summer luck – Jane & Ace

La main attrapée, Ace délaissait sa radio pour baisser les yeux sur le contact, avant de les relever vers Jane. Si la confusion avait été brièvement visible sur son visage, le fait qu'elle ne le regarde pas lui confirma rapidement qu'elle n'était probablement pas à l'aise avec la situation. Certainement apeurée ─ ce qui était compréhensible. Alors il ne dit rien, et fit une légère pression sur sa main, comme pour lui signaler que tout irait bien. Quelques courtes secondes après, la corde bougeait et Ace levait les yeux vers la sortie, confirmant que la montée allait avoir lieu. Il retira alors son casque et le posa sur la tête de Jane, rallumant la lumière, avant d'offrir un léger sourire à ses mots. « Je remonte juste après toi. » Jane ne touchait maintenant plus le sol. « Tiens toi à la corde fermement si t'as peur, aucune chance qu'il t'arrive quoique ce soit, ok ? » Puis sans la quitter du regard, il reprit sa radio. « C'est bon, elle remonte. » Radio coupée, il baissa le bras et l'observait monter en silence, attendant son tour.
Jusqu'à une petite secousse de l'ascenseur qui baissa subitement de quelques centimètres, projetant Ace au sol avec un grognement de surprise puis de douleur, la radio glissant jusque dans un coin.

La pression exercée sur ma main par Ace, me redonna confiance en l’espace de quelques secondes. Son action aussi, me permit de retrouver le Ace que j’avais découvert dans la cage d’escalier. Gentil, humain et sans artifice. Ce mélange de comportements qui pouvaient découler de lui me rendait complètement chèvre. Lundi il m’insultait, mercredi on s’envoyait en l’air et le vendredi il finit par être gentil, un vrai soutient émotionnel. J’ai compris à cet instant que peu importe ce que notre relation pouvait être ou devenir, j’allais vivre de sacrée montagnes russes à ses côtés. Je me laisse hisser en suivant les consignes qu’il vient de me donner. Je serre fermement la corde et reste en position de gainage assise dans le baudrier. Je me répète sans cesse que rien ne peut m’arriver, gardant mes yeux rivés sur Ace. Et c’est en moins de deux secondes que l’ascenseur a perdu de l’altitude et a commencé à dégringolé de quelques centimètres, envoyant Ace au sol. La panique m’a à nouveau dit bonjour. Quand bien même notre relation pouvait être exécrable je ne peux m’imaginer que quelque chose puisse arriver à Ace. Ace, putain, dis moi que tu vas bien ? Dans la pénombre totale, je surélève ma voix pour tenter d’obtenir une réponse de sa part. Et sur le coup, la seule chose que j’arrive à me dire  : c’est que s’il fallait que je redescende, bizarrement sans réelle explications, je le ferait.

@Ace Chung

La chute n'avait pas été grande, mais la brutalité du petit choc avait suffit pour l'envoyer au sol et taper avec l'épaule. La douleur fut intense mais brève, et Ace se redressait assis, passant sa main sur son crâne qui n'avait plus le casque de protection après l'avoir donné à Jane. Il entendit sa question, mais avant de lui répondre, chercha du regard la radio. Une fois trouvée, il se releva sans mal, réapparaissant devant le carré vide du toit pour la rassurer. « Ça va, juste une chute. Concentre-toi sur ta sortie plutôt que de regarder en bas. » Ce n'était pas qu'il ne voulait pas qu'elle le voit, mais il se fit la réflexion qu'à regarder en bas, elle finirait par se rendre compte de la distance qui les séparait et pourrait prendre peur. Il disparut à nouveau pour aller récupérer sa radio dans le coin, et revint garder un oeil sur elle, parlant dans sa radio. De là où elle était, Jane ne pouvait plus trop comprendre ce qu'Ace disait, car il ne parlait pas assez fort ; il y eut plusieurs échanges, expliquant ce qu'il venait de se passer, et il rangeait à nouveau la radio à sa ceinture. Un dernier regard pour Jane, et Ace disparaissait du seul endroit qu'elle pouvait encore voir, retournant dans un coin caché par le toit de l'ascenseur.

Ma phobie, le vertige qui me prend aux tripes. Je regarde vers le bas pour essayer de comprendre où est Ace mais je comprends rapidement que ma peur m’en empêche. Je garde mon self contrôle et fixe un point en hauteur. Des coups d’œil stressés, une simple envie : arrivée saine et sauve, sur la terre ferme. Une fois en haut je suis accueillie par les collègues d’Ace. Je ne cherche même pas à prêter attention à ce qu’ils me demandent. J’entends des ça va rien de casser ? ou encore des Vous n’êtes pas blessée ? Je me remets au dessus par instinct du seuil par lequel je suis arrivée pour voir si Ace me suit comme il m’avait promis. Je regarde aux alentours ses collègues. Il est où votre collègue ? Vous le ramenez pas ? Je ne veux pas qu’ils comprennent que je le connais parce que malgré moi je n’arrive pas à oublier cette déception qu’il m’a fait vivre quelques jours auparavant. J’espère juste qu’il va tenir cette promesse que d’arriver sain et sauf.

@Ace Chung

Concentrés sur leur devoir de ramener la jeune femme saine et sauve, l'équipe de façadier se préoccupait d'elle en priorité. Un des collègues d'Ace, cela dit, s'affairait à défaire les mousquetons et débarrasser Jane de son baudrier en silence, tandis que les autres voulaient la rassurer, lui disant qu'il leur fallait d'abord la mettre en sûreté ─ et à peine avaient-ils retiré le baudrier qu'ils entendirent un grincement, bruit inquiétant venant du long tunnel de l'ascenseur. Les câbles visibles de l'ascenseur non loin d'eux tremblèrent puis se tendirent brusquement, comme si l'ascenseur avait encore perdu en altitude en contrebas. Alors on l'appela. On appela Ace depuis là-haut, sans réponse, et son chef d'équipe sortait la radio pour le contacter. Pendant une bonne minute, aucun appel ne reçut de réponse, causant du stress et de l'inquiétude ; puis enfin, grésillement de la radio. « Je suis là. » Soupir rassuré général. « J'ai réussi à sortir par la porte de l'ascenseur et je pense être au sixième étage. Huh... » Il laissa un court blanc et lorsque sa voix fut à nouveau audible, il semblait en plein effort. « Je suis en train de remonter par les escaliers de secours, mais je me suis éclaté les mains en ouvrant, et l'épaule en tombant. » On lui dit de ne pas s'inquiéter, et qu'ils avaient de quoi s'occuper de lui à l'étage. Il devait grimper sept étage pour les rejoindre, et l'équipe songeait à se déplacer pour le rejoindre à mi-chemin.

Au moment du second bruit comparable à celui que j’ai entendu t’haleur. Je comprends rapidement que l’ascenseur a encore chaviré de bord. Je lance un regard alerte aux collègues d’Ace. Je me lève de manière précipitée vers celui qui possède le talkie. À côté de lui mais muette je reste dans un long silence sans respire jusqu’à qu’Ace nous donne signe de vie. Une fois que j’entends sa voix j’ai l’impression de renaître. Une peur glaciale comparable à celle que j’ai vécu lorsque j’ai perdu le seul homme qui comptait pour moi il y a deux ans. Intérieurement j’ai peur, peur d’avoir aussi peur pour lui et de caractériser cette peur comme celle que j’ai vécu pour Max. Lorsqu’il nous dit être au 6ème étages, je décide sans trop comprendre pour quoi, de me diriger vers les escaliers de secours et descendre petit à petit les étage malgré les contres indications de ses collègu, que je devance clairement. Fatiguée, épuisée émotionnellement de ce qu’il s’est passé. Ce n’est qu’au 10ème étage que nos chemins se retrouvent. Je m’arrête devant lui, le fixe fermement car rien n’est pour autant oublié. Même si mon cœur me dit de pardonner et que mon être tout entier vient de paniquer à l’idée de le perdre. T’es vivant, j’ai flippé. Merci. Voilà la seule phrase merdique que j’arrive à lui lâcher. Sept mots qui manquent autant de saveur qu’un sandwich sans sauce. J’aurai voulu lui dire 1001 choses, mais ma raison et la peur d’être une seconde fois humiliée m’en empêche totalement.

@Ace Chung

Il était encore dans les escaliers lorsque sa route croisa celle de Jane. Il s'arrêta, un peu haletant après avoir grimpé les quatre étages en courant, et leva les yeux vers elle, rassuré de la voir en bonne santé mais assez curieux de savoir pourquoi c'était elle qu'il croisait avant tout le monde. Il compris rapidement qu'elle s'était inquiétée pour lui, à ses mots, et Ace baissa la tête avec un soupir, grimpant ensuite les dernières marches les séparant pour la rejoindre. Il lui lança un nouveau regard. « Je t'ai dit qu'il ne m'arriverait rien, tu t'rappelles ? » Une référence à l'autre soir. Ça frôlait l'arrogance, mais d'un autre côté, cette confiance absolue qu'il avait en lui-même et le fait qu'il s'en sortirait quoiqu'il arrive était ce qui lui permettait de ne pas céder sous la pression. La combinaison baissée jusqu'aux hanches, transpirant, le débardeur marqué par l'humidité et un choc visible sur son épaule gauche, Ace n'allait finalement pas trop mal. Il semblait juste fatigué ; et son regard parcourra Jane de haut en bas, avant de poser une simple question, certainement superflue, mais nécessaire sur plusieurs plans à ses yeux. « Comment... tu te sens ? » Vis à vis de quoi, il ne le disait pas ; l'incident, ou le reste ?

Comme si elle lisait en lui à cet instant, elle relève la tête les yeux plissés avant de rire nerveusement. Comment je vais depuis qu’on m’a mutilé le corps ? Comment je vais depuis que tu m’as baisé puis humilié ? Ou comment je vais depuis que je suis restée enfermé dans un ascenseur dans lequel j’ai du lutter contre mes peurs ? Je fais un signe de tête histoire d’appuyer mes propos, et que lui puisse enfin dire les choses honnêtement. Je détourne mon regard sur son épaule, pensive lorsque je la voit bien amochée. Tu gardera un beau souvenir de cet incident. Mes yeux se dirigent cette fois-ci sur son cou laissé à la vue de tous étant donné qu’il se balade en débardeur. Tout comme tu as gardé de belles traces ici. dis-je en pointant du doigt son cou. Décidément j’ai l’impression qu’on est tombés dans la vie de l’autre, pour se marquer.

@Ace Chung

À peine avait-il posé la question que les reproches pleuvaient déjà, et il ne cacha pas son agacement, détournant le regard avec un soupir et les épaules qui s'affaissaient. S'il n'était pas fier de ce qu'il avait fait et qu'il savait que des excuses étaient à présenter, il n'appréciait quand même pas qu'on le renvoie face aux faits. Son regard revint sur elle alors qu'elle commentait la blessure à son épaule ─ elle n'avait pas encore vu la gueule de ses mains, songeait-il. Puis elle fit référence à son cou, et Ace prit une profonde inspiration, se décidant à lui faire face. « C'est quoi le délire avec moi, exactement ? » A y réfléchir, lui-même ne comprenait pas, et il avait des choses à dire à ce sujet. « Je t'ai envoyée chier comme une merde dès le début, je t'ai repoussé, je suis convaincu d'avoir laissé aucun doute sur ce que je pensais de toi, mais tu reviens à chaque fois. » Pas de colère, juste de l'incompréhension et de l'irritation. « J'ai... » Hésitation, le bras qui s'ouvre, la tête qui balance de dépit ; c'était bordélique, et il avait sa part de responsabilité. Nouveau soupir. « J'ai merdé la dernière fois et j'ai dépassé les bornes, ok, j'l'admets. Les mots ont dépassé ma pensée. »

Un sourire machiavélique se dessine sur mon visage. Je le toise de haut en bas ce mec pour qui moi aussi je ne comprends pas l’attachement. Il y a aucun délire, Ace. Il y a rien du tout même.Mes lèvres commencent à devenir presque rouge sang tellement je les mordille de nerf. Il a le don pour me mettre dans des colères noires. Ces mots qu’il déblatèrent me pique droit dans le cœur. Je le regarde, la bouche semi-ouverte secouant la tête de haut en bas. Qu’il ne se fasse aucun souci pour moi ce sera mieux, je finis par bien prendre en considération que je ne suis rien de plus qu’une sombre merde à son égard. Je reviens à chaque fois ? Le ton finit par monter, parce que la haine que j’engouffre au fond de moi prend le dessus à ce moment là. Je ne suis qu’une sombre merde pour toi, j’ai compris. J’ai l’immense honneur de te dire que toi aussi je te place désormais à cette position. Je reprends mon souffle bien décidé à ne rien lui montrer cette fois, et à ne plus baisser mon pantalon comme j’ai le don de le faire d’habitude. T’inquiètes pas, tu me reverra plus. Je te ferai plus chier. Une promesse que je compte bien tenir, j’ai compris la leçon. Pas de problème, t’inquiètes. T’as pas besoin de me dire ça. Après tout je ne suis quoi de plus qu’un nuisible sur ta route, Ace Chung ? Les mots claquent sur ma langue comme des couteaux tranchants. Finalement, c’est toujours la même histoire quand je suis à ses côtés.

@Ace Chung