this is a simple song (ft. salvatore)

⸻ Au début je faisais de l'athlétisme. Et puis j'ai un peu abandonné parce que j'arrive pas à concilier toutes mes assos et le sport en club. Du coup je fais du pilates quand j'ai le temps à une salle en bas de la rue de ma coloc' !

Elle tourna la tête vers lui, le voyant s'affairer. Ca lui tire un sourire. Au moins, ils se complémentent à ce sujet. La jeune fille attrapa une spatule ronde avec laquelle elle s'affaira à égoutter les gnocchi avant de les passer à la poêle.

⸻ Et toi, alors ?

Elle les remuait maintenant dans leur sauce à la tomate, tournant la tête vers lui.

C'est sympa le pilate, même si j'en ai jamais fait. C'est pas mal moqué mais faut être endurant au niveau des muscles sinon tu tiens pas la séance.

Le bruit de la spatule frottant sur l'inox le faisait grincer des dents, c'était un bruit si particulièrement détestable, que certains supportaient, lui pas vraiment. Mais il n'était pas le cuistot, alors à quoi bon faire le difficile ?

- Boxe. Mais c'est compliqué avec le boulot, ça me fait pas tellement de temps libre vu que c'est tard le soir.

Il en profita pour sortir aussi du coca du frigo, avant de remplir son verre.

- Tu prends du coca ? Ou de l'eau ? J'ai du jus d'orange sinon.

Selon sa réponse il aura rempli son verre du nectar voulu avant de le poser sur le plan de travail à côté d'elle.

- C'est vraiment cool que tu sois venue, je pensais pas que tu voudrais

TW: TCA !

Elle avait hoché la tête quant au pilate, puis, avait dit rapidement "juste de l'eau"
tandis qu'elle continuait à cuisiner sans imaginer que les bruits pouvaient être embêtants pour Salvatore.

Léo termina sa cuisson et récupéra deux assiettes qu'il avait déposé là pour elle afin que ce soit plus simple, et servit ainsi. Elle mangerait deux fois aujourd'hui. Tant pis.

Elle s'était évidemment mise bien moins de nourriture que lui.

⸻ De la boxe ? Oula, tu dois te prendre plein de coups. C'est pas... abrutissant, un peu ?

Elle récupéra son verre d'eau et en bu une grosse gorgée, continuant.

⸻ Ah ? C'est vrai que ça peut faire peur à une fille d'aller chez un gars si tard. Mais étant donné que les statistiques montrent qu'il est très peu probable que deux meurtriers soient au même endroit, je ne suis pas vraiment inquiète.

Elle prit une fourchette qu'elle planta dans son gnocchi, l'approchant de sa bouche souriante pour le manger, laissant un peu de sauce tomate rouge aux coins de ses lèvres innocentes.

TW : TCA

Le jeune homme avait forcément remarqué les soucis de Léo, elle ne mangeait presque pas et buvait en plus un grand verre d'eau avant même sa première bouchée. Il ne dit rien mais n'en pensait pas moins.

- Ca a l'air super bon

Il piqua un gnocchi avant de le mettre à sa bouche, le conservant entre ses dents à cause de la chaleur de l'aliment. Salvatore finit tout de même par le mâcher alors que ses yeux s'écarquillaient légèrement.

- C'est super bon.

Puis il reprit la conversation de base.

- Suffit de bien esquiver, mais oui parfois certains coups font très mal C'est pas particulièrement abrutissant, il y a des protections de tête maintenant. En tout cas pour les sparrings et les entraînements donc c'est mieux. T'auras qu'à passer un de ces quatre si tu veux voir. Ou même si tu veux taper dans un sac. Ca peut être drôle non ?

Quand elle dit ce qu'elle venait de dire, Salvatore resta abasourdi et béat quelques secondes avant de manquer de recracher son nouveau gnocchi, riant de bonne joie à sa blague.

- J'avais pas compris au début. Okay je suis en danger alors.

Il se recula dans sa chaise avant de pointer son plat de sa fourchette.

- Non franchement c'est super bon Léo je te veux en chef perso, même si j'ai pas l'argent. Je te donne un lit et tu me fais des plats. Deal ?

Il tendit sa main avec un sourire vers elle, ayant bien sûr remarqué la sauce tomate au coin de ses lèvres.

TW: TCA.

Elle eut un sourire. Ce qui lui réchauffait le plus le coeur, c'était d'être vu. Remarquée. Reconnue.

Exister.

Alors ce simple compliment l'enjoua tant qu'elle ne pouvait plus s'empêcher de rire, son cœur débordant de joie.

⸻ Merci. C'est vraiment gentil. J'suis pas pro ou quoi... juste, je suis les recettes de ma mère.

Elle reprit une bouchée, tout de même affamée bien qu'elle n'aimait pas l'avouer. L'on dit que rien n''est aussi bon qu'être fine, mais elle avait bien un creux. La jeune fille sembla surprise par l'invitation de Salvatore.

⸻ Oh, euh, pourquoi pas tiens. Après, j'aime pas trop les sports... genre avec les bras. Ca les fait muscler et tout.

Elle grimace, reposant doucement, et avec une discrétion voulue, sa fourchette.

Puis, elle rit à nouveau quand il comprend sa blague et face à une autre proposition saugrenue, cette fois-ci.

⸻ Ha, peut être ! Qui sait ! Si mes colocs m'excèdent vraiment un jour !

- Ta mère doit être fière de toi alors.

Salvatore se réjouissait de la voir ainsi, il retrouvait dans ce sourire la jeune fille d'Atrani, le soleil et le bruit des vagues. Il s'y perdait l'espace d'une seconde avant de revenir à la réalité, abruptement. Ah oui la boxe.

- Non ça tonifie, si tu manges pas assez pour prendre du muscle t'en prendras pas t'en fais pas. Passe je te dis.

Cela l'inquiétait tout de même. Mais il n'en dirait rien, comme toujours.

Salvatore eut un sourire honnête à sa dernière réplique, après tout ça ferait un bon duo : cuisine, vaisselle, dormir. Sans même vraiment le dire il manquait d'une présence auprès de lui, de l'affection, de la vraie. Quelqu'un à serrer dans ses bras, à chamailler, avec qui dormir. Pas du charnel, ni du superficiel, mais quelqu'un en qui s'ancrer et s'encrer. Indélébilement.

- Quand tu veux, t'auras juste à m'envoyer un message, si je te réponds pas c'est que je suis à la boxe. Mais c'est souvent avant 22h. Histoire que tu saches.

Puis il recommença à manger tranquillement.

⸻ Oh. Ok. Merci, c'est bon à savoir tout ça.

Elle esquissa un sourire d'enfant, touchant et chargé de toute la jeunesse égarée du monde. C'était l'un de ces sourires exceptionnels, porteur d'une réassurance éternelle, que l'on rencontre à peine quatre ou cinq fois dans une vie, illuminant les lèvres d'une âme profondément honnête qui vous apprécie pour ce que vous êtes, dans votre intégralité, inconditionnellement. Le sourire d'une fille si douce qu'elle serait incapable de faire couler une seule larme. Une âme désarmée, incapable de vous transpercer le cœur par traîtrise.

C'est qui elle était, au fond.

Derrière une légère pellicule de crasse qui s'accumulait parfois, la moisissure s'accrochait à son cœur bien plus rapidement qu'à celui des autres. Sa profonde gentillesse, une qualité qui pouvait se transformer en faiblesse, la rendait vulnérable aux actions des plus cruels. Elle se retrouvait écrasée sous le poids de leur indifférence, jusqu'à ce qu'un jour, il ne reste peut-être plus rien de cette candeur, juste un souvenir évanoui. Voilà le prix à payer : la blancheur se salit plus vite. Le lin se déchire aisément.

Elle termina son plat, du moins, en laissa la moitié, entrecoupant toutes ses bouchées d'eau. Puis, elle se releva pour reposer sur le plan de travail de la cuisine son assiette, se lavant au passage les mains.

Léo imaginait que cela rassurerait un peu Salvatore.

⸻ Je vais dormir, je pense. Tu n'es pas obligé d'éteindre si tu veux faire autre chose.

Notre aventurier italien était parti du port de Naples, sur son radeau, balayant l'air de sa main vers sa famille qui faisait de même, les mains en casquette pour mieux voir leur descendance s'éloigner vers le soleil brûlant au loin à l'horizon.

Que dire, de cette mer d'huile accompagnée des mouettes et des goëlands, de cette traversée qui s'était avérée facile, et sans danger. Pourtant parfois Salvatore se retrouvait projeté au milieu de l'océan, au point où il était plus probable de lever le ciel pour chercher un signe ou une trace de vie humaine que sur la mer. Perdu, seul, sans repère. Seule la nuit le guidait à l'aide de ses fidèles étoile, apportant un brin d'une faible lumière, guidant éparsement sur la route à suivre.

Parfois il était toujours bon de trouver un phare, un port auquel se rattacher, où l'on pouvait jeter l'ancre, afin de se ressourcer.

Salvatore sourit bêtement, pour répondre au sien. Ou peut-être n'est ce qu'un miroir de sa propre âme qui ne peut demeurer camouflée sous cette carapace de roche, fissurée par l'érosion de ce voyage en mer.

Il n'était plus seul, en tout cas pas dans cette mer, une autre aventurière qui avait risquée la traversée, s'étant installée là depuis un bon moment. Il n'était pas le premier, certainement deviendrait-il le phare d'un inconnu un jour. Il l'espérait.

- Je vais me brosser les dents et dormir aussi. Je peux te donner une brosse à dents neuve, j'en ai plusieurs.

⸻ J'aimerai beaucoup, oui.

Elle n'avait pas demandé, par bienséance, mais évidemment qu'elle aussi aimait être tout de même propre. Léo se dirigea vers lui pour récupérer son assiette et venir la poser sur l'évier. Déjà, elle repartait vers la salle de bain, vêtue de son T-shirt Dark Vador deux fois trop grand pour elle. La jeune fille entra à l'intérieur, et fit un peu comme chez elle.

Après tout, elle avait déjà cuisiné pour lui.

Elle ouvrit le tiroir en bas du lavabo et trouva aussitôt une brosse à dent neuve, encore emballée qu'elle s'affaira à ouvrir. Une fois cela fait, elle se sert déjà du dentifrice, mais il n'y a pas la moindre malice dans tous ces gestes, plutôt, elle se sent à l'aise.

Elle a toujours été cette enfant curieuse, de plus.

Et Salvatore le savait bien, si il avait prit le temps de la regarder tourner autour des rochers pour trouver le plus beau coquillage de l'été, disait-elle.

Se brossant les dents tranquillement dans la salle de bain, elle se penchait un peu au dessus du lavabo, là encore pour rassurer les manies de Salvatore.

Il la laissera faire sans souci, commençant à mettre les gnocchis de Léo dans un récipient en verre qu'il ferma hermétiquement avant de le laisser refroidir, puis il entreprit de faire la vaisselle pendant qu'elle occupait la salle de bain, assez grande pour deux mais il préférait lui laisser son espace.

Salvatore n'aurait probablement pas fini quand Léo serait dans le lit, mais il prendrait le temps de le faire avant d'aller lui même se brosser les dents, laissant la porte ouverte, la lumière donnant sur le lit pour la voir s'installer.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait tout ça, pourquoi est-ce qu'il l'accueillait ainsi et ne ressentait aucune gêne ou ambiguïté à l'idée de dormir avec elle ainsi. Après tout ils étaient amis d'enfance.

L'Italien finit de se brosser les dents, se rinçant la bouche et se nettoyant les mains avant d'aller au lit, ouvrant la couverture de son côté avant de s'y glisser.

- Si je te colle pousse moi. Même si ça ne devrait pas arriver.

Salvatore se tourna ensuite dos à elle pour montrer qu'il était bien imperméable à toute tentation ou initiation soudaine à quelque chose de plus.