre ses lèvres. « Je veux une nuit de folie, m’endormir dans tes bras ET la journée de demain tous les deux vu que selon mes renseignements, tu n’as pas cours. Bon en théorie j’étais censée venir te cueillir à ton dortoir chez les Lowell pour t’emmener faire une balade et tenter de te charmer mais ce programme me va aussi. » Pour cette fois, et cette fois-ci seulement, Thaïs avouait avoir eu dans l’idée de lui prouver ses sentiments en dehors de leurs entraînements de danse… où ils n’auraient pas été danseur mais juste Caleb et Thaïs. « C’est toi le plus beau. »

Elle m’aimait et moi, pour seule réaction, j’avais un sourire niais et con au possible. Il était encore trop tôt pour moi de lui dire ces mots. Le souvenir de Mary était encore trop vivace dans mon cœur et dans ma tête mais je savais que je la voulais elle et pas une autre. C’était avec elle que je voulais faire des grasses mat’, m’endormir et me réveiller le matin même si nous n’appartenions pas du tout à la même confrérie. Aussi, gardais-le silence tout en l’écoutant se dévoiler, souriant contre son cou car j’étais tout simplement heureux. « Câlin » ronronnais-je presque en l’attirant à moi. Il serait bon ton que je m’habille mais pour l’heure, je voulais simplement retrouver la chaleur de son corps contre le miens. « Je te promets tout ce que tu veux si tu oublies que je suis un crétin jaloux et possessif. Je te promets d’essayer de faire des efforts mais je n’ai jamais été un mec supra assuré qu’on se le dise et tu es magnifique, drôle, piquante, intelligente. Tu es tellement vivante que je n’arrive pas à mesurer la chance que j’ai de t’avoir… je suis quand même curieux de savoir quel plan diabolique tu avais en tête pour me faire succomber à tes charmes. Remarque, j’avais prévu de t’amener à un concert dans trois semaines, je cherchais simplement une façon de te demander » avouais-je car elle n’était pas la seule à avoir eu des projets de séduction bien que les miens, ne m’apparaissaient clairs que maintenant. « Je… » commençais-je avant de faire un blocage. « Je tiens à toi plus qu’à aucune autre » lui dis-je finalement à défaut de pouvoir lui dire concrètement que j’étais amoureux d’elle. « Je dois me rhabiller attends ! »

Thaïs éclata de rire tandis qu’il lui ressortait une fois encore sa mono expression en vue d’avoir un câlin. Qu’importe, elle avait vidé son sac et ne s’en sentait pas plus mal désormais, bien au contraire. La jolie irlandaise avait même l’impression qu’elle pourrait soulever des montagnes, même avec son handicap, tant qu’il la serrait ainsi entre ses bras et qu’elle pouvait continuer à être bercée par sa voix grave et suave. « T’inquiètes pas, je suis une jalouse complètement convertie donc on va faire la paire toi et moi ! Tu as du bol, je ne suis pas rancunière et puis j’ai envie que tu deviennes mon Mister Sweet, le nounours que tu m’as offert, il sent presque plus ton odeur tellement je l’ai serré contre moi… mais je veux bien apaiser toutes tes craintes si tu apaises les miennes. On va faire équipe toi et moi : tu calmes mon manque de confiance et moi je te fais tout plein de câlins, de papouilles et de déclarations enflammées pour que tu sois bien au courant que y’a que toi dans mon cerveau perturbé… deal ? Ceci dit tu ne sauras que demain quel plan j’avais en tête, tututu ! Sinon c’est plus une surprise… mais je veux bien t’accompagner au concert, quoi que ce soit comme chanteur ou groupe ! Je mettrai une jolie tenue » énonça-t-elle avec une voix amusée avant de ne laisser un petit sourire amusé peupler ses lèvres tandis qu’il se rhabillait. « Grouille, j’ai froid et puis j’ai même pas pu t’embrasser passionnément après ta zoulie phrase !! »

« Je sens que les murs de la salle de danse vont trembler » plaisantais-je à moitié car si elle était une jalouse convertie, je n’étais pas au bout de mes peines car même si je n’étais pas un séducteur patenté, il n’en restait pas moins que j’avais eu quelques aventures à mon actif ces derniers temps pour apaiser ma solitude. J’ignorais que parmi l’une d’elles se trouvait d’ailleurs nulle autre que sa meilleure amie. « Mais va pour le deal ! » ajoutais-je avant de me détacher d’elle, rigolant doucement face à son impatience pour mieux me rhabiller. Je ne remis pas ma veste et encore moins mon nœud papillon, me contentant simplement de refermer ma chemise en laissant les deux boutons ouverts. Il faisait toujours aussi chaud dans cette limousine. « Reviens là » lui ordonnais-je la chose comme à mon habitude bien que cette fois-ci, ce n’était pour lui dire de mieux danser ou de se détendre dans nos portés mais simplement pour l’accueillir à nouveau dans mes bras, l’embrassant au passage passionnément car j’avais bien entendu sa remarque. « En fait pour le concert, je ne sais pas trop si tu connais ou si tu aimes Tobias Sammet mais j’ai deux places pour un concert de dernière minute… on pourrait peut-être passer le week-end ensuite dans mon appartement en ville histoire d’être tranquille…D’ailleurs, tu fais quelque chose pour les fêtes de fin d’années ? » lui demandais-je subitement. Ce n’était pas le meilleur moment de lui parler de ça mais comment dire, je disais les choses comme elles me venaient et pas forcément au moment opportun. Quoiqu’il en soit, si elle n’avait rien de précis, peut-être accepterait-elle de m’accompagner en Allemagne pour fêter Noël avec ma famille car mon père donnait toujours une réception le 24.

« Sous mes cris ? Possible et ce sera pas forcément de plaisir ! » avoua-t-elle sans honte car s’il y avait malheureusement un défaut que Thaïs n’avait jamais pu corriger, c’était bien sa jalousie. Cette dernière risquait d’ailleurs de prendre tout son sens maintenant qu’elle se trouvait réellement en couple et amoureuse d’un jeune homme… jusqu’ici, la jolie irlandaise n’avait jamais réellement pensé avoir quelque chose ou plutôt quelqu’un à perdre, mais la donne venait de considérablement changer ce soir, même si auparavant des signes avaient été envoyés d’un côté comme de l’autre, sans qu’ils ne s’en aperçoivent réellement. « Tu déconnes ?! Il a une voix sublime ce gars ! Puis je suis une fan inconditionnelle de sa musique… ça fait au moins dix ans que je l’écoute ! J’achète direct si tu veux bien que je sois ta partenaire pour ce concert ! » poursuivit-elle d’une petite voix mutine, sautillant légèrement sur la banquette avant de ne se lover de plus belle contre lui, s’emparant de ses lèvres pour mieux s’étonner de sa question. « Tu as un appart en ville ? Tu sais que ça signifie être peinard, n’être là pour personne et… se faire plein de gouzis gouzis ?! » Thaïs était impayable, surtout qu’elle riait de ses propres conneries mais derrière son amusement, il y avait une large part de vrai : partager tout un weekend uniquement avec Caleb, elle achetait tout de suite, même si cela signifiait abandonner Nausicaa et leur rituel du samedi. Pour l’heure, l’homme qu’elle tenait dans ses bras était plus important. « Heum non je ne fais rien pourquoi ? Enfin en général je vais juste boire un coup au pub de Tommy mais c’est tout, mes amies sont souvent dans leurs familles et comme moi bah… voilà quoi surtout que je suis fauchée donc en général je passe les fêtes à la salle de danse. »

Apparemment j’avais fait mouche mais peut-être devrais-je lui dire que je m’étais renseigné en douce sur ses gouts musicaux avant d’acheter les places ? Non, laissons faire les choses comme elles se devaient d’être à savoir : je suis le meilleur, nous avons les mêmes gouts etc. En réalité, je ne connaissais pas le moins du monde ce chanteur bien qu’il était allemand. Il faut dire que j’étais plutôt de la vieille école : Rolling Stones, Queens, etc. Toutefois, je notais au coin de ma tête d’écouter un album histoire de ne pas me faire griller trop facilement. « Alors note sur tes tablettes que je t’amène au concert ! » lui souriais-je bien que ma voix conservait toujours cette froideur. J’avais beau essayer de la nuancer, rien n’y faisait, elle restait aussi froide que la glace et c’était pire lorsque j’étais en colère. Heureusement, mes accès de furie étaient relativement rare car même ce soir, j’avais été plutôt calme. « C’était bien le but de la manœuvre. Je n’y amène jamais personne d’habitude car je pars du principe que mon colocataire jouant avant toute chose, les fils de l’air, je n’ai pas vraiment besoin d’avoir de l’intimité. Je n’y vais que le week-end histoire de changer d’air » avouais-je car après tout, autant profiter du cadeau de mon père pour mon inscription à Harvard. D’ailleurs en parlant de mon père, cela m’amena à lui demander si elle avait des projets pour Noël. « Tu pourrais venir avec moi dans ma famille. Tous les ans, mon père organise une grande réception dans notre manoir près de Berlin et le lendemain, c’est détente et repas de famille rien que mes parents, mon frère et ma sœur. Je pense que Stefen serait ravi de te revoir et puis… J’ai juste pas envie d’être loin de toi durant les fêtes » avouais-je. Devais-je lui dire que même Mary n’avait jamais eu le droit à cette invitation de ma part ? Je ne savais pas trop.