You kidding me ? [Dunly]

C'est fou de voir dans quel état elle réussissait à me mettre, bizarrement depuis notre récente escapade à l'hôpital, mes réactions envers ce genre de comportement venant d'elle étaient décuplés. Auparavant ça m'aurait tout autant énervé, mais ma réaction n'aurait pas été aussi violente. Ça me serrait le cœur de voir Lily danser de cette façon devant autant de personnes, certes n'importe quel frère n'aurait pas aimé voir sa frangine se dandiner contre une barre dans un club comme celui-ci, mais c'était différent, je ne saurais m'expliquer. Elle répondait à ma question de façon sarcastique, comme je m'y attendais. Je hochais les bras devant moi l'air légèrement outré. Peut-être depuis que j'ai gagné notre pari non? Ce fameux pari qui consistait à ce qu'elle fasse ce que je veux pendant une semaine, mais cette petite tête blonde n'avait visiblement pas envie de respecter scrupuleusement notre marché, en effet je lui demandais d'arrêter son délire, mais elle continuait dans le seul but de m'énerver, c'était réussi. Je venais non seulement d'insulter les femmes qui travaillaient dans ce club, mais aussi les clients, franchement pour le coup je m'en moquais pas mal de ce qu'ils pouvaient penser de moi, ce qui ne fit qu'accentuer l'envie de Lily de me mettre à bout, me mettant en garde qu'avec un comportement comme le mien, je pouvais me faire virer d'un instant à l'autre. Elle pensait peut-être pouvoir s'en tirer sans problème ? Pas certains que les patrons du club acceptent sans broncher qu'une inconnue s'amuse sur leur scène. Elle voulait un billet ? Hors de question de payer ma sœur, surtout pas pour un truc comme ça. Je préfère encore m'ouvrir les veines que te payer pour une danse comme ç.. Mais je n'ai pu terminer ma phrase qu'une espèce de crétin s'approche de Lily pour glisser ses sales pattes sur elle, il est con ce type ou quoi ? Lily lui donna de suite une claque des plus mémorables. Je fermais les yeux quelques instants, prenant mon souffle et essayant de canaliser ma colère .. Et puis merde. Je me retournais vers le type en question pour lui décrocher une puissante droite, l'instant de lui en remettre une deuxième, il me mit à son tour un crochet du gauche en plein dans le nez. Un filet de sang s'échappait de ma narine, j'allais lui en remettre une deuxième que deux vigiles nous attrapaient pour nous séparer, j'étais clairement dans la merde. Je me tournais vers Lily pendant que le gorille me tenait fermement. C'est de ta faute tout ça. Lui disais-je en râlant, au fond de moi je préférais ça, au moins elle n'était plus obligée de danser devant tous ces pervers, par contre moi, j'étais bien emmerdé maintenant.

Oui bon d'accord, techniquement, face au pari qu'on avait fait, j'aurais du totalement me plier à ses ordres et à ses désirs, mais mes veines et mon corps ne le pouvait pas plus que mon âme. Alors je m'étais débrouillée toute la semaine pour contourner ceci. Aussi quand il me rappela cela à l'ordre, je tirais une grimace et lui répondit vaincue Ce n'est pas en me forçant que ça va marcher ... Oops, j'avais laissé échapper une porte, perche, tout ce que vous voudrez qui lui ferait croire qu'un jour je pourrais avoir envie de faire ce qu'il veut. Lui faire plaisir ... C'était bien une expression qui m'était totalement inconnue avec lui. Mais j'avais des crampes au ventre rien que d'y penser. Des crampes qui ne me plaisaient pas. Ce n'était pas une douleur non, c'était bien plus différent. Mais tout ça sortit de ma tête quand ce sale type me toucha là où il ne fallait pas. Je ne me suis pas retenue et par simple reflex, je lui avais mis ma main en pleine face. Ca aurait pu passer inaperçu finalement mais lorsque Duncan se jeta sur lui pour se battre avec, les vigiles commençaient à venir dans le coin. J'avais l'estomac noué et je n'arrêtais pas de prier pour que ça s'arrête, pour que ce sale type arrête de tabasser mon petit frère. Je le déteste mais j'ai horreur qu'on lui fasse du mal. Autre que moi. Encore plus si c'est physique. J'allais même finir par m'interposer en descendant de la scène, mais à la place les vigiles débarquèrent et les séparèrent. Je ne faisais pas attention à la remarque qu'il m'avait faite parce que je ne voyais que son nez qui coulait du sang. Je m'inquiétais putain fais chier ! Je faisais part au vigile de me laisser m'en occuper et qu'on allait partir sur le champs. J'avais attrapé le visage de mon frère entre temps et je n'avais jamais été aussi proche de lui, je n'avais jamais été aussi inquiète que ça. Il me regardait avec cet air qui n'était propre qu'à lui. Viens. Je vais chercher mes affaires et on s'en va.

Cette tête de mule n'a jamais écouté ne serait-ce qu'un seul de mes ordres durant cette semaine, du moins elle les a tous contournés à sa façon, réussissant à prendre l'avantage, mais ce soir c'était complètement différent. J'en avais marre, non pas marre de l'avoir dans les pattes, de lui rendre la vie dure et inversement, juste marre d'avoir ces excès de rages et de violences en moi. J'étais tellement énervé que je n'ai même pas souligné ce qu'elle me disait, car très clairement elle me faisait comprendre que pour obtenir ce que je voulais d'elle, je n'avais pas à la forcer, sur le coup de l'énervement je ne soulignais pas cela, même si je savais que ça pourrait d'autant plus l'énervé. Je remettrais cette phrase sur la table au moment propice. Et voilà que ce mec glisse sa sale main sur Lily, je n'ai jamais été autant en pétard, ou peut-être la dernière fois lorsqu'elle m'avait appelée en me demandant à l'aide, coincée dans cette salle de bain. Pourquoi suis-je autant énervé quand quelque chose comme ça la touche ? Elle me rendait fou, dingue et pas au sens figuré du terme. J'avais alors frappé ce type, avant qu'il ne me réponde en me frappant tout aussi fort, les vigiles nous ont séparés, je lançais un dernier regard noir à ce mec, avant que Lily arrive pour arranger les choses avec les vigiles, c'est la première fois qu'elle faisait une telle chose pour moi et ma surprise ne fut qu’amplifiée lorsqu'elle arriva à mes côtés, m'attrapant le visage pour voir l'état de mon nez qui coulait abondamment. Une sensation bizarre s’empara de moi à ce moment, voir Lily face à moi comme ça, inquiète .. Non je n'avais pas le droit, je n'avais pas le droit de ressentir cette chose étrange au niveau de mon cœur, cette sensation que j'essaie d'oublier au plus profond de moi depuis des années. Je la regardais le regard vide, mon nez saignant encore et toujours, je retirais ses mains avant de faire une chose que je regretterais. Puis lorsqu'elle me parla en me demandant de partir, je hochais les épaules, blasé. C'est bon j'abandonne .. T'as gagné. T'es contente maintenant ? Pourquoi continuer ? Je me faisais mal plus qu'autre chose, je pétais des câbles comme jamais pour une raison qu'elle ne saura jamais. Je me dirigeais vers le comptoir où étaient disposés son sac à main et nos bières, j'engloutissais ma bière d'une traite, avant de m'avancer vers la sortie, dos à Lily, toujours aussi énervé .. Non pas envers elle, mais envers moi.

Vas-y qu'il me gave ce gosse ! Mais franchement, il aurait réagi autrement, j'aurais été sur le cul, choquée et c'est moi qui aurait fini par péter un plomb. Bien que lorsque j'avais mes mains posées sur son visage, j'ai ressenti une drôle d'impression dont je me rendis compte lorsqu'il retira mes mains de son visage. Je me suis sentie rejetée mais j'avais l'habitude avec lui, et ça n'avait rien de bien grave, surtout avec ce qu'il venait de faire pour moi. Quand même, le pauvre type, claque plus coup de poing, juste pour un billet, parce qu'il croyait que j'étais une gogo danceuse. Bon je vais pas le plaindre non plus hein ! Je venais de dire à mon frère, enfin à Duncan qu'on devait y aller, déjà parce que j'avais réussi à calmer les vigiles simplement en leur disant qu'on allait partir, et de deux parce qu'on venait de créer trop d'embrouille pour rester dans le coin. C'est à nos risques et périls. Mais quand il me répondit, j'eus une illumination. Putain, qu'est-ce qu'on pouvait être gamin parfois ! Je le voyais en colère en plus de ça et c'était bien la chose que je ne supportais pas chez lui et qu'il possède hélas tout le temps. Voilà pourquoi je ne le supporte jamais aussi, il est jamais content ! J'oubliais totalement mes "vrais" vêtements et m'élançais à sa suite. Sauf que je n'étais pas assez rapide, j'eus à peine le temps de récupérer mon petit sac et de le rattraper dehors. Je lui trottinais après et attrapais son bras pour qu'il puisse se retourner et me faire face. T'en as pas marre de jouer au gamin ?! On arrête pas de faire ça, on arrête pas de jouer, et pour quoi au final ? Pour se prendre la tête encore plus. Ce pari était débile, on aurait jamais du se lancer là dedans, et pour ça, j'en suis vraiment navrée. Oui je l'étais pour ça, mais certainement pas pour le reste. Oui j'assumais le fait que je pouvais être gamine, mais je n'allais pas non plus m'en excuser. J'espérais juste qu'il soit un peu d'accord avec moi et qu'on arrête notre jeu débile.

Elle devait certainement me prendre pour un gamin, elle devait croire que j'agissais comme ça dans le seul but de l'énerver, c'était en partie vrai. Mais c'était aussi la seule manière d'être avec elle. Mais merde quoi, comment voulait-elle que je fasse autrement ? Comment voulait-elle que je lui dise la vérité, que j'étais à Harvard juste pour elle, que depuis qu'on s'est rencontrés, elle est devenue une obsession ? Et ça me rendait fou de voir un mec la traiter comme un bout de viande, que ça me rendait dingue de la voir avec un mec .. Elle me prenait toujours pour son 'demi-frère' qu'elle n'a jamais aimé, elle ne voyait pas que pour moi c'était différent, que ça a toujours été différent. Je n'avais aucun moyen de lui dire, de toute façon en sachant la vérité elle me détesterait encore plus qu'en ce moment même. Je quittais alors le bar, non seulement à cause de cette bagarre, mais aussi à cause d'elle. Sentir ses mains sur mon visage, la voir s'inquiéter pour moi, bref fallait mieux que je parte, mais voilà, elle a préféré me suivre et m'attrapa le bras pour me retourner vers elle. M'avouant qu'elle en avait marre de nous voir jouer sans cesse aux gamins. Je faisais semblant de m'en foutre, je passais ma main sous mon nez pour essuyer les quelques gouttes de sang qui coulaient de mon nez avant de lui répondre. Tu as raison, tires-toi alors. Tu as bien mieux à faire que de rester avec ton ancien demi-frère drogué, incapable de tiser une relation, seulement capable de baiser la première meuf bourrée qu'il croise dans un bar, juste capable de faire chier son monde et mentir. On a fini de jouer, tu n'es plus obligé de faire semblant de t'intéresser à moi .. Enfin faudrait déjà que tu prennes la peine de faire semblant. C'est vrai qu'en y repensant, j'ai quoi dans la vie ? Des amis ? Qui ? Je mens à Olivia, j'agis comme un gamin avec Eugene, je blesse Lou, je couche juste avec Sky et pour les autres c'est la même chose, sans oublier Lily .. Qui me déteste et dont je suis incapable de dire la vérité, de lui dire ce que je ressens depuis des années. Finalement je ne suis rien, j'ai foiré partout. Tu es libre Lily, le grand méchant Duncan te rend ta liberté. Tu peux partir. Je ne disais pas cela pour la blesser ou pour la rejeter, mais bien pour l'aider, pour qu'enfin elle se débarrasse de moi, elle n'attendait que ça de toute façon. Je sortais doucement un joint que j'avais roulé auparavant de ma poche, avant de le mettre dans ma bouche et de l'allumer, toujours le nez en sang, sans même prendre la peine de regarder Lily.

Ce n'était pas du tout un effort que je venais de faire. Non bizarrement c'était quelque chose que j'avais vraiment envie de faire, aller le rattraper pour qu'on arrête de s'engueuler et se faire chier mutuellement. C'était allé trop loin ce soir, et pas seulement par sa faute à lui, mais par la mienne. Je n'aurais certainement pas du aller danser sur cette scène, c'était sûr que ça allait finir de la sorte. Mais quelque part, je ne voulais pas le savoir, je voulais le voir agir, voir vraiment s'il tenait à moi. Aussi, quand je l'ai rattrapé dehors et qu'il m'a balancé tout ça, ça me fit carrément mal. J'étais au bord des larmes, trop d'émotions contenues dans mon cœur, qui allait bientôt finir par exploser. J'étais toujours forte face à lui, mais il allait peut-être enfin comprendre que je ne pouvais pas vivre sans lui. C'est une fatalité que je n'aime pas du tout, mais dont je me suis rendue compte lorsqu'on nous a annoncé qu'on était plus frère et sœur. Ce n'était pas seulement le fait qu'il me disait de me barrer qui me blessait, mais le fait qu'il se voit de la sorte. Évidemment qu'il l'est mais il reste le seul homme qui avait réussi à me supporter pendant des années, qui avait toujours voulu être mon frère alors que ce n'était pas réciproque. C'est le seul qui continuerait à m'aimer quoi qu'il arrive, j'en étais sûr. Alors le perdre pour de bon ?! Non, jamais. Je pris alors une grande respiration tout en regardant ailleurs pour éviter que je me mette à pleurer, puis il reprit en me disant que j'étais "libre", et la tristesse avait fini par se transformer en colère, encore plus quand il sortit un joint pour le mettre à son bec. Je reposais mes yeux sur lui, mais carrément furax cette fois-ci. J'avais envie de le gifler, de lui faire retrouver ses esprits, mais le filet de sang qui coulait de son nez était déjà bien suffisant. Alors j'arrachais son joint de la bouche et le déchiquetais en petits morceaux tout en lui répondant Si tu crois vraiment que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement, tu rêves mon petit ! J'adore te faire chier, c'est dans mes gênes, que tu sois mon frère ou non, et je ne compte pas arrêter de si tôt ! J'ouvrais ensuite mon petit sac, que Duncan soit énervé contre moi ou non, je m'en foutais, je pris alors une lingette rafraichissante et la sortit de son paquet pour ensuite m'approcher de lui et lui plaquer sous son nez. Je lui laissais pas le choix en le choppant par la nuque. En deux trois coups, il n'avait déjà plus de sang et c'était déjà mieux comme ça !

En aucun cas je voulais la rejeter, en aucun cas je voulais la blesser contrairement à d'habitude. Je voulais seulement me sentir bien pour une fois dans ma vie, je ne demandais pas la lune, seulement d'arrêter de ressentir quelqu'un d'interdit envers elle. Une chose qu'elle ne comprendrait jamais. Le seul moyen de lui cacher cette vérité, c'est en étant le pauvre con qu'elle connaissait, en étant celui qui ne perdait jamais l'occasion de la mettre à bout de nerfs, en étant le frère détestable. Elle m'avouait ensuite ne pas vouloir me laisser, que c'était dans ses gênes de me faire chier. Je baissais ma tête pour sourire légèrement, je n'avais pas envie de lui montrer l'espace d'un instant que je ne voulais pas que ça s'arrête, puis je tirais sur mon joint avant de lui répondre. C'est pour toi que je dis ça, pas pour moi. Tu serais peut-être mieux sans un pauvre type comme moi dans tes pattes. Je te laisse une dernière chance de partir, une dernière chance d'avoir une vie tranquille sans le mec que tu n'as jamais pu blairer. Ce n'est pas une opportunité que je t'offrirais pas une deuxième fois. Comment elle fait sérieusement? Comment elle fait pour me rendre aussi dingue et me faire perdre mes moyens. À ses yeux je passais probablement pour le petit con qui ne faisait que de se plaindre, le râleur de service. Mais ce que je ressentais c'était bien plus profond que ça. Elle avait beau me mettre à bout, faire ce qu'elle voulait pour m'énerver, ça ne faisait qu'amplifier cette chose étrange que je ressentais pour elle depuis des années. Ça serait peut-être plus simple pour nous de ne plus se voir, du moins ça me ferait peut-être moins mal de voir la femme que .. Bref, la douleur serait peut-être moins douloureuse, pourtant je n'ai pas envie de la perdre, car en regardant de plus près, mise à part elle je n'ai personne, je n'ai aucune raison d'exister. Elle s'approchait une nouvelle fois de moi, choppant ma nuque pour essuyer le sang qui coulait et qui séchait sur mon visage. Je me laissais faire, fixant ses yeux, son regard. Une fois terminée je tirais rapidement une latte sur mon joint, regardant le sol. Si elle savait .. Si elle pouvait imaginer une seule seconde le bordel qu'elle foutait dans ma tête mais aussi dans mon cœur. Je levais une nouvelle fois mes yeux vers elle, toujours avec ce regard étrange et inexplicable qu'elle parvenait à inscrire sur mon visage. Crachant la fumée dans les airs .. Merci. Rien d'autre sortait de ma bouche, elle m'ensorcelait, j'en ai marre d'être comme ça à cause d'elle. Je ne pouvais rester, je ne pouvais la regarder être gentille avec moi, attentionné, ça me faisait mal plus qu'autre chose. Je préférais m'asseoir sur le trottoir, en tentant de ne plus la regarder et en essayant de ne pas lui montrer ma faiblesse, car ma faiblesse, c'est elle.

Malgré le léger vent qui soufflait, je n'avais même pas froid, j'étais bien trop préoccupée à rattraper mon frère et à l'écouter déblatérer des idioties. J'avais l'impression qu'avec moi, il perdait toute sa confiance. Normal, je lui avais toujours bien montré que jamais je ne l'avais aimé. Et maintenant c'était bien trop tard pour faire demi tour. Quoi que je dise, il finirait toujours par dire ce genre de chose, par se rabaisser et bien me faire comprendre que jamais je ne pourrais l'apprécier ou m'inquiéter pour lui, ou avoir besoin de lui dans ma vie. Seulement, même s'il m'exaspère bien trop souvent, je ne pourrais pas vivre longtemps sans lui. L'année que j'avais passé avec James en Afrique n'avait pas été très dure tous les jours parce que j'avais James avec moi, mais le manque avait toujours été là quelque part. Aussi, quand il me fit savoir que c'était en quelque sorte ma dernière chance de me débarrasser de lui, je le pris davantage mal et m'énervais encore plus pour lui répondre Tu peux te la mettre là où je pense ton opportunité ! C'est à ce moment-là que j'ai fini par sortir mes lingettes de mon sac, complètement exaspérée par les dires de mon ancien frère. Je lui avais nettoyé le visage pendant qu'il me fixait d'une façon qui me procurait une gêne pas très agréable. Mais je ne voulais pas le lâcher pour autant. Une fois son visage tout propre, il me remercia, sans absolument rien rajouter. Je m'attendais à un petit truc, à un pique de plus, quelque chose quoi ! Sauf que non, à la place, il allait s'asseoir sur le rebord du trottoir pour continuer de fumer son joint horrible. Je commençais alors à ressentir le vent, et je frissonnais. Je me frottais les bras, regardais derrière moi, me demandant si j'allais chercher mes affaires ou non. A quoi bon, je n'avais qu'une petite robe et un gilet qui n'allait pas me tenir bien chaud. Et puis je m'en foutais, j'avais gagné une tenue bien plus intéressante au final (a). Je me suis ensuite assise à côté de Duncan Tu voudrais pas me passer ta veste steu plait ? Je me les pèle dans cette tenue ! Et puis je pourrais très bien me faire agresser en plus en rentrant si j'ai rien d'autre sur le dos ! Ouais je le cherchais, j'avais même envie de rire, mais je me contentais de sourire machiavéliquement pour qu'il finisse par céder. Oui parce que si je n'avais seulement dit que j'avais froid, il n'aurait jamais dit oui. Déjà que là, c'était pas dit ...

Je n'ai jamais compris ce qui m'attirait vers elle, je n'ai jamais su mettre de mots sur ce que je ressentais pour celle qui a été durant des années ma demi-sœur. Je savais qu'elle n'aimait pas le fait que je me drogue, mais elle était en partie coupable de ça, elle et mon meilleur ami à vrai dire. Il m'avait fait entrer dans ce vice, elle m'y a enfermé en partant en Afrique avec ce crétin de James. À l'époque déjà elle ne pouvait pas me voir en peinture et durant cette période je faisais tout ce qui était dans mon possible pour la mettre hors d'elle, pour lui cacher ce truc horrible qui me brûlait de l'intérieur. Elle ne le saurait jamais, car je n'ai aucune envie de lui avouer cette vérité qui me dégoûte depuis des années, je n'ai aucune envie de me retrouver seul avec un joint sur le bord d'un trottoir en pleine nuit, ce qui aurait probablement été le cas sans elle ce soir. Pourtant aujourd'hui elle semblait ne plus vouloir m'abandonner, ne plus vouloir se défaire de moi, se débarrasser du boulet qu'elle traîne à ses pieds depuis que mon père nous a en quelque sortes unies par un lien qui s'est avéré être un mensonge. Elle s'énerva lorsque je lui ai offert une dernière chance de se débarrasser de moi. Un rire nerveux s'emparait alors de moi, un petit rire qui s'évapora rapidement. Je me suis déjà fait casser la gueule ce soir, je ne tiens pas à perdre le reste de ma virilité en me mettant mon opportunité où tu penses. Je ne regrettais pas de mettre fait casser la gueule pour elle, je ne l'aurais fait pour personne d'autre. Lorsque cette sensation étrange se fit en moi lorsqu'elle m'essuya le visage avec sa lingette, je m'étais assis sur le bord pour fumer mon joint, pensant qu'elle finirait par rentrer toute seule, elle n'avait plus rien à faire avec moi de toute façon, du moins c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'elle s'assoit à côté de moi, me demandant ma veste. Je tournais enfin ma tête vers elle, la regardant étrangement. Et puis quoi encore ? Je dois me les geler parce que miss O'Callaghan a oublié ses affaires dans un bar de streap-tease ? Non. Mais rapidement un sourire furtif s'était incrusté sur mon visage. Je laissais mon précieux joint dans ma bouche en retirant ma veste, puis je le tendais à Lily. Tiens et je me ferais péter une deuxième fois le nez, s'il le faut.. Elle ne savait pas ce que j'étais prêt à faire pour elle et à vrai dire moi non plus, je n'ai jamais su ce que j'étais capable de faire pour elle et ça me faisait peur .. Finalement une question me trottait dans la tête depuis tellement longtemps, ce n'était peut-être pas le bon moment, mais qu'importe, je devais la poser. Pourquoi tu n'as jamais pu m'encadrer ? Réponds moi franchement, me sort pas un truc à la mord moi-le-noeud. Ma voix était calme, je n'étais pas énervé en posant cette question, je voulais seulement savoir pourquoi. Je ne lui avais jamais rien fait de spécial, mais dès le premier jour elle m'en avait voulu, elle me détestait depuis notre rencontre, mais elle ne m'a jamais dit pourquoi, même si j'avais mes doutes.

Je n'avais pas du tout pris en compte ce qu'il m'avait répondu quand je lui avais dit que je me foutais bien de son opportunité à deux balles, parce que sa petite blague ne me faisait pas rire. Enfin, si en fait, mais je ne voulais pas le lui montrer alors j'avais préféré me concentrer plutôt sur sa plaie. J'avais l'impression qu'en ce moment il n'arrêtait pas de se battre pour moi, qu'il était prêt à faire encore plus n'importe quoi pour moi. Chose qui me touchait à un point inimaginable. Savoir qu'une personne pouvait être là pour vous à tout moment et pour tout, c'était une sensation indescriptible. Une sensation qui m'apaisait malgré le fait que ce soit face à ce frère que je n'ai jamais aimé. J'étais ensuite allée le rejoindre quand il alla s'asseoir sur le bord du trottoir. Je n'avais pas eu le courage d'aller chercher ma veste, alors j'avais osé lui demander sa veste. S'il me répondait non, j'étais un peu dans la merde à vrai dire. Mais tant pis, je serais retournée à l'intérieur de la boîte pour au moins récupérer mon gilet, même si je n'en avais clairement pas envie. Pas sûre qu'il m'attende d'ici là. Oui c'était la seule chose qui m'importait. Même pas mes affaires qui étaient à l'intérieur. Ce n'était rien comparé à mon frère que je pouvais perdre à tout moment, même si je l'avais déjà perdu quelque part. Puis comme je l'avais pensé, il refusa un premier temps de me passer sa veste, mais je n'allais rien rajouter, parce qu'il avait raison. Je me mis alors à souffler de désespoir et à me frotter davantage les bras. Je regardais alors la route, me demandant si je devais m'en aller maintenant ou si je le forçais à me passer sa veste en lui faisant du bon gros chantage, comme j'aimais faire avec lui. Mais voilà qu'à peine deux secondes plus tard, il me sortit de mes pensées en me tendant la veste. Mais ce n'était pas tant ça qui me choqua le plus, c'est ce qu'il venait de dire. Il se ferait tabasser encore pour moi si c'était nécessaire. Je le fixais alors, tout en prenant sa veste. Je n'en revenais toujours pas sur ce qu'il se passait entre nous. J'avais l'impression de me retrouver dans une trêve durant notre guerre interminable. Non, bien plus que ça. Ce fut donc à mon tour de lui dire Merci. Mais ce merci n'était pas seulement valable pour la veste, mais bien plus pour le fait qu'il ferait tout et n'importe quoi pour moi. Alors que j'enfilais sa veste, il me posa une question, une question qui me fit rater un battement. C'était bien le sujet qu'on avait toujours pris soin d'éviter. Pourquoi maintenant ?! Sûrement parce que comme je disais, on était dans une sorte de trêve. Je le regardais et avait fini par sourire légèrement face à ses paroles. Mais il disparut bien vite quand je lui répondis franchement Tu m'as volé mon père. Enfin, c'est ce que je me disais quand j'étais petite. Je venais de perdre ma mère et en plus j'apprenais qu'il avait toujours trompé ma mère. Pour moi, c'était pour ça qu'il ne m'avait jamais aimé. Seulement, aujourd'hui, je comprend mieux pourquoi cela n'a jamais été le cas. Je m'étais mise à regarder le trottoir de nouveau, légèrement abattue par les paroles que je venais de dire. Aujourd'hui je comprenais celui que j'avais toujours cru être mon père. Il avait été trompé bien avant de le faire à son tour.