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La curiosité est un vilain défaut, dit l'adage, mais Joyce n'était pas forcément d'accord. L'intérêt de Jay était flatteur et permettait toujours une sorte d'échange. Ce soir c'est elle qui découvrait le kimchi et demain ce serait son tour de plonger sa fourchette dans un mélange de pâtes, de légumes et de béchamel. Pas vraiment un plat reconnu pour sa légèreté, de même que la traditionnelle bûche de Noël qui venait clore le repas de famille avant l'ouverture des cadeaux. Moments joyeux de l'enfance de Joyce qui se remémore les lumières et la musique, les odeurs si particulières et la joie du papier que l'on froisse. Les cadeaux étaient toujours choisis avec un certain soin et beaucoup de parcimonie ; vivre sur un bateau ne laissait pas beaucoup de place aux jouets. Alors on préférait offrir quelque chose d'utile ou une expérience particulière, comme la fois où sa grand-mère l'avait emmenée faire un tour en montgolfière. Ou encore, pour le jour de ses dix ans, la surprise qu'elle lui avait faite de prendre l'avion pour traverser la moitié du globe et la rejoindre, elle et ses parents, en Nouvelle Zélande. Habituellement elle ne la voyait qu'une fois par année pour les fêtes de fin d'année, alors cet été passé avec elle en Océanie avait été tout simplement magique. Finalement, la présence des êtres aimés restait encore le plus beau des cadeaux.
– Ça me ferait plaisir de t'en préparer.
Partager un moment de plus à terre autour d'un grand plat de lasagne et de quelques verres de vin, s'installer dans le jardin de la Dudley si le temps le permettait pour discuter du temps qui passait, de l'océan qui l'appelait, de la biologie qui les rapprochait tous les deux. Se mettre le cœur en fait à défaut que ça en soit une, parce que si ces dernières étaient surtout des prétextes à se réunir, rien ne valait la spontanéité d'un moment passé avec quelqu'un que l'on appréciait. Que l'on voulait faire sourire. Et si les fêtes avaient perdu leur importance et leur valeur dans la vie de Joyce, ce n'était pas le cas pour les rencontres.
Jay lui parle ensuite des fêtes de son pays et ça la fait presque sourire de se dire que, pour autant qu'elle sache, de son côté il est toujours ce garçon sorti des flots, en liaison direct avec l'Atlantis. Pour peu, elle s'attend presque à ce qu'il lui pousse des nageoires. Même si, si elle doit être tout à fait honnête et avec ce qu'il lui a raconté sur lui, elle se doute de l'endroit dont il vient et qu'elle connaît si peu dans le fond, pays trop fermé au reste du monde pour qu'elle ait eu l'occasion de le visiter dans son tour du monde marin et dont elle n'a connaissance que par des échos. La réalité est probablement bien différente des histoires, et elle préfère écouter les siennes que de laisser ses préjugés l'assiéger. Même si, malgré tous les indices disséminés par Jay, elle n'ose pas dire à haute voix l'hypothèse qui s'est formée dans sa tête. Il lui a promis qu'un jour il lui raconterai son histoire et quelque chose lui souffle qu'elle n'a pas dû être facile alors elle préfère que ça vienne de lui que de lui forcer la main. Il sait qu'elle est là pour écouter, et ils ont encore tout le voyage devant eux. En attendant elle écoute ses récits et sourit à la mention des mythes.
– Comme celui de Jiknyeo et Gyeonwu !
Même si elle n'est toujours pas certaine d'apprécier cette légende, elle a bien appris sa leçon et est heureuse de pouvoir le lui montrer, presque comme une gamine. Reflet de la sorte de pari risqué qu'ils ont fait de se dire que, une fois son départ sur l'océan, elle reviendrait une fois par année pour visiter l'aquarium avec lui, retrouver ce bout de terre qui aura pour toujours marqué son histoire. Point d'ancrage sur l'horizon de son futur.
Bientôt les flots et les couverts qui raclent les derniers grains de riz sont les seuls bruits qu'on entend, chacun affairé à son festin jusqu'à ce que les plats soient totalement vides. Au-dessus d'eux les étoiles ont commencé à briller, si fort, mais si lointaine, et Joyce rejoint Jay dans son avis : il est dommage de les voir si peu à Boston quand on a eu la chance de les croiser si belles. Il faudrait qu'une fois par années les lumières s'accordent à s'éteindre pour les laisser briller plus fort, que chacun ait la chance de les apercevoir car tous n'ont pas le loisir de voguer sur les vagues. En attendant, eux sont chanceux dans ce moment et elle ne peut qu'acquiescer à la proposition d'aller les observer après avoir fait la vaisselle.
Après avoir rangé la cuisine, Joyce laisse Jay sortir les bières et en profite pour s'éclipser un instant afin de sortir un gros pull de son sac de voyage. La nuit peut parfois s'avérer fraîche et elle préfère prévenir avant qu'ils aillent se poser sur le pont. Son short, en revanche, ne couvre de loin pas toutes ses jambes, mais elle a cette étrange contradiction de ne jamais avoir froid dans le bas de son corps quand ses mains peuvent parfois geler si vite. Revenant à la cuisine, elle attrape sa bière et observe l'étiquette.
– Une bière belge, ça ne peut pas être un mauvais choix ! remarque-t-elle. Par contre elle risque de taper un peu fort.
Elle sourit en regardant le pourcentage d'alcool, ce qui ne l'empêche pour autant pas de se réjouir d'avoir le goût sucré et un peu amer de la boisson au bord des lèvres. Suivant ensuite son invité, elle le laisse choisir une place sur le bateau et hoche la tête quand il lui désigne l'endroit. Au lieu de s'installer tout de suite cependant, elle lui tend sa bière en lui demandant de patienter et revient quelques instants plus tard avec une couverture qu'elle étend sur le pont et quelques coussins pour rendre la soirée plus agréable. Pas besoin de lampe, les étoiles et la Lune, qui était pleine quelques jours seulement auparavant, leur suffiront.
S'installant sur la couverture, elle laisse son regard se perdre dans l'immensité du ciel avant d'y porter ses doigts, comme pour tenter d'en caresser le velours, et elle désigne quelques étoiles amassées ensemble.
– On a vu des baleines tout à l'heure et cette fois je te présente la constellation du Dauphin !
Pas la plus simple à repérer, heureusement Altaïr la guide dans sa lecture du ciel. Carte qu'elle a appris à connaître au fur et à mesure des soirées sur le bateau et parce que, de tout temps, ça reste l'instrument le plus fiable de tout navigateur.
– Ça me ferait plaisir de t'en préparer.
Partager un moment de plus à terre autour d'un grand plat de lasagne et de quelques verres de vin, s'installer dans le jardin de la Dudley si le temps le permettait pour discuter du temps qui passait, de l'océan qui l'appelait, de la biologie qui les rapprochait tous les deux. Se mettre le cœur en fait à défaut que ça en soit une, parce que si ces dernières étaient surtout des prétextes à se réunir, rien ne valait la spontanéité d'un moment passé avec quelqu'un que l'on appréciait. Que l'on voulait faire sourire. Et si les fêtes avaient perdu leur importance et leur valeur dans la vie de Joyce, ce n'était pas le cas pour les rencontres.
Jay lui parle ensuite des fêtes de son pays et ça la fait presque sourire de se dire que, pour autant qu'elle sache, de son côté il est toujours ce garçon sorti des flots, en liaison direct avec l'Atlantis. Pour peu, elle s'attend presque à ce qu'il lui pousse des nageoires. Même si, si elle doit être tout à fait honnête et avec ce qu'il lui a raconté sur lui, elle se doute de l'endroit dont il vient et qu'elle connaît si peu dans le fond, pays trop fermé au reste du monde pour qu'elle ait eu l'occasion de le visiter dans son tour du monde marin et dont elle n'a connaissance que par des échos. La réalité est probablement bien différente des histoires, et elle préfère écouter les siennes que de laisser ses préjugés l'assiéger. Même si, malgré tous les indices disséminés par Jay, elle n'ose pas dire à haute voix l'hypothèse qui s'est formée dans sa tête. Il lui a promis qu'un jour il lui raconterai son histoire et quelque chose lui souffle qu'elle n'a pas dû être facile alors elle préfère que ça vienne de lui que de lui forcer la main. Il sait qu'elle est là pour écouter, et ils ont encore tout le voyage devant eux. En attendant elle écoute ses récits et sourit à la mention des mythes.
– Comme celui de Jiknyeo et Gyeonwu !
Même si elle n'est toujours pas certaine d'apprécier cette légende, elle a bien appris sa leçon et est heureuse de pouvoir le lui montrer, presque comme une gamine. Reflet de la sorte de pari risqué qu'ils ont fait de se dire que, une fois son départ sur l'océan, elle reviendrait une fois par année pour visiter l'aquarium avec lui, retrouver ce bout de terre qui aura pour toujours marqué son histoire. Point d'ancrage sur l'horizon de son futur.
Bientôt les flots et les couverts qui raclent les derniers grains de riz sont les seuls bruits qu'on entend, chacun affairé à son festin jusqu'à ce que les plats soient totalement vides. Au-dessus d'eux les étoiles ont commencé à briller, si fort, mais si lointaine, et Joyce rejoint Jay dans son avis : il est dommage de les voir si peu à Boston quand on a eu la chance de les croiser si belles. Il faudrait qu'une fois par années les lumières s'accordent à s'éteindre pour les laisser briller plus fort, que chacun ait la chance de les apercevoir car tous n'ont pas le loisir de voguer sur les vagues. En attendant, eux sont chanceux dans ce moment et elle ne peut qu'acquiescer à la proposition d'aller les observer après avoir fait la vaisselle.
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Après avoir rangé la cuisine, Joyce laisse Jay sortir les bières et en profite pour s'éclipser un instant afin de sortir un gros pull de son sac de voyage. La nuit peut parfois s'avérer fraîche et elle préfère prévenir avant qu'ils aillent se poser sur le pont. Son short, en revanche, ne couvre de loin pas toutes ses jambes, mais elle a cette étrange contradiction de ne jamais avoir froid dans le bas de son corps quand ses mains peuvent parfois geler si vite. Revenant à la cuisine, elle attrape sa bière et observe l'étiquette.
– Une bière belge, ça ne peut pas être un mauvais choix ! remarque-t-elle. Par contre elle risque de taper un peu fort.
Elle sourit en regardant le pourcentage d'alcool, ce qui ne l'empêche pour autant pas de se réjouir d'avoir le goût sucré et un peu amer de la boisson au bord des lèvres. Suivant ensuite son invité, elle le laisse choisir une place sur le bateau et hoche la tête quand il lui désigne l'endroit. Au lieu de s'installer tout de suite cependant, elle lui tend sa bière en lui demandant de patienter et revient quelques instants plus tard avec une couverture qu'elle étend sur le pont et quelques coussins pour rendre la soirée plus agréable. Pas besoin de lampe, les étoiles et la Lune, qui était pleine quelques jours seulement auparavant, leur suffiront.
S'installant sur la couverture, elle laisse son regard se perdre dans l'immensité du ciel avant d'y porter ses doigts, comme pour tenter d'en caresser le velours, et elle désigne quelques étoiles amassées ensemble.
– On a vu des baleines tout à l'heure et cette fois je te présente la constellation du Dauphin !
Pas la plus simple à repérer, heureusement Altaïr la guide dans sa lecture du ciel. Carte qu'elle a appris à connaître au fur et à mesure des soirées sur le bateau et parce que, de tout temps, ça reste l'instrument le plus fiable de tout navigateur.
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