DUNLY ❥ You're not my blood

Je me doutais bien que cette petite aiguille n'était pas la cause du stress de mon cher frère, mais que c'était sûrement en rapport avec moi. Je n'étais pas assez prétentieuse pour dire qu'il m'aime alors que moi non. Surtout que ce n'était ni aussi blanc et noir entre nous. A force de se lancer des piques de plus en plus chiantes, mais jamais méchantes, je m'étais perdue et j'avais en quelque sorte arrêter de réellement le détester et de le blâmer pour tout ce qu'il n'avait pas fait. Mais comment l'apprécier quand il me fait chier H24 ?! On se cherchait trop pour revenir en arrière. Même quand on se confiait des choses - choses rares - on finissait toujours par se "cracher" dessus à un moment donné, comme si le reste n'avait jamais existé. Aussi, quand il me fit comprendre que ce n'était que ma tête qui le faisait flippé, j'eus l'envie énorme de le laisser lui et son aiguille et de partir en courant. Ça ne me blessait plus venant de lui mais je ne le supportais pas. Je croisais le regard du docteur et je le plaignais. Ils devaient en voir passer des tarés comme nous et je me sentais un peu bête d'agir comme une gamine de quatorze ans avec mon frère. Le jour où je voudrais vraiment te tuer ça ne sera pas bien compliqué au moins. Bien sûr que je ne le pensais pas, mais il y a un stade qu'on dépasse souvent tellement on veut avoir l'avantage l'un sur l'autre, qu'on soit observer et écouter ou non. Je n'arrivais pas à me retenir même si le docteur nous prenait pour des gosses qui ne savent rien faire que se disputer. Je suis fière d'avoir mal, au moins ça prouve que je ne suis pas faible d'esprit. Oui parce qu'il n'y a que les drogués qui sont faibles. Évidemment que je n'allais pas cracher le fait qu'il se droguait et qu'il en avait l'habitude, devant des docteurs, je ne suis pas aussi méchante, surtout que je tiens un minimum à lui. Mais j'étais au moins obligé de lui faire comprendre qu'il est plus que faible à mes yeux pour avoir plongé là-dedans. Il se fit à son tour piqué et le docteur eut à peine le temps de me faire savoir que les résultats seraient prêt dans quelques minutes et qu'on pouvait attendre dans la salle d'attente, que je me suis levée et suis sortie de la pièce. Il me fallait un café et sur le champ, histoire de me changer les idées. Même si un petit verre de sky aurait bien mieux fait l'affaire.


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Envoyer toutes sortes d'insultes à ma soeur, c'était un peu mon moyen de lui cacher mes sentiments, ces sentiments qui me rongent depuis des années. Nous avons passé toute notre vie à nous engueuler constamment, à se juger sans cesse que ça en devenait limite notre quotidien. Au jour d'aujourd'hui je serai plus surpris d'entendre un simple 'merci' de la bouche de ma sœur qu'un 'pauvre con'. J'étais d'ailleurs sur qu'à la fin de cette journée, je n'aurais aucun remerciement pour avoir accepté de venir faire ses tests. Aucun merci pour m'avoir gâché la journée pour lui rendre un énième service sans rien lui demander en retour. Mais qu'importe, de toute façon j'allais peut-être bientôt la perdre, malgré son non de tout à l'heure, j'avais toujours ce doute en moi qui faisais que je craignais sa réaction si jamais nous n'étions plus de la même famille. En attendant nous continuons de nous lancer des piques plus ridicules les unes que les autres. Lorsqu'elle me fit comprendre qu'elle n'aurait donc aucun moyen de me tuer si l'envie lui venait, ça me fit sourire, non pas parce que c'était marrant, mais parce que ma réponse fut des plus rapides. Regarde toi dans un miroir dans ce cas, ça rendrait service à l'humanité. Oui c'était méchant, mais je ne le pensais absolument pas. J'avais juste envie de l'énerver une nouvelle fois, comme depuis le début d'ailleurs. Le médecin nous regardait bizarrement, je le comprenais au fond. En général dans ce genre de situation les frères et soeurs se soutiennent, nous on perdait notre temps à nous lancer des insultes plus stupides les unes que les autres, au moins on ne s'engueulait pas comme nous avions souvent l'habitude de le faire, c'est-à-dire violemment. Lorsqu'elle m'avoua que j'étais faible d'esprit, je soupirais nerveusement, je n'avais même pas envie de lui répondre tellement ça m'énervait. Je n'avais pas envie de perdre mon sang-froid à cause de ses allusions à mon addiction. Le docteur nous invita à attendre les résultats dans la salle d'attente, encore attendre ? Je commençais à en avoir plus que marre d'être ici, plus que marre d'attendre encore une dizaine de minutes pour savoir si j'avais encore ma place ici, car si Lily m'ignorait, pourquoi rester ? C'était à cause d'elle que j'étais ici, pour la suivre. Bref, en attendant cela je me dirigeais vers la machine à café, oui nous étions dans un hôpital j'avais donc aucun moyen de me boire une petite bière. Une fois mon café terminé j'allais de nouveau m'asseoir, sans même proposer à Lily de lui payer le sien. Je buvais une gorgée en souriant d'un air moqueur vers Lily, j'espérais la faire une nouvelle fois chier de ne pas lui avoir payé de café. J'ai perdu trop de sang par ta faute, je suis bien obligé de reprendre des forces. Et hop, une nouvelle vanne dans les dents de ma chère sœur.

Jamais ça ne s'arrêterait entre nous, et même si je n'aimais pas qu'il ait le dernier mot, je me sacrifiais parfois parce que je finissais par en avoir marre de nos piques. La plupart du temps, surtout au début, c'est lui qui m'exaspère, mais là, j'en ai marre, purement et simplement. Je ne voyais pas comment je pourrais aider l'humanité simplement en me regardant dans un miroir, mais je voyais bien où il voulait en venir. Je lui répondis donc, parce que non, je ne pouvais m'en empêcher Je vais de ce pas prendre rendez-vous pour une chirurgie esthétique alors ! Je le prenais de plus en plus mal, et je devenais de plus en plus agressive. Mais je m'en foutais, il me saoulait, et le moment où nous pouvions enfin nous retirer fut plus qu'attendu et carrément du bien. Mais ce qu'il me fallait surtout c'était un café. Et cet idiot de frère me passa devant putain ! Je le fusillais du regard et je l'aurais bien frapper rien que pour avoir eu la même idée que moi. Je me servis ensuite mon café et retournais à mon tour à la salle d'attente. Je commençais à boire mon café tranquillement alors que j'étais tranquille, que le silence était magnifique, mais non, il a fallu qu'il ouvre de nouveau sa bouche de babouin. Je t'ai pas forcé à prendre ton sang alors tais-toi un peu ! Il m'énervait là à me chercher un peu trop. J'allais devenir de plus en plus méchante à force d'être trop taquine et chiante. Je perds vite mon sang froid, comparé à lui, j'y peux rien. Je ne te retiens pas non plus, libre à toi de te casser. Je t'enverrais un sms pour te dire si je suis encore une O'Callaghan ou non. J'avais tout abandonné, je ne jouais que franc jeu, j'en avais trop marre, je ne voulais qu'une seule chose, que le docteur sorte enfin de ce fichu labo pour qu'il nous annonce enfin la nouvelle pour qu'on puisse se barrer d'ici.


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Plus je passais du temps avec Lily, plus je commençais à comprendre pourquoi nous nous voyons que rarement, pourquoi nous nous parlons seulement lorsqu'elle avait besoin de moi : tout simplement parce qu'on se tapait très vite sur le système. J'avoue que c'est souvent moi qui cherchais la petite bête, mais l'orgueil de ma chère sœur l'empêchait de me laisser le dernier mot, ce qui était fortement dommage pour elle puisque moi non plus, je ne m'abaisserai jamais face à elle. Lorsqu'elle répondit ironiquement à ma réflexion sur son visage, elle me fit comprendre qu'elle prendrait rendez-vous avec un chirurgien. Elle me tendait la perche, je ne pouvais pas ne pas lui répondre. J'hauchais les épaules l'air innocent. Malheureusement même le meilleur des chirurgiens ne peut faire de miracle. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle ne me foutait pas sa main dans la gueule, après toutes les vacheries que j'avais pu lui dire, après toutes les moqueries - bien que souvent fausses - que j'ai pu lui dire, elle ne s'énervait pas autant que je l'aurais pensé. Lorsque j'ai commencé à boire mon café, j'ai de suite vu sur son visage que cela ne lui avait pas plus. Néanmoins elle s'était tout de même servi son café, mais mes jérémiades venaient une nouvelle fois bousculer son repos, elle qui voulait écouter le silence résonner dans ses oreilles, elle n'entendait que mes propos plus que saoulant. Alors elle me balança au visage qu'elle ne m'avait jamais forcé à venir prendre mon sang. Elle était sérieuse ? Je rigolais toujours avec cet air moqueur à ses propos en lui répondant l'air faussement désolé. Oh excuse moi d'être venu alors. La prochaine fois je te laisserais toute seule comme une conne, au moins je ne te taperai plus sur les nerfs. La prochaine fois demande à l'autre abruti de venir t'aider .. Comment il s'appelle déjà .. Oh oui James ! Ah mais que suis-je bête, il n'est plus là. J'allais trop loin, je m'en rendais bien compte mais lui parler de ce fameux James était plus fort que moi. Elle ne se gênait pas pour me mettre ma drogue en pleine face, je n'allais pas me gêner pour en faire autant avec James. Elle commençait même à perdre son sang-froid, elle m'invita même à partir si ça me faisait chier d'être ici. Mais non, si j'étais encore là ce n'était pas seulement pour lui donner mon sang, mais pour savoir si j'avais bien le même qu'elle. Cependant je ne pouvais lui admettre la vérité. Je me suis payé un café, je ne pars pas avant de l'avoir bu. Alors tu vas devoir faire avec. Bon mon excuse n'était pas crédible mais tant pis, c'était soit ça, soit je l'admets que je voulais savoir autant qu'elle la vérité.

Voilà pourquoi j'évitais le plus possible, le plus longtemps possible de ne pas m'énerver, parce qu'il m'en envoyait encore plus dans la gueule. Et déjà qu'en temps normal je le supporte assez mal, là c'était carrément pas le bon moment. Je sentais ma haine monter, mais sûrement il m'avait blesser. C'était plus que facile depuis que James était reparti à Londres et qui n'avait pas pu arriver de nouveau quelque chose entre nous. Mais j'avais réussi à l'oublier bien avant qu'il soit de nouveau libre. Alors son départ ne m'avait pas tant atteint. Alors pourquoi venant de celui que j'appelais mon frère me blessait autant ?! Rien à foutre. Un connard de moins dans ma vie. Et peut-être un autre aussi dans quelques instants ! Franchement, il l'avait mérité, parce qu'il me cherchait vraiment trop, et il le méritait depuis un bon moment, surtout quand il avait encore plus insisté sur le fait que j'avais une tête irrécupérable. Il n'arrêtais pas de me blesser, et j'en avais marre qu'il m'atteigne aussi facilement. J'essayais donc juste de me contrôler, de ne pas céder à ma violence. En même temps, c'était chose assez facile avec lui, parce que même si je lui mettais des coups de magasines (a), je ne pourrais jamais plus le blesser. Je n'y arriverais pas, même si je le voulais absolument. Je lui avais aussi fait comprendre qu'il pouvait s'en aller s'il n'était pas content, même si au fond, j'espérais qu'il ne le fasse pas. Je ne voulais pas apprendre une telle nouvelle toute seule, pas sans lui, alors que ça nous concernait tous les deux. Il me sortit pour seule réponse une excuse pourrie qui ne me fit même pas sourire tellement je lui en voulais de plus en plus. Valait mieux qu'on se sépare avant que je le déteste pour de bon. Ouais je vais faire semblant de te croire parce que j'en ai marre de me battre avec toi aujourd'hui. C'était toujours pas passé tout ce qu'il m'avait dit et je me sentais de moins en moins bien, tellement que mon visage crispé par la colère se ramollissait par la fatigue et le stress. Vivement que ce docteur de malheur sorte ! Tout en buvant mon café, je ne pouvais m'empêcher de fixer la porte, priant qu'elle s'ouvre à chaque seconde.


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Ses paroles fut très claires, j'étais un connard à ses yeux. Au fond elle n'avait pas tort, j'étais bien un connard, un enfoiré, j'étais une merde au fond. J'étais le mec qui ressentait des choses inavouables envers sa soeur, j'étais l'enfoiré qui l'emmerdait juste pour exister à ses yeux. Depuis tout à l'heure je gardais au mieux mon calme, j'essayais de ne rien laisser paraître sur mon visage, mais là ça en était trop. Qu'elle m'insulte de tête de noix, d'andouille et toutes autres choses, je m'en moquais. Mais qu'elle m'insulte de connard en quelques sortes, alors que j'étais toujours présent pour l'aider malgré notre mésentente, ça me serrait le coeur, une douleur de l'intérieur vraiment insupportable. Je me levais de ma chaise, la fixant dans les yeux l'air sérieux, mon côté râleur s'emparait de moi pour la première fois de la journée. Un autre dans quelques instants ? Si je suis un connard, pourquoi est-ce que je me fais chier à te venir en aide à chaque fois que tu claques des doigts ? Pourquoi est-ce que je ne t'envoie pas chier une bonne fois pour toutes alors que tu ne m'as jamais aimé hein ? Je m'énervais, pas seulement envers Lily, mais aussi envers moi. Envers moi pour être attiré par elle, je me dégoûtais d'une façon inimaginable, c'était horrible. Pourquoi est-ce si difficile ? Je n'en sais rien et ça me bouffe de l'intérieur. J'allais me rasseoir, mais ce qui était fait était fait, mon calme était une bonne fois pour toutes évaporé, je m'approchais un peu plus de ma soeur, je pointais mon doigt vers moi en ne la lâchant pas du regard. Tu me reproches ce que le père a fait à ta mère, tu me l'as toujours reproché alors que j'y suis absolument pour rien dans cette histoire. Mais voilà, excuse-moi .. Excuse-moi d'être né et d'être ton frère. Est-ce que mes propos la toucheront ? Je n'en savais rien, mais je devais sortir mon sac, sans pour autant tout lui avouer, sans pour autant lui dire le plus important. Certaines personnes passant dans les couloirs devaient nous prendre pour des fous, mais je m'en moquais. J'étais à la fois stressé de savoir que j'allais peut-être la perdre, mais aussi énervé envers elle et envers moi. C'était un gros bordel dans ma tête. Va te faire foutre. Je n'avais pas envie de partir, mais je me dirigeais tout de même vers la sortie, je l'attendrais dehors et elle n'aura qu'à me dire le résultat tout à l'heure, mais en passant devant la fameuse porte, cette dernière s'ouvrait d'un seul coup. Elle tapa sur ma jambe mais aussi sur ma tête, putain ce n'était vraiment pas mon jour. Alors que je me touchais le front suite à ce coup, le médecin en sortait au même moment.

Evidemment qu'il allait lui aussi péter un plomb. On était en quelque sorte ampathique de ce côté-là, et c'était sûrement pour cela que je ne m'étais jamais posé la question si on était vraiment frère et sœur, parce qu'avec ce genre de détail, ça paraissait logique. Mais peut-être était-ce simplement parce qu'on avait vécu presque dix ans ensemble et qu'à force on finit par s'habituer à l'autre. Il se mit donc à péter son plomb en se levant. J'ai vraiment cru qu'il allait partir à ce moment-là, mais non il s'était simplement rassis. Je le regardais d'un air assez choqué, à la limite du haineux. Je m'appuyais ensuite sur mes genoux pour le fixer et lui répondre tout simplement Là, je ne peux rien faire pour toi, il n'y a que toi pour répondre à tout ça. Et franchement, j'étais vraiment curieuse de le savoir, qu'il réponde à ces questions, parce que je voulais savoir pourquoi tout ça moi aussi. Mais je ne voulais pas faire paraître mon intérêt pour ça, alors voilà pourquoi je lui avais répondu simplement ça. Mais voilà, on était bien parti, et on s'énervait de plus en plus l'un contre l'autre. Tellement que cette fois-ci, il s'en alla pour de bon. J'avais entre-ouvert la bouche pour répliquer quelque chose quand il "s'excusa" d'être de ma famille, mais je ne savais pas quoi lui répondre. J'étais en faute, je l'avais énervé, comme il m'avait énervé, mais au bout du compte, c'était toujours bel et bien moi la fautive, parce que tout aurait pu bien se passer si j'avais été gentille avec lui depuis le début. Seulement ce n'était pas le cas, et je m'imaginais mal l'être avec lui. Je ne savais pas si j'y arriverais. Quand il me tourna le dos pour partir, je ne le voulais pas, je m'étais alors direct relevée pour le rappeler, sauf qu'aucun son ne sortit de ma bouche, je sentis juste une grande émotion m'envahir et je me mis à tousser pour la faire passer. Raah que j'aime pas ça quand ça m'arrive à cause de cet idiot de frère ! Seulement la porte s'ouvrit enfin et il se la prit en pleine face, chose qui me fit avoir un léger gloussement, par simple reflex humain que lorsqu'on voit une gamelle, on est obligé de rire. Je m'étais mis à marcher rapidement vers lui et le docteur, mais ce n'était pas le docteur que je regardais. Je m'inquiétais encore débilement pour mon frère. Une fois à leur hauteur, je regardais s'il allait bien et vu comme il se frottait le front il semblait aller bien donc je ne lui adressais pas un "ça va" comme j'aurais voulu le faire, et m'adressais plutôt au docteur Alors ? Il nous regarda à tour de rôle, la mine assez dépitée, mais ça ne m'aidait pas à savoir quels étaient les résultats. Vous n'avez pas une goutte de sang en commun. Lâcher comme une bombe, et mon cœur s'emballa comme si un évènement fort venait d'arriver. C'était sûrement le cas après tout. Je fixais le docteur, impossible de regarder mon frère dans les yeux ... Ou plutôt simplement, Duncan.


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Je me faisais mal et elle pouffait de rire ? Ce coup de porte en pleine face ne m'avait pas fait que du bien, au contraire je l'ai bien senti passer. Décidément je commençais de plus en plus à me rendre compte que je n'étais rien pour lui. Dans un premier temps elle ne répondait même pas à mes questions, comme si elle s'en moquait complètement. Et dans un second temps, elle rigolait que je me blesse. Certes ce n'était pas non plus la fin du monde, je ne saignais pas, mais la douleur était tout de même présente. Elle n'avait même pas pris de mes nouvelles, non absolument rien. Elle se dirigeait vers le médecin sans même se préoccuper de moi, qu'importe au final, car je voulais être tout autant fixé qu'elle. Au plus profond de moi, j'espérais que la réponse serait 'vous avez bien le même sang', juste pour ne pas la perdre et aussi pour me dire que je n'ai pas passé presque toute ma vie à me dégoûter de ressentir des choses pour une fille qui n'est en fin de compte, rien d'autre qu'une inconnue. Et en un fragment de secondes tout s'effondrait, l'homme à la blouse blanche nous avoua que Lily et moi n'avons aucun lien de parenté, nous n'avions donc pas le même père. À cette annonce un grand blanc s'est installé dans la salle, un silence des plus agaçants, comme si le monde s'était mis sur pause. J'étais scotché et choqué, mais à la fois déçus comme jamais auparavant. Je venais non seulement de perdre ma sœur, mais aussi la raison de ma présence à Harvard. Aujourd'hui, à cet instant, je n'avais plus rien, plus aucune raison d'être présent ici. J'avais des amis certes, mais je m'en moquais pas mal, j'avais mes parents toujours à Londres, même si mon père m'en voulait toujours un peu d'avoir suivi Lily à Harvard, je comprenais mieux pourquoi à présent. Qu'allais-je faire à maintenant ? Qu'allais-je devenir ? Je ne pouvais pas lui dire que cela me blessait, que je ne voulais pas la perdre, mais elle ne me regardait même pas et je n'avais aucune envie de me rabaisser à ce niveau. Je fixais Lily, même si cette dernière ne me regardait même pas du coin de l’œil. Je n'avais même pas envie de gueuler, de m'énerver, je n'avais plus la force de me battre. J'avais alors pris la parole, le son de ma voix était calme, mais ce n'était vraiment pas mon cas. C'est bon, t'es contente ? Tu viens de te débarrasser du boulet qui te servait de frère en un fragment de seconde. Tu vas pouvoir vivre en paix maintenant que je ne suis plus personne pour toi. Le docteur nous saluais l'air désolé, il savait que ce n'était pas une nouvelle facile pour nous. Il tournait des talons et nous laissais ensemble, mais avais-je une raison de rester ? Elle a eu ce qu'elle voulait, moi je n'avais plus rien. Je regardais une dernière fois celle qui était ma sœur il y a encore quelques minutes, avec un sourire forcé, je n'avais vraiment pas le cœur à sourire et ça se voyait sur mon visage. Et tu avais raison .. Un connard en moins dans ta vie. En haussant les épaules je m'avançais à mon tour vers la sortie, allait-elle m'arrêter ? Je n'en savais rien, j'étais perdu .. Comme jamais je ne l'avais été auparavant.

J'arrivais pas à réaliser la situation. J'arrivais pas à me dire que j'avais dans les gênes, le sang d'un père super au lieu de celui que j'ai toujours eu. Ce que j'arrivais à me dire c'était que je perdais Duncan et le père que je n'ai jamais eu, parce que maintenant c'était évident pourquoi il ne m'avait jamais aimé. Tout était remis en question et j'étais perdue. Je déteste Duncan, mais je me sens terriblement mal, comme si je venais de perdre une partie de moi. Mais comment lui faire comprendre quand on passe tout sa vie à lui faire comprendre qu'on ne l'aime pas ?! C'est comme changer de trait de caractère sur commande. Mon coeur me fit davantage mal quand Duncan ouvrit la bouche pour me dire que je n'étais plus personne pour lui maintenant. Je ne lui avais pas dit quelques minutes plus tôt que ça n'allait pas être le cas ?! Apparemment ce n'était pas ce qu'il avait de plus retenu, et franchement, je ne pouvais carrément pas l'en blâmer. Je baissais alors la tête et lui répondais Oui tu as sûrement raison. Lui avais-je dit sur un ton plus triste qu'autre chose. Je ne l'avais toujours pas regardé, je n'y arrivais pas. Je ne voulais même pas lui dire ça, je voulais lui dire qu'il resterait mon frère quoi qu'il arrive parce que je ne voulais pas le perdre, c'était le seul qui m'avait aimé depuis toutes ces années, qui m'avait suivi ici, et même si j'avais été énervé par rapport à tout ça, je me rendais compte aujourd'hui que c'était ce dont j'avais besoin, qu'une personne m'aime enfin pour ce que je suis, et qui mieux que Duncan me connaissait ? Personne. Aussi quand il me balança l'insulte que je lui avais envoyé tout à l'heure, je sentis que je le perdais totalement, et je ne me trompais pas parce qu'il commença à partir, et moi, je me mis à paniquer totalement. Tellement que je le rattrapais à peine quelques pas plus loin en me collant dans son dos pour l'enlacer, pour le retenir. Je n'étais pas prête à le lâcher, autant au figuré qu'au propre Non ne m'abandonne pas !! Je crois que là, c'est à rentrer dans les anales. Je n'aurais pas autant paniqué, jamais je n'aurais fait ça, mais chez moi c'est un peu comme l'alcool, j'ose faire ce que je veux vraiment. Quitte à ce qu'il me repousse, je m'en foutais, j'allais certainement pas le lâcher. Il pouvait me dire tout ce qu'il voulait, il n'y aurait que mon cœur qui battrait encore plus la chamade sous le coup de l'émotion.


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J'étais perdu, je n'arrivais toujours pas à croire que celle avec qui j'ai grandi, avec qui j'ai vécu durant des années n'était enfaîte pas ma sœur. Je m'en suis voulu pendant des années, je me suis répugné sans cesse durant toutes ces années de ressentir une attirance pour ma sœur et aujourd'hui, en seulement quelques secondes, j'apprenais que nous n'avions pas une seule goutte de sang en commun. Au fond de moi je savais que la personne qui souffrait le plus de cette révélation, c'était elle. Je n'en voulais pas à Lily malgré ce que mes propos pouvaient laisser entendre, je m'en voulais à moi-même, je ressentais quelque chose d'inexplicable, que ce soit au niveau du cœur, comme dans la tête. Quelques minutes auparavant elle m'avait dit que je ne le perdrais pas, avant de clairement me faire comprendre que je ne serais qu'un connard de plus à disparaître de sa vie si jamais nous n'avions aucun lien de parenté, ce qui se trouvait être le cas. Lorsqu'elle m'avoua que j'avais probablement raison, je ressentais dans sa voix de la tristesse, je n'avais jamais entendu Lily me parler comme ça, jamais en des années. Pourquoi ? Pourquoi était-elle triste ? Certes elle perdait un frère, mais un frère qu'elle n'a jamais aimé. Elle aurait dû être soulagée de savoir qu'elle n'avait plus aucun lien quelconque avec moi, mais sa voix me laissait entendre le contraire. Cependant elle ne me regardait toujours pas, je n'avais aucune raison de rester, même si l'envie de lui dire tout ce que je ressentais réellement était forte. Je commençais à partir avant d'entendre des pas derrière moi, avant même d'être arrivé au fond du couloir, je sentais des bras se coller à moi, sentant le corps de Lily dans mon dos. Elle me retenait, elle n'avait jamais fait un geste comme celui-ci auparavant, j'étais déjà perdu avant ce geste, c'était encore pire après cela. Elle ne voulait pas que je l'abandonne, ce que je n'avais jamais eu l’intention de faire. Dès lors qu'elle m'avait annoncé qu'on passerait des tests sanguins, je m'étais de suite dit qu'elle voulait se débarrasser de moi. Mais sa réaction me laissait clairement comprendre le contraire. Elle m'enlaçait toujours alors que je baissais ma tête vers le sol, la voix presque tremblotante, mais mon orgueil m'empêchait de craquer. Mais cet orgueil m'empêchait aussi de lui dire que jamais je ne pourrais l'abandonner. Pourquoi ? C'est peut-être la meilleure chose pour toi .. Maintenant que je ne suis plus ton frère, tu n'as plus aucune raison de me supporter .. Tu ne m'as d'ailleurs jamais aimé, pas vrai ? Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle ne voulait pas que je l'abandonne, elle pourrait être tellement plus heureuse sans moi, plus heureuse si elle trouvait qui était sa vraie famille. Je retirais ses mains d'autour de ma taille, pour me retourner vers elle, je la regardais dans les yeux, toujours sans rien faire paraître, même si elle devait bien voir sur mon visage que la situation actuelle me blessait tout autant qu'elle, je ne voulais pas la perdre non plus. Répond moi franchement .. Je suis quoi pour toi maintenant ? C'était en effet la question qui me trottait dans la tête, une question qui allait hanter si jamais je n'obtenais aucune réponse. Je n'étais pas seul dans cette pièce, mais dans ma tête c'était comme si j'étais seul abandonné sur une île déserte.