summer luck – Jane & Ace

Lui prouver. Lui prouver qu'il ne jouait pas – tout comme elle devait lui prouver qu'elle n'était pas une énième riche insolente, à ses yeux. Ils en attendaient peut-être trop de l'autre, à placer des attentes sans se consulter et communiquer. Jane retirait sa main, mais aucun des deux ne s'éloignait. Ils échangèrent des regards empli d'une colère sourde pendant de longues secondes, mais Ace était en proie à un tourbillon de questions et de doutes. Elle avait fait un premier pas dans sa direction, d'une certaine façon, et lui, qu'avait-il fait ?
Mais plus l'idée de parler lui venait à l'esprit, plus il se rappelait de ce qu'il pouvait subir derrière ; plus il se rappelait des blessures qu'il infligeait lui-même aux autres mais qu'il ne voulait pas subir en retour. Il ouvrit la bouche pour parler ; « Ace. » Le regard d'Ace se releva pour voir son chef d'équipe, en haut des escaliers. « Tu travailles. » Ah. C'était vrai. Il déglutit et détourna le regard. « Désolé. J'arrive. » Se faisant violence pour refouler ses sentiments, il prit une profonde inspiration et reposa les yeux Jane, puis à nouveau sur son chef. « Le système de pression hydraulique est en faute. Si on a plus besoin de moi, j'aimerais prendre mon aprèm. » Un simple hochement de tête positif de son chef, et Ace croisait une nouvelle fois le regard de Jane avant de se détourner d'elle et descendre les escaliers de secours sans attendre.

Le chef d’Ace débarque et bizarrement je préfère faire profil bas histoire de pas créer d’histoire à Ace dans son travail. Je suis bête parfois mais pas à ce stade. Je le regarde répondre et parler, il me lance des regards parfois et d’un seul coup décide de prendre la poudre d’escampette une énièmes fois. Je ne veux absolument pas qu’il s’en sorte comme ça. Alors je décide de le suivre en descendant derrière lui les escaliers. Ace, pourquoi tu décides encore de fuir tes responsabilités ? essoufflée par cette descente endiablée. J’aimerai tellement qu’il s’arrête à un moment pour tout cracher. Au fond de moi, je sais et je ressens qu’il veut me dire les choses mais qu’une force cachée l’en empêche. T’en as pas marre de te mentir à toi-même ? En disant cette phrase je freine le pas et finis même par m’arrêter lassée de ce mec après qui je cours depuis des semaines.

@Ace Chung

Ace descendait les marches d'un pas qu'on devinait énervé, mais il semblait davantage pressé de s'éclipser. Même pas un étage descendu et elle le chauffait à nouveau avec des grands mots comme "responsabilités", et il luttait encore pour ne pas exploser. Malheureusement,  qu'elle lui renvoie une nouvelle fois qu'il se mentait à lui-même fut l'accusation de trop. Il s'arrêta brusquement pour pivoter et revenir vers elle d'un pas menaçant, la rage sur le visage et les gestes si agressifs qu'on aurait pu croire qu'il allait la frapper ─ ce qu'il ne ferait jamais. « Quelles responsabilités !? J'ai rien demandé putain ! C'est que les gens comme toi qui s'invitent dans ma vie et foutent le bordel ! Vous arrivez comme des paons avec vos grandes pompes et pensez que le respect vous est du par défaut, qu'on vous doit des réponses, obéissance, et vous assumez pas vos putains d'erreurs ! » ... Il ne parlait pas d'elle, n'est-ce pas ? « J'allais BIEN dans ma vie avant que de vous voir débarquer ! Je m'en battais les couilles de votre existence, t'enregistres l'info !? Les responsabilités je les assume déjà ! Je suis là, j'bosse comme un taré, mon putain d'appartement est un refuge, je ramasse des beignes pour les autres, j'encaisse les trahisons et les conneries des autres les unes après les autres et t'as la putain d'audace de me dire que je dois prendre des responsabilités !? » A s'époumonner comme il le faisait, Ace haletait. Il vidait son sac, explosait dans une gestuelle certe agressive et sèche, elle était sincère.

Lorsqu’il arrive sur moi, je m’arrête net, je vois dans son regard une étincelle que je n’ai jamais vu auparavant. Je viens clairement de déclencher quelque chose en lui qu’il ne contrôle plus alors qu’il ne cesse de tout vouloir gérer. Je fais des pas en arrière, par peur qu’il me lève la main dessus même si au fond de moi je sais que jamais il n’oserait faire cela. La crainte, la peur se voit sur mon visage et me replonge quelques semaines en arrière. Je sens la crise de panique monter à l’intérieur de tout mon être, pourtant je lutte pour ne pas craquer. Il commence à m’hurler dessus et je ne ressens plus rien. J’ai l’impression de déréaliser, comme si mon âme sortait de mon corps. Je ne supporte plus nos crises à répétition, je l’entends me parler mais j’ai l’impression qu’il me reproche des choses qui ne me sont pas directement destinées. Ace.. Je tente de l’arrêter, sur le coup je sens ma poitrine se comprimait, je ressens le monde qui s’envole sous mes pieds. Ace, s’il te plait. Je me rapproche de lui, ressentant son mal être au plus profond de mon coeur. Au bout de deux, trois pas et à la fin de son monologue que je lui laisse terminer, car je ressens son envie de tout lâcher. De tout vider, pour une fois alors je ne tente pas de le couper. Je finis, je ne saurai expliquer comment, entre ses bras. Je l’enlace en quelques secondes, c’est la seule solution qui s’offre à moi à ce moment précis. Je suis désolée. Désolée de te faire penser à ceux qui t’ont détruit, ce n’est pas ce que je veux.

@Ace Chung

Il avait beaucoup de reproches à faire, beaucoup de choses à dire, de colère à évacuer ; mais il savait aussi qu'il n'était pas le plus à plaindre. Peut-être était-ce ça le plus frustrant, aussi, ne pas se sentir légitime dans sa colère parce que ça pouvait toujours être pire. Jane n'était pas la vraie cible de cette rage, mais elle était une sorte d'alternative, une porte accessible, et sans qu'il ne comprenne pourquoi, elle vint l'enlacer et il se figea sur place. Cette immobilité soudaine n'était pas comme de la surprise, il y avait autre chose. Quelque chose de plus profond, comme une sorte de panique. Il ne comprenait pas pourquoi cette étreinte, pourquoi ces excuses, et n'osait même pas la toucher à vrai dire, le regard n'arrivant pas à se poser sur une chose spécifique plus d'une seconde. Il fallut qu'il se fasse intérieurement violence pour se ressaisir, et il rompit l'étreinte avec Jane, un peu sèchement mais sans violence, se reculant de deux pas pour la regarder avec un mélange de colère et de confusion. « T'es quand même pas en train de me prendre en pitié j'espère ? »

Je me résigne à me mettre loin de lui une fois qu’il se dénoue de l’étreinte que je voulais lui porter. Sa phrase m’arrache une grimace. De la pitié, sérieusement? Comment peut-il croire ça de ma personne alors que je suis la première à juste vouloir comprendre. À juste avoir envie qu’il largue ses démons. J’ai tout sauf de la pitié à ton égard, Ace Chung. Je hausse des épaules dans un mouvement lasse. Je me pose cinq secondes sur les escaliers qui nous entoure en soufflant. Tu sais quoi, reprends ta route. Je lui désigne de la main les escaliers qu’il dévalait comme un fou, cinq secondes avant. Quant tu comprendra que je ressens pas de pitié pour toi, mais une chose que je n’arrive à nommée. On avancera. Je lève ma main un sourire en coin, encore une fois triste de cette situation. Je baisse la tête vers le sol, et pose mes bras sur mes genoux. Moi qui pensais être victorieuse, j’ai loupé le coche.

@Ace Chung

L'expression d'Ace se fondait de plus en plus dans la confusion, les sourcils froncés accompagnant un plissement d'yeux et un mouvement de tête léger, semblant chercher le sens de cet échange dans une réalité qui lui filait entre les doigts. Il ne voyait pas de quoi elle parlait, même s'il ressentait quelque chose d'assrez curieux lui aussi. Une sorte d'attraction colérique, brutale et physique, quelque chose à vous incendier l'épiderme. Dans son immobilité, Jane pouvait sans doute deviner qu'il hésitait. Il ne fit qu'une esquisse de pas, regarda les escaliers en songeant à les descendre, mais il ne faisait rien. Il restait planté là, à considérer la fuite, jusqu'à ce qu'il repose le regard sur elle, puis inspire un grand coup en levant les yeux au ciel. Se retournant pour faire quelques pas, il passa ses mains sur son visage puis dans ses cheveux, ignorant la peau fragilisée par son effort dans l'ascenseur. Puis il fit volte-face à nouveau vers Jane, la voix plus posée mais toujours empreinte d'émotion. « Tout ce que j'ai dit avant... Oublie-le, ok ? Ça te concerne pas. Ça te regarde pas, ni de près, ni de loin. »

Hésitant, je le vois regarder les escaliers comme une porte de sortie. Je n’arrive plus à suivre, ni comprendre ses changements d’humeur. Des changements qui m’épuise. Je l’écoute sans réellement le regarder, complètement perdu dans mes pensées. Ce que je venais de dire quelques minutes avant été tout simplement impensable et complètement con, car cela pouvait être complètement mal interprété. J’hoche la tête de haut en bas. Ouais faisons ça, t’as raison. Ça ne me regarde pas. Et en réalité, tu sais quoi ? Je me relève bien droite sur mes appuis, me colle à quelques centimètres de sa tête. Je ne laisse rien paraître mais lorgne de temps à autre ses lèvres. Je m’en bats les couilles.

@Ace Chung

Elle lui confirmait vouloir oublier ─ qu'ils savaient plutôt être une sorte de "n'en parlons plus" ─ et Ace la regardait se lever sans bouger. En quelques pas, elle était proche de lui, très proche même, et lui n'avait pas bougé. Il gardait ses sourcils froncés, le regard sévère toujours empreint de confusion, et il la fixait sans comprendre pourquoi ce rapprochement. Ses derniers mots sombrèrent dans des abysses car Ace ne les avait pas écoutés en vérité, trop occupé à l'observer et réaliser qu'une chaleur familière le prenait. Quelque chose d'agréable mais d'assez sauvage, et il lui sembla voir un bref regard sur sa bouche ; il pouvait être con parfois, mais pas toujours et là, dans ce cas précis, il savait ce qu'il éprouvait, et était presque certain que c'était mutuel ─ surtout qu'il avait lui aussi regardé ses lèvres furtivement. Seulement là... il n'était pas sous alcool. Aussi Ace reprit la parole, d'une voix bien plus basse, qu'elle pouvait entendre grâce à leur proximité. « Qu'est-ce que tu veux ? »

Cette proximité active la même chose que je ressens à chaque fois que l’on est l’un à côté de l’autre. Autre chose qu’une haine viscérale. Une chose plus puissante encore. Ce que je ressens à ce moment est bestial et lorsqu’il décide de parler je ne réfléchis pas assez, je réfléchis trop peu. Sa phrase me tape en plein crâne : qu’est-ce que je veux ? Tout et rien ? La haine et le plaisir, la gentillesse et l’insolence, le danger et la sécurité. Tout se mélange dans mon crâne. Tout ce que je sais, c’est que des mots ne pourraient exprimer ce que je veux réellement. Sans aucune réflexion, sans attente, je plaque mes lèvres sur les siennes. Le baiser est doux et sauvage, lent et rapide, long et court. Ce geste me permet de dire les choses sans parler. En réalité, je veux tout voilà ce qu’il veut dire.

@Ace Chung