TG1 ▲ Welcome to sweet home

Il voulait s’en aller, prendre le large et j’avoue que j’en ai envie aussi. Cet endroit est loin d’être le genre de manoir où j’aime séjourner, et quitter les lieux en décapotable pour rejoindre la ville la plus proche et me changer les idées avec Alekseï est particulièrement alléchant. Pourtant, l’idée de laisser Walter ici seul avec Faith ne m’enchante guère. J’aimerai pouvoir être une petite souris et pouvoir entendre leur conversation. Je ne sais plus vraiment que penser, n’était ce qu’une parenthèse hors de l’université, quelque chose qui ne portera à aucune conséquences ? J’avais espéré un peu plus et l’idée de devoir admettre qu’il a préféré la suivre plutôt que de rester à mes côtés me blesse réellement. Peut-être que parvenir à mettre des mots sur ce qui me chagrine me libérera. Et puis Alekseï semble de toute façon se douter de ce que je ressens, alors autant tout lui dire, son avis sera sans doute bon à entendre. Je fuis son regard avant de me lancer dans une narration des événements, de mon ressenti. « Je ne sais pas c’est comme si j’étais toujours le second choix ces derniers temps. Je ne sais pas comment l’expliquer, comme si les gens que j’apprécie se tournaient vers moi quand leur couple va mal… Et je suis l’idiote qui espère être plus que ça en plus. » Dis-je d’un ton peiné. « Je suis pathétique là, n’est-ce pas ? » Je relève les yeux sur lui, et plonge mes prunelles dans les siennes. Je le fixe avec intensité, et je ressens cette petite vibration dans le creux de mon estomac.   

Peut-être que son conseil est le meilleur qu'il soit. Sa main délicate caresse ma joue, et je ferme un instant les yeux. Je devrais sans doute aller voir Walter, m'imposer entre lui et Faith et lui demander des explications sur nous. Mais je ne suis pas comme ça en réalité, et me résoudre à cela est un trop grand sacrifice. Je voudrais qu'il vienne de lui même, et j'aurai même voulut qu'il ne me plante pas au milieu du hall. Mais il l'a fait et je ne compte pas aller le retrouver, ce n'est pas moi. Mes sentiments ne me rendront pas vulnérable à ce point. « Tu penses pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement ? » Le questionnais-je un sourire amusé sur les lèvres. « Tu peux toujours rêver Ivanovitch ! » Continuais-je en le regardant jeter le mégot de sa cigarette. « Et si tu on allait plutôt à l’étage, voir si il y a des chambres confortables ici… Je ne compte pas me contenter des lits dont personne n’aura voulu. » Je doute que le confort soit présent dans cet endroit, mais visiter le manoir m’aidera peut-être à l’apprivoiser et à avoir moins peur.   

Il dit être touché, il accompagne ses paroles d’un geste théâtral en posant sa main sur son torse comme l’on peut le voir dans les pièces de théâtre exagérée. Je souris. Il me fait penser à autre chose et c’est agréable parce que ruminer le fait que Walter soit en compagnie de Faith à cet instant précis est définitivement désagréable. « Tu peux ! » Ajoutais-je tout en me relevant avec grâce, tandis qu’il posait une condition à notre visite du manoir. Je lève les yeux au ciel, faussement agacée. En réalité, j’ai plutôt envie de rire… « Comme tu voudras, mais si tu veux mon avis, on va se heurter à d’immenses dortoirs alors on sera pas les seuls à partager la chambre… » En effet, je doute que l’on trouve à l’étage de somptueuse chambre dont une odeur délicate de fleur s’échapperait. Je m’attends rien qu’en voyant l’extérieur à un dortoir immense avec des matelas inconfortables. Et bien sûr, plein de toiles d’araignée, je n’ai en réalité aucune envie de dormir là.  Je m’empare de sa main et nous nous hissons de nouveau dans le manoir. Nous nous élançons vers l’escalier et à chaque pas, un grincement s’échappe des marches dangereusement vieilles. « Y a même pas de lumière, bien entendu ! » Lançais-je à son encontre tout en me rapprochant de sa silhouette. Juste au cas où quelque chose surviendrait dans le noir.   

J'écoutais ce qu'avait à me dire Walter même si, franchement, j'aurais préféré tracer mon chemin pour ne pas devoir assister à une autre dispute. Il criait sur moi et bizarrement je gardais mon sang-froid. J'en avais marre de l'entendre prononcer son nom ton le temps, Ariane, meilleure amie, Ariane, blablabla. Sérieux ça me donnait la migraine. J'haussai les épaules en soupirant. "Oh oh, pour une fois que quelque chose est plus important qu'Ariane." lançai-je avec un sourire faux alors qu'il continuait de parler. Ariane ne s'était pas gênée pour lui dire que je l'avais limite agressée. C'était des histoires de gamins et ça me gonflait. L'autre a fait ci, oui mais l'autre dit que non, elle a fait ça... Stop, il était temps de se comporter en adulte. "Je te l'ai dis Walter, j'ai pas envie de te parler." répétais-je d'une voix à peine audible. Sa meilleure amie avait dit la vérité et je n'avais pas le courage de me battre pour lui rapporter les remarques négatives qu'elle m'avait dit en me prenant aussi pour une prostituée, ou encore pour la femme de ménage. Walter en avait marre d'avoir une copine si agressive? Très bien. Je levai mon regard vers lui. "Je ne suis pas jalouse, tu te trompes de personne Walter. Depuis qu'on est ensemble, Ariane montre tout le temps le bout de son nez, on avait pas ça avant... Réfléchi bon sang!"

"Je t'ai fais peur !" Kenny se mit à rire avant de lui daire un bisou bien erreur de la retrouver décidément. Tout le monde c'était activé, Kenny se mit alors aussi en route entrainant sa meilleure amie Willow avec lui pour décharger le camion. "Ouais je sais, allez donne moi ça !" Il prit le carton et lui laissait une couverture bien trop facile à porter, elle pouvait aisément s'en occuper. Kenny passait ensuite vers l'endroit ou tout le monde mettait les affaires histoire qu'ils ne restent pas tous avec ça vu que la plupart des personnes présentes ne faisaient pas attention à eux. "Pose ça là Will !" Très bien au moins, ils pouvaient partir, faisant un signe de la tête à Willow, Kenny s'engouffrait dans une salle pas très loin histoire qu'ils prennent le temps de discuter, de plaisanter aussi sauf que Romane ne tardait pas à s'adresser à lui. Se tournant vers l'homme, l'anglais haussait les épaules. "De toute façon je pense pas que quelqu'un veuille les garder !" Vu l'état des meubles oui autant tout jeter. Kenny prit une chaise qu'il balançait dehors sans ménagement en prenant soin de ne faire du mal à personne puis il vit une espèce de commode bien trop lourde pour lui tout seul. "Tu m'aides " lança t'il à Romane.

Jasmine me répondit que tout allait bien pour elle aussi malgré l'endroit ce qui me fit légèrement sourire, les petites natures qu'elles étaient. Au moins mon malaise passait incognito. Maintenant qu'on était tous réunit, il était temps de bosser. Lorsque j'avais demandé ce qu'on devait faire Evydence nous imposa la marche à suivre, du moins ce qu'elle voulait faire nous demandant si on avait vu quoi que se soit d'utile sur le trajet. Jasmine répondit que non et je suivais d'une moue "Non il y a que dalle dans ce trou à rats." et s'était rien de le dire mais il y avait toujours la possibilité une fois le vide fait de faire venir des meubles qu'on irait acheter plus tard. M'enfin let's go autant s'y mettre! Commençant à sortir tout les meubles qu'on chopait, Kenny me demanda un coup de main pour porter une commode. Me tournant vers lui je répondais "Ouais j'arrive." bazardant les deux chaises que j'avais en main avant de le rejoindre, me plaçant d'un côté attendant qu'il en face de même de l'autre "T'es prêt? Un, deux, TROIS..!" afin qu'on le soulève et l'emmène à l'extérieur pour le poser dans le tas de merde déjà placé là. Me frottant les mains je fini par dire en regardant le manoir "On devrait limite le brûler cet endroit..." pas convaincu que le faire "rénover" par des étudiants soit la meilleure des idées.

Ouais, le Doyen risquerait pas nos peaux si le manoir menaçait vraiment de nous casser sur le front, même pour un projet d'histoire important, il n'était pas stupide. Surtout avec l'explosion de la bombe en janvier, les élèves avaient rarement été autant protégés que depuis l'attaque. Je sortis avec Roxanna pour prendre un autre carton, le sourire aux lèvres en voyant que c'était les équipements pour la soirée. Ouais, un bon plancher bien grinçant digne d'un film d'horreur ! Encore t'as pas vu la tronche des dortoirs, c'est du carrelage mais on n'est pas forcément plus à l'aise dessus. Mais bon, plancher qui menaçait de craquer ou pas... Il paraît que quand le sol menace de craquer il faut s'allonger pour répartir son poids. Qu'on ne compte pas sur moi pour servir de serpillère dans ce manoir. Regarde, c'est l'alcool pour ce soir ahah. Ca va nous tenir chaud, ajoutai-je en soulevant le carton.