this is a simple song (ft. salvatore)

Leo n’avait jamais été à Dorchester Heights. Elle n’avait jamais imaginé une seule seconde s’y rendre non plus, mais pour échapper à son colocataire trop bruyant, elle ferait beaucoup de choses. C’est à dire prendre un taxi avec un garçon, un ancien d’ami d’enfance, pour aller chez lui et y dormir. Elle avait été en pyjama dans le véhicule en sa présence, rigolant beaucoup de nervosité à cause de sa tenue tout de même bien grotesque. Sa chevelure était attachée en un rapide chignon, et à ses pieds elle n’avait que ses claquettes.

Autant dire qu’on fait mieux comme rencontre. Mais après tout, elle connaissait Salvatore. Depuis un an croyait elle avant de réaliser qu’il était le garçon avec qui elle avait passé tant d’été à Atrani. Un de ces touristes italiens qu’elle voyait venir de la grande ville et avec qui elle jouait en compagnie des autres avant qu’il ne doive repartir.

Leo avait attendu derrière lui tandis qu’il déverrouillait la porte de son studio. Quand il la laissa entrer, elle ne se fit pas prier et se glissa à l’intérieur de l’habitation, se retournant vers Salvatore en souriant légèrement.

— Tu ne te sens jamais seul, toi ? Enfin, là j’en rêvais de l’être mais c’est cool quand même d’avoir des gens que l’on peut fréquenter quand on rentre. Ça évite la déprime.

Elle était la première personne à venir chez elle. Il n’aimait pas particulièrement recevoir, dévoiler son chez soi c’est se dévoiler soi même. Et autant dire que Salvatore n’en était pas particulièrement friand.

Le jeune homme était venu jusqu’à chez elle, en bas, pour s’assurer qu’elle puisse faire le voyage sans encombre et en sécurité. Il faisait froid, mais le froid ne le dérangeait aucunement. Sa tenue était bien loin de ce qu’il imaginait pour Leo Isra, la coquette fille parfaite toujours habillée comme un jour de messe, pour plaire du malheureux n’osant lui parler au loup qui posait sa patte dans un piège trop meurtrier pour lui.

Léo rigolait beaucoup, une personne solaire qui était autant de bonne humeur que bavarde. Cela lui allait parfaitement, il préférait écouter. Recevoir que donner.

Une fois arrivés devant chez lui, il se présenta devant la porte, enfonçant la clé dont les dents soulevèrent les verrous, puis il la tourna dans un claque qui retentit dans le silence nocturne.

Salvatore ouvrit la porte d’un grincement indiquant par avance la qualité de l’immeuble : vieillot, une mauvaise odeur, et des bruits dans les appartements devant lesquels ils passèrent.

Étonnamment à l’intérieur, c’était bien plus lumineux, joyeux, coloré et paisible. Une douce odeur de lavande régnait dans la pièce, un lit dans le coin à gauche, une petite cuisinière, un micro ondes et la porte de la salle de bain directement sur la droite de l’entrée.

- Tiens vas y entre.

Une fois Léo rentrée, il rentra aussi avant de fermer la porte derrière lui, en la verrouillant à clé.

- Non. J’aime être seul, si j’ai envie de voir des gens je vais dehors. Je n’ai pas envie de rentrer pour m’obliger à être sociable. On est un peu à l’étroit, pose tes affaires sur le porte manteau, sur la porte. Installe toi. T’as soif ? Ou faim ?

Il s’affairait en même temps à ouvrir son frigo pour regarder dedans, c’était rempli à ras bord étonnamment. Bizarrement cela semblait le stresser un peu.

- J’ai des gnocchis faites par ma Nonna si tu veux

Elle avait été grandement soulagée en rentrant à l’intérieur. Il faut dire qu’à la base elle peinait à trouver le sommeil alors si elle venait encore dans un lieu où elle n’était pas tranquille… mais non.

C’était joli et agréable, ici.

La jeune fille eut un grand sourire, avançant dans le petit studio pour observer les recoins de celui-ci. Elle se retourna vers Salvatore à ses paroles. Ses habits au porte manteau ? Leo baissa les yeux vers son gros pull et son bas de pyjama Hello Kitty. Elle n’avait rien à déposer du tout. Oh, peut être ses claquettes songea t-elle, retournant à l’entrée pour se déchausser très vite.

— C’est vrai ? Dis donc, t’as l’air bien proche de ta nonna. C’est trop cool ! Je veux bien en manger… mais pas tout de suite à vrai dire. On dit que c’est mauvais pour la ligne de faire un repas en pleine nuit. Et puis je fais un régime d’un repas par jour alors bon… mais c’est très gentil !

Leo avança jusqu’au lit et se laissa tomber assise dessus, regardant Salvatore avec un immense sourire.

— Je suis trop choquée n’empêche. Que tu sois Salvatore. Je veux dire, LE Salvatore ! Ca fait super longtemps ! Bah… depuis que j’ai déménagé de la bas en fait. Il y a huit ans.

Il ferma le frigo, sortant de l’eau fraîche qu’il posa sur le plan de travail avant de se tourner vers elle, fronçant légèrement les sourcils.

- Pourquoi tu fais un régime ? T’es une brindille.

Salvatore fut vraiment tiqué par cette phrase. Était-elle anorexique ? Disons que Leo était sans doute l’une des filles les plus minces qu’il connaissait de vue, entendre ça de sa bouche lui mettait la puce à l’oreille.

- T’as vu c’est dingue hein. Ici à Boston.

Cela lui faisait plaisir mais peut être pas autant qu’elle, il ne trouvait pas ça si exceptionnel. C’était juste de la chance, mais elle avait l’air de beaucoup y tenir alors il la suivait dans son délire.

Puis il la vit s’asseoir sur son lit.

- Désolé je suis maniaque, si tu veux t’asseoir ou même dormir il faudra mettre quelque chose qui n’était pas à l’extérieur. Je peux te donner un jogging et un t shirt si tu veux.

Salvatore se savait insupportable, mais il préférait s’assurer que tout restait propre, sinon c’était la porte à la saleté et au laisser aller. Il ne pouvait s’imaginer se mettre dans un lit avec des affaires qui ont été dans des taxis ou sur des bancs où des pouilleux avaient pu dormir.

— Eh bien c’est pour rester dîner, pardi !

Elle rit légèrement avant de s’arrêter aussitôt quand il lui parle de ses exigences en terme de propreté. Leo se redressa d’un bond et tapota le lit comme si elle y avait laisser de la crasse visible. La jeune fille tourna la tête vers Salvatore, faisant une petite grimace.

— Oh ! Oups ! Pardon. Oui, je veux bien un jogging. Et un… T-shirt du coup. S’il te plaît.

En attendant elle rangea ses mains derrière son dos en faisant une petite moue, reprenant la conversation.

— Oui, à Boston. Que le monde est petit. Tu as encore des photos de vacances toi ? Je devrais en avoir à la maison. Si tu veux tu pourrais même venir manger un jour ! Un dimanche ! Si ça te dis bien sûr. Je suis sûre que mes parents te reconnaîtront et Cesare encore plus.

Il souffla du nez à sa première réplique avant de lui répondre directement.

- Tu pouvais pas savoir. Et oui pourquoi pas, je suis pas très commode. Si ça dérange pas tes parents, enfin bon ils me connaissent. J’ai un album photo dans un tiroir de mon enfance sinon le reste est à Naples. Mais ça sera pour un autre soir.

Puis Salvatore alla dans sa penderie pour prendre un t shirt Dark Vador et un jogging gris. Qu’il tendit à Leo.

- Tu peux aller te changer dans la salle de bain. Même si tu veux prendre une douche tu peux.

Puis Salvatore s’occupa à nettoyer le plan de travail avec une éponge. Il s’assurait que tout était impeccable, passant dans la salle de bain avant elle pour voir si rien ne traînait. RAS.

- C’est bon tu peux y aller

Lui en avait profité pour se changer en même temps qu’elle, dans le salon. Il se dépêcha histoire qu’elle n’ait pas une mauvais surprise, totalement prêt une fois qu’elle ouvrit la porte.

Il la regarda avec un petit sourire amusé avant de lui même s’asseoir sur le lit. Son pyjama se composait d’un jogging gris et d’un t-shirt oversized, même pour lui, aucun motif, entièrement blanc.

- Ca te va pas si mal

Il travaillait le lendemain, alors il se contenta de hocher négativement de la tête.

- T’embête pas, je dois passer faire une lessive demain matin, mets par terre et je te ramènerais ta tenue au propre. On se lève tôt demain. Tu veux dormir ou jouer aux cartes ?

Elle se pencha rapidement pour déposer ses vêtements au niveau du sol, près de la porte de la salle de bain. C’était presque vexant quand même pensa t-elle. Elle n’était pas si sale..! Elle se demanda également quand et comment Salvatore était devenu si maniaque. La jeune fille se redressa après avoir déposé le tout, avançant vers lui.

Puis, elle s’arrête. Leo haussa un sourcil, le fixant.

Il fait un pas vers elle où elle rêve ? Jouer aux cartes. Sérieusement ? Leo entrouvrit les lèvres avant de secouer la tête.

— Jouer aux cartes, haha. Tu proposes ça souvent aux filles ? Ça marche ?

Elle se laissa tomber assise sur le lit, relevant ses jambes en lotus.

Salvatore s’assît par terre, adossé contre le lit, donc dos à elle. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle disait ça. Après tout il n’avait jamais invité personne chez lui.

- Bah j’adore jouer aux cartes c’est tout.

Son côté maniaque avait toujours été présent depuis que sa grand mère était tombé malade. Il fallait une maison propre, presque aseptisée et témoin, sans aucun germe ni virus possible pour la préserver un maximum.

Il ne comprenait pas vraiment le but de sa remarque, si un garçon disait « et toi t’as l’habitude d’aller chez un mec à 1h ? » elle serait offusquée du sous entendu. Mais Salvatore ne dit rien, il ne se serait pas gênée avec une américaine.

- Alors ? Tu joues ou pas ?