If you're a party freak, then step on the floor [Valixie]

La soirée recommençait à mieux aller, je crois. La gêne se dissipait peu à peu, les muscles se détendaient. Du moins, pour l’instant. On parlait de nos ruptures, et bien que ce n’est pas un sujet particulièrement joyeux, autant pour lui que pour moi, il fallait dire que ça changeait de ce baiser qui nous mettait visiblement mal à l’aise tous les deux. Quoi de plus normal, après tout, que d’être gêné par rapport à ça? De l’ambiguë commençait à flotter dans l’air, et même peut-être un peu plus que ça, et j’essayais peut-être trop de percevoir le bel italien comme un ami : un simple ami, me disais-je, mais c’était juste…étrange, c’était pas juste ça, c’était différent, quoi. « Comme tu dis, un mal pour un bien… Ou même, un mal pour des bien » J’avais répété sa phrase, parce qu’il avait absolument raison. Je n’avais pas complètement abandonné la drogue, l’alcool, les joints et tout le kit, mais j’avais grandement diminué mes consommations et ça c’était une bonne chose parmi tant d’autres qui m’arrivaient toujours et encore depuis le début des vacances. C’est drôle, quand même. Moi qui croyait qu’au Summer Camp, je m’éclaterais à fond, que je visiterais le lit d’un peu tout le monde (ou presque), que j’irais dans les partys tous les soirs… Ce n’en était rien, excepté pour le dernier point. Et puis, en me calmant sur la drogue, je devais dire que je m’étais calmé aussi sur mes…fréquentations et mes «one night». Je n’étais plus une fille qui couche à tout va-va. Étonnant? Oh si! Mais vrai? Tout autant! Non en fait, je m’étonnais moi-même, puisque je devenais un peu comme ces filles romantiques. Je ne devenais pas une nunuche, non plus, mais je me calmais les hormones, comme on dirait si bien… Et puis d’ailleurs, parlant d’une touche de romantisme, j’avais demandé, et même supplié Valentin, par de nombreux battements de cils, de me faire danser. Même s’il n’y avait pas de musique. Même si on était seuls. Même si c’était bizarre, tout ça. Je voulais danser avec lui, et pas en me frottant contre lui pour le chauffer comme les filles en manque de cul le font lors des soirées. Non, juste danser… Il accepta, ce qui me fit grandement plaisir. Mon bel italien me fit tourner rapidement sur moi-même en m’attirant à lui. La fleur que j’avais toujours dans les cheveux n’était pas tombée. Elle restait en place. Val’ glissa sa main vers le bas de mon dos, et je souris, en me positionnant pour commencer à bouger au rythme qu’il prenait. « Superflues? Qu’est-ce que tu veux dire par là..? » Je fronçais très légèrement les sourcils avant de fermer les yeux un bref instant, à son murmure à mon oreille qui me donna des frissons, bien que rien dans ce qu’il ne disait n’avait de quoi en donner. C’était juste sa voix, et la proximité, j’imagine… « Non, c’est…c’est parfait comme ça, crois-moi. » Mon sourire s’étira encore un peu plus, alors que j’étais à peu près certaine que mes rouges se coloraient d’un léger rouge prononcé. Mais je ne m’en souciais pas, là. Et je remarquais au fil des secondes que Val se débrouillait bien. Même très bien. Je me rendais compte que ça, c’était le style de danse romantique qu’on voyait dans les moments romantiques des films d’amour. Oh, seigneur. « Avoue que tu as appris à danser de cette manière pour séduire plus facilement les jeunes filles.. ! » Bah quoi? Après tout, je ne faisais que le questionner, par simple…curiosité et intérêt (a). Enfin, c’est ce que je me laissais croire. Si je ne me retenais pas, j’aurais posé ma tête sur son épaule pour continuer à danser. Dixie, ressaisis-toi! En fait, je n’avais pas du tout envie de me ressaisir, là. Qui m’avait déjà offert une fleur comme ça? Un baiser sur la main? Et une danse comme celle-là? Je pourrais passer des années à chercher que maintenant, la réponse ne serait autre que Valentin.

Après avoir parlé de nos passés respectifs un peu douloureux, on était parti se balader au bord du lac, sans avoir envie de se quitter de suite. Je n'avais aucune idée de là où ça nous mènerait avec cette soirée qui enchaînait des évènements tout aussi étranges les uns que les autres. Fallait dire que j'étais aussi le responsable de beaucoup d'entre eux. Mais à partir du moment où j'avais lâché mon "non" aussi spontanément, je me suis rendu compte que ça ne servait à rien que je réfléchisse ou que je me retienne. Ça ne servait à rien au final, juste à nous rendre encore plus gêné que l'on était déjà. Et puis je me sentais bien mieux alors que je ne me suis pas retenu pour lui dire que cette soirée était réussie grâce à elle, et aussi pour le baiser sur sa main. Au final, c'était loin d'être une gêne désagréable, parce que sinon, autant l'un que l'autre, on serait parti dans des directions différentes. Mais non, on était encore là, et à présent on dansait en pleine nuit, alors qu'il n'y avait pas une seule note de musique. Comme je m'en doutais, elle n'avait pas totalement compris ce que j'avais jugé de superflus. Elle me demanda alors ce que je voulais dire par là. Simplement que la musique, la piste de danse, le monde, c'est pas ces absences-là qui peuvent nous empêcher de danser. Lui répondis-je tout sourire. Ce n'était que de simples détails. Enfin, selon moi évidemment, parce que si tu as la musique dans les veines, dans la peau, pas besoin d'instrument, la nature elle-même, nos corps peuvent devenir de la musique. Suffisait de savoir écouter. Puis je lui avais dit que si jamais elle voulait accélérer le pas, ce n'était pas un problème. Mais apparemment, cette lenteur lui convenait parfaitement. Chose qui était réciproque. Chose aussi qui prouvait qu'on flirtait bel et bien de plus en plus. Mais qu'importe, on continuait à danser, à se sourire, quand elle me fit remarquer qu'elle était sûr que j'avais appris à danser pour séduire les femmes. Un rire s'échappa de ma gorge avant de lui répondre Tu as tout juste ! Même si je dois cette fière chandelle à ma mère. Un peu une obligation qu'aujourd'hui je suis loin de regretter. Mais c'était pas pour autant que danser en boîte c'était un kiffe et que je me débrouillais aussi bien. Je sais bouger ouais, mais en mode solo je suis carrément moins confiant. J'espère en tout cas que ça fonctionne toujours autant ... Non mais sérieux, qu'est-ce que je raconte ? Pourquoi j'ai dit ça ? Je cherchais à installer encore plus de gêne c'est ça ? Même si je me suis dit que je ne réfléchissais plus, il y a des limites, et là je suis certainement allé un peu trop loin.

Finalement, la soirée était encore meilleure que je ne me l’étais imaginée. Moi qui pensait seulement remonter le moral à mon bel ami, sachant qu’il n’allait pas si bien, au vu de ses sms, eh bien on se retrouvait carrément dans une soirée de flirt mutuel. Enfin…un flirt peut-être subtil, mais bien présent. J’aimais cette soirée. Vraiment. Et tous les adverbes qui sont des synonymes de «Totalement ». C’était rare que je me sentais bizarre de l’intérieure. Un sentiment étrange qui ne survient que très rarement, un serrement au cœur quand on se sent appréciée comme ça et qu’on reçoit des petites attentions bien trop mignonnes comme Valentin m’offrait depuis qu’on était sortis du Sloppy Joe’s Bar. J’avais envie de danser, et bien rapidement, il m’avait attiré contre lui, glissant une main vers le bas de mon dos, pour commencer à bouger. Aucune musique, aucune piste, aucune personne qui ne pouvait gâcher cet espèce d’instant «intime» et étrange à la fois qu’on partageait. Et maintenant qu’il m’expliquait, je comprenais mieux ce qu’il avait voulu dire par superflu. Il avait tout à fait raison, en réalité. On en avait pas besoin pour danser. On n’en avait pas besoin pour se laisser aller dans des pas lents et…mignons? J’étais plus de ces danseuses qui se déhanchaient à vue d’œil, qui bougeait toujours et encore au rythme des musiques dansantes et rapides. Le striptease y était pour quelque chose, même si je dois dire que dans ce domaine, on retrouvait plutôt dans musiques sensuelles et langoureuses. En ce moment, la musique était dans notre tête, et même dans nos yeux. « Les mamans… on leur doit beaucoup, pas vrai! Tu devrais la remercier pour ça, parce que t’as énormément de talent! » Je dois avouer que parler de ma mère était légèrement tabou depuis environ six-sept ans. Enfin, ce n’était pas ma vraie mère, mais plutôt ma mère adoptive, mais à mes yeux c’était celle que j’avais toujours connue et qui m’avait tout offert, tout donné, tout appris et tout fait connaître et je devrais la remercier pour tout ça, oui. Bref, le sujet n’était pas ça, loin de là. Ce que Valentin me sortit comme réponse par la suite me coupa le souffle un instant, comme si je pensais ne pas avoir bien compris, même si je savais au fond que j’avais très bien compris. Derrière ce qu’il avait dit, ça signifiait qu’il espérait que cette technique de drague fonctionne toujours autant… Donc qu’elle fonctionne sur moi? Je plongeai un instant mon regard dans le sien, cherchant s’il rigolait ou s’il avait été sincère, mais aussi s’il regrettait ce qu’il venait de dire. Je n’arrivais pas à distinguer. Rah… Je me mordis une nouvelle fois la lèvre inférieure, chose que je faisais souvent pour m’empêcher de rougir mais qui avait la même signification, puis je vins poser ma tête sur son épaule, chose que je m’étais interdit de faire il y a à peine quelques instants. Chose que je n’allais pas m’empêcher de faire, surtout après ce qu’il avait dit. Et puis s’il n’avait pas été sincère dans ce qu’il avait mentionné, s’il avait juste cherché à se moquer un peu, je n’aurais qu’à me reculer et oublier. Par le fait même, étant près de son oreille à présent, je murmurai très bas, tout juste assez fort pour que mon bel italien l’entende : « Oh, si tu savais.. Ça fonctionne bien plus que tu ne pourrais le penser.. » Je souris faiblement contre son épaule, tout en rougissant à vue d’œil. Un rouge sur les joues qui n’était pas près de disparaître mais que j’espérais qu’il ne remarquerait pas si je venais à me reculer. Je disais tout ça spontanément, sans réfléchir : peut-être parce que je le pensais réellement, aussi… Finalement, j’avais envie de prendre mes jambes à mon  cou, de peur qu’il me dise quelque chose de décevant. Notre proximité me rendait étrangement dingue. Mais dingue dans le bon sens du terme, enfin… J’espérais. Dingue parce que je me sentais partir loin, très loin, alors que je ne devrais pas. Dingue parce qu’il me faisait un effet auquel je ne m’étais pas attendue.

Cela faisait un sacré moment que je n'avais pas passé une soirée comme celle-ci. Assez spéciale tout en étant un peu bizarre, mais bien loin d'être désagréable. Et j'avais l'impression que je n'avais pas été aussi "romantique" depuis des siècles. Une routine bien trop importante s'était installée entre Sateen et moi. J'avais aussi eu l'impression qu'elle s'était détachée, surtout depuis la mort d'une de ses meilleures amies. Je n'avais pas eu la sensation de la retrouver depuis et elle me manquait. Encore aujourd'hui oui. Mais c'était évident que j'en ai eu marre de cette distance et que j'ai été forcément d'accord avec elle quand elle m'a avoué qu'elle voulait faire un break. Peut-être juste le temps des vacances, ou peut-être qu'il durerait éternellement. Je ne savais pas pour l'instant si c'était ce que je voulais vraiment, mais je profitais de ma liberté et c'était vraiment agréable de se laisser aller. On s'était mis à parler de mes cours de danse avec Dixie et je lui avais avoué que c'était grâce à ma mère. Et je crois que c'est bien l'une des seules choses que je lui dois. Mais je n'avais pas envie d'aborder le sujet. J'avais été viré de chez moi, du pays, après tout, et c'était sûrement pas à cause de quelqu'un d'autre que de mes parents. Depuis ce jour ils avaient arrêté d'être mes parents. Encore plus quand ils ont viré Malvina de la maison. Ils se retrouvent sans enfant et bizarrement je suis sûr que ça les arrange. Je me doutais bien aussi que c'était un sujet délicat pour mon amie. C'est pour ça que je répondis simplement Haha merci. Oui aucun rapport à ce qu'elle venait de dire comme quoi je devais la remercier pour ça. Aucune chance que ça arrive parce que je ne veux pas lui parler, bien qu'elle me manque, parce qu'on a qu'une mère. Tant pis. J'ai ma famille avec moi, et je m'en créerais une un jour à mon tour. Puis d'un coup, je me mis à lui demander si ça fonctionnait. Pas la peine de préciser sur elle, rien qu'à voir son regard et son malaise s'installait, elle avait parfaitement compris ce que je voulais dire. Elle posa ensuite sa tête contre mon épaule et me répondit que c'était bien plus le cas que je ne pouvais le penser. En même temps, si elle ne m'avait pas avoué qu'elle aurait voulu encore m'embrasser tout à l'heure, pas sûr que j'aurais eu l'audace de faire et de lui dire tout ça. Et voilà que maintenant on s'avouait certaines choses, un peu indirectement, juste dire qu'on était bien là, l'un contre l'autre, sans pour autant réfléchir ce que ça voulait vraiment dire ou ce qu'il se passerait le lendemain. Juste profiter de la soirée, c'était ça l'objectif. On continuait alors à danser et j'avais l'impression de ralentir au fur et à mesure le pas, et resserrait mon étreinte sur elle, pour ensuite passer une de mes mains le long de son dos pour arriver jusqu'à sa nuque, passant ma main dans ses cheveux et lui caressant doucement sa peau si douce.

Pourquoi est-ce que les moments les plus agréables qu’on peut passer sont ceux qui nous font vivre le plus d’émotions? Émotions plaisantes, émotions désagréables, et donc émotions contradictoires. C’était ce qui se passait dans ma tête depuis le moment de la fleur, et ça ne s’était pas arrêté depuis. Heureusement ou malheureusement, je ne saurais vraiment le dire. Mais je ne voulais en rien que tout ça s’arrête. Excepté lorsqu’on parla de nos mères. Visiblement, nous étions connectés tous les deux, parce que ni lui, ni moi ne voulions continuer la conversation à ce propos, bien que c’était de nos mères dont il était question. On se comprenait sur le sujet. Vécus de famille difficiles, ça me connaissait assez bien. Enfin bref, j’avais posé ma tête sur son épaule parce que oui, ça fonctionnait, sa «technique de séduction», et parce que oui j’étais bien. Plus que bien, même. Et puis soudainement, sa main qui se trouvait dans le bas de mon dos remonta doucement, très délicatement le long de ma colonne, pour atteindre ma nuque, mes cheveux... Ce que c’était doux… Tellement doux, tellement bien. Ma nuque. Des caresses, des baisers à cet endroit, tout me faisait littéralement craquer, et le moment présent ne dérobait pas à cette règle. Alors, je reculai ma tête pour le regarder dans les yeux, un peu paniquée, en disant : « Qu’est-ce que tu fais!? » Merde, ce n’est pas ce que j’avais voulu dire. Pas de ce ton là, en tout cas. Bien que ce ne fut pas sur le ton de la colère ou du dégoût, au contraire, mais plutôt sur le ton de l’inquiétude et de la peur, j’avais été peut-être sèche dans ma façon de le dire. Parce que je sentais à présent ses mains sur ma peau, et ça avait le don de me faire frissonner de partout. Absolument partout. De la tête jusqu’aux pieds. Ça avait également le don d’augmenter mon rythme cardiaque, sans raison ou avec raison? Les deux, peut-être. Très probablement, même. « Merde, je... je m'excuse. Je... j'voulais dire que.. » Pour toute réponse, parce que je n’arrivais pas à le dire avec des mots, je me serrai un peu plus contre lui, même si c’était assez difficile : nous étions déjà bien collés l’un contre l’autre, puis avec je déplaçai l’une de mes mains vers ma nuque, où se trouvait la main de Valentin, et la posai sur la sienne pour l’empêcher de bouger de là. Je fermais ensuite les yeux, profitant du moment qui avait le don de me rendre complètement folle. J’avais envie de lui demander s’il ne faisait ça que pour oublier Sateen, ou s’il le faisait parce qu’il appréciait vraiment ce moment qu’on partageait plus intimement depuis tout à l’heure. Mais je n’osais pas. Parce que ça ne se posait pas comme question. Parce que ça gâcherait le moment. Les yeux fermés, je n’entendais que ma respiration, et la sienne, bien sûr. Quoi de plus agréable que ce calme, aussi? Je me demandais comment il me voyait, là, tout de suite, et ça m’intriguait, comme ça m’inquiétais. C’était ça, les émotions contradictoires… Je voulais que ce moment dure toute la nuit, mais en même temps j’étais effrayée. Un peu, du moins…

Je ne savais toujours pas pourquoi j'agissais de cette façon avec mon amie, parce que quoique j'ai fait depuis qu'on est sorti du bar, rien n'était innocent. Oui sûrement qu'au début c'était par simple défi, mais plus on avançait dans la soirée, plus j'en doutais. Ce qui me faisait un peu peur, c'est d'agir de cette faon avec elle par manque d'affection et surtout par manque de Sateen. Mais je n'y pensais pas, je voulais juste profiter et ne pas me poser de question. Seulement, j'avais du aller un peu trop loin en laissant agir ma main toute seule. C'était un geste pourtant plus qu'innocent, ma main sous ses cheveux. Enfin, je crois. Seulement, Dixie se mit à réagir et ma main recula de sa nuque, sans pour autant redescendre. Je le regardais un peu surpris quand elle me demanda ce que je faisais. J'étais tellement surpris et un peu mal à l'aise que je ne réussi à dire que Heuuu ... Bah je sais pas ?! J'étais complètement largué. Comme si elle me tirait d'un bon rêve. Le silence m'avait donné cette sensation, et le fait qu'elle réagisse aussi brusquement tout à coup, je n'eus même pas le temps de réfléchir à une réponse sensée. Mais pas besoin d'en dire davantage puisqu'elle se mit à s'excuser et à replaquer ma main sur sa nuque et en se collant encore plus contre moi. Mais elle avait raison. Elle venait de me réveiller. On allait certainement un peu trop loin. Ce n'était certainement pas le bon moment, c'était trop frais encore ma rupture. Alors à peine quelques secondes plus tard, je m'écartais d'elle et lui disais Tu as raison. Faut qu'on arrête. Parce que je sais pas bien pourquoi j'agis comme ça avec toi, si c'est par manque d'affection, si c'est parce que Sateen me manque, ou ... si tout simplement j'en ai envie. Il vaut mieux qu'on rentre. Je voulais rajouter qu'on pourrait très bien en reparler plus tard, mais je savais pas si c'était vraiment ce qu'elle voulait, je ne savais pas ce qu'elle voulait et je ne voulais tellement pas la blesser, la décevoir. Bien qu'on s'était dit de pas se prendre la tête pour un simple baiser. Mais là, pour moi, on allait bien plus loin qu'un simple baiser, et c'était trop. Trop pour l'instant. Il fallait que l'un de nous sache mettre un stop. Et il n'y avait que moi pour ça apparemment, bien qu'elle avait fait le premier pas. Je tentais alors un sourire pour paraître toujours aussi amical et rangeais mes mains dans mes poches alors que je commençais à marcher doucement vers la route.

Ça avait été tout un malaise, il fallait le dire. Surtout ma réaction. La sienne n’avait pas été bien mieux par la suite. Je crois même que j’aurais dû me taire, parce qu’à cause de mon ton sec, Valentin se ‘’réveilla’’ soudainement de la rêverie qu’on partageait tous les deux depuis un bon moment déjà. Je fronçai les sourcils en le sentant s’écarter de moi. Bien sûr, j’avais rouvert les yeux. Alors, je plongeai mon regard dans le sien et lui dis sur un ton neutre, sans équivoque : « Ouais, tu as raison aussi. Vaut mieux qu’on rentre. Je me doutais bien que tu voulais me séduire comme ça juste pour oublier…oublier ta rupture. » Je ne voulais pas être méchante. C’était pas du tout mon but, mais c’était sorti comme ça, sans que je ne m’y attendes moi-même. Pourquoi? Parce que j’aurais aimé que ça dure et parce que j’étais bien, mais non il fallait qu’on rompt ce moment. Il fallait que je réalise que oui c’était peut-être pas bien, mais que ça n’aurait quand même pas été désagréable si l’on avait terminé de danser ensemble tous les deux. Se faire repousser comme se faire abandonner, ça revenait au même. Je restais donc sur place lorsqu’il me dit ça, avant de se diriger vers la route : j’étais quand même assez sous le choc, quoi. Je pris une grande respiration. Ce n’était rien de bien grave, au fond, mais je sais pas, ça me perturbait encore plus que le baiser… J’enlevai mes talons hauts, puisque je les portais toujours, les pris dans mes mains, puis me lançai finalement à la suite de Valentin, qui était dos à moi. Je marchais sans faire de bruit, le suivant de près, sans pour autant être à côté de lui parce que j’avais honte et que je me sentais légèrement blessée. Une envie soudaine de me fumer un joint me pris rapidement, à cause de la soirée haute en émotions et décevante, pour ce qui était de la fin de celle-ci. Pour une fille qui avait mentionné une quinzaine de minutes plus tôt qu’elle ne consommait plus vraiment, il fallait dire que là, j’en avais de besoin. Je murmurai pour moi-même : « P’tain… » Je n’en avais pas sur moi. Et si je m’en prenais pas un tout de suite, qui sait à quoi j’aurais l’air d’ici une dizaine de minutes? Je m’approchai de mon ami, même si j’étais toujours un peu insultée et dit tout bêtement : « Tu t’en vas directement à ta chambre, ou tu m’raccompagnes jusqu’à la soirée pour deux minutes? J’ai besoin d’un joint. Et tout d’suite. » Je le regardai un instant avant de détourner le regard, jusqu’à prendre la fleur qui se trouvait dans mes cheveux pour la garder dans ma main. La soirée qui avait si bien commencée s’annonçait prendre une fin bien triste. Pour la soirée, du moins. Je savais bien que je ne pourrais agir toujours comme ça avec lui et que je m’excuserais probablement dès le lendemain pour mon, ou plutôt mes comportements de la soirée.

Cette distance soudaine et ce revirement de situation ne me plaisait pas vraiment. J'avais juste fait la chose à faire, pas celle que je voulais. Mais étant complètement confus, je le devais au moins à mon amie. Seulement avec ce qu'elle me répondit je n'eus pas vraiment l'impression qu'elle comprenne. Alors je lui répondais sur le même ton, aussi calme Je ne serais pas aussi catégorique que toi. Mais il y a des chances pour que ce soit le cas, et je veux pas aller trop vite. J'avais envie de lui dire que je ne voulais pas la faire souffrir mais je sentais qu'elle allait s'emporter en me disant que cette danse et ce rapprochement ne faisait pas qu'on allait se passer la bague au doigt. Mais je n'étais pas prêt à redevenir aussi proche de quelqu'un. Encore moins si je ne suis pas sûr que Sateen est bien partie de mon cœur. Et pour être franc, ce n'était pas le cas. Après, ça ne voulait absolument pas dire que je n'avais pas de sentiments pour Dixie. C'était bien ça le problème, je n'arrive pas à faire la différence entre les deux. Et pour ça, j'ai besoin de réflexion et de temps surtout. On avait donc ensuite rejoint la route, et là j'ai bien cru que j'allais explosé. Elle se foutait de ma gueule ou quoi ?! Woh woh du calme Amy Winehouse ! Tu ne vas aller nul part excepté dans ta chambre et dormir ! Et si je dois rester à ton chevet pour t'en empêcher, alors soit ! Mais jamais tu ne toucheras cette merde tant que je serais là ! Encore moins si c'est à cause de moi que tu veux en prendre. Je n'osais pas vraiment la toucher, de peur que la proximité et l’ambiguïté ne refasse surface. Mais si elle n'était pas d'accord avec moi et qu'elle comptait aller dans le chemin opposé de l'hôtel, j'allais devoir être contraint. Jamais en lui faisant le moindre mal c'était certain. Mais vu ma force et toutes mes années en foot us, elle ne risquait pas de se débattre longtemps si elle y songeait un seul instant.

Tout ça, c’était de la plaisanterie, j’imagine? Oui, j’étais là pour mes amis. Toujours. Et je le serais toujours, quoi qu’il puisse leur arriver. Mais me faire prendre pour une cruche comme j’avais l’impression d’être moi-même en ce moment ne m’aidait pas vraiment à me calmer intérieurement. Parce que bien que j’étais calme de l’extérieure, ça bouillait étrangement sans trop de raison apparente de l’intérieur. « Alors, je voulais te changer les idées par rapport à tout ça, et toi t’en as profité pour m’utiliser à ‘bon escient’ et te foutre de ma gueule, c’est ça? Te moquer de moi? » Ma gorge se serrait aux derniers mots que j’avais prononcés. Il ne pouvait pas me faire ça. Il n’avait pas pu me faire ça, mais je lui avais lancé cette réplique un peu trop directe pour voir sa réaction. La Dixie trop romantique disparaissait à présent, pour laisser place à celle sur qui on ne pouvait marcher. Bon, ce n’est pas non plus comme si le bel italien me marchait sur les pieds, mais son recul et le fait qu’il me repousse m’avaient refroidie et me mettaient légèrement en colère… Ou en je ne sais quoi réellement. Mais ça n’augurait rien de bon. Voilà pourquoi j’avais envie d’un joint. Que j’en avais besoin. Du genre un besoin soudain urgent, pressant et vital. Et voilà que Valentin voulait m’en empêcher. Il ne croyait quand même pas que quand j’avais envie d’un joint, j’allais m’en passer? Voyons! Mather corps et âme, j’étais. Même si j’avais diminué grandement mes consommations. J’eus un petit sourire en coin se voulant provoquant à sa réplique, en croisant mes bras sur ma poitrine, tenant toujours mes talons hauts d’une main. « Parce que tu crois que tu vas m’en empêcher, Don Juan? Je suis à peu près sûre que je cours plus vite que toi, et que j’aurais le temps de me prendre deux ou trois joints avant que t’arrives au bar! » Ouais, je le provoquais, et avec raison. Et puis ce que je venais de dire, j’allais certainement le mettre à exécution, parce que je partis à courir dans la direction opposée, soit vers le Sloppy Joe’s Bar. Je ne lui avais pas dit que oui c’était en partie à cause de lui que je voulais m’en fumer un. Parce qu’il m’avait perturbée, même si c’est moi qui avait commencé le «jeu». Parce qu’il m’avait légèrement blessée en s’écartant de moi comme si j’avais eu la peste, tout à l’heure, et en se tenant éloigné de moi présentement. Bref, je courais, les talons en mains, à vive allure, afin d’atteindre la boîte de nuit.

Le calme ne persista malheureusement pas bien longtemps. Non, parce qu'elle s'énerva face à mes dernières paroles. Elle allait carrément loin là, et je fronçais les sourcils d'agacement. T'abuses là ! Justement, je tiens à toi et je ne veux pas que tout se passe cette nuit pour qu'au final on le regrette. Prendre son temps je ne vois pas ce qui a de mal à ça. Et là, c'est toi qui te prend la tête, parce qu'après tout, ce n'était qu'un baiser et qu'une danse Dixie ! Elle m'avait cherché là. Moi qui était resté incroyablement calme, voilà qu'elle me balançait ça alors que j'avais le plus grand respect pour elle et que justement je ne voulais pas la blesser. Mais non, elle ne voulait pas le comprendre. Après s'être un peu calmé, on avait fait demi tour, et voilà qu'elle me sortait qu'elle voulait un joint. Forcément que je l'ai mal pris, vu qu'en plus ça se voyait comme le nez au milieu de la face que c'était de ma faute. Si elle croyait que j'allais la laisser faire sans agir elle se mettait les doigts dans le nez. Je ne pensais pas sérieusement qu'en plus elle se mette à courir pour m'échapper. Oui elle m'avait bien fait comprendre qu'elle comptait prendre ce joint mais en plus elle croyait vraiment me battre à la course ?! Seulement, elle m'agaçait sérieusement là. Enfin son comportement de drogué m'agaçait, et ce n'aurait pas été elle je l'aurais envoyé balader et criait d'aller se défoncer la santé et que j'en avais rien à foutre. Seulement je ne pouvais pas, et à la place je lançais un simple Putain Dix ! A peine audible pour mes oreilles. Et je m'élançais à sa poursuite. Je la rattrapais presque alors que je n'étais même pas à fond. Mais si en l'attrapant elle ne se laissait toujours pas faire, pas sûr que j'ai assez de force mentale pour l'en dissuader et je risque de m'énerver, chose que j'avais réussi à ne pas faire jusqu'à présent. Presque arrivé au bar, je lui attrapais le bras dans l'élan, arrêtant ainsi notre course effrénée. C'est bon maintenant on rentre. J'avais dit ça d'un ton particulièrement froid, qui aurait facilement pu être dit pour ma petite sœur. Et c'était peut-être un truc qui risquait de l'agacer encore plus. Mais au moins j'aurais tout fait pour l'arrêter.