this is a simple song (ft. salvatore)

Alors certes, elle comprit mieux. Le quiproquo se dissipa.

Mais « redescend » ?

Elle entrouvrit la bouche, fronçant de plus en plus les sourcils avant de reposer les cartes. Leo fixait Salvatore. Elle se releva rapidement du lit, laissant ses cartes derrière elle. Ça lui apprendra à aller voir un garçon à une heure du matin. Qui plus est, Salvatore. Salvatore qui avait toujours prit grand plaisir à gagner contre elle constamment, qui lui prenait ses billes alors qu’elle n’avait pas un sous parfois, Salvatore le garçon qu’elle trouvait beau, petite mais à qui elle voulait de partir chaque fin d’été.

La jeune fille se dirigea vers ses vêtements pliés par terre qu’elle récupéra, commençant à se changer immédiatement, dos à lui tout en parlant italien.

⸻ Ti libero dal bucato. Beh, dovrai lavare il tuo pigiama visto che sono così sporca. Sto per scendere di nuovo, non preoccuparti. Giù all’ingresso del palazzo.

Non, ça elle ne l’acceptait pas. Son énervement à elle lui semblait justifié. Il avait pour base le chagrin. Elle avait cru qu’il avait tardé à se dévoiler. Et elle n’avait pas spécifiquement chercher à être méchante. Mais voilà, Léo avait tendance à mordre sans même le réaliser et à la moindre correction, s’en aller.

Il la laissa partir dans son numéro dramatique digne d’une italienne. Salvatore la regarda faire, un sourire se hissant sur ses traits.

Puis elle retira ses habits en étant dos à lui, alors le garçon se releva pour lui saisir doucement le poignet. Il refusait de voir son corps dénudé dans son excès d’impulsivité. En respect pour son frère et ses parents, et même pour elle. Il la stoppa quand elle retirait le haut, à moitié de buste à peu près, tirant sur le t shirt pour qu’il redescende.

- Tu n’es plus une enfant, reconnais ton tort et retourne t’asseoir. C’est fermé à clé de toute façon, je ne te laisserais pas sortir au milieu de ce quartier de nuit et seule dans ton pyjama qui va attirer les problèmes comme la lumière attire les moustiques.

Salvatore parlait d’un ton dur, presque comme un père ou plutôt un grand frère protecteur. Il gardait son poignet dans sa main, sans pour autant le serrer, il prit la pile de vêtements dans sa main avant de la jeter sur le lit. Sans doute un symbole.

- Remets ton pyjama et va dans le lit. Tout de suite.

Ce même ton autoritaire. A ses yeux il devait la protéger comme son frère ou son père le ferait, quitte à être problématique.

Il la vit se tortiller avant de courir vers la fenêtre pour chercher une bouffée de liberté. Mais parfois la liberté était dangereuse, mieux fallait demeurer dans sa tour d’ivoire en attendant le départ des prédateurs.

Salvatore eut l’œil vif pour voir qu’elle cherchait dans ses poches. Il l’avait déjà vu fumer auparavant, d’un coup devant elle se trouvait une cigarette allumée, tendue par un bras passant au dessus de son épaule, se présentant devant ses lèvres.

- Tu vas aussi faire ta tête de mule et la refuser ?

Salvatore s’en prit une aussi avant de se mettre à côté d’elle, tirant dessus avant de souffler par la fenêtre. Il faisait un peu froid en cet automne précoce, surtout à cause de l’heure et de la température inhérente.

- Pourquoi tu as réagi comme ça ? Je pensais que tu te souvenais à peine de moi. Je t’ai tant marqué que ça.

L’idée que Léo était autant blessée à l’idée d’avoir passé une année sans savoir que c’était lui lui faisait une pointe de chaleur dans le coeur. Il importait à ses yeux. Puis il tira à nouveau sur sa cigarette, la consumant d’une traite avant de jeter le mégot par la fenêtre.

- Mets le tablier, on va préparer les gnocchis ensemble.

Salvatore s’était déjà tourné vers la cuisine, dégainant le tablier qu’il déplia, avant de se tourner vers Léo qui se serait probablement tournée vers lui aussi.

- Demi tour. Je vais t’aider à le mettre

Et le miracle fut. Léo attrapa la cigarette après avoir regardé Salvatore en coin, une pointe d'amertume mais surtout de résignation dans ses iris. La jeune fille soupira, la coinçant entre ses lèvres avant de souffler un peu de fumée. Visiblement, pour ce sujet, elle n'était plus une tête de mule.

Mais disons qu'il pousse parfois le bouchon trop loin.

Léo se tourna vers lui, recommençant à s'agiter, à se froisser.

⸻ Non, tu ne m'as pas tant marqué que ça ! Je me souviens des gens, c'est tout !

Elle cherchait à se défendre comme elle le pouvait, avec peu de crédibilité en fait. Léo tourna la tête vers la fenêtre ouverte à nouveau pour remplir ses poumons du nuage de nicotine qu'elle aspirait dans sa bouche. Elle toussote, quand Salvatore jette son mégot.

⸻ Ma perché butti questo dalla finestra? Inquina! Hai un cestino!

Cela en devenait presque comique. Et puis le voilà à revenir avec un tablier, à parler de gnocchi à une heure du matin, le sketch ne s'arrêtant jamais. Elle se laissa pourtant faire, avançant vers lui en continuant à fumer sa cigarette pour la terminer.

⸻ Je crois que j'aurais mieux dormi dans ma coloc'. Mais bon. Je me serai pas autant amusée.

Elle sourit peu à peu.

- Ah bah si tu te souviens des gens alors.

Il savait que son point faible était les cigarettes et l’Italie. Alors le combo cigarette gnocchis suffirait à la faire succomber.

Le voilà déjà à se faire remonter les bretelles par la jeune femme à cause du mégot.

- Y’a une benne à ordure en bas me fais pas chier avec ça

Dit il d’un ton amusé. Avant d’arriver dos à elle, passant le tablier devant, puis le plaquant à son bassin avant de lacer à ce niveau. Puis il prit les autres lacets qu’il remonta jusqu’à sa nuque pour y faire un noeud suffisamment serré pour que le tablier ne soit pas lâche.

- T’as l’air plus ridicule qu’autre chose avec ce truc pas à ta taille mais ça va t’es mignonne quand même.

Salvatore sortit les gnocchis du frigo, ainsi que des steaks hachés, en barquettes eux. Visiblement ce n’était pas non plus l’autoroute doré pour le barista.

- Je te laisse faire montre moi comment tu fais la cuisson. Attention t’auras la pression de la Nonna. Tout Atrani saura que tu auras raté la cuisson de ses gnocchis.

Elle avait levé les bras pour le laisser lacer son tablier, tout en continuant à fumer dans le même temps. Léo le regardait en coin, amusée à son tour peu à peu. La tension était simplement redescendu ainsi, sans qu'ils n'aient à "s'asseoir et mettre à plat" les choses.

⸻ Ah oui, et tu vises si bien que ça dans la benne ? Pff. Mon coloc Elliot aussi, vante ses aptitudes au tir, mais la cuvette de toilette témoigne autre chose.

Elle se dirigea vers l'évier quand il eut terminé, écrasant son mégot dedans avant de le jeter à la poubelle après s'être assurée que celui-ci était bel et bien éteint. Mignonne, lui avait-il dit, et elle souriait encore plus, dos à lui, mais faisait bel et bien mine de rien.

⸻ Oui bah écoute, il est une heure du matin là... Et tu profites de tout ça pour que je te fasses à manger. Dit le. Pff.

Elle lui donna un coup de coude, récupérant les gnocchi.

⸻ Donne moi une casserole, au moins. Il me faut de la pulpe de tomate. Du sel. Du parmesan. Hop, hop. Active toi.

Il ne put retenir un petit soufflement de nez quant à l'anecdote sur Elliot avant qu'il ne vienne ouvrir le frigo après le coup de coude.

- Comment t'as deviné ? J'avais juste la flemme, puis tu me dois bien ça, je suis venu te chercher.

Salvatore chercha tout ce qu'elle demandait, heureusement et sans surprise il avait tout dans le frigo. Il sortit donc la casserole et le reste des ingrédients du frigo.

- Tu les fais comment ?

Ensuite il se mit simplement dos au plan de travail, fesses appuyées dessus, pour la regarder faire, venant croiser les bras afin de la voir à l'oeuvre.

- Tu te fais quoi à manger quand t'es chez toi ?

⸻ Super. T'aurais pu au moins mentir.

Elle haussa un sourcil, penchant la tête vers lui avant de récupérer la casserole qu'il lui avait donné pour la remplir d'eau puis la mettre au feu. Elle s'affaira avec le reste, vidant la pulpe de tomate dans une poêle après avoir remarqué ou Salvatore rangeait sa vaisselle. Elle lança également la cuisson de cela, récupérant une prenant en bois au passage.

⸻ Bhen je les fais bouillir. La manière traditionnelle. Chez moi je cuisine à peu près la même chose... quand je peux. Si j'ai pas eu el temps de faire des courses, je mange malheureusement des cochonneries comme des nouilles instantannées. Après, vu que je fais mon truc d'un repas par jour, j'suis tranquille.

Quand l'eau termina de bouillir, elle y versa les gnocchi, tout en revenant vers la sauce à laquelle elle ajouta du sel, et quelques herbes.

⸻ Tu ne sais pas cuisiner ça ?

Il l'écouta attentivement sans dire un mot, après tout le jeune homme savait qu'elle s'y connaissait sans doute mieux que lui. C'était toujours sa mère ou sa Nonna qui faisait les gnocchis pour lui avant. Il n'avait en général qu'à les réchauffer ou mettre un peu de sauce.

- J'aurais pas fait comme ça mais ok.

Son regard s'attardait sur la sauce qui crépitait doucement, les effluves de la nourriture remplaçant doucement l'âcre de la cigarette dont la fumée s'était complètement dissipée.

- Si. Quand même, tu me prends pour qui.

Encore une fois elle mentionnait son un repas par jour, et des cochonneries. Elle semblait véritablement à cheval sur sa ligne.

- Dis, t'as pris quoi comme sport à l'université ?

Dans un même temps, tout ce que jetait Léo dans l'évier était aussitôt nettoyé par Salvatore qui passait un coup et à nouveau par la suite. Il sortit les assiettes, couverts, verres, avant de les dresser sur sa table qui ne pouvait accueillir que 2 personnes, collées à mur, juste sous la fenêtre.