If you're a party freak, then step on the floor [Valixie]

Se préparer pour aller en soirée était toujours quelque chose de plaisant, d’amusant, puisqu’on avait l’impression de faire la fête avant même d’être arrivé. Du moins, pour les filles. Ou peut-être seulement pour moi, mais bon voilà. Moi, quand j’allais en soirée, je m’enfermais toujours dans ma salle de bain avec le iPhone sur la radio, la musique à fond. Je m’arrangeais les cheveux pour ne pas avoir l’air d’un épouvantail,  bien sûr, puisque tout le monde savait bien que mes cheveux n’étaient pas nécessairement les plus faciles à traiter. Ensuite je me maquillais un peu pour ne pas avoir l’air d’être cette fille qui accumule la fatigue – puisque c’était le cas – et je finissais par choisir ma tenue, tout ça en chantant à tue-tête. Tant pis si les voisins de ma chambre d’hôtel étaient dérangés, je n’allais pour rien au monde sortir de cette petite bulle personnelle de bonheur. Ce soir, j’avais décidé de porter une petite robe m’arrivant à mi-cuisse, sans bretelle qui me permettrait bien de respirer dans cette chaleur accablante. Je me chaussai de talons hauts, puis mit la touche finale devant le miroir. J’espérais tout de même que la température diminuerait un peu au cours de la soirée, après tout ce serait bien plus agréable.

Une fois enfin prête, j’envoyai un SMS à Valentin, qui m’accompagnerait pour la soirée, puisque je l’avais invité à venir se changer les idées en ma compagnie au Sloppy Joe’s Bar. Je ne sais pas ce qu’il avait, mais il m’avait mentionné que ça lui ferait du bien. Après tout, je crois que je nous laisserait commencer la soirée avec quelques verres dans le corps avant de lui demander ce qui n’allait pas. Je voulais le voir, pas le faire fuir, puisque ça faisait quand même assez longtemps que nous ne nous étions pas vus. Je sortis de la chambre, laissant mes colocataires et meilleures amies seules à se mater un film, puis me dirigeai finalement vers le Sloppy Joe’s Bar qui était dans la ville, pas si loin de l’endroit où nous résidions à l’hôtel. Une fois enfin arrivée sur place, une dizaine de minutes plus tard, je cherchai Valentin du regard dans la boîte de nuit, et ne le trouvant pas, je décidai d’aller l’attendre, assise au comptoir, en me commandant un verre de whisky, en socialisant un peu avec le barman.

Ça faisait à peine trois jours que Sateen et moi n'étions plus ensemble et j'arrivais toujours pas à remonter la pente. J'avais l'impression de me retrouver des années plus tôt, en terminal, quand elle m'a abandonné en m'avouant des choses assez dures à encaisser. Mais elle était revenue. Là, on s'était engueulé, c'était pas la première fois, mais c'était celle qui avait fait débordé le vase et qui avait fait qu'on s'est dit qu'un break nous ferait sûrement le plus grand bien. Seulement là, j'y voyais vraiment pas mon compte. Enfin, j'étais perdu évidemment, avec Rosalia, mais avec le break, j'étais limite sûr de retomber dans ses filets. Je crois que je ne l'avais jamais vraiment oublié, et de la revoir ça m'a fait mal, ça m'a refait vivre des choses que j'avais tant de fois essayé d'oublier. Mais c'était l'heure d'oublier tout ça, d'essayer d'avancer, de voir ce que me réserve la vie. J'avais besoin de sortir, de m'amuser, de voir mes amis. Et pour cela j'avais accepté la petite invitation à aller sortir avec Dixie, en boîte. Vu le prix des verres au moins je ne serais pas tenté à trop boire. De toute façon vu que je tiens pas l'alcool je ne me suis jamais bien ruiné, mais bon. J'avais mis une simple chemise noir, un bermuda et des baskets de ville pour ensuite aller rejoindre mon amie. Mon amie qui se trouvait au bar, en train de parler un peu avec le barman. Je m'approchais d'elle par derrière pour qu'elle ne me voit pas, et lui susurrais dans l'oreille T'es en beauté ce soir. Je passais mes mains sur ses hanches et lui déposa un baiser sur sa joue.

De mon côté, je dois avouer que le début des vacances avait été assez difficile à vivre, ayant vécu et appris des nouvelles assez dures à encaisser. Heureusement que j’avais eu mon grand frère pour m’aider à affronter ce que je vivais, et ma meilleure amie également, parce que je serais encore en train de me morfondre dans ma chambre d’hôtel, qui serait également remplie de papiers mouchoirs humides de larmes, très probablement. Environ 6 semaines étaient passées pourtant depuis l’arrivée à Key West, et mon humeur s’était bien améliorée depuis. Sans même le remarquer, je commençais à changer sur certains points. J’aimais toujours autant m’amuser, fêter, profiter des vacances, boire, passer du temps avec mes potes, bien m’habiller, dessiner, chanter, bref, faire tout ça, mais je n’étais plus la garce constamment défoncée que j’étais auparavant. Je me calmais beaucoup à ce niveau, principalement grâce et pour moi grand frère Logan, et je dois avouer que ça faisait un grand bien, sur tous les niveaux. Enfin voilà, encore ce soir, je sortais en soirée, mais en compagnie de Valentin cette fois-ci, un bel italien, je dois dire. Visiblement, selon ses derniers SMS, il n’allait pas si bien, et mon invitation à se rejoindre au Sloppy Joe’s Bar était des mieux placées et des plus attendues probablement pour le sortir un peu et lui changer les idées.
Accoudée au comptoir du bar, à discuter un peu avec le barman que je connaissais bien à vrai dire, j’attendais patiemment l’arrivée de mon ami. Soudainement, je sentis des mains se poser sur mes hanches, un murmure de compliments près de mon oreille et un bisou sur ma joue. Ça ne pouvait être que Valentin, je le reconnaissais bien au son de sa voix, même si ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus. Je souris en tournant le visage vers lui, l’examinant de haut en bas, puis me mordillant la lèvre inférieure en déposant mon verre de whisky sur le comptoir. « Et que dire de toi! T’es encore plus beau que dans mon souvenir, Val! » J’émis un léger rire tout en reprenant mon verre pour boire une gorgée. Je ne sais pas s’il fallait que j’ose lui demander s’il allait bien ou non. Je décidai que je ne lui demanderais pas tout de suite. Au lieu de ça, je tournai légèrement mon banc pour le regarder, toujours souriante, puis pris une voix exagérément polie, comme si je m’adressais à un parfait inconnu : « Alors monsieur, vous êtes venu pour passer du bon temps, j’imagine? Qui est la chanceuse qui vous accompagnera ce soir? »

Alors que je venais de salua ma belle amie, cette dernière se retourna, bien consciente que c'était moi, pour m'offrir un beau sourire tout en me retournant quelque peu mon compliment. C'était bien le genre de chose qui m'avait toujours gêné avec elle, qu'avec mes autres amies filles, ça n'avait jamais été le cas. Peut-être à un moment donné avec Aby, mais ça remonte à longtemps maintenant. Cette sensation de gêne je ne la connaissais qu'avec elle et je ne l'avais jamais vraiment comprise, et je n'avais pas non plus chercher à la comprendre. Elle se retourna pour prendre son verre pendant que j'étais justement en train de me demander ce que je pourrais bien commander. Il fallait que je fasse soft, vraiment, pas que je fasse de folie. Puis Dixie me coupa complètement dans ma réflexion quand elle s'amusa à me vouvoyer et en me demandant si j'étais venu passé du bon temps et surtout avec qui. Je ne pus m'empêcher de rire - plus de gêne qu'autre chose mais je ne voulais pas que ça se voit quand même - puis je lui répondis Il me semble qu'elle se tient juste en face de moi ! Puis-je ? Je lui tendis alors ma main tout en m'inclinant légèrement. Quitte à jouer le jeu jusqu'au bout non ?! Une fois sa main dans la mienne, je commandais un demi au barman, puis emmenais la demoiselle jusqu'à une petite table vide du bar. Je n'avais pas envie de lui dire qu'entre Sateen et moi c'était fini. Ça allait plomber l'ambiance. Voilà pourquoi une fois installé je lui dis On va faire un deal ... Tu me changes les idées, et si tu arrives, je te dirais ce qui s'est passé, à la fin de la soirée, ok ?

Si j'avais invité Valentin à passer une soirée avec moi, c'est bien parce que je l'appréciais beaucoup et l'aimais bien, mais aussi parce qu'il me manquait. J'étais quelqu'un qui s'attachait très facilement aux gens, et jamais je ne lâchais quelqu'un. Alors, après l'invitation, il ne restait plus qu'à s'amuser et passer un moment agréable ensemble tous les deux, et ce serait une soirée réussie. Facile, non? À ma question, je savais bien que mon compagnon pour la soirée allait jouer le jeu de son côté. Il répondit, ce à quoi je regardai tout autour de moi, avant de prendre un air étonné et amusé. « Moi?! Oh, ce que j'ai de la chance! Un si beau cavalier, en plus...! » Je souriais toujours, en émétant de nouveau un léger rire. Je me sentais vraiment bien et je n'allais pas le cacher. Cacher ma bonne humeur serait idiot, et puis surtout sachant que quelque chose n'allait pas dans la vie de Valentin, il valait mieux que je sois joyeuse plutôt que déprimée, n'est-ce pas? Je pris donc la main qu'il me tendit, tout en me levant afin de le suivre jusqu'où il m'emmenait, soit une des rares tables vites du bar. Je pris place face à lui, alors qu'il faisait de même. J'étais adossée au fin fond de ma chaise, le regardant, les jambes croisées, jusqu'à ce qu'il me dise qu'on allait faire un deal. J'haussai un sourcil. Intéressant... Je me penchai donc sur la tête tout en m'accoudant sur celle-ci, me penchai légèrement vers lui, un sourire en coin aux lèvres, puis j'hochai finalement la tête, en accord avec lui. « Parfait! Et tu sais très bien que je vais parfaitement réussir le deal. Tu m'fais confiance là-dessus? » C'est vrai que nous avions eu l'occasion de passer quelques soirées ensemble auparavant, et il avait certainement eu la chance de voir ce dont j'étais capable en soirée. Ce n'est pas parce que je m'étais calmée par rapport à la drogue que je prenais autrefois fréquemment que ça voulait dire que j'avais perdu mon sens de la fête. Jetant un coup d'oeil dans l'immense salle du Sloppy Joe's Bar où nous nous trouvions, je remarquai que celle-ci commençait à se remplir peu à peu, bien sûr : nous étions vendredi. Je n'avais pas été assise longtemps à la petite table où ils nous avait transporté que je me levai immédiatement, faisant claquer l'un de mes talons au sol. Cette fois-ci, c'est moi qui lui tendit la main : « Bois ton verre d'un coup, je t'emmène danser. T'as pas le droit de refuser ou je te boude! » Je souris, tout en lui accordant un clin d'oeil, sachant qu'il n'avait pas bien bien le choix. « Et tu ne veux pas que je te boude, j'espère... »

Elle me fit rire davantage quand elle se mit à jouer la surprise. Au moins, sans que j'ai à le lui demander, elle arrivait à me changer les idées, elle arrivait à me faire sourire. Et ça, je ne pouvais y arriver qu'avec les amis. Une bonne soirée en perspective. Vu qu'en plus je ne la voyais pas tant que ça. J'étais tout le temps fourré avec mes deux meilleurs amis faut bien avouer. Mais il fallait bien que je consacre aussi un peu de temps à mes autres amis. L'avantage avec elle c'est que je ne l'avais pas prévenu pour Sateen et moi et elle n'aurait pas pitié de moi et me demandant à chaque seconde comment ça va, et surtout comment ça se fait qu'on ne soit plus ensemble. On est un peu le couple "parfait" qui s'est perdu mais qui s'est magnifiquement retrouvé et qui s'aime plus que tout. Oui, mais toute bonne chose à une fin, et je sens dans mon pauvre coeur meurtri que c'est malheureusement bel et bien fini. Mais je ne devais et ne voulais pas y penser ce soir. J'étais avec Dixie et j'étais tout à elle ce soir. Heureusement pour nous deux, elle accepta mon deal et j'eus à peine le temps de boire une gorgée de mon demi qu'elle se leva et m'annonça qu'on devait aller danser. Mais surtout que j'avais intérêt de boire ma bière cul sec. Je regardais mon verre et mon amie à tour de rôle, ne sachant pas comment j'allais me débrouiller. Je pris une grande respiration puis j'engloutis la bière. Une grimace fit place sur mon visage au fur et à mesure que je buvais. Je secouais ma tête une fois terminée et me levais. Pour rien au monde j'ai envie que tu boudes. Encore moins à moi ! J'attrapais ensuite la main qu'elle m'avait tendu et nous nous dirigions vers la piste de danse alors que je sentais la bière montait sévèrement dans mon cerveau. Et oui c'était mon premier cul sec de bière. Je ne bois que de la bière pour éviter d'être bourré, mais du cul sec, je suis pas sûr que c'était une réelle bonne idée. J'espère juste que je n'aurais pas l'alcool mauvais ce soir. Je ne voudrais pas gâcher une soirée en compagnie de ma belle métisse. Par contre je te préviens que je suis bien meilleur danseur que lorsque je danse avec une demoiselle. Et malheureusement, ce soir c'est toi qui t'y colle ! C'était pas très logique ce que je viens de lui dire, mais pour moi, dans ma tête ça l'était. Ouais en gros je voulais pas me dandiner ridiculement sur la piste face à une femme qui sait bouger. Au moins je serais moins ridicule avec elle dans mes bras. Je la rapprochais donc de moi et on commençait à danser de façon soft sur la musique qui était en train de passer.

Parfois, c’était bien plus plaisant de passer une bonne soirée en compagnie d’un ami qui ne se prenait pas la tête, que d’un ami qui voulait à tout prix boire, fumer quelques joints et sniffer quelques rails de coke. Je me rendais de plus en plus compte que je n’avais pas besoin de ça pour me sentir bien, excepté dans les très mauvais moments. Bon d’accord, on n’enlève pas une bouteille d’alcool à un alcoolique en un claquement de doigts, comme on dit, mais je faisais des progrès, et j’arrivais à me tenir avec des gens qui étaient bien pour moi et que j’appréciais vraiment. En gros, c’était réciproque de tous les côtés. Comme avec Valentin. Heureusement que je ne l’avais pas invité il y a six semaines de cela, puisque j’aurais été d’une humeur exécrable, et il n’aurait pas apprécié, comme personne d’ailleurs. Bref, là, nous étions là tous les deux, et nous allions nous amuser, passer une bonne soirée, et les confidences seraient pour plus tard ; du moins, si je réussissais le «deal» qu’il m’avait donné. Le bel italien finit par vider sa bière d’un trait, comme je le lui avais dit. Je ne sais pas pour lui, mais pour moi, c’était chose facile de boire tout ça d’un trait, sans grimace. Faudrait que je le lui apprennes, sinon… Maintenant qu’il avait terminé ; fallait pas gaspiller quoi, il attrapa la main que je lui tendais et  nous nous dirigions vers la piste de danse. J’adorais danser, vraiment! Chanter et dessiner étaient mes deux principales passions, même si personne n’était au courant pour mon don pour le chant, mais j’adorais bouger, me déhancher sur toutes sortes de musique. Une fois arrivés sur la piste, je vins murmurer à l’oreille de Valentin, comme il l’avait fait lorsqu’il était arrivé au Sloppy Joe : « De toute façon, je serais pas capable de te bouder… Je t’ai eu! » J’éclatai de rire avant de commencer à bouger sur le rythme de la musique qui était plutôt calme pour le moment. Je posai mes mains sur les épaules de Valentin en souriant et dit tout bonnement : « T’en fais pas, je te ferai pas honte ce soir… Enfin, faut savoir que tu te tiens avec une danseuse hors pair! C’pas pour rien que j’ai pu être stripteaseuse. » Eh ouais, un des éléments de mon passé, ou plutôt de ma période sombre. Me dandiner devant des hommes «en chaleur», j’avais connu ça. Mais bon aujourd’hui, c’est aujourd’hui, et je dansais avec Valentin non pas pour le chauffer, au contraire, puisque de toute façon c’était une musique soft. Je souris alors que ça faisait quelques minutes qu’on bougeait tous les deux, rapprochés. « Roh, t’es un vrai menteur! Tu danses pas si mal, Val! Même que là, t’es bien plus doué que moi! » Si fallait lui changer les idées, alors valait mieux faire la discussion et danser en même temps. D’une pierre deux coups, comme on dit.

Bien sûr que je me doutais bien qu'elle n'aurait pas été capable de me bouder. Depuis le temps je le saurais. Mais en même temps je n'ai jamais été rabat-joie et j'ai toujours tout fait pour faire plaisir à mes amis et les protéger coûte que coûte. Me voir énervé ou de mauvaise humeur n'arrive que rarement, quand on me fait trop chier, en me provoquant, en faisant du mal à mes proches. Sinon je suis le plus adorable des agneaux, tout le monde le sait (a). Alors même si je ne me sentais pas vraiment en forme pour danser, je voulais tout faire pour me faire oublier le temps d'une soirée, et je faisais confiance en Dixie pour ça. Je l'avais prévenu que j'étais pas un très bon danseur, et ce qu'elle me répondit me fit rire. Je savais tout ça, surtout qu'elle dansait bien et c'était plutôt moi qui avait peur de lui faire honte (a). Toujours est-il que ce que je lui ai répondu, c'est sorti tout seul Va falloir que tu me montres ça alors un jour ! Oui je venais de lui dire que je voulais qu'elle me fasse un strip-tease. Vas-y, ça fait même pas une semaine que déjà mon côté dragueur ressort. Putain d'italien ***de ! Mais je lui faisais un petit clin d’œil, histoire de faire passer ça plutôt dans le sens de la taquinerie. Au bout d'un moment, elle me fit remarquer que je n'étais pas un si mauvais danseur que ça, mais je commençais à avoir la tête qui tourne. Comme au lycée, quand j'ai appris que Rosalia me trompait et que je l'avais largué par téléphone. Je m'étais bourré la gueule avec un seul petit whisky et je n'avais pas été capable de me lever du bar sans l'aide d'un ami. Et combien de fois je me suis retrouvé dans un bar la première fois que Sateen m'a abandonné. Je ne m'étais jamais senti aussi mal ... Mais aujourd'hui c'était différent. J'étais triste, mais on s'était quitté "normalement" et elle n'avait pas disparu. Je savais qu'elle allait bien mais que nous deux, c'était peut-être que du passé, et qu'on était plus fait pour être ensemble. Elle restera juste à vie dans mon cœur. Dixie me fit remarquer alors que j'étais un bien meilleur danseur que je voulais le laisser croire. Sûrement, je suis pas un italien pour rien (a), mais je n'avais réussi qu'à lui adresser un faible sourire. Faut que j'aille m'asseoir un peu ... C'est dur d'être à ta hauteur ! Je posais ma main sur sa joue et lui déposais un baiser sur le front, pour la remercie, et pour aller m'asseoir à la table, histoire de respirer un peu.

Quel ne fut pas mon étonnement d’entendre ces quelques mots sortir de la bouche de Valentin. Va falloir que je lui montre comment je dansais lorsque j’étais stripteaseuse? Il voulait sérieusement que je lui fasse un striptease? Il faut savoir que travailler dans une boîte de striptease, comme le Nirvana où j’avais bossé durant un an complet, n’était pas quelque chose de gratifiant. Les filles qui y travaillaient, comme j’avais fait dans le temps, n’étaient pas là pour se sentir bien, au contraire. C’était seulement pour se faire de l’argent. Jamais une seule fille ne faisait ça pour le plaisir. Qui le ferait? Les hommes qui venaient nous voir dans le temps nous lançaient constamment des insultes dégradantes et dégoutantes, nous traitant de toutes les sortes de noms possibles, et ça en venait déprimant, pour certaines. Je me souviens même qu’une fois, l’une des filles qui travaillait avec moi s’était donné la morte après s’être fait traitée de toutes sortes de noms par un vieux bonhomme dans la cinquantaine. Mais bon, inutile de penser à ça maintenant! Toujours en dansant avec Valentin, je lui dis, souriant malicieusement : « Pourquoi pas? Par contre, tu dois savoir que les règles du striptease, c’est toucher avec les yeux, pas avec les mains… » Moi aussi, je lui offris un clin d’œil lui montrant que je taquinais un peu bien sûr. Ce qui m’inquiétais par contre dans sa question, c’est que jamais il n’avait été ‘’entreprenant’’ comme ça, si je peux appeler ça de cette façon, auparavant. Soit il était déjà saoul avec une seule bière cul-sec, soit il se passait un truc avec Sateen, et qu’il ne m’en avait pas parlé. Enfin ça, il m’en parlerait vers la fin de la soirée, seulement si je réussissais à lui changer les idées. Alors que nous dansions toujours, Valentin m’embrassa doucement le front, ce qui eut le don tout de même de me faire sourire à la fois de me faire rougir, bizarrement, et il m’indiqua qu’il avait besoin de s’asseoir un peu. Je le suivis, bien entendu, même si j’aurais pu rester un peu sur la piste de danse, ce qui aurait été idiot. « J’vais te raconter un truc que j’ai vécu l’autre jour. J’étais à la plage en train de bronzer, et puis y’avait un gars assez mignon mais nul en drague qui me tournait autour, tu vois. Et là, il voulait m’impressionner en faisant du surf, mais….son maillot de bain est tombé. Le fou rire que j’ai eu tu vois! En plus, il en avait une toute petite... » J’éclatai de rire en y repensant, espérant tout de même qu’un sourire, aussi minime soit-il, apparaîtrait sur le visage de mon ami. Je pouvais bien le laisser aller s’asseoir pour prendre un peu de repos, mais je n’allais tout de même pas le laisser tomber sur ce qui est de lui changer les idées. Puisque ses mains étaient posées sur la table où nous étions à présent assis, je posai les miennes sur les siennes et les serrai doucement en lui accordant un magnifique sourire, lui indiquant ainsi que j’étais là, et que je le serais toujours.

Tout à l'heure j'avais osé dire qu'un strip-tease de mon amie me ferait plaisir, et je crois que c'est cet élan de folie qui m'a valu de me sentir mal par la suite. Mais elle ne m'avait pas dit que je pouvais toujours rêver, non, mais elle m'annonça la règle principal de cette danse. Je m'étais mis à sourire, mais mon mal être arriva bien vite. Oui je voulais une soirée à tout oublier, et je savais que je ne pourrais jamais faire cet exploit tout seul. Oui j'aurais pu passer cette soirée avec ma famille ou mes meilleurs amis. Mais j'avais choisi Dixie parce que j'ai cru que je penserais moins à Sateen aussi, vu qu'elles ne se connaissent pas. Mais je me trompais. Ça remontais un peu trop parfois. Quand je commençais surtout à me rapprocher de Dixie. Ça ne m'était pas arrivé depuis plus d'un an et je me sentais mal. Aussi sûrement parce que je n'avais plus l'habitude et que je croyais que je n'allais plus jamais m'arriver. Et le cul sec aussi y jouait évidemment beaucoup. J'étais donc allé m'asseoir, et elle vint vite me rejoindre, ne voulant pas me laisser seul sûrement, vu qu'elle pouvait très bien être la reine du dancefloor. Elle était en face de moi et j'étais incapable de faire la conversation et j'allais très certainement bientôt broyer du noir. Mais elle m'en empêcha et me raconta une histoire tout à fait drôle. Elle avait réussi à m'arracher un sourire, voire même un petit rire. Je n'aurais pas voulu penser à autre chose je n'aurais certainement pas adressé un seul sourire à mon ami mais ce n'était pas le cas. Elle avait posé ses mains sur les miennes, pour me réconforter et pour me faire comprendre qu'elle ne me laisserait pas certainement ce soir. Je serrais aussi ses mains. Ça me faisait du bien de passer cette soirée avec elle. Merci Dixie. Mais ... tu n'as même pas laissé une toute "petite" chance à ce mec ?! ... Le pauvre ! Je me mis à rire de nouveau, me voulant être assez moqueur sûrement pour continuer à rire et pour éviter de trop penser.