summer luck – Jane & Ace

Les réponses le faisaient fulminer. Le sarcasme, l'attitude désinvolte ; l'entendre se rabaisser elle-même avait étrangement le don d'énerver Ace qui avait cette envie de la contredire, non pas parce qu'il la portait sur un piédestal, mais parce qu'il voulait qu'elle continue à mordre. À répondre. À se battre. Alors il sifflait ses mots entre ses dents, la colère vrombissant dans ses cordes vocales. « Et ? C'est tout ? Ça me bute que tu me sortes tes grands discours sur ce que tu fais pour essayer de prouver que t'es pas comme les autres, et là tu fais ta mijaurée dès que je te parle mal ! » À l'étage, les collègues d'Ace avaient commencé à entendre la dispute et rebroussé chemin temporairement, comprenant qu'il ne valait mieux pas intervenir... pour l'instant. Alors qu'en bas, Ace continuait à s'énerver. « Et avant de jouer à l'offusquée, qu'est-ce qu'une meuf comme toi fout avec la plèbe de New York, hein ? C'est quoi, t'avais un besoin de frisson, de ressentir le danger parce que tu te faisais chier dans ton palais ? T'as eu les yeux plus gros qu'le ventre avec les drogues et maintenant ça vient te mordre au cul ? » Se taire ? Visiblement, il était parti pour vociférer également. Par-delà la colère, il ne comprenait réellement pas comment elle en était arrivée là. Ça lui échappait complètement. Il rejetait la responsabilité sur elle, convaincu que c'était la conséquence d'un choix irréfléchi.

Mes poings cette fois-ci sont plus que serrés. Je n’entends même pas les collègues d’Ace monter, tellement la haine me contrôle. Je le fixe prête à me jeter sur lui après ses putains de paroles. Un conseil, quand tu ne connais pas. Fermes ta gueule. La phrase sort entre mes dents serrées de rage. Mon meilleur ami traînait avec un gang ennemi. C’est ce gang qui l’a tue. J’étais là quand il a eu son accident de moto. Les freins ont lâché. J’ai tenu mon meilleur ami dans mes bras quand il craché du sang et a lâché son dernier souffle, donc fermes bien ta gueule. Je suffoque en lançant toutes mes explications. J’ai les yeux qui une énièmes fois se remplissent de larmes. Je baisse la tête pour ne rien montrer. Tu n’es pas le seul à avoir vécu des choses. Tu n’es pas le seul à avoir de la haine en toi. Tu n’es pas le seul à avoir vécu des pertes, des abandons, des drames. Je relève ma tête remplie de larmes. Donc Ace Chung, fais nous plaisir et apprends à être impartial. Arrêtes de mater le compte de mes parents. Regardes en profondeur putain. Je mérite mieux, mieux que ça. Je le pointe clairement du doigt, le visage déformé par la haine, les pleures et le dégoût. T’excuser pour mieux m’arracher la gueule, c’est ça ta bonne idée ?

@Ace Chung

Ils étaient incapables de communiquer sans s'arracher mutuellement la gorge, probablement, et Ace était sans l'ombre d'un doute le plus à blâmer pour ça. Mais c'était plus fort que lui, la rage bouillonnait à l'intérieur, et rien de ce qu'elle venait de lui dire ne semblait calmer ça ; au contraire, cela semblait même rendre le brasier plus intense alors que le ton de sa voix se faisait plus agressif. « M'fais pas dire des choses que j'ai pas dites, j'ai pas mentionné ton pote. Je crache pas sur sa mort ni sur les dégâts que ça t'a causé, au cas où t'aurais mal compris, hein ? Tu crois par contre que je vais te plaindre ? Comme tu dis on a tous vécu nos merdes, mais ce que je pige pas c'est que toi, TOI– » Il pointa un doigt agressif et accusateur sur elle, « T'as les moyens d'éviter ces merdes, de faire mieux, et aucune putain d'bonne raison de traîner dans ces bas-quartiers, alors non j'irai pas m'apitoyer sur ton foutu sort ! J'irai plaindre aucun abruti qui joue avec le feu et ses dangers s'il vient à se brûler, encore moins toi. » Puis là, le ton baissa, mais n'en demeurait pas moins froid alors qu'il se redressait. « Certains d'entre nous se démènent jour et nuit, passent leur vie entière à éviter ces emmerdes, et toi, tu fonces dedans. C'est pas à moi que tu dois prouver que tu vaux mieux que ça. Je sais que tu peux faire mieux, et c'est bien pour ça que tu me fais péter un plomb. » D'une certaine façon, il avouait que ses paroles au début de leur rencontre étaient des mensonges. Quand il disait n'avoir aucune attente, aucun espoir ; c'était à moitié faux. Il voulait qu'elle fasse mieux. Il voulait qu'elle lui soit effectivement supérieure, qu'elle lui démontre qu'il avait tort – mais Ace et la communication, c'était pas très au point.

Je me rapproche subitement de lui tout en le fixant droit dans les yeux, un sourire aux lèvres. Mais tu crois que parce que mes parents ont de la thune, je peux acheter le monde ? Je triture mes mains de nerf. T’es complètement ravagé par ta haine de l’autre, par ta haine des Bourges. Tellement dans ton petit monde de merde, que tu penses qu’on est dans la capacité de payer limite pour la vie et la mort ? On est quoi, Dieu ? Parce qu’on a un peu plus de coupure dans le slip ? j’éclate de rire en le regardant. Putain quand est-ce qu’il comprendra ? Il croit sincèrement que je me serai laissée taillader le corps si mes thunes auraient pu être une solution au problème ? Ces paroles m’apaisent quelques instants, je le regarde cette fois-ci avec méfiance, toujours aussi proche de lui. Je sens son souffle lorsqu’il me parle. Je ne fonce nul part. Cette histoire j’ai tenté de la fuir Ace. Je le regarde hébétée par la fin de sa phrase. Tu sais que je mérite mieux ? Alors que tu me traites comme une moins que rien ? Y’a un truc dans ton histoire qui coïncide pas. Je ne suis pas là pour bien agir, je décide juste de lui sortir toutes ses vérités. Quand bien même ce mec me donne envie d’être h24 à ses côtés. Aussi bizarre soit-il.

@Ace Chung

Elle se rapprochait, et leurs mots se marchaient dessus. C'était plus qu'évident qu'ils avaient de nombreux problèmes à régler et qu'ils n'arriveraient pas à trouver un terrain d'entente facilement, et pour Ace, c'était comme si elle forçait ses mauvais côté à se montrer. Il grimaçait de dégoût, la prenait ouvertement de haut. T'as pas essayé, et tu sais probablement même pas comment te sortir d'une situation merdique. T'as pas la rage, t'as pas la force, t'as pas le cran. Ils en étaient encore là, à se rapprocher, les souffles qui se mélangeaient, et Ace baissait la voix en conséquence quand bien même son regard était toujours aussi intense. C'est toujours ceux qui sont les plus pétés de thunes qui viennent faire la morale sur le fait que l'argent ça fait pas tout, hein. Tu veux vraiment me faire croire que t'as aucune responsabilité dans les emmerdes qui te sont tombées dessus ? Parce que si tu as fait ne serait-ce qu'une seule fois le choix de rester, pote ou pas, c'est ton choix. Pas celui des autres. Alors ? Il avait soufflé ce dernier mot d'une voix rauque, attendant la réponse, le jugement plein le regard. Il ne voyait que des différences entre eux, et songeait à tout ce que sa mère et lui avaient subit, malgré les tentatives de se débattre. Les moyens avaient manqué ; alors oui, pour lui c'était une question d'argent, et pour elle, une question de volonté. Ses poings serrés avaient envie de défoncer les murs, de trouver les responsables et les démolir un à un, mais les conséquences le tenaient en laisse. Et ça le frustrait. Tellement.

Les dents serrées je le fixe comme si je m’apprêtais à l’étouffer de mes propres mains. Pas de volonté ? Pas de cran ? Tu sais quoi, toi et moi on discutera quand tu sera prêt à réellement entendre l’autre. Je ne sais pas ce que tu as vécu, et à quel moment tu as décidé d’haïr ceux qui ont des thunes. Je suis désolée pour ton passé, sincèrement. Je suis désolée que la vie n’ait pas choisi de t’aider. Je suis désolée que t’ai touché le fond. Mais je suis pas responsable de tes problèmes. Donc t’immisce plus jamais dans les miens et gardes tes avis. Mes mots sont réfléchis, pesés et tranchants. Je me dirige vers les escaliers bien décidée à descendre et me barrer loin de lui.

@Ace Chung

Qu'est-ce qu'ils voulaient, exactement ? Y avait-il quelque chose qu'ils cherchaient mutuellement à obtenir de l'autre ? Pouvaient-ils vraiment s'apporter un quelconque réconfort ? Jane le dépassait pour commencer à descendre les marches et lorsqu'elle quitta son champ de vision, Ace se mordit la lèvre en levant les yeux vers le plafond, prenant une seconde pour expirer, avant qu'il ne se retourne et l'interpelle. Honnêtement, je m'en sors mieux que toi. J'ai pas honte de ma vie, de ce qui m'est arrivé ni de qui je suis. Je sais que je fais de la merde sur de nombreux plans, mais j'apprends. Ma vie est loin d'avoir touché le fond, et je ne laisserai personne, toi comprise, me trainer vers le bas. Et si tu faisais attention, tu remarquerais que tu n'as aucune idée de qui je suis. T'es trop obsédée par ton nombril et mes jugements que tu ne te rends même pas compte de te ton ignorance. En même temps, qui savait, Ace ? Pas même Amore ne savait.

Sans me tourner, le fou rire que je déploie me lance dans un incontrole total de ma personne. Mais je suis tellement heureuse pour toi Ace, que tu t’en sortes mieux. Je suis à deux doigts de te sortir le tapis rouge bébé. Je me tourne sourire moqueur aux lippes. Mon ignorance ? Mais c’est vrai que toi mon grand Ace t’es parfaitement parfait. Tu apprends, tu grandis, tu évolues. Je m’approche en faisant des gestes avec mes mains à chaque mots que je rajoute. Mais dis moi qu’est-ce que tu donnes aux gens exactement pour qu’on se concentre sur autre chose que tes jugements et ton caractère méprisable ? Qu’est-ce que tu nous donnes pour qu’on puisse voir autre chose qu’un mec détestable ? Je suis ignorante parce que tu veux me laisser comme ça.Mon doigt finit par taper son torse durement. Je suis ignorante car tu es incapable de donner de ta personne. Je suis ignorante parce que tout ce que tu montres de toi est écœurant. Et quand j’ai le malheur de te montrer que moi je suis prête à me livrer. Tu me méprise, me baise, m’humilie et en joue. Dis moi Ace Chung qui évolue réellement entre moi et ton comportement de gamin ? Je croise les bras devant ma poitrine bien décidée à en découdre.

@Ace Chung

C'était à qui faisait le plus mal à l'autre, peut-être, et c'était douloureux de se dire qu'elle n'avait pas tort. Ace ne se livrait pas, ne parlait pas, ne faisait pas confiance ; elle avait bien deviné la première fois lorsqu'elle lui avait demandé qui l'avait tant blessé qu'il était incapable de faire confiance. Jane se rapprochait et Ace ne bougeait pas, gardant le menton haut, même lorsque son doigt appuyé sur son torse le repoussait un peu ; une main qu'il ne tarda pas à prendre sèchement dans la sienne pour l'empêcher de continuer. J'ai pas à me justifier. Et je ne joue pas avec toi. Et... C'était tout. Il ne rajouta pas un mot de plus. Il gardait juste son regard vissé sur elle. Mâchoire serrée, le coeur tambourinant sous la colère, sa main dans la sienne tenue près de son torse. À vrai dire, il n'était pas certain de ce qu'il devait répondre. Il voulait lui donner tort, mais de l'autre, savait qu'elle avait en partie raison. En tout cas, sur le fait qu'il ne montrait volontairement que ses mauvais côté, elle tapait dans le mille.

Ma main dans la sienne, je reperds pied face à ce contact que je pensais impossible. Je m’entête à croire qu’il ne m’atteindra jamais et que son touche mais égal, mais putain, je me mens. Je mens parce que ses paroles me pique. Je mens parce que son touche m’électrice. Je le regarde et l’écoute avant de garder mon regard froid fixé sur lui. Si tu ne jouais pas, tu me le prouverai. mi-provocatrice, mi-raisonnable, je me défais de son emprise. Je ne lui demande absolument rien à ce mec, ou peut-être que j’en veux trop de lui finalement. Mais c’est plus fort que moi. Je sais qu’on pourrait dans un autre monde peut-être s’apporter beaucoup. Ma phrase reste en suspend, et Dieu sait à quel point j’attends qu’il me montre.

@Ace Chung