"Lost and insecure, you found me." |Billie&Julian|

Un tendre sourire éclaira le visage de sa meilleure amie tandis qu'elle s'éclaircissait la gorge et commençait timidement à jouer. Instantanément l'oreille de Julian reconnut les premières notes de Wonderwall. L'étudiant baissa la tête pour cacher le rouge qui lui montait aux joues mais comme il avait coupé ses cheveux, ses oreilles le trahirent.
De vieux souvenirs remontaient à la surface au fur et à mesure que Billie chantait. Cette chanson... C'était comme si l'étudiante avait fait exprès de la choisir, comme pour symboliser un nouveau départ entre eux, une nouvelle première fois. A un moment donné, n'y tenant plus, il joignit sa voix à celle de Billie. Et connaissant l'énergumène, c'était volontaire, il n'y avait aucun doute.

« There are many things that I would like to say to you but I don't know how... Because, maybe
you're gonna be the one that saves me? And after all, you're my wonderwall...»

Il s'arrêta juste après ce passage et la laissa continuer, dardant son regard sur elle pour l'encourager à continuer, un sourire nostalgique et ému sur le visage. Et, un peu avant que la chanson ne se termine, il s'assit à côté d'elle et approcha ses lèvres de son oreille pour lui murmurer « You're gonna be the one that saves me...» avant de déposer un baiser au coin de sa bouche en lui prenant la guitare des mains, qu'il déposa au bord du lit, pour s'allonger et poser sa tête sur ses jambes, le visage tourné vers elle.

Un frisson remonta lentement le long de mon échine en l'entendant murmurer les dernières paroles de la chanson dans mon oreille. Je fermai les yeux un instant et lâchai difficilement la guitare - à laquelle j'étais agrippée - lorsqu'il voulu me l'enlever des mains. Il la déposa à côté du lit et revint s'allonger, posant sa tête en travers de mes cuisses. Je l'observai un long moment puis plongeai ma main dans sa tignasse, lui caressant le crâne en lui offrant un sourire en coin. Nous restions ainsi plusieurs minutes et je me décidai enfin à bouger, retirant délicatement mes jambes de sous sa tête et venant m'allonger contre lui, relevant un peu mon buste en m'appuyant sur mon avant-bras. J'embrassai sa joue, puis me décalai progressivement jusqu'à ses lèvres où je pressai les miennes tout doucement. J'avais besoin de ces moments de tendresse avec lui ; ça m'était devenu vital au fil des années.

Ils échangèrent un long regard pendant plusieurs secondes jusqu'à ce qu'elle se décide à passer sa main dans les cheveux de Julian, lui massant légèrement le crâne. Le brun ferma les yeux et un air béat prit place sur son visage. C'était un moment parfait, un instant typique de leur amitié, du moins si on pouvait appeler ça de l'amitié. Billie bougea ses jambes et il releva la tête avant de la laisser retomber. O'Connell s'allongea contre lui et automatiquement, il passa un bras dans son dos pour l'enlacer et avoir plus de contact avec elle. Pendant qu'elle l'embrassait sur la joue avant de se rapprocher de ses lèvres et de s'y poser tout en douceur dessus, Julian dessinait des courbes dans son dos, du bout des doigts qu'il avait passé sous le t-shirt.
Il n'y avait aucun bruit, l'ambiance était calme et Andrews se sentait presque chez lui. Billie entre les bras, que pouvait-il bien lui arriver?
L'Eliot se tourna sur le flanc pour se mettre face à elle, il dessina le contour de la bouche de l'étudiante, l'air un peu ailleurs, avec sa main qu'il passa dans sa nuque pour rapprocher son visage du sien. Il hésita un peu, ses lèvres à quelques millimètres de celles de Billie mais il finit par se décider et quémanda l'accès avec un petit baiser. Intérieurement, il pria pour que leur commande tarde un peu, ne voulant en aucun cas casser la perfection du moment.

Mes lèvres pressées contre les siennes, je profitai un maximum de ce contact en accrochant ma main à son épaule nue. Je savais que nous étions amis ; nous n'avions toujours été que des amis mais pourtant tellement plus encore. Je devais avouer que chaque fois que Julian et moi retombions dans les plaisirs charnels, mon esprit se perdait un peu en chemin et je ne savais plus trop ce qu'il en était de mes sentiments. Après tout, il avait été mon seul et unique .. « amour ». Mais l'avait-il vraiment été ? Il avait été mon premier amant, c'était certain. Mon premier ami, aussi. Enfin .. premier ami avec lequel j'avais été aussi fusionnelle. Julian était mon âme sœur, j'en avais toujours été convaincue. Mais je ne suis pas de ces gens qui pensent que ce terme-là ne peut s'appliquer qu'en amour. Je suis de ceux qui pensent que les jumeaux sont une seule et même âme séparée dans deux corps distincts mais qui n'ont pas à chercher toute leur vie leur autre moitié puisqu'ils grandissent à ses côtés. Je pense que certaines parcelles d'âme grandissent séparément et finissent par se retrouver; tandis que d'autres, non. J'ai toujours considéré que Julian et moi faisions partie de la seconde catégorie. Nous nous étions retrouvés, mais cela ne signifiait pas que nous étions forcément amenés à lier nos destins dans tous les sens possibles. Pourtant, chaque fois que nous rouvrions cette brèche entre nous, je recommençai à me poser des questions. « et si .. ? », et puis non. Nous continuions nos vies ensemble, mais séparément.

Allongée entre ses bras, je savourai l'arôme masculin se dégageant de sa peau et emprisonnant chacune des molécules d'air que j'inspirai. Sa bouche se pressa à nouveau contre la mienne et j'entrouvris mes lèvres pour taquiner les siennes du bout de ma langue. Bien vite, je me redressai, entraînant Julian avec moi d'un main courbée derrière sa nuque. Nous étions en position assise et je lâchai ses lèvres un instant, le temps d'embrasser son cou fiévreusement. Je mordillai sa clavicule et remontai contre sa bouche, passant une jambe par-dessus les siennes pour m'asseoir à cheval contre ses hanches. Immédiatement, les sensations brûlantes s'écrasèrent en moi comme si elles avaient été projetées par un lance-pierre et j'esquissai un mouvement lent et irrégulier du bassin, bougeant contre le sien. Je perdis tout contrôle sur mes émotions et j'allais une nouvelle fois envoyer mes hanches en avant lorsque je m'immobilisai en arrachant ma bouche à la sienne, une main agrippée dans ses cheveux et mon visage fourré dans son cou. « Désolée .. » soufflai-je pour la deuxième fois de la journée.

La question qui revenait sans cesse, entre eux, c’était de savoir ce qu’ils étaient. A la base, ils étaient amis, enfin meilleurs amis et anciens colocataires mais… mais ils avaient vécu leurs premières fois ensembles : premier verre d’alcool, première cuite, premier appart, premier cocktail vip et… premiers plaisirs charnels.
Billie était la première, pour tout et n’importe quoi. Elle avait donc une place privilégiée dans la vie du brun mais, en tant que quoi ? Souvent, quand on lui demandait qui elle était, il répondait simplement : « C’est Billie. ». Ces deux mots résumaient tout. Voilà, c’était Billie. Sa meilleure amie, sa mère, sa sœur, sa femme, sa coloc’, son équivalent… il était difficile d’étiqueter leur relation.
Ils avaient essayé la case « couple » mais ça n’avait pas marché et naturellement, ils avaient rompu. En fait, ils pourraient être amis avec avantages. Seulement, parfois, il fallait l’avouer, Julian ressentait une pointe de jalousie quand la jeune femme ramenait d’autres hommes dans leur appartement. Avec certains ça durait, avec d’autres non et il devait vivre avec l’idée qu’il devait partager certaines choses avec eux, comme le canapé. Julian n’avait jamais supporté que les conquêtes de Billie s’y asseyent. Du coup, il envoyait Junkee le squatter et comme la plupart avaient peur de lui, ils n’osaient pas s’asseoir. Alors, bon courage à celui qui trouverait à quoi ressemblait leur relation.

Mais il fallait quand même lui expliquer pourquoi il ressentait autant le besoin de l’avoir entre ses bras. C’est vrai, ce n’était pas normal de vouloir rester accroché à elle comme si elle allait s’envoler. Ca finirait par arriver, sûrement avec un autre, il le savait pertinemment. Seulement, à cet instant, c’était lui qui avait ses lèvres contre les siennes, sa main sur sa nuque qui lui demandait de se redresser juste avant que sa bouche ne prenne soin de faire frissonner le jeune homme et que son bassin ne vienne à la rencontre de celui de Julian une fois encore, rallumant le brasier dans son bas-ventre avec un rythme lent.
Et là, allez savoir ce qu’il passa dans la tête de Billie : elle s’arrêta net, une main dans les cheveux de Julian et le visage enfoui dans son cou, murmurant une excuse.
Le brun resta interdit quelques secondes avant de passer une main sur le visage d’O’Connell , sous son menton, pour tourner sa tête vers lui.

« - Billie ? Qu’est-ce qu’il y a… ? »

Julian passa un bras autour de la taille de la jeune femme, posant sa tête sur son épaule pendant qu’elle lui répondait, à sa façon. Il savait qu’il n’avait pas grand-chose dans ces cas-là, mis à part lui apporter le soutien corporel dont elle avait besoin.
Billie avait toujours été comme ça dans ses moments de doute. Elle n’avait pas besoin de longs discours ou tous les trucs de ce genre-là, il suffisait seulement a Andrews de la prendre dans ses bras, sans rien dire, et d’attendre que ça passe.

J'étais en train de me battre contre mes propres pulsions, luttant contre la chaleur incandescente qui se répandait en moi à la vitesse de la lumière. J'avais la tête embrouillée, je ne savais plus vraiment où j'en étais. Si je restais là, au creux de ses bras, je savais que je n'allais faire qu'une seule chose: remettre le couvert, encore et encore. J'étais toujours insatiable avec lui, et là j'avais besoin de réfléchir. D'avoir les idées claires et non pas submergées par mes besoins primaires. « Je .. j'ai .. » Je craquai, et envoyai à nouveau mon bassin contre le sien, resserrant ma poigne sur sa nuque en lâchant un gémissement rauque. Quelque chose d'humide s'écrasa juste au-dessus de mon nombril et je me rendis seulement compte qu'une larme m'avait échappée. Surprise, je m'arrêtai brusquement et relevai un regard affolé vers Julian avant de me reculer, descendant ainsi de ses cuisses pour me retrouver au bout du lit. « J'ai besoin d'aller prendre l'air. » fis-je en me relevant et en passant une main nerveuse dans mes cheveux. Je me penchai, l'embrassai rapidement du bout des lèvres et filai dans le salon pour renouer mon paréo autour de ma taille. Je remis mon haut de bikini à la va-vite et à peine quelques secondes plus tard, je claquai la porte de ma propre chambre d'hôtel, m'y adossant un instant pour souffler. Puis je partis, sachant que c'était actuellement la seule chose à faire.

Une nouvelle fois, leurs bassins se rencontrèrent et le brun sentit son bas-ventre être délicieusement chamboulé par l'envie qui refaisait surface. Mais Billie s'arrêta brusquement, lâchant sa prise sur la nuque du brun et le regard affolé. Julian voulu la retenir mais elle se recula vivement jusqu'au bout du lit.

« J'ai besoin d'aller prendre l'air. »

Elle se rapprocha de nouveau, l'embrassa distraitement et s'enfuit avant qu'il ne comprenne ce qu'il se passait. Au moment où elle se dirigeait vers la porte de sa chambre, il sauta hors du lit et essaya de la rattraper, l'interpellant d'une voix presque désespérée.

« Billie! »

La porte lui claqua au nez et il s'arrêta net, les bras ballants. Julian ne savait pas comment réagir à ça. Elle venait de le laisser en plan, encore une fois. Il soupira et récupéra ses vêtements pour se rhabiller et se mit à tourner en rond avant de décider de quitter la chambre à son tour, après avoir laissé un mot à la jeune femme.

« Prends le temps qu'il te faut, on se voit à la soirée. Julian»